Vienne-Eva

Le blog réCits et nouVelles, C et V pour Céline et Virginie, a été créé pour accueillir les histoires inventées pour deux personnages que j’ai découverts un jour à la télévision dans une série populaire, pblv.

Puis j’ai eu envie de créer mes propres personnages : Vienne et Eva, d’aborder une nouvelle période, la fin de la Première Guerre Mondiale et les Années Folles.

Vous allez pouvoir suivre leurs aventures dans les récits suivants.


Parade, Esquisses,
L'Amour et rien d'autre,
Nouveaux Mondes,
North by Northwest,
Little Big Women.
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Tous mes récits suivent un ordre chronologique.
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Il suffit de cliquer sur les noms des récits, publiés en bleu, pour y avoir accès.
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Afin de vous donner envie d’en lire un peu plus, voici  quelques lignes extraites de chaque récit.
(..) Eva d’Uberville-West était sortie de l’hôpital où elle travaillait sans interruption depuis quarante huit heures.
Elle voulait fuir ces odeurs de chloroforme et d’éther. Cette atmosphère de mort.
Pendant quelques minutes, elle ne voulait plus voir ces hommes qui se cramponnaient à sa main en la suppliant de soulager leurs souffrances et ceux qui mouraient en murmurant le nom d’une femme. Parfois celui de leur mère.
Elle s’assit sur le banc de bois posé le long du mur et regarda autour d’elle.
La nature reprenait ses droits au milieu des décombres. Des fleurs sauvages poussaient sur les ruines du village.
Le soleil brillait dans le ciel bleu de ce mois d’août.
Eva sortit un paquet de cigarettes de la poche de sa blouse, maculée de sang.
C’étaient des cigarettes américaines, au tabac blond de Virginie, qu’un soldat, rencontré à Paris, lui avait données.
Elle alluma la fine cigarette à la flamme vacillante de son briquet.
Elle songea à ce soldat. A Tom.
Ils s’étaient rencontrés dans un de ces salons où la bourgeoisie parisienne recevait ces jeunes hommes venus de l’autre côté de l’Atlantique pour donner leur vie à la France.
Ils avaient dansé, flirté. Mais c‘était tout. Rien de plus...
Elle ne voulait plus tomber amoureuse. Tant que cette guerre durerait. Elle ne voulait plus souffrir à l’annonce de la mort de son amant...
Où était Tom à présent ? Etait-il encore en vie ? Ou était-il allongé dans une tranchée, la bouche ouverte sur un cri muet ?
Les troupes alliées, composées de régiments français, anglais, américains, canadiens et australiens, avaient repris l’offensive. L’armée allemande de l’empereur Guillaume reculait partout.
Mais malgré les batailles gagnées au prix de la vie de milliers de jeunes hommes, Eva savait que cette guerre, qui durait depuis bientôt quatre ans, n’était pas près de finir.
Ici dans cet hôpital de campagne situé derrière la ligne des combats, dans un village ravagé par les bombardements de l’artillerie allemande, les blessés affluaient toujours.
Peut-être qu’un jour Tom serait de ceux-là (..)
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(..) Tamara s’était épanchée sur son passé, le vin de Bourgogne aidant.
La Pologne n’était pas un état indépendant. Mais un territoire partagé entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie.
Sa riche famille vivait dans une partie de l’ancienne Pologne qui était sous domination russe.
Tamara se souvenait, avec nostalgie, de Varsovie et de Cracovie, de Saint-Pétersbourg et de Moscou.


Elle se souvenait des membres de la famille impériale, les Romanov que les Bolcheviks avaient massacrés quelques semaines auparavant, le 17 juillet 1918, dans une maison d’Iekaterinbourg.
Le tsar Nicolas, la tsarine Alexandra, leurs cinq enfants, le tsarévitch Alexis, les quatre grandes duchesses, Maria, Tatiana, Anastatia et Olga avaient été mitraillés dans les caves de la maison Ipatiev.
Avec eux avaient aussi péri, sous les balles ou achevés à la baïonnette, les derniers membres d’une cour dérisoire, la femme de chambre Demidova, le valet Troupp, le cuisinier Kharitonov, et le médecin Botkine.
Et tout ça lui faisait mal. Bien sûr, elle vivait à Paris,  “la plus belle ville du monde”, au milieu des poètes et des artistes. Mais elle avait mal.
Elle s’était mise à pleurer sur ses souvenirs de petite fille, la tête posée sur l’épaule de Vienne.
Alors la jeune femme l’avait aidée à gagner sa chambre où elle l’avait couchée (..)
*
(..) Eva ferma les yeux. Elle se sentait prise d’un vertige. Son esprit imaginait les scènes les plus insensées. Elle devait se reprendre.
Cette peinture l’ensorcelait. Elle aurait aimé la détacher du mur et l’emporter avec elle. Pour que Vienne, ou au moins son image, ne la quitte jamais.
Elle se dit qu’il fallait qu’elle cesse de se raconter des histoires. Vienne n’était pas qu’une merveilleuse amie.
Elle était tellement plus. Elle était devenue...
Un léger bruit derrière elle l’arracha à ses pensées. Elle se retourna.
Vienne se tenait debout. Elle avait revêtu un smoking noir sur une chemise blanche. Elle avait noué une cravate autour de son cou.



