LITTLE BIG WOMEN





Voici la suite des aventures de Vienne et Eva. Elles ne prétendent pas à la vérité historique. Aussi, ai-je un peu triché avec les faits pour les besoins de mon histoire.

Il est absolument nécessaire d’avoir lu Parade, Esquisses, l'Amour et rien d'autre, Nouveaux Mondes et North by Northwest  pour comprendre :
Little Big Women






Le... novembre 1918, sur le chemin de la réserve cheyenne...



Nous n’avons quitté Helena que depuis quelques heures.

Un timide soleil s’est levé qui éclaire doucement la plaine. Il fait très doux. Une douceur comme on en connaît au printemps.

Nous avançons au pas lent des deux mules sur lesquelles Jim MacNab a chargé notre équipement.

Cette calme balade est infiniment agréable. Mais je sais qu’Apache, mon cheval appaloosa, brûle du désir de se lancer au galop au milieu des hautes herbes.

J’ai posé mes mains sur sa nuque. Et je sens ses muscles palpiter sous mes doigts.

Il fait dodeliner sa jolie tête. Il est impatient de me montrer sa vitesse, sa robustesse et la sûreté de son pas.

J’aimerais le laisser faire et me laisser emporter par sa fougue. Mais je n’ose pas... Car je n’ose pas défier Jim MacNab qui ouvre la marche.

De temps en temps notre vieux guide nous jette un regard par dessus son épaule. Parfois, il ferme un oeil et celui qui reste ouvert nous examine comme le ferait un microscope.

Il veille sur nous.
Mais il observe aussi ses deux clientes. Ces deux femmes qui sont venues de la lointaine Europe pour l’entraîner dans une quête aussi étrange que dérisoire. Ces deux originales qui ont fait appel à ses services pour les conduire à la réserve cheyenne.
Jim MacNab, la légende vivante du Montana, connait par coeur chaque chemin. Chaque ruisseau et presque chaque pierre qui roule sous les pas de nos chevaux.
Sans lui, nous serions perdues et nos vies seraient en danger. Car, bien que nous ne sommes qu’à quelques dizaines de kilomètres d’Helena, nous savons que nous sommes entourés d’une nature superbe mais hostile.

Alors Vienne et moi n’osons pas prendre d’initiative dans ce pays sauvage que nous ne connaissons pas. Nous nous contentons de suivre docilement notre guide.


*


Apache s’est mis à souffler. Il exprime de plus en plus bruyamment son désir de se jeter dans une course éperdue.

Je ne sais pas quoi faire. Car moi aussi j’en meurs d’envie.

C’est alors que j’entends la voix de MacNab - Pour dompter la nature, faut apprendre à lui obéir, M’dame. Apache a envie de se dérouiller les jambes. Alors quoiqu'vous attendez M’dame ? Allez-y... Piquez un p’tit galop... D’autant que vous en mourez d’envie... S’pas ???

Je suis incrédule. Car le vieux bonhomme a parfaitement deviné ce que je ressentais. Je regarde Vienne qui sourit de mon étonnement.

Mais je ne me le fais pas dire deux fois. Je donne un très léger coup de talon dans les flancs d’Apache qui obéit immédiatement à mon invitation.

Le jeune appaloosa bondit et se met au galop. Apache est si rapide que j’ai l’impression qu’il vole au-dessus de la plaine. Ses sabots martèlent le sol avec une parfaite régularité. Tous ses muscles sont tendus. Il émane de lui une force qui paraît indestructible. J'ai l'impression qu'il pourrait galoper ainsi pendant des heures sans éprouver la moindre fatigue.






Le soleil projette notre ombre sur le sol.

Le vent de la course fouette mon visage. Je me suis complètement abandonnée à ma monture. A ce moment je ne fais plus qu'un avec elle. Comme un centaure.

Je suis incroyablement bien.

Je regarde la nature autour de moi. J'admire sa beauté sauvage. La plaine, dont l'herbe ondule sous une légère brise. Au loin les forêts épaisses qui partent à l'assaut des montagnes aux cimes enneigées.

Je ne peux pas m'empêcher de murmurer - Dieu que c'est beau.

Je pense alors que Vienne s'était moquée de ma propension à évoquer Dieu à tout instant. Mais que faire d'autre alors que j'admire Sa Création. Mais je songe aussi qu'Il a créé l'homme et sa folie.


*


Apache et moi avons parcouru plusieurs centaines de mètres en quelques secondes. Mais nous ne devons pas trop nous éloigner de MacNab et de Vienne. Alors, je tire sur les rênes afin que le jeune appaloosa change de direction et revienne vers nos compagnons de route.

Il obtempère immédiatement et rebrousse chemin en décrivant une légère courbe. Nous revenons vers eux au petit trot. Apache secoue la tête pour manifester son plaisir.

Nous avons rejoint Vienne et MacNab qui m'interpelle - Alors M'dame ? Contente de vot'cheval ??

- Et bien, Monsieur MacNab...

- Appelez-moi Jim ou Jimmy, M'dame !! MacNab ça fait vieux !! J'ai assez d’mes rhumatismes pour m’rappeler mon âge !!

- D'accord Jim !! Avec plaisir !! Non. Je ne suis pas "contente" d'Apache !! Le mot est trop faible !! Je l'adore !! Il est parfait. Plus que parfait même !! Où avez-vous trouvé ces chevaux ??

- Chez moi, M'dame. Dans mon ranch. J'élève des appaloosa. Nous sommes quelques éleveurs à essayer de sauver la race…

- La sauver ?? Pourquoi ?? Elle est en danger ??

MacNab arrête son cheval pour mieux me répondre - Les appaloosa étaient les chevaux des Indiens, M'dame. Grâce à eux les tribus ont pu combattre l'armée des États-Unis. Parfois victorieusement. Alors, après les guerres contre les Indiens, l'armée a décidé d'exterminer leurs chevaux… Ils ont été massacrés par centaines… Par milliers… Ils ont même servi de cibles d'entrainement…

- Quelle horreur !!!

- Oui M'dame… Quelle horreur… Heureusement des troupeaux d’appaloosa ont échappé à cette boucherie imbécile parce qu’ils étaient redevenus sauvages, fuyant l’homme, quel qu’il soit, blanc ou indien… Apache et Cherokee sont les descendants de ces survivants…

Vienne intervint - Vous arrivez à vivre de votre élevage Jim ?

- C'est difficile M'dame… J'en vends pas souvent. Beaucoup de gens n’aiment pas ces chevaux qui étaient ceux des Indiens… Mais j’m'accroche… J’uis certain qu'un jour viendra où l'on comprendra à quel point ces animaux sont… extraordinaires… Un jour viendra où on leur rendra justice. A eux et aux tribus indiennes… Bon. Allons-y Mesdames… On continue… On a encore un bon bout de chemin à faire…

Nous reprîmes la route.

J'étais étonnée car MacNab avait laissé entrevoir le fond de son coeur.

L'homme est infiniment plus fréquentable que je ne l'avais cru au premier abord.  Il a une réelle sensibilité. Et à présent, il m'intrigue. Il m'intéresse.

Et, à aucun moment, il n'a ponctué ses phrases en crachant au sol un morceau de tabac noirâtre. C'est vraiment un progrès...



