Voici une nouvelle aventure de Rachel Peabody et Dylan Hederson. Ce récit, et celui qui suit, Safari, n'ont aucuns points communs avec les autres. Si ce n'est les deux personnages principaux. Au moment où commence ce récit, Rachel et Dylan ne se connaissent pas. Bonne lecture.
Volcans
La lourde Saab noire pénétra lentement dans la zone réservée aux taxis de l’aéroport de Stockholm-Arlanda. Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, elle s’immobilisa devant l’aérogare correspondant aux départs des avions de la Compagnie British Airways.
Le chauffeur se précipita hors de son véhicule pour ouvrir la porte arrière puis le coffre d’où il sortit une valise à roulettes.
Enfin, tout sourire, il se tourna vers la magnifique jeune femme brune aux yeux bleus qui venait de quitter son taxi.
Ils échangèrent quelques brèves paroles. Il remercia pour le pourboire et lui souhaita bon voyage et bon retour dans son pays. Alors qu’elle s’éloignait, il ne put s’empêcher de suivre des yeux la gracieuse et élégante silhouette de sa passagère.
Après avoir séjourné une semaine à Stockholm, où elle avait posé pour des photos de mode du plus grand magazine féminin suédois, Rachel Peabody rentrait enfin chez elle.
À Londres...
*
Dylan Hederson avait baissé la vitre de sa portière afin d’admirer les hauts arbres entourant l’autoroute qui menait à l’aéroport de Stockholm-Arlanda. Celle-ci serpentait au travers d’une vaste forêt de conifères.
Elle se tourna vers le conducteur, un jeune viking blond.
- Gustav, nous sommes encore loin de l’aéroport ?
- Non, nous approchons. Plus de quarante kilomètres séparent Stockholm de l’aéroport d’Arlanda. Ceci afin que les habitants ne soient pas gênés par le bruit des avions qui décollent ou qui atterrissent.
- C’est gentil de m’accompagner. Mais, j’aurais pu prendre un taxi ou une navette...
- Pas question ! Que fais-tu de l’hospitalité scandinave ? Te conduire à l’aéroport était la moindre des choses... J’espère que tu as apprécié ton séjour chez nous...
- Énormément... Et ton pays m’a inspiré les plus belles photos que j’ai jamais prises...
- Alors, j’en suis heureux... J’ai hâte de les voir...
- Je vais d’abord les exposer dans ma petite galerie de Londres et ensuite je tenterai de trouver un commanditaire à Stockholm... A moins que je ne les publie dans un livre...
Tout à coup, la haute tour de contrôle de l’aéroport d’Arlanda apparut. Ils étaient arrivés.
Gustav roula jusqu’à l’aérogare d’où partaient les avions de la British Airways.
- Je n’ai pas le droit de stationner ici Dylan. Je te dépose et je te rejoins après avoir garé ma voiture dans le parking souterrain.
- Non, Gustav. Tu es adorable mais je ne veux pas te retenir plus longtemps. Je sais qu’Ingrid t’attend avec impatience. Je prends mon sac et je te quitte. De toute façon, je reviens en Suède dans un mois...
Elle s’approcha de lui et l’embrassa. Puis elle descendit de la voiture et prit son sac posé sur la banquette arrière.
- A bientôt Dylan...
- A très bientôt Gustav...
Puis elle lui tourna le dos et marcha vers la porte en verre de l’aérogare. Au moment où elle s’apprêtait à entrer, elle se retourna et fit au jeune homme un dernier signe de la main.
*
Rachel marchait en direction du comptoir de la British Airways. Elle vit que des files de voyageurs s’étaient formées devant les comptoirs de toutes les compagnies aériennes.
C’est curieux, pensa-t-elle, Arlanda est un aéroport de taille modeste comparé à Heathrow. A la différence de la plate-forme de Londres, ici, il n’y a jamais de foule.