Avec ses cheveux courts, elle était la quintessence de l’élégance masculine. Et pourtant elle restait si délicieusement femme (..)

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(..) La grande dame les regardait, la tête légèrement penchée, un sourire aux lèvres.
Son visage large et grave était serein et doux. Ses gestes étaient amples et souples.
Elle était drapée dans une longue robe aux plis gracieux.
Elle avait fait un pas vers elles. Et elle avait interrompu sa marche, restant immobile, la jambe légèrement fléchie.
Contre son bras gauche, elle tenait une tablette sur laquelle une date, 4 juillet 1776, était gravée.
Au bout de son autre bras, qu'elle tenait levé très haut au-dessus de sa tête ceinte d'une couronne composée des sept rayons du soleil, une torche jetait sa lumière sur le fleuve et le navire qui glissait à ses pieds sur les eaux de l'Hudson (..)
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Novembre 1918, quelque part entre Chicago et Helena...
(..) Vienne dort, bercée par le lent balancement et le cliquetis du train.
Je regarde son beau visage aux traits si fins, ses longs cils, ses courts cheveux que j’ai ébouriffés cette nuit...
Elle s’est blottie contre moi. Il est vrai que les couchettes de notre compartiment Pullman sont étroites et que, fidèle à sa délicieuse habitude, elle a délaissé la sienne pour venir me rejoindre.
Mais moi, je n’arrive pas à dormir. Malgré les douces fatigues de notre nuit.
J’ai légèrement écarté le rideau qui masque la fenêtre pour voir les paysages que nous traversons en direction d’Helena, la capitale du Montana (..)
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Le... novembre 1918, sur le chemin de la réserve cheyenne...


Nous n’avons quitté Helena que depuis quelques heures.

Un timide soleil s’est levé qui éclaire doucement la plaine. Il fait très doux. Une douceur comme on en connaît au printemps.

Nous avançons au pas lent des deux mules sur lesquelles Jim MacNab a chargé notre équipement.

Cette calme balade est infiniment agréable. Mais je sais qu’Apache, mon cheval appaloosa, brûle du désir de se lancer au galop au milieu des hautes herbes.

J’ai posé mes mains sur sa nuque. Et je sens ses muscles palpiter sous mes doigts.

Il fait dodeliner sa jolie tête. Il est impatient de me montrer sa vitesse, sa robustesse et la sûreté de son pas.

J’aimerais le laisser faire et me laisser emporter par sa fougue. Mais je n’ose pas... Car je n’ose pas défier Jim MacNab qui ouvre la marche.

De temps en temps notre vieux guide nous jette un regard par dessus son épaule. Parfois, il ferme un oeil et celui qui reste ouvert nous examine comme le ferait un microscope.

Il veille sur nous.
Mais il observe aussi ses deux clientes. Ces deux femmes qui sont venues de la lointaine Europe pour l’entraîner dans une quête aussi étrange que dérisoire. Ces deux originales qui ont fait appel à ses services pour les conduire à la réserve cheyenne.
Jim MacNab, la légende vivante du Montana, connait par coeur chaque chemin. Chaque ruisseau et presque chaque pierre qui roule sous les pas de nos chevaux.
Sans lui, nous serions perdues et nos vies seraient en danger. Car, bien que nous ne sommes qu’à quelques dizaines de kilomètres d’Helena, nous savons que nous sommes entourés d’une nature superbe mais hostile.

Alors Vienne et moi n’osons pas prendre d’initiative dans ce pays sauvage que nous ne connaissons pas. Nous nous contentons de suivre docilement notre guide.


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