*



La journée s’est écoulée sans aucun incident. Seulement le plaisir de parcourir ces paysages magnifiques.
Simplement la complicité avec Apache dont je suis devenue complètement folle.
Je n’imagine pas de le laisser aux Etats-Unis et de retourner en Europe sans lui. Je caresse le projet fou de le ramener en France. En Normandie. Dans la propriété des d’Uberville. Là où il serait libre de galoper sur le vaste domaine de mes beaux-parents.
C’est un projet insensé. Mais je sais qu’avec l’aide de Vienne, ce sera facile.
Elle s’est approchée de moi - Et bien cette galopade ? Agréable ?
- Ô Vienne !!! C’était merveilleux... J’ai ressenti la même sensation que la première fois que je suis montée en avion avec toi. La même impression de liberté et de puissance. Je crois que je ne pourrais plus me passer d’Apache... Comme je ne peux plus me passer de... de... ton avion. répondis-je en modifiant ma réponse car je ne veux pas que ma déclaration tombe dans l’oreille de MacNab...
Mais Vienne a compris. Elle me fait un grand sourire. Et je peux lire dans ses yeux sa joie de se savoir aimée. - Tu ne peux plus te passer d’Apache ? Que vas-tu faire ? Rester au Montana avec lui ou le ramener en France ? répondit-elle en riant.
- Je pensais que nous pourrions le ramener avec nous... Tu crois que c’est possible ??
- Bien sûr... Il voyagera dans le train, dans un wagon réservé aux animaux. Par contre sur le bateau, il ne sera pas à la fête, enfermé dans la cale pendant plusieurs jours... Et si nous subissons une tempête... Mais ça n’a rien d’impossible... De toute façon, Apache et Cherokee sont à nous. Nous les avons achetés...
J’étais ravie. Alors je me suis  penchée sur le cou de mon superbe appaloosa et j’ai murmuré - Apache, mon bel Apache... Tu es à moi désormais. Et pour toujours...
Il fit joliment bouger ses oreilles comme pour me dire qu’il avait compris. Et qu’il était d’accord.


*

Après que nous ayons cheminé pendant près de dix heures, alternant le trot et le pas, pour reposer les chevaux et les mules, MacNab décida une halte pour la nuit.
Il choisit une clairière au bord d’un ruisseau.
Je m’étonnai de ce choix alors qu’un petit bois tout proche nous offrait son abri. - Jim, Pourquoi ne pas nous installer sous le couvert de ces arbres ?
- J’préfère cette clairière, M’dame... Comme ça nous verrons les... les loups venir vers nous... ils pourront pas se cacher derrière un arbre...
Je fis semblant de ne pas remarquer l’hésitation de MacNab sur le mot loup. - Les loups, Jim ???
- Nous sommes sur leur territoire, M’dame... En principe, ils vivent en meute et n’attaquent pas l’homme. Mais on court toujours le risque de tomber sur un loup solitaire et... affamé... Le risque n’est pas grand, mais il existe...
- Et si on en rencontre un, on fait quoi ???
- On tire au-d’ssus d’sa tête.  Ça d’vrait suffire à le faire fuir. Ou on le tue... Au fait Mesdames, vous savez vous servir d’la quincaillerie que vous avez autour d’la taille ? Et des Winchester accrochées à vos selles ?
Vienne répondit. - Je me débrouille un peu...
Quant à moi, je me sentis comme une petite fille prise en faute et je répondis timidement - Euh... A vrai dire... non, Jim... C’est la première fois que je porte une arme à feu...
Il fit claquer sa langue d’un ton réprobateur - Hum... C’est bien imprudent d’se balader avec une telle armurerie sur soi quand on sait pas s’en servir, M’dame. Y’a partout des gars qui pourraient vous lancer des défis... Bon. Alors, on desselle les chevaux... On dresse le camp pour la nuit. Et j’vous donne une p’tite leçon de tir pendant qu’y fait encore jour
- C’est vraiment indispensable Jim ?
- Oui M’dame. C’est vraiment indispensable... Quand on s’balade avec un colt à la ceinture, vaut mieux apprendre à s’en servir... répéta-t-il sur un ton sans réplique.
Et comme pour donner plus de force à ses propos, MacNab cracha sa chique à ses pieds.
Je lançai un regard désespéré vers Vienne qui éprouvait les pires difficultés à réprimer un fou rire.


*


Il n’avait fallu que quelques minutes à MacNab pour allumer un feu et pour dresser une tente qui devait nous abriter, Vienne et moi. Si âgé qu’il puisse être, il se montrait d’une redoutable efficacité.

Il nous avait demandé de nous occuper des bêtes. Et je lui en étais reconnaissante. Car je ne voulais laisser à personne le plaisir de soigner Apache.

J’avais retiré la lourde selle américaine et le tapis de selle en tissu indien. A présent, je frottais le dos et les flancs de mon apaloosa avec une écharpe que j’avais volontiers sacrifiée à son confort. Rien n’était trop beau pour lui !!!

Apache ne bougeait pas. Il semblait apprécier mes attentions.

Je prenais plaisir à suivre les courbes de cet athlète musculeux, à rendre son éclat à son pelage magnifique.

Vienne me regardait faire en souriant. Elle m’interpella. - As-tu lu les ouvrages d’un médecin autrichien ? Un certain Sigmund Freud ? Il a analysé les comportements pathologiques, névrotiques de ses patients. Il parle d’un phénomène de transfert... La déception de ne pas avoir ce que l’on désire nous pousserait, inconsciemment, à reporter nos sentiments sur un objet de substitution...

J’abandonnai Apache pendant quelques secondes, le temps de lui répondre - Oui. J’ai entendu parler de lui. Il analyse les pensées refoulées au fond de notre subconscient... Mais pourquoi me parles-tu de ce médecin ?

- Et bien... j’ai l’impression que tu fais un transfert sur Apache... Parce que, pendant notre voyage en compagnie de Monsieur MacNab, tu ne pourras pas avoir ce que tu désires... répondit Vienne avec un petit rire moqueur.

- Vraiment ??... Que sais-tu de ce que je désire en ce moment ? Je décèle une légère nuance de vanité dans tes propos. A moins que ce ne soit un soupçon de... jalousie...
Excédée par les moqueries de Vienne, je repris le massage d’Apache avec plus de soin encore.

Mais MacNab apparut pour interrompre ce moment de tendre complicité entre une cavalière et sa monture - Vous donnez pas tant d’mal M’dame !! Ces chevaux sont robustes. C’est pas une ‘tite course de dix ou douze heures qui peut les mettre sur les rotules !! V’nez plutôt prendre vot’ première leçon de tir.

*
MacNab avait posé trois petites cibles en bois sur un tronc d’arbre couché au sol. Il se tourna d’abord vers Vienne. - Allez-y M’dame. Essayez d’faire mouche.
Vienne arma sa carabine et fit feu trois fois. Les trois cibles volèrent en éclats. MacNab posa trois nouvelles cibles - Et maintenant, avec vot’ colt M’dame...
Avec une vitesse étonnante, Vienne arracha son colt de l’étui qui pendait à sa ceinture et fit feu trois fois. Et... toucha les trois cibles.
La réaction de MacNab ne se fit pas attendre. - Vous êtes une bonne tireuse M’dame. Les armes n’ont pas l’air d’avoir de secrets pour vous. Où avez-vous appris ?
- A Chicago... Avec mon grand frère Mike et un ami indien...
- Un indien ? Y’a pas d’meilleur professeur... Bon... Vous avez l’air de savoir tout  s’qui faut savoir... Alors à vous M’dame dit-il en se tournant vers moi. - Montrez-moi s’que vous savez faire...
J’obéis. Je pris ma Winchester et l’armai. Comme Vienne me l’avait appris alors que nous étions encore à l’hôtel à Helena.
Je m’apprêtais à tirer quand j’entendis MacNab protester - Vous t’nez votre arme comme un balai M’dame !!! Si vous vous y prenez de cette façon, vous allez abattre les nuages !! Bloquez-la dans le creux de votre épaule. Posez votre joue contre la crosse !! Et fermez un oeil pour viser... L’autre oeil bon sang !!
Tout en me donnant ses directives, il s’approcha de moi. Il posa ses mains sur les miennes pour corriger mes défauts. Des mains rugueuses qui me firent regretter celles de Vienne et même la douceur du pelage d’Apache. Puis il laissa ses mains sur mes épaules pendant que je tirai.
Je ne disais rien. Mais je voyais bien que Vienne regardait le manège du vieux bonhomme avec une lueur d’ironie dans l’oeil.
«Le chameau !!» pensais-je, «elle me le paiera» !! Après m’avoir quasiment traitée de névrosée et de refoulée avec son Sigmund Freud, voilà qu’elle se moque de moi !! Alors que je suis à la torture avec ce vieux débris qui en profite pour me tripoter !!»
Pourtant, je ravalai ma colère. Je visai soigneusement et tirai. Je fis mouche une fois sur trois. J’étais assez fière. Ce n’était pas si mal pour une première fois.
C’est ce que MacNab confirma. Mais avec un sérieux bémol. - Pas mal M’dame... Pas mal... Vous tenez correctement votre arme maintenant... Dommage, qu’à chaque fois, vous ayez visé pendant cinq minutes avant de tirer... M’étonnerait que les loups  prennent gentiment la pause pour vous permettre de ne pas les rater... Bon, recommencez. Tachez d’être plus rapide...
Je recommençai à tirer sur les cibles. Mais sans beaucoup plus de réussite que précédemment...
MacNab commençait à perdre patience avec une élève si peu douée - On n’a pas toute l’année pour vous apprendre à tirer M’dame !! Alors mettez un peu d’coeur à l’ouvrage !! Imaginez qu’un poivrot veuille vous... veuille vous... Enfin vous voyez ce que je veux dire... J’pense que j’ai pas b’soin d’vous faire un dessin... Vous mettriez pas trois jours pour lui coller une balle entre les deux yeux... Alors, imaginez qu’il est devant vous et tirez !!
Cette vision d’horreur complaisamment décrite par notre vieux guide me fit frémir. Notre voyage n’avait rien d’une promenade de santé !! Après la morsure des loups et des grizzlis voilà qu’on me promettait un viol ou un meurtre !!
Je préférai ignorer le discours trivial de MacNab et jetai un regard effrayé vers Vienne. Elle m’observait avec intensité. Je compris qu’elle essayait de me transmettre sa force. Et peut être aussi son habilité... J’en avais bien besoin... 
Sous son regard, je m’appliquai autant qu’il était possible. Malgré la colère que j’avais éprouvée contre elle quelques minutes plus tôt, je voulais qu’elle soit fière de moi. Je voulais être digne de son courage et de sa témérité. Digne de sa confiance et de son amour.