Elle leva les yeux vers les panneaux annonçant les vols au départ. Le même mot revenait en anglais sur tous les vols. Cancelled. Annulé.
Elle remarqua alors qu’il y avait une atmosphère de panique dans cet aéroport réputé pour son silence et son calme.
Elle crut entendre deux mots, répétés en boucle. Mais elle ne comprit pas alors que ces deux mots allaient bouleverser sa vie.
Deux mots. Volcan et nuage.
*
Dylan lisait le panneau d’affichage.
Tous les vols étaient annulés. Son vol sur la British Airways en direction de Londres ne faisait pas exception à la règle.
Elle avait l’habitude des voyages. Elle avait pris des centaines d’avions sur les cinq continents. Sur les compagnies les moins recommandables. Elle ne se laissait pas facilement prendre au dépourvu.
Elle avait déjà vécu cette expérience. En 2001, aux Etats Unis. Le 11 septembre. Il n’y avait plus eu aucun vol dans le ciel américain. Elle était restée dans l’aérogare d’Atlanta pendant toute une nuit, dormant sur une banquette. En shootant les voyageurs hagards ou fatigués, elle avait réalisé certaines de ses meilleures photos.
Mais ici ? pensa-t-telle, un attentat encore ? Dans un pays aussi paisible que la Suède ? Ça paraît tellement improbable...
Il fallait d’abord qu’elle en sache plus.
Elle s’approcha du comptoir de la British Airways et s’adressa aux voyageurs qui la précédaient dans la file.
- Que se passe-t-il ? Pourquoi tous les vols sont-ils annulés ?
- Il paraît que c’est à cause d’un nuage de poussières. Un volcan islandais serait entré en éruption et le vent pousse vers la Suède un gigantesque nuage de cendres. C’est très dangereux pour les moteurs des avions. Ils pourraient tomber en panne en plein vol. Alors, les compagnies ont reçu l’ordre de ne pas faire décoller leurs avions. L’ordre est tombé il y a une demi heure...
- On sait quand les vols vont pouvoir reprendre ?
- On l’ignore. Ils disent que tant que le nuage sera dans le ciel, il sera impossible aux avions de voler. Ils disent que le nuage est en train d’envahir toute l’Europe...
Dylan s’écarta.
Elle alluma son téléphone portable et chercha une télévision en langue anglaise. La CNN lui confirma les propos qui venaient de lui être tenus.
C’était une catastrophe.
Tant que le volcan islandais cracherait son nuage de cendres, partout en Europe, les avions resteraient cloués au sol. Et nul ne savait pour combien de temps. Une semaine, un mois, un an. Personne ne pouvait le dire.
Dylan compris instantanément. Je ne dois compter que sur moi pour quitter la Suède. Les trains vont être pris d’assaut dans toute l’Europe. Il n’y a pas trente-six solutions. Je dois louer une voiture tant que je peux encore en trouver une. Puis je dois gagner le sud de la Suède. Prendre le pont pour le Danemark, traverser ce pays, puis l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Nord de la France et rouler jusqu’à Londres en empruntant le tunnel sous la Manche. C’est un long voyage. Mais ce n’est pas impossible.
Après tout, elle avait fait bien pire au Yémen. Voyageant, pendant deux jours, sur le toit d’un car, allongée au milieu des baluchons et des valises, cramponnée à la galerie, en priant de ne pas tomber à chaque cahot de la route.
Elle se mit à courir en direction du comptoir d’une société de location de voitures.
*
Rachel était indécise. Que faire ? Attendre patiemment que la compagnie me donne de nouvelles informations comme me l’a suggéré l’hôtesse de la British Airways ? Ou trouver ces informations par moi-même ?
Elle prit son iPhone et téléphona à Londres. Elle savait qu’en contactant son vieux copain Harry, journaliste au Daily Telegraph, elle aurait des nouvelles fraîches et fiables.
La conversation ne dura que quelques minutes. Mais Harry lui confirma l'existence du nuage de cendres du volcan islandais et le gigantesque désordre qui gagnait l’Europe et le monde entier.
Dans l’immédiat et pour les jours qui venaient, il n’y avait que trois moyens de quitter la Suède et de regagner la Grande Bretagne : la voiture, le train ou le bateau.
Il fallait faire vite, car bientôt trains et bateaux seraient saturés.
Elle remercia Harry, éteignit son portable et se dirigea vers le comptoir d’une société de location de voitures.
*
Stockholm-Arlanda était un aéroport tranquille avec peu de transit de passagers. Il y avait toujours suffisamment de taxis et de navettes pour transporter les touristes.
Mais là, c’était la panique totale. Les informations distillées avec parcimonie étaient si alarmantes que la peur de rester des jours bloqués dans l’aérogare, au milieu de nulle part, avait gagné les voyageurs comme une épidémie.
Tous voulaient un moyen de locomotion. Et tous le voulaient immédiatement.
La vingtaine de véhicules avaient été loués en quelques minutes. Et toutes les autres sociétés de location avaient connu le même afflux de demandes.
Dylan avait obtenu la dernière voiture disponible, une Honda civic. L’employée avait tendu la clef à Dylan avec un sourire d’excuse. C’était un vieux modèle, dépourvu de GPS. Mais c’était tout ce qui restait.
Elle ouvrit le hayon et y jeta son sac de voyage. Elle s’empara de son appareil photo. Elle se souvint d’Atlanta. Des images qu’elle y avait prises. Elle referma le précieux véhicule et revint vers l’aérogare.
Les navettes pour Stockholm et les taxis étaient pris d’assaut. Les touristes se pressaient vers les quais de départ du Arlanda-express, le train qui relie l’aéroport au centre de Stockholm.
Elle prit quelques photos. Des bagages renversés. Des touristes furieux, gesticulants ou apathiques.
Tout à coup, au milieu de la foule fiévreuse, elle la vit.
*
Elle avait perdu de précieuses minutes en discutant avec Harry.
Toutes les navettes pour Stockholm étaient parties et toutes les places sur les prochaines étaient déjà réservées. Les wagons du Arlanda-express étaient déjà pleins.
Il n’y avait plus de taxis et plus de voitures à louer.
Elle se dit qu’elle ne devait pas céder à la panique ambiante. Elle était en Suède, un pays éminemment civilisé. Elle savait que les autorités du pays et de l’aéroport n’abandonneraient pas les touristes à leur sort.
Il suffisait d’attendre que la foule se soit un peu dispersée. Bientôt elle pourrait regagner Stockholm et là, il serait toujours temps d’aviser.
Elle se dirigea vers un siège à l’écart du brouhaha, sortit un livre policier de sa valise. Un Henning Mankell. Elle sourit. Dans quelques mois, les aventures de Wallander, le policier suédois, allaient sans doute s’enrichir d’un nouvel épisode intitulé Nuage ou Volcan...
Elle chercha sa page et se mit à lire.
*
Dylan la regardait.
Elle s’était mise à l’écart. Et elle attendait gentiment, patiemment. Sans s’en prendre au personnel, débordé, de l’aéroport.
Elle la connaissait. Elle l’avait déjà croisée, Admirée. De loin. Elle avait déjà vu des photos d’elle dans les magazines. Elle s’appelait Rachel Peabody. Elle était anglaise, actrice et mannequin.
Elle devait vouloir rentrer chez elle, à Londres. Mais visiblement, elle n’avait pas trouvé de moyen de locomotion.
Dylan pensa. Je vais lui proposer de faire la route avec moi. C’est une proposition extraordinaire. Mais la situation que nous vivons en ce moment est assez extraordinaire aussi. Elle va sans doute refuser... Tant pis. Je verrai bien. Allez, vas-y. Fonce...
Elle s’approcha et osa.