Aussi je tirai encore et encore. Jusqu’à ce qu’un petit sourire d’encouragement et d’approbation apparaisse sur les lèvres de Vienne.
Et... jusqu’à ce que ma vitesse et ma précision conviennent à MacNab. Il me donna encore quelques conseils qui se révélèrent pertinents car au bout d’une demi-heure, je tirai assez vite et plutôt juste. En tout cas sur une cible proche et immobile.
Satisfait de mes progrès, MacNab me dit - Bon. Ça ira à peu près... On passe au colt maintenant. Allez-y M’dame... Je vous regarde...
Je le voyais bien qu’il me regardait. Et son attention me fit perdre le peu d’assurance qui me restait. Car c’est une chose de se servir d’un fusil. S’en est une autre de se servir d’un colt comme l’avait fait Vienne.
J’arrivais péniblement à sortir l’arme de son étui. Mais pour ce qui était de la vitesse et de la précision... c’était une catastrophe... Ce que MacNab me confirma...
- Bon... on arrête les frais. Inutile de continuer à gâcher les balles... Au moins, vous n’avez pas abattu les chevaux ou les mules... C’est déjà ça... Mais j’pense qu’en ville, vous devrez retirer cette ceinture et cacher vot’ colt dans vos bagages. Ça vaudra mieux... Mais comm’ j’peux pas vous laisser vous balader sans outil, vous allez prendre ce p’tit joujou. C’est un Derringer cinq coups. Ça tire des p’tites balles mais ça vous rétame son bonhomme à bout portant.
Il me tendit une boîte de munitions et une arme minuscule.
- Gardez-la toujours sur vous M’dame. Cachez-la dans une poche ou dans une botte. Et si vous avez b’soin d’vous en servir, tirez le plus près possible de votre cible...
- Vous êtes certain que j’en ai besoin Jim ? A Helena, personne ne portait d’arme...
- Helena est une grande ville par rapport aux trous perdus que nous allons traverser avant d’arriver chez les Cheyennes M’dame... Helena c’est... comment qu’vous dites déjà ? La civilisation... Mais le reste du Montana, c’est encore l’ouest sauvage... Alors prenez cette arme et priez Dieu de ne pas avoir à vous en servir...
Je regardai le petit revolver qu’il avait posé dans ma main. Je m’écriai - On dirait une arme d’enfant !! 
Vienne répondit - C’était l’arme des joueurs professionnels. Dans certaines villes, ils n’avaient pas le droit de porter d’armes sur eux quand ils étaient à la table de poker... Ce qui pouvait se révéler très dangereux. Surtout quand ils gagnaient... Alors, ils cachaient un Derringer dans leur poche... C’est avec un Derringer que le Président Abraham Lincoln a été assassiné. Alors tu vois, c’est une arme qui peut se révéler redoutable...
MacNab crut bon d’ajouter - Ouaip M’dame !!! Tout avocat qu’il était, il a pas eu le temps de plaider sa cause, le libérateur des esclaves !! Une balle dans la tête et... couic... Enfin couic... Faut l’dire vite... Il a quand même mis dix heures à mourir...
- Merci Jim pour cette précision... répondis-je d’un ton glacé. Je n’oserai jamais me servir d’une telle arme...
- C’est à vous d’voir M’dame... Mais quand vot'vie, ou celle des gens que vous aimez, s’ra en danger, j’parie que vous aurez moins de scrupules... Bon... Si on dînait à présent... J'vais vous préparer un plat dont j’ai le secret...
- Qu’est-ce que c’est Jim ? demanda Vienne qui tentait de faire dévier la conversation vers des sujets moins polémiques.
- J’sais pas encore, M’dame... Ça dépendra d’la bestiole que j’vais attraper. Mais vous vous en lécherez les doigts, promis... J’vous confie la garde de notre campement pendant que j'vais chasser ? OK ?
- OK Jim...
Mais il n’avait pas attendu notre réponse. Il nous avait déjà tourné le dos pour s’enfoncer dans la forêt toute proche, sa Winchester à la main.
*
Jim parti, je poussai un soupir. - Enfin seules...
- La présence de MacNab t’est si insupportable ?
- Non... Je m’y habitue peu à peu... Mais en fait, j’ai très envie de faire un peu de toilette et sa présence me décourage... Je rêve d’une salle de bains...
Vienne se mit à rire - Une salle de bains ?? Je retrouve mon adorable coquette !!! Et que fais-tu du clair ruisseau qui coule à côté de notre campement ??
- Le ruisseau ?? Tu plaisantes !! L’eau doit être glacée !! Tu veux ma mort !!
- Eva... Eva... Vienne se rapprocha de sa compagne. Elle ne doit pas être très chaude en effet... Tu ne risques pas d’y passer des heures comme tu le fais quand nous sommes chez nous ou à l’hôtel...
- Des reproches ??!! Jusqu’à présent tu ne t‘étais jamais plainte de mes excès de... de coquetterie !! Comme tu le dis si bien !!
- Et je ne m’en plains pas ma chérie... Le résultat est si magnifique...
- J’aime mieux çà... Mais tu sais, je n’ai pas l’intention de prendre un bain ou même une douche. Une toilette de chat me suffirait amplement... Pas toi ?
- Une toilette de chat ? Quelle merveilleuse perspective... Elle me tente infiniment... Hélas, je n’ai pas la souplesse indispensable alors je vais devoir y renoncer... À moins de recevoir un peu d’aide... Et réciproquement...
- Je te vois venir... Mais non. Il faudra te débrouiller toute seule... Je te rappelle que MacNab n’est pas loin...
- Zut ! J’espérais que tu oublierais un peu MacNab... Mes espoirs tombent... à l’eau... Et maintenant que nous avons évoqué des instants si agréables, j’ai un besoin impérieux de cette eau glacée...

- Un excès de fièvre ma chérie ?
- Oui un accès de fièvre... Bien sûr un accès de fièvre... A qui la faute ??? Pendant quelques secondes, Vienne prit un air boudeur qui disparut aussitôt quand elle vit le regard tendrement amusé d’Eva - Quel dommage !! Et bien tant pis !! Une autre fois peut être... Il ne nous reste plus que le ruisseau.
Je regardai l’eau limpide qui coulait à nos pieds. Je me souvins que pendant la guerre, j’avais souvent fait ma toilette en puisant une eau glacée dans les puits des villages bombardés où l’armée installait les hôpitaux militaires. - Mais comment faire ? Tout le monde va nous voir..
- Tout le monde ? Il n’y a personne ici... A part les écureuils dans les arbres...
- Il y a MacNab !!! Je ne veux pas exciter ses pulsions libidineuses !!!
- C’est vrai que je l’ai trouvé particulièrement attentif pendant ta leçon de tir... Et particulièrement... tactile... répondit Vienne en souriant.
- Et ça n’a pas eu l’air de te gêner outre mesure qu’il me tripote !!
- Qu’en sais-tu ? Mais je n’allais pas lui faire une scène de jalousie !! Et puis j’ai pensé qu’il avait peu de chances de te plaire...  Et que tu étais assez grande pour te défendre toute seule...
- Justement !! Je ne voudrais pas que MacNab soit le premier que j’abatte à coups de Derringer !!! Alors, comment faire pour qu’il ne me voie pas ???
- Je pense que tu peux te cacher pendant que tu feras ta toilette... Regarde... Il y a un arbre qui se penche au-dessus du ruisseau... Il suffirait d’accrocher les tapis de selle à ses branches et ça fera une sorte de rideau pour te dissimuler...
Je n’étais pas très enthousiaste. Mais je comprenais bien qu’il n’y avait pas d’autre solution. Je poussai un nouveau soupir. - Bon... Allons-y... Je n’ai pas le choix de toute façon...
- Mais si ma chérie... Tu as le choix. Tu peux continuer à sentir la... sueur de cheval... si tu préfères... Tu aimes tellement cet animal...
- Encore ??? Ne me dis pas que tu es jalouse d’Apache...
- Si un peu... Mais, rassures-toi ça va passer... D’ailleurs Cherokee est assez craquant avec son pelage tacheté... Tu ne trouves pas ?
*
L’idée de Vienne était excellente. Les tapis de selle nous dissimulaient parfaitement.
Pour m’encourager, elle s’était lavée le première. Rapidement. Très, très rapidement...
Puis, à mon tour, j’avais pu faire une toilette suffisante dans cette eau si pure mais si froide. Même si elle avait duré moins de dix minutes. Je m’étais à peine mouillée, rapidement savonnée et séchée dans une couverture. Bref, j’avais battu un record de vitesse !!
Quand je sortis enfin de cette salle d’eau improvisée, je vins m’assoir auprès du feu, à côté de Vienne.
Je me sentais bien. Je me sentais forte. Capable de résister au froid et à la fatigue.
Le contact avec la nature était parfois un peu rude. Mais il était si bénéfique.
Vienne se tourna vers moi - Tu es bien ma chérie ? Tu ne regrettes pas d’être venue ? D’avoir quitté la civilisation comme le dit MacNab ?
- Non Vienne. Je ne le regrette pas. De toute façon, je ne regrette jamais rien quand je peux rester avec toi...
- Je ne sais pas si j’aurais eu le courage d’entreprendre ce voyage sans toi... Je crois que je n’aurais jamais eu la force de te quitter. Alors merci...

- Merci ? Pourquoi ?
- Merci pour avoir accepté de m’accompagner... Pour m’avoir aidée à tenir ma promesse. Merci d’être là... Merci d’exister...
Je me mis à rire. - Oui. Tu peux me dire merci !! C’est si dur de faire tout ça !! Je suis une héroïne !! Je mérite vraiment une médaille !!
- Une médaille ? Non, je ne crois pas... Mais je peux t’offrir autre chose...
- Autre chose que je préfère nettement plus... Mais... MacNab n’est pas loin hélas... alors ce sera pour une autre fois...
Comme pour illustrer mes propos, nous entendîmes des coups de feu. MacNab faisait bonne chasse.
*
Il revint au bout d’une petite heure. Il prépara notre repas comme il l’avait promis...
- Désolé de vous faire attendre Mesdames...  Ça s’ra bientôt prêt...
- Pas de problème Jim... Nous avons fait un brin de toilette en vous attendant...
- Vous avez fait vot’toilette ?? Ici ?? Drôle d’idée !! Vous auriez dû attendre le prochain village... Y’a pratiquement tout le confort !! Enfin, j’présume que des dames comme vous ont besoin d’prendre un bain tous les jours...
- Vous ne prenez pas un bain chaque jour Jim ? l’interrogea Vienne.
- Euh... non. La dernière fois c’était... la semaine dernière... Non, c’était y’a deux semaines.  Bon... C’est prêt...
Une odeur agréable survolait l’espèce de marmite posée sur le feu. Toutefois, je goûtai la mixture préparée par MacNab avec une certaine appréhension. Des morceaux de viande grillés, entourant des os minuscules, accompagnés de baies qu’il avait dû cueillir dans la forêt...  Surprise !! C’était bon !!
- C’est délicieux Jim !! Qu’est-ce que c’est ??
- C’est juste un animal que j’ai fait griller M’dame. Mais j’ai frotté sa chair avec un mélange d’épices et d’herbes. En principe ça se prépare avec du poulet. Mais comme j’avais pas de poulet, j’l’ai remplacé par aut’chose... Un animal que j’ai capturé...
- C’est du lapin, j’en suis certaine !!! Ça a un goût de lapin...

- Non M’dame, c’est pas du lapin...
- Du lièvre alors... Mais c’est curieux, il y a comme un arrière-goût de noisette... En tout cas, c’est délicieux...
- Non. C’est pas du lièvre non plus... 
- Ce n’est pas du lièvre non plus... Je ne vois pas ce que ça peut être Jim... Et je crus bon d’ajouter en riant... Je donne ma langue au chat...
- C’est presque ça M’dame. C’est d'l’écureuil... La forêt en est pleine...
Je m’étranglai et regardai d’un oeil rond les morceaux grillés du petit animal que j’avais dégustés quelques instants auparavant - De l’écureuil ? De l’écureuil ? Vous nous faites manger de l’écureuil Jim ???
- Ben oui M’dame... Au goût, c’est comme du rat. Mais un rat qui saurait grimper aux arbres...
- Du rat !!!!???? J’étais au bord de l’évanouissement.
Vienne intervint car elle voyait bien qu’il fallait que je reprenne mes esprits. - Vous avez déjà mangé du rat, Jim ?
Il se mit à rire en ouvrant une large bouche édentée. - J’ai mangé à peu près tout s'qui marche, rampe, nage ou vole M’dame. Sauf, peut être de la chair humaine. Et encore, j’en suis pas certain... Alors, du rat... bien sûr... Et avec plaisir encore... C’est toujours mieux que d'crever de faim... Et puis, bien cuisiné...
- Qui vous a appris à faire la cuisine Jim ?
- J’ai souvent fait la tambouille quand j’étais assistant-shérif, près d'la frontière mexicaine. Mais c’est ma femme qui m’a appris à préparer un repas correct...
Tout comme moi, Vienne était sidérée d’apprendre qu’une femme partageait la vie de MacNab. Elle ne put dissimuler sa surprise - Vous êtes marié Jim ?

- Je l’ai été M‘dame... J’suis veuf...
- Nous sommes désolées d’apprendre que votre épouse est décédée...
- Pas tant que moi M’dame. Pas tant que moi... Parce que j’ai été heureux chaque minute que j’ai vécue avec elle. La seule fois où elle m’a fait souffrir, c’est le jour où elle est morte...
J’arrivais à articuler une question - Et c’est elle qui vous a appris à cuisiner ce genre... d’animal ?
- Bien sûr M’dame. Dans sa tribu, on mangeait tout s'que la nature vous offre... On n’avait pas le choix d’ailleurs...

- Dans sa tribu ?
- Ma femme était une indienne M’dame. Une squaw de la nation Sioux...