- Excusez-moi... mais vous êtes bien Rachel Peabody ?
Le superbe visage se leva vers elle. Un sourire apparut sur les lèvres délicatement ourlées.
- Oui... C’est bien mon nom... Nous nous connaissons ?
- Je m’appelle Dylan Hederson. Je suis photographe. J’ai eu l’occasion de vous voir sur les plateaux des défilés de mode à Londres. Et aussi dans certains magazines féminins...
- Heureuse de vous rencontrer. Je vois que nous partageons la même galère... Vous êtes coincée ici vous aussi ?
- Non, justement. J’ai réussi à louer une voiture... Je me disais... que, peut-être..., nous pourrions la partager... Il y a plus de deux mille kilomètres jusqu’à Londres... Nous ne serons pas trop de deux chauffeurs...
Elle ne réfléchit qu’un quart de seconde.
- D’accord, j’accepte avec plaisir. Et soulagement. Mais à une condition. Je veux que nous partagions tous les frais...
- Aucun problème... Venez, ma voiture est sur le parking.
*
Là, elles devaient emprunter le pont de Øresundsbron qui reliait le grand port suédois à la capitale danoise, Copenhague.
Dylan conduisait. Les villes qu’elles laissaient derrière elles s’enchaînaient les unes après les autres. Norrköpping, Linköpping, Göteborg, Jonköpping, Karlskrona...
Le chemin était si simple... Il suffisait de suivre l’autoroute du sud en direction de MalmÖ.
Rachel s’était endormie, épuisée par ses dernières séances de poses.
Les journalistes avaient tenu à la photographier, de nuit, dans les rues de Gamla Stan, le quartier ancien de Stockholm.
Naturellement, la jeune femme avait accepté et ses heures de sommeil avaient été sacrifiées. Le léger stress, à l’idée d’être abandonnée en plein aérogare, avait fait le reste. Et elle s’était assoupie au bout de quelques minutes.
Seul son souffle léger perturbait le silence.
*
Elle essayait de fixer son attention sur la conduite de la Honda. Mais elle y parvenait médiocrement, car ses pensées étaient ailleurs...
Son regard abandonnait la route, qui défilait devant elle, pour s’égarer sur les formes de sa passagère...
Sa jupe, qui avait légèrement remonté, laissait deviner le galbe parfait d’une cuisse. Ses cheveux formaient comme une couronne autour de son visage. Dylan admirait le velouté de sa peau, les longs cils...
Mais elle s’en voulait. Elle avait manqué à sa règle de vie et de survie. Jamais d’hétéro.
Quelle idée d’avoir proposé à Rachel de faire la route avec moi !!! Je vais devoir rester deux ou trois jours en compagnie de cette très jolie femme dont je ne sais rien... Ou si peu.
Naturellement elle avait été séduite quand elle l’avait vue, assise calmement, comme une enfant sage. Bien sûr, le photographe avait vu en Rachel un très joli modèle et la chasseresse une bien jolie proie.
Rachel a accepté mon offre avec une telle rapidité... Le regard qu’elle a posé sur moi avait une telle intensité... qu’un instant, un bref instant, j’ai cru... j’ai espéré... Mais non, c’est impossible... Elle est si différente des femmes que j’ai rencontrées dans les boîtes et les pubs lesbiens de Londres, Amsterdam ou Paris... même si certaines étaient très belles...
Elle regarda furtivement sa passagère assoupie.
Elle entendit sa passagère soupirer. Elle tourna de nouveau la tête vers elle.
Rachel s’était complètement abandonnée. Confiante.
Dylan pensa Mon Dieu, elle est vraiment ravissante... Quel bonheur ce serait de la serrer contre moi... de la caresser, de la... Allons, allons Dylan reprends-toi... Elle se moque bien de toi. C’est ta voiture qui l’intéresse... Elle doit être pressée de retrouver son époux ou son amant à Londres... Quel dommage... Tant pis... Mais, même si Rachel est une incorrigible hétéro, ce sera toujours plus agréable de faire la route avec elle plutôt qu’en solitaire !!!