*


Vienne et moi étions stupéfaites. MacNab avait épousé une indienne !!! Ce descendant d’Irlandais ou d’Ecossais avait épousé une indienne !!! Alors que, partout à l’intérieur des États Unis, elles étaient méprisées comme tous leurs frères à la peau rouge !! Certains philanthropes soutenaient leur combat pour plus de dignité, mais de là à les épouser !!! Or, non seulement MacNab avait épousé une indienne, mais il l’avait aimée. Comme le prouvait l’émotion qui lui avait cassé la voix.

Je ressentais un profond sentiment de culpabilité. Comment avais-je pu se méprendre à ce point sur cet homme bougon et aux manières... inhabituelles. Mais finalement si sensible, presque sentimental ? - Nous sommes désolées de vous avoir rappelé des souvenirs si tristes Jim... Vraiment désolées...

- Le soyez M’dame... C’est si loin tout ça... Oui, tellement loin... C’est dans les livres d’histoire à présent...

- Dans les livres d’histoire ?? Pourquoi dans les livres d’histoire ?? s’étonna Vienne.

- Parce que ma femme est morte y a près de trente ans, M’dame... Pendant l’hiver 1890. À Wounded Knee...

- Wounded Knee ?? Votre femme faisait partie de la tribu indienne qui a été massacrée par l’armée ???

Avant de répondre, MacNab cracha un long jet de salive noire dans le feu qui se mit à crépiter. Curieusement, je ne m’en offusqua pas.

Puis il sortit un cigarillo d’une poche de sa veste. Il en fit rougeoyer le bout  après qu’il eut gratté une allumette sur l’ongle de son pouce. Bientôt une fumée blanche entoura le vieil homme.

- Oui, M’dame. On était mariés depuis neuf ans. J’étais encore jeune. Mais j’étais déjà aussi laid que j’le suis aujourd’hui. Mais elle m’aimait... Elle m’aimait vraiment. J’me voyais dans ses yeux tel que je n’étais pas. Beau et fort. Comment pouvoir résister à ça ? Peu importait qu’elle soit une squaw puisqu’elle me rendait heureux. Bien sûr, j’savais qu’elle appartenait à un peuple qui était condamné. Mais elle, j’voulais la sauver. La sauver d’sa misère. Il n’y avait rien à espérer d’la vie dans les réserves indiennes. Les tribus survivaient grâce aux maigres allocations gouvernementales et aux rares ressources des réserves du Dakota. Alors, j’ai accepté tous les boulots pour pouvoir la faire vivre... J’ai travaillé pour un shérif. J’ai participé à la construction des lignes de chemins d’fer vers l’Ouest... J’ai tenté de trouver d’l’or. Sans succès hélas... J’ai chassé le bison pour vendre des peaux... Tout ce qui pouvait me permettre de gagner quelques dollars... J’étais obligé de vivre loin d’elle. Mais l’hiver, je revenais. Parce que c’était l’hiver qu’elle avait le plus besoin de moi. C’était l’hiver qu’elle et les siens étaient les plus démunis...

- Pourquoi ?

- Parce que pendant l’hiver, la nature s’met en sommeil et que les animaux s’cachent. Alors, j’apportais des vivres pour tenir quelques temps. C’était égoïste de ma part car y en avait pas assez pour partager avec les autres membres de la tribu. Seulement avec ma femme et... sa famille... J’ai fait ça pendant plusieurs années... Jusqu’en décembre 1890...

- Jusqu’au massacre...

- Oui. M’dame... J’avais quitté le camp pour aller chasser... J’espérais trouver quelques p’tits animaux pour nous nourrir. Soudain, j’ai entendu le «tac tac tac tac« des mitrailleuses. J’ai immédiatement compris. J’ai tenté de revenir au galop. Mais mon cheval s’enfonçait jusqu’au cou dans la neige. Quand enfin, j’uis arrivé, c’était trop tard. Tout était déjà fini. Y avait plus qu’un silence de mort qui planait sur l’village indien... Les soldats avaient abandonné les cadavres au gel et au blizzard. J’ai retrouvé ma femme et j’l’ai emportée. Deux jours plus tard, l’armée a jeté les corps dans une fosse commune... Mais moi j’étais déjà loin... J’pouvais pas rester parce que j’aurais été capable de tuer ces soldats. Ces assassins de vieillards, de femmes et d’enfants... Et je m’serais fait tuer à mon tour... J’ai marché vers le nord. Jusqu’au Montana... Là, j’ai trouvé un p’tit terrain près d’un ruisseau. Avec une jolie p’tite cascade. Ils n’appartenaient à personne. Alors, j’ai creusé un trou dans la terre. J’ai déposé le corps d’ma femme. Et je suis resté près d’elle pendant toutes les années qui ont suivi.

- C’est là que se trouve votre ranch, Jim ??

- Oui M’dame. Là où mon coeur est enterré...


*


Vienne et moi avions regagné la tente où nous devions passer la nuit.

Nous avions laissé MacNab devant le feu. Il était plongé dans ses pensées. Nous savions qu’il avait rejoint son épouse. Et que nous devions le laisser avec elle.

Allongées sur des couvertures, blotties l’une contre l’autre, fatiguées par la longue cavalcade, nous attendions que le sommeil nous accueille...

Je murmurai. - Je m’en veux tellement, si tu savais... Je me suis montrée tellement injuste avec MacNab... Je l’ai rejeté au premier regard. Je n’arrive pas à me le pardonner...

- C’est vrai que le bonhomme est étonnant. Mais il fallait le deviner qu’il y avait un coeur de midinette sous cette peau tannée par le soleil... Il a tout du vieil ours !!! Maintenant, je comprends mieux pourquoi il a accepté de nous servir de guide... Vivre avec les Indiens est naturel pour lui... Pourtant, il y a quelque chose...

Vienne s’interrompit au milieu de sa phrase.

- Oui ? Qui y a-t’il ?

- Il y a quelque chose que je ne m’explique pas...

- Quoi donc ?

- Tu vas trouver ça idiot mais... c’est la nourriture qu’il nous a servie...

- Les écureuils ??? Et alors ??

- Il s’est absenté moins d’une heure et il est revenu avec une dizaine de ces petits animaux... C’est un fameux chasseur...

- Il les a tués avec sa carabine Winchester... C’est facile pour un bon tireur....

- Tu plaisantes Eva !! Avec des balles d’un tel calibre, il en aurait fait de la bouillie !!

- Il a posé des pièges...

- Dans les arbres ??!! Il est plutôt souple pour un homme de son âge, mais quand même...  Non... Il y a autre chose...

- Que veux-tu qu’il y ait ?...

- Je ne sais pas... Mais j’ai une drôle d’impression...

- Une impression ?? Laquelle ??

- Je ne sais pas au juste... Mais, j’ai l’impression que nous ne sommes pas seules avec MacNab...

- Tu veux dire que quelqu’un nous suit ?..

- Ou nous précède... Ça expliquerait que notre repas nous attendait bien sagement et qu’il lui ait fallu si peu de temps pour chasser...

- Qui pourrait nous suivre ??? Et pour quoi faire ? Nous n’avons pratiquement pas d’argent sur nous...

- Je ne sais pas... Mais nous devons rester sur nos gardes cette nuit... Je te propose de veiller à tour de rôle... Je commence la première... Dors ma chérie. Je vais veiller sur ton sommeil...

- Je ne sais pas si je vais réussir à m’endormir avec toutes ces histoires...

- Je suis certaine que si, ma chérie... Serre-toi contre moi... Et ne t’inquiète pas...

Vienne avait raison. Car moins de cinq minutes plus tard, j’étais endormie, mon souffle léger caressant le cou de mon amante.


*


Mon sommeil n’était pas profond. Il s’agissait plus d’une somnolence traversée d’éclairs de lucidité.

Comment aurais-je pu dormir d’un sommeil de plomb alors qu’un mystère planait sur notre campement ? Alors qu’un fantôme nous épiait sans doute ? Qui était-il ? Un complice de MacNab ? Et pour faire quelle sale besogne ?