Elle haussa les épaules et concentra son attention sur la route.
*
Elle avait dormi pendant deux bonnes heures. Maintenant, elle faisait semblant. Elle observait sa compagne de voyage à travers ses paupières à demi closes.
Elle appréciait ce qu’elle voyait.
Elle posa les yeux sur les mains qui tenaient le volant.
De longues mains fines comme celles d’une pianiste.
Son regard glissa vers la poitrine menue, le ventre plat et les cuisses fermes dont elle devina la longue musculature sous le tissu du jean usé.
Dylan est une très belle femme. Mais elle ne semble pas s’en rendre compte. Elle ne fait rien pour jouer de ses atouts. Si nombreux... Elle est extrêmement attirante. Et... elle m’attire... Avec son côté garçon manqué, elle ressemble un peu à ces femmes que je croise dans les pubs lesbiens... Mais en tellement mieux... Ce serait une merveilleuse surprise si Dylan était comme moi. Une femme qui aime les femmes...
Il fallait qu’elle en sache plus. Mais elle ne voulait pas mener sa charge à la hussarde, comme elle le faisait si souvent. Rachel était sûre de son charme. Elle savait qu’il était impossible de lui résister, de lui échapper quand elle avait choisi sa proie...
Il y avait chez Dylan quelque chose qu’elle respectait. Son intelligence palpable. Son attention aux autres. Et ce côté baroudeur qui l’impressionnait.
Elle a su se tirer d’affaire en quelques minutes et trouver une voiture alors que, moi-même, je restais là, comme une souche, à attendre que le nuage passe... Elle a dû vivre une foule d’aventures et d’expériences... Elle est comme les chats... Elle sait toujours retomber sur ses pieds... D’ailleurs, il y a quelque chose d’animal chez elle... Oui, c’est un très joli félin... que j’aimerais bien apprivoiser...
Oui, vraiment... Dylan n’avait rien de commun avec ces jolies filles dont elle étreignait rapidement les corps. Ces maîtresses qu’elle collectionnait. Il y avait chez elle quelque chose de sûr et de rassurant sur lequel on pouvait bâtir... une vie.
Bâtir une vie ??? Allons bon !!! Quelle idée !!! Ma pauvre Rachel... Tu ne sais rien d’elle... Sauf qu’elle est très belle et qu’elle te plaît... Que tu aimerais beaucoup poser ta tête sur son épaule. Que tu aimerais te blottir contre ce corps souple et mince... Qui es-tu Dylan ? Es-tu la jeune femme intelligente, attentive et drôle que je devine... Seras-tu pour moi une amante ??? Ou ne seras-tu qu’une simple passante ???
Elle décida de la connaître mieux avant de l’aimer... Peut-être... Si Dylan le voulait bien...
Ne précipite rien... Tu as trois jours pour la découvrir... dans tous les sens du mot... Trois jours... Avec certaines, ce serait une éternité... Mais avec elle... Je sens que ces trois jours vont passer vite. Très vite... Trop vite...
Elle s’étira en poussant un soupir comme après un long sommeil, et fit semblant de sortir de son assoupissement.
*
- Bien dormi ?
- Oui, très bien. Vous conduisez avec une telle souplesse... Sans à-coup... J’avais l’impression d’être bercée... Comme j’aimerais l’être toujours... par toi...
- Vous étiez aussi très fatiguée, me semble-t-il ?
- Oui, je l’étais... Pendant une semaine, nous avons travaillé tous les jours jusque tard dans la nuit... Jusqu’au petit matin...
- Pour un magazine suédois ?
- Pas uniquement. Des publicités pour des cosmétiques, des lignes de vêtements...
- Vraiment ?
- Je sais ce que vous pensez... Comment cette femme de trente-six ans peut-elle encore obtenir des castings pour des publicités ?
- Je ne pensais rien de tel... Et... vous êtes si... belle, que vous ne devez avoir aucun problème pour en obtenir... Ô mon Dieu, oui... Tu es si belle...
Un fraction de seconde, leur regard se croisèrent et Rachel crut lire dans les yeux de Dylan plus qu’une admiration sincère...
Elle vit cette lueur qu’elle avait tellement vue dans le regard des hommes et des femmes. Cette lueur qu’elle savait identifier... Tiens, tiens, on dirait bien que... je ne lui déplais pas... et même... oui, que je lui plais...
- C’est très gentil, merci. Mais dans mon métier, la beauté ne suffit pas. Il faut aussi la jeunesse. Or on vieillit très vite dans le milieu de la mode, de la publicité... Mes concurrentes ont seize ou dix-sept ans... Mais je touche un public qu’elles ne peuvent pas atteindre. Elles le pourront un jour, dans quelques années...
- Quel public ?
- Celui des femmes de quarante, cinquante ans ou plus. Ces femmes qui ne se sont pas vues vieillir. Elles ne se voient pas comme des femmes mûres. Elles ont parfois la chance d’avoir conservé un aspect juvénile. Pour combien de temps encore ? Elles s’habillent comme des femmes de trente ans. Elles se comportent comme des femmes de trente ans. Et souvent, les gens qui ne les connaissent pas, leur donnent trente cinq ou quarante ans. Alors les publicités que je fais sont pour elles. Vous seriez étonnée de connaître le nombre d’offres que je reçois...
- Non, je n’en suis pas étonnée... Vous êtes si... si belle...
Rachel se mit à rire. Oui, décidément, elle m’apprécie...
- Encore ?? Vous allez me faire rougir...
Mais c’est Dylan qui se sentit brûler sous le feu du regard de Rachel... Bon sang, Dylan, tu lui débites des sottises comme le ferait le pire dragueur de boîte de nuit. Tu n’es vraiment pas inspirée... Rachel va te prendre pour une décérébrée et en plus... tu bafouilles. Tu es ridicule. Pire, tu es pathétique...
Rachel mit un terme au malaise de Dylan.
- Mais cessons de parler de moi... Vous êtes photographe... Vous travaillez pour une agence de reporters ? Pour un journal ? En free-lance ? Et quels sont vos sujets de prédilection ?
- Autrefois, j’étais reporter-photographe pour une agence de presse française. J’ai suivi plusieurs guerres en Afrique. Des manifestations violentes en Asie. Des trafics de pavot entre l’Afghanistan et le Pakistan. J’ai pris des photos d’enfants-soldats. De familles exterminées par la faim ou par des tribus voisines...
Rachel sentit que l’attirance qu’elle éprouvait se transformait en une réelle admiration. Dylan n’est pas qu’un très joli corps et une jolie tête. C’est aussi une femme intelligente et courageuse... Ça la rend encore plus attirante... Ce n’est pas une petite poupée avec deux neurones dans le cerveau...
- Quelle vie !!! Je vous admire... Il faut un tel courage... Risquer sa vie pour informer le monde...
- Je ne sais pas si c’est du courage ou de l’inconscience. Il y a aussi le plaisir de voir une photo publiée dans le Times ou dans Paris Match...
- Comme ça doit être excitant !!! L’idée qu’une simple photo peut changer l’histoire...
- Oui, excitant, grisant... Mais c’est fini aujourd’hui... J’ai trente-sept ans. Je ne veux plus prendre ce genre de risque... Le monde est devenu trop dangereux pour les photographes... Et puis, avec les appareils numériques et les portables, n’importe qui peut prendre un bon cliché et lui faire faire le tour de la terre sur internet...
- Mais alors, quels sont vos sujets ?
- La nature...
- La nature ?