Non. Je ne dormais pas vraiment. Malgré la fatigue de la journée. Mais je voulais en donner l’illusion à Vienne afin de la rassurer.

Je savais qu’elle écoutait ma respiration régulière. Je sentais les palpitations de son coeur au travers de nos vêtements.

Je savais qu’elle profitait du silence de la nuit pour refaire le chemin de ces quatre derniers mois. Car nous ne nous connaissions que depuis moins de quatre mois...

Que de chemin parcouru depuis ce matin d’août, où, blessée, Vienne avait réussi à poser son avion près de l’hôpital de campagne où je soignais les soldats...

Que de chemin parcouru, depuis les champs de batailles des plaines de France jusqu’au Montana !

J’avais tout accepté pour rester avec elle. Abandonner les rives ensoleillées de Menton. Renoncer au luxe et au confort de l’hôtel particulier et parisien des d’Uberville...

Nous vivions à présent dans des conditions plus que spartiates.

Nous n’avions qu’une mince toile de tente pour nous protéger du froid, de la pluie, de la neige. Ou du regard de MacNab.

Nous étions allongées à même le sol, sur d’épaisses couvertures indiennes qui nous préservaient de l’humidité de la terre.

Par mesure de sécurité, pour le cas où nous devrions nous lever rapidement, nous nous étions couchées toutes habillées, en gardant nos bottes aux pieds.

Pour rester avec Vienne, j’avais accepté ces médiocres conditions de confort avec autant de bonne humeur et de philosophie que j’en étais capable. Et je sais qu’elle m’en était reconnaissante et qu’elle ne m’en aimait que mieux.

Mais tout cela n’était rien.

Car le véritable inconfort aurait été de vivre sans elle.


*


Peu à peu, d’autres images défilèrent devant mes yeux...

Je me souvins d’un certain petit lit en fer dans une grande maison bourgeoise de Sainte-Ménéhould où Vienne m’avait retrouvée...

Ce lit étroit, au petit matelas de crin, fut le lieu de nos premières étreintes...

Je la revis qui me déshabillait en un long effeuillage sensuel. La douceur qu’elle mettait dans ses gestes exacerbait mon désir et agaçait mon attente.

Et puis, enfin, il y eut ce moment où les lèvres de Vienne vinrent me cueillir. Et cet instant où je crus que je perdais la notion du temps pour me fondre dans ce plaisir qu’elle m’offrait. Et qu’elle m’offrit si souvent depuis...


*


Malgré ces pensées qui me tenaient plus ou moins éveillée, la fatigue, peu à peu,  finit par avoir raison de mes résolutions et peu à peu, je sentais qu’elle gagnait la bataille.

Couchée sur le côté, blottie contre Vienne, je sentais la chaleur de son corps contre mon dos et mes reins.

Elle me protégeait et veillait sur moi. Alors, pourquoi lutter contre le sommeil ? Je cessai de lui résister et le  laissai m’engloutir.


*


Je ne sais combien de temps je dormis mais soudain j’entendis la voix de Vienne  qui chuchotait à mon oreille - Réveille-toi ma chérie !! Réveille-toi !! Quelqu’un marche dans le camp !!! J’entends un pas lourd... Il semble se diriger vers notre tente...

Je ne mis que quelques secondes à émerger de mon sommeil. - Mac... MacNab ? murmurai-je à mon tour.

- Lui ou quelqu’un d’autre... Je ne sais pas... Lève-toi... Et prends ton colt...

Je tentais encore d’argumenter pour combattre la peur qui commençait à envahir mon esprit et paralyser mon corps - Mais enfin c’est ridicule... Pourquoi nous attaquer en pleine nuit alors qu’il avait toute la journée pour le faire ? Et qu’il a encore plusieurs jours devant lui...

- Je ne sais pas... Mais viens... Nous devons nous défendre... comme il nous a appris à le faire... Nous allons lui montrer que nous sommes des élèves dignes de lui...

Je la vis sortir de la tente, le colt à la main.


*


Le premier moment de frayeur passé, je me ruai sur le sac dans lequel je rangeais mon colt.

J’étais si peu adroite avec cette arme, que MacNab m’avait conseillé d’éviter de la porter trop ostensiblement sur moi.

Dans l’Ouest lointain, il n’est pas rare qu’un «as» de la gâchette vous lance un défi pour le seul plaisir de savoir qui, de vous ou de lui, tire le plus juste et le plus vite. Le fait d’être une femme ne vous met pas à l’abri de ce genre de compétition, aussi stupide que mortelle.

Aussi, pour éviter d’exciter les pulsions belliqueuses des apprentis tueurs, je ne portais pas cette arme à mon côté mais la dissimulais dans une sacoche de cuir.

Je jetai cette sacoche sur mon épaule et, à mon tour, je sortis de la tente.


*


Notre campement était éclairé par la lumière de la lune.

Le feu que MacNab avait allumé, et auprès duquel il s’était couché, était presque mourant.

Quant à la couverture dont il s’était entouré pour se protéger de l’humidité,  elle gisait sur le sol, chiffonnée et... vide...

Le vieux bonhomme avait disparu !!

Je m’écriai - Où est-il Vienne ? Où est MacNab ?

- Je l’ignore... Mais il n’a pas dû aller bien loin... Il a laissé son cheval... me répondit-elle en jetant un regard vers nos montures et les mules.

- Est-ce lui qui marchait près de notre tente ?...

- Je ne crois pas... Le pas que j’ai entendu était lourd... Et puis, avec ses mocassins d’indien en peau, MacNab se déplace sans faire le moindre bruit...

Vienne regardait le sol, cherchant des traces qui pourraient lui donner des indications sur la direction qu’il avait prise... Peu à peu, elle se déplaça et s’éloigna du feu...

Je restai immobile. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il fallait faire... 

Notre guide avait disparu !!! Nous nous trouvions seules au milieu d’une nature superbe mais inconnue de nous et hostile...

Je me sentais complètement désemparée. Mais je savais que je devais me fier à Vienne...

Elle cherchait toujours une explication à la disparition de MacNab.

Elle se trouvait à présent à plus de dix mètres du feu... À plus de dix mètres de moi. Car, en ce qui me concerne, je n’avais pas plus bougé que ne l’aurait fait une souche d’arbre...


*


Tout à coup, j’entendis que les chevaux et les mules tiraient sur les liens qui les attachaient à un arbre. Piétinant le sol de leur sabots, ils semblaient vouloir fuir. Ils poussaient de petits hennissements effrayés.

Vienne tourna la tête vers eux puis vers moi et resta interdite...

Les yeux écarquillés d’horreur, elle parvint à jeter un cri : - Eva !!! Eva !!! Attention !!! Derrière toi !!!

Je me retournai brusquement.

Et je vis là, devant moi, à un mètre tout au plus, un haut mur de poils marron. De chaque côté de ce mur deux pattes, larges comme des pelles, dont les griffes, pleines de terre, semblaient prêtes à me lacérer... Et à son sommet, une tête longue aux petits yeux noirs, la gueule ouverte sur des crocs acérés comme des couteaux...

L’animal qui se dressait de toute sa taille, debout sur ses pattes arrières, était le plus dangereux prédateur qui peuplait les bois du Montana.

Un ours, haut comme une montagne...

Un grizzli....

J’entendis la voix de Vienne qui hurlait : - Sauve-toi Eva !!! Sauve-toi !!!

Mais j’étais incapable de faire le moindre geste car la lueur que je voyais dans les yeux de ce formidable animal me paralysait...

Je restai, tétanisée, devant lui, Attendant qu’il me donne le coup de grâce...


*


Le grizzli restait immobile devant moi, me dominant de toute sa taille.

Il semblait indécis... Ne sachant s’il devait me briser d’un coup de patte ou mépriser la maigre proie, essentiellement composée d’os, qui se tenait paralysée devant lui.