- Oui... Même si elle a des sursauts, comme ce volcan islandais, c’est elle qui est en danger à présent. Pas l’homme. Même s’il y a des guerres, des famines, des épidémies, rien n’empêchera que nous soyons neuf milliards d’individus sur la terre en 2050...
- C’est la raison de votre présence en Suède ?
- Oui, les Scandinaves respectent la nature... Certains territoires sont comme vierges, immaculés... C’est un fabuleux sujet d’inspiration pour un photographe...
- Mais là encore, vous interpellez les gens sur le triste sort qu’ils réservent à leur planète...
- J’essaie en tout cas... Mais, je reconnais que, parfois, il m’arrive encore de prendre une ou deux photos d’actualité quand l’occasion se présente. Comme tout à l’heure dans cet aéroport, au milieu de la panique générale... Les Français disent “chassez le naturel, il revient au galop”...
- Cette sagesse, cette prudence vous sont venues parce que vous êtes mariée peut-être ?
- Non, je ne suis pas mariée et je n’ai pas d’enfant...
Pas d’époux... Pas d’enfant... Bien... Très bien... pensa Rachel.
Soudain, le téléphone de Rachel se mit à sonner. La jeune femme s’en saisit et caressa l’écran du bout du doigt.
- Oui ?.. Allo ?.. Oh, Harry ?.. C’est toi ?.. Oui, tout va bien... Non, il n’y a plus aucun avion qui décolle de la Suède... Mais, j’ai trouvé un moyen pour rentrer à Londres... Oui... Une voiture que je partage avec une compatriote... Le voyage ne devrait pas nous prendre plus de trois jours... Non, ne t’inquiète pas... Oui, je te donnerai souvent de mes nouvelles... Oui, moi aussi... À bientôt... Je t’embrasse...
En entendant la conversation que Rachel avait eue avec ce Harry, qui semblait si intime avec elle, Dylan avait ressenti un curieux agacement du côté du coeur...
Il y a un homme dans la vie de Rachel... Quelle surprise !!! Tu t’attendais à quoi ??? Elle est si belle... Même un aveugle pourrait s’en rendre compte... Bon sang... Qu’est-ce qui me prend ??? J’ai l’impression d’avoir un poids sur le coeur. Je t’avais pourtant prévenue, Dylan. Jamais d’hétéro. Jamais. JAMAIS !!!
*
Un silence avait suivit. Rachel avait senti un changement. Comme un courant d’air frais. Depuis l’entretien téléphonique qu’elle avait eu avec son vieux copain.
Tiens, tiens, elle paraît légèrement maussade depuis que j’ai échangé trois phrases avec Harry. Elle n’a pas aimé que je parle à un homme... Dylan, Dylan, que j’aime ta morosité... C’est bien ... C’est mieux que bien... C’est... très... prometteur...
Rachel interrompit rapidement le silence.
- Nous sommes encore loin de Malmö ?
- Environ quatre heures de route... Après Malmö, nous devons prendre le pont qui permet d’entrer au Danemark...
- Vous conduisez depuis près de trois heures. Je peux vous remplacer, vous savez...
- Oui, je veux bien... Nous devons prendre de l’essence... Je vous passerai le volant à la prochaine station-service...
La station service apparut. Dylan bifurqua et stoppa devant les pompes à essence. Elle fit le plein pendant que Rachel quittait la voiture pour se dégourdir les jambes.
Dylan la regardait. Quelle silhouette fine et élégante !!! Cesse de la dévorer des yeux dès qu’elle te tourne le dos ou qu’elle est endormie. De toutes façons, c’est rigoureusement sans espoir...
Rachel s’adressa à elle.
- Vous voulez boire un café ou autre chose ?
- Non, merci...
- Très bien... Au moins, laissez-moi régler le plein d’essence...
*
Rachel avait conduit pendant deux heures, puis Dylan avait repris le volant. La circulation se faisait plus dense à mesure qu’elles approchaient de Malmö. Elles avaient envie de faire une halte. Dylan le proposa.