Il humait bruyamment l’air qui m’entourait. Je compris qu’il essayait d’identifier cet animal bizarre en respirant mon odeur. Le résultat de cette étude n’eut pas l’heur de lui plaire car il poussa un grogrement de dégoût quand l’eau de Cologne qui parfumait mes vêtements pénétra ses narines.

Je ne sais pourquoi mais ce bruit me tira de ma torpeur et je trouvai le courage de faire un pas en arrière, puis un autre.

Le grizzli ne regardait faire sans réagir. Mais j’entendais Vienne qui m’encourageait - Continue Eva !!! C’est bien !!! Encore un pas... et tu seras hors de sa portée... Je vais m’approcher pour l’abattre avec mon colt !!!

Mais la voix impérieuse de MacNab l’interrompit - Ne bougez M’dame Brooks ! Vous ! me cria-t-il jetez votre sac devant lui !  Allez-y !! Jetez-le !! Tout de suite !!!

J’obéi et, prenant ma sacoche sur mon épaule je la fis tomber devant le grizzli.

Immédiatement, l’animal cessa de s’intéresser à moi. Il se laissa retomber au sol où il s’empara de ma sacoche. Puis, assis, il entreprit de l’ouvrir avec ses pattes antérieures, la tournant en tous sens, comme il l’aurait fait avec un ballon.

J’étais stupéfaite devant l’incroyable curiosité de l’animal. Mais je ne demandai pas mon reste et couru me réfugier auprès de Vienne et de MacNab.

Le vieil homme profita des quelques secondes de répit que nous accordait le grizzli pour entortiller un chiffon au bout d’une branche. Il l’arrosa du whisky que contenait la flasque qu’il portait toujours dans la poche de sa veste. Puis il approcha la flamme d’un briquet de ce flambeau improvisé. Le tissu, imbibé d’alcool, pris feu instantanément.

MacNab s’avança alors vers l’ours en brandissant la branche enflammée devant lui.

Le grizzli ne leva dans la seconde en poussant des cris effrayés. Il donnait des coups de pattes devant lui mais il reculait, reculait inexorablement devant le feu. Puis tout à coup, il se retourna et se mit à courir vers la forêt, abandonnant ma sacoche derrière lui...

Nous étions sauvés. J’étais saine et sauve.

Toute cette scène n’avait pas pris plus de deux ou trois minutes !!!

Par plus de deux ou trois minutes pour vivre ou mourir !!!


*


Tout à coup, je sentis que mon corps se mettait à trembler. La frayeur me tombait dessus d’un coup et je me laissai tomber assise à terre. - Bon sang, Jim !!! Où étiez-vous donc passé ??!! J’ai cru ma dernière heure arrivée !!!

- Désolé M’dame... Mais j’étais parti chercher un peu de bois pour le feu... et puis aussi soulager un besoin naturel... J’pouvais quand même pas faire ça au milieu du camp devant des dames !!! J’ai eu la main un peu lourde sur les épices. J’ai pas bien digéré les écureuils...

- C’est bon Jim !!! Nous avons compris intervint Vienne. En tout cas merci pour votre intervention. Et bravo pour votre présence d’esprit !!! Jamais je n’aurais pu croire qu’on pouvait détourner l’attention d’un animal aussi dangereux avec un sac de dame !!

- Y’a pas plus curieux qu’un ours, M’dame !! Enfin, c’est moins une !!! Heureusement qu’il ne s’en est pas pris aux chevaux ou aux mules !!!

- Pourquoi on ne l’a pas abattu d’une balle ??? demandais-je étonnée.

- Vous avez vu la taille de cet animal, M’dame ?? Il aurait fallu le truffer de plomb... Et puis ça aurait été dommage de le tuer. D’autant que nous n’avons pas le temps de prendre sa peau et de faire sécher ou fumer sa viande...

- Ça... ça se mange ??!!

- Bien sûr M’dame... Que ça s’mange... Quant à sa fourrure, on en fait des vêtements... Ses dents, ses griffes, ses os, des outils, des bijoux... Les Indiens savent faire tout ça... Bon... c’est pas tout ça... Je crois qu’il faut retourner se coucher. On a encore une longue route demain...


*


En retournant vers notre tente, Vienne se mit à rire doucement - Remise de tes émotions, ma chérie ?? Cet incident va faire un chapitre fabuleux dans ton journal... Dommage que je n’ai pas eu le temps de prendre des photos...

Je restai interdite.

Sidérée par cette moquerie insolente, je la regardai entrer dans la tente. Comment Vienne pouvait-elle plaisanter alors je venais de risquer ma vie ?

Je sentais la rage monter doucement en moi... Était-ce cela son amour ??? 

J’entrai à mon tour dans la tente, bien décidée à lui dire ma colère et mon dépit.

Mais je n’eus pas le temps de dire un mot car, à peine étais-je entrée, que deux bras m’enlacèrent. Le corps de Vienne se pressa contre le mien et sa bouche écrasa la mienne en un long baiser ardent...

J’en perdis presque le souffle...

Quand enfin, après de longues secondes où je sentis tout son corps frissonner contre le mien, elle relâcha son étreinte, je l’entendis murmurer contre mes lèvres - Eva... Eva... Quand je pense que j’ai failli te perdre... Ô mon Dieu, Chérie... quand j’y pense...

Inutile de préciser, je pense, que ma colère retomba vite. Et que je sus convaincre Vienne que j’étais toujours et bien vivante...


*


Le soleil était déjà haut dans le ciel quand nous reprîmes le chemin de la réserve indienne.

MacNab ouvrait la route devant Vienne et moi.

Je chevauchai de nouveau Apache, mon cheval appaloosa. J’avais posé mes mains sur sa nuque et je sentais ses muscles rouler sous mes doigts. J’avais adopté cette délicieuse habitude et je ne m’en lassais pas.

Au diable les allusions psychologiques de Vienne sur mon désir de transférer sur Apache la tendresse que je ne pouvais pas lui témoigner !!

Elle avait bien vu que je n’étais pas avare de caresses. Et pas plus tard que la nuit dernière !!!

Certes, une couverture, même épaisse, jetée à même le sol n’avait rien d’une couche douillette.


Et faire l’amour en gardant ses bottes, ses chaussettes et son jean n’était pas des plus pratique... Mais c’était indispensable en cas d’une nouvelle attaque d’un animal féroce.

Et puis il y avait les soupirs qu’il fallait étouffer par crainte que MacNab nous entende...

Car si, au premier regard notre guide avait tout du vieillard arthritique, il n’en possédait pas moins ses cinq sens. Et il avait visiblement l’ouie particulièrement fine !!!


*


Mes pensées vagabondaient et je ne pouvais empêcher un léger sourire de flotter sur mes lèvres au souvenir de cette nuit qui avait si fâcheusement commencé mais qui s’était si bien terminée...

Je me laissai bercer par les mouvements d’Apache alors qu’il trottait sur la piste.

Tout à coup, le cheval de MacNab fit une embardée pour éviter un obstacle. Le vieil homme maîtrisa sa monture d’une main ferme et la calma en lui caressant l’encolure.

Vienne intervint - Que se passe-t-il ? Votre cheval s’est blessé ?

- Pas du tout M’dame. Y’a un cadavre d’animal sur l’chemin. C’est ça qui lui a fichu la frousse !!

- Un cadavre d’animal ?

- Ouaip !! Un cerf ! Y’a plus que son squelette !!! Il a plus un seul bout de chair !! Et des  traces de pattes d’ours autour de cette charogne... J’comprends mieux maintenant...

- Qu’est-ce que vous comprenez mieux, Jim ?

- Que not’grizzli de cette nuit n’ait pas croqué M’dame d’Uberville. Même si ce ne sont pas des mangeurs d’homme, dédaigner une telle proie !! En fait notre ami était déjà repu !! Vous avez eu de la chance M’dame !! La chance que ce cerf n’ait pas couru assez vite.

- Pourquoi est-il venu dans notre camp alors ??

- Par curiosité. Et parce qu'on était sur son chemin... Bon allez, on continue.

MacNab reprit la route.

Je restai quelques secondes à regarder les os de ce malheureux animal auquel je devais la vie...

Un frisson me parcourut. La peur. De nouveau la peur. Je l’avais vraiment échappé belle !!

Vienne, qui était restée près de moi, posa sa main sur mon bras. - Viens me dit-elle. Ne restons pas là. MacNab est en train de nous distancer. Rattrapons-le...

- Tu te rends compte... Si cet ours n’avait pas dévoré cet animal... c’est moi qui... Je m’interrompis, bouleversée. Car je voyais les longs crocs broyer mes os, les griffes lacérer ma chair.

- N’y pense plus Eva. Je t’en prie. Allez, viens.

Et elle lança son cheval à la poursuite de MacNab.

Je donnai un léger coup de talon et Apache se mit à galoper, m’arrachant du sol et à mes pensées.



A suivre...


*

26 commentaires:

  1. Hello Gustave!

    Un épisode hippique pour une jeune-femme qui a des aventures épiques! Elle semble s'habituer à la présence de ce vieux grigou mais je ne crois pas que Vienne ait des raisons de se monter jalouse....

    Merci Gustave, j'ai galoper par procuration et c'est agréable.

    Béa.

    Ps: superbe photo-montage de Miss Shelley

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    1. Hello Béa !!

      Moi, je trouve que MacNab a du charme. Autant qu'un porc-épic !!!

      Oui, galoper derrière Eva, ça ne doit pas être désagréable !!!

      Gustave

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  2. Où Mac Nab se civilise et laisse entrevoir un aspect plus attachant de sa personnalité... Je parie qu'à la fin du récit, Eva ne tarira pas d'éloges sur son compte.

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    1. C'est ça le plaisir d'écrire des histoires.

      On invente ce que l'on veut, les personnages les plus différents. Même si, je l'avoue, je m'inspire souvent de ce que j'ai lu.

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  3. Mais c'est une véritable histoire d'amour entre Eva et son cheval. Et Vienne qui mêle Freud à tout cela....j'imagine Eva sur le divan de ce bon docteur ou bien le cheval. Les deux peut-être....(rires).

    Vienne traduit le "transfert" à son avantage! Un raccourci qui l'arrange bien, c'est trop mignon.Cro mignon d'insolence!

    Merci pour cet épisode chevalin-freudien.

    Béa.

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    1. J'avais adoré parler de psychanalyse dans Cluedo. Je trouve que c'est très drôle. Et ici c'est très décalé.

      En tout cas ça prouve que Vienne et Eva sont très cultivées et très bien informées.

      Car en 1918, Sigmund Freud venait juste de publier les travaux qui allaient le rendre célèbre.

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  4. Justice est rendue aux appaloosas grâce à Gustave, qui nous fait découvrir cette magnifique race de chevaux.

    Le prochain épisode mettra-t'-il quelques loups en scène ?

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  5. Le prochain non. Il est publié. Les suivants, je ne sais pas encore. Ils ne sont pas encore écrits.

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  6. Quelque chose me dit que les papilles de nos héroïnes ne sont pas familières de la bestiole que MacNab se prépare à attraper et qu'Eva éprouvera un regain d'énervement contre son mentor toujours aussi désarmant de naturel.

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    1. Bonjour Oscar... Voilà. J'espère que l'épisode d'aujourd'hui répond à tes craintes. C'est une recette canadienne que j'ai trouvée sur internet...

      Bonne lecture. Bon dimanche et bon... appétit

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  7. Bonjour,

    Très amusante cette suite. J'imagine un loup prendre la pause, permettant ainsi, à Eva d'armer et de tirer. Qui sait? Elle peut tomber sur un loup galant, c'est toujours mieux que de tomber sur un loup-garou!
    Je la trouve très habile pour une débutant. Je serai toujours son avocate même si elle tuait une mule pendant son entrainement, je sais, c'est du parti pris mais j'assume!

    Merci.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa.

      Je crois qu'Eva sera toujours très habile pour ses premières fois (rires) Et même pour les suivantes (rires) Je ne l'imagine pas autrement que quasi parfaite (rires)

      Bonne lecture et bon dimanche.

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  8. Plaisante et pleine d'humour cette suite avec les premiers cours de tirs pour Eva; résultats peu concluants mais ne doutons que Vienne ne sera jamais bien loin pour la protéger...
    Et maintenant un repas peu "banal" les attend; une nouvelle expérience pour les deux jeunes femmes.

    Merci Gustave.

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    1. Bonjour Stef. Je suis très heureuse de te retrouver.

      C'est amusant, Béa trouve Eva très habile. Toi, tu la trouves plutôt maladroite. Et moi, je la trouve quasi-parfaite (rires)

      Je sais que c'est l'époque des sondages d'opinion. Alors, je vais peut-être en lancer un : Comment aimez-vous Eva ? (rires)

      Par contre, pour élire notre personnage favori, je crains qu'il n'y ait ballotage (rires)

      Bonne lecture Stef et bon dimanche.

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  9. Ahhh elle peut avoir un goût de noisette cette viande...un écureuil! Nom d'un petit bonhomme!

    A la guerre comme à la guerre, sauf qu'elle est finie, Gustave!

    MacNab est un personnage complexe, marié avec une Sioux, voilà qui donne un éclairage nouveau au personnage.

    Pour ton petit sondage, Eva, je l'adore en smoking.

    Merci.

    Béa.

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    1. Pendant la guerre de 1870, les Parisiens ont mangé tout ce qui leur tombait sous la main. Chiens, chats et tous les animaux des zoos et du Jardin des Plantes.

      Je ne voulais pas servir du chat à Vienne et Eva.

      Mais l'écureuil c'est un mets indien, semble-t-il. Surtout en cas de disette.

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  10. Si je ne suis pas étonnée que MacNab ait surpris les papilles de Vienne et d'Eva en leur faisant déguster de l'écureuil (avec lui, il fallait s'y attendre), je le suis, par contre, d'apprendre qu'il a été marié. Cela étant, sa femme était indienne, ce qui colle mieux à son personnage anticonformiste pour l'époque.

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    1. Et j'espère continuer à te surprendre....

      Mais, en ce moment je n'ai pas beaucoup d'inspiration pour cuisiner mon récit (rires)

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  11. J'espère que l'inspiration reviendra vite, merci de nous avoir écrit un nouveau récit.
    Rose

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  12. Gustave a retrouvé l'inspiration pour reprendre son récit où il l'avait laissé il y a un peu plus d'un an... Il est vrai que nous avons entretemps fait un bond dans le temps et la sphère judiciaire. J'en reviens à nos héroïnes. Sont-elles vraiment seules avec leur guide ? Cette pointe de suspense permet en tout cas de digérer le repas d'écureuil.

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  13. C'est bien tu as retouvé l'inspiration !!! C'est cool les aventures de Vienne et Eva se poursuivent. Vivement la suite !!!
    Laurence

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  14. Pauvre Eva!!! Après les écureuils, un ours !!!! Elle est très amoureuse!!! Vivement la suite pour savoir comment va t-elle se sortir de cette situation !!!

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  15. Le sac d'une femme pour neutraliser un ours, il fallait y penser!!!!!
    Est ce que les ours sont ils vraiment curieux????
    J'ai l'impression que Vienne et Eva vont passer une bonne fin de nuit !!!!

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  16. Bonjour,

    "Mais que font-elles dans cette galère????"

    Pour du trépidant, c'est du trépidant!!!! du galopant...c'est du galopant!!!! enfin pour de l'oursant, c'est... que dis-je du grizzlyant!!! bref de l'apeurant! Heureusement Vienne, c'est du rassurant!

    Merci.

    Béa.

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  17. La nuit a été bonne pour nos 2 amantes mais la réalité reprend vite le dessus!!! Que va t-il se passer!!!! Vivement la suite pour savoir quel animal vont-elles encore rencontrer???

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  18. Que d'émotions ! Ce n'est pas cette fois que nous apprendrons à quoi ressemble la chair d'un ours brun curieux du contenu d'un sac de dame.

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