- Il commence à se faire tard. On pourrait s’arrêter au prochain village et chercher un hôtel pour y dormir...
- Très bien... Et aussi un restaurant...
- Moi qui croyais que les mannequins ne se nourrissaient que de salades...
Rachel se mit à rire.
- Je ne fais pas partie des anorexiques... Et j’ai de la chance... Je peux manger tout ce que je veux sans prendre un gramme...
Dylan sourit et pensa. J’aimerais tant le vérifier... Ça ne me déplairait pas d’effeuiller lentement le joli corps assis près de moi... Hélas... Un tel plaisir ne sera jamais pour moi...
*
Bientôt, non loin de la ville médiévale de Lund, elles entrèrent dans un village aux maisons de bois peintes en rouge, aux fenêtres blanches.
Elles roulaient doucement quand elles virent l’enseigne d’une auberge. Rachel s’écria...
- Regardez ! On pourrait s’arrêter ici...
- Vous êtes certaine ? Ça ne paraît pas très luxueux...
- C’est justement ça qui est amusant... Et puis je croyais que vous aviez déjà connu pire pendant vos voyages...
- Justement, j’aspire à un peu plus de confort...
- Venez... De toute façon, la nuit commence à tomber. Vous êtes fatiguée et moi aussi...
- Très bien... Je vous obéis...
Rachel sourit à son tour et songea : Oh oui... j’aimerais tellement que tu m’obéisses... En tout... Et j’aurais les exigences les plus... agréables...
*
L’auberge était rustique. Elle ressemblait à ces grosses fermes en bois typiques de la Suède. Elles prirent deux chambres. Même si l’une et l’autre auraient volontiers fait chambre et... lit communs...
Elles s’accordèrent vingt minutes pour se doucher, se changer et se rejoindre dans le hall de l’auberge.
Sous l’eau qui ruisselait, elles ne pouvaient pas s’empêcher de penser au plaisir qu’elles auraient à savonner le corps nu de leur compagne de voyage.
Dylan était arrivée la première dans le hall. Elle vit Rachel descendre l’escalier en sapin. Elle avait revêtu un jean usé, sous une chemise blanche et une veste taupe de style militaire.
Dylan ne dit rien mais l’image de la jeune femme occupait tout son esprit. Qu’elle est belle !!! Tout lui va... Elle porte ce jean comme si c’était une seconde peau...
Rachel vit, de nouveau, cette lueur dans son regard. Tiens, tiens... notre jolie baroudeuse aime les jeans moulants... à moins que ce ne soit les mocassins Tod’s...
Elle lui décocha son plus joli sourire.
- Voilà, je suis prête... L’auberge sert à manger ?
- Non, uniquement les petits déjeuners... Mais on m’a indiqué un endroit où nous pourrions dîner. C’est à deux pas. Près de l’église du village.
- Très bien... allons-y...
Elles marchaient en silence, côte à côte, savourant ce moment.
Rachel appréciait la senteur du parfum délicatement poivré de Dylan. Poivre de Samarcande d’Hermès... Et bien, et bien... mon joli reporter sait choisir le parfum qui lui va. Espérons que son bon goût ira jusqu’à me choisir pour amante...
*
Elles entrèrent et virent dix visages à la chevelure blonde et aux yeux bleus se tourner vers elles.
Elle comprirent ce que leur présence avait d’incongru dans ce village qui ne devait que très rarement recevoir des touristes étrangers.
Une jeune fille s’avança vers elles et leur parla en anglais. Puis elle les dirigea vers une table et leur donna deux menus écrits en suédois.
- Dylan, vous qui connaissez tous les pays du monde, que me conseillez vous ?
- J’aimerais d’abord vous conseiller de me tutoyer...
Rachel pensa. Enfin... Elle se laisse aller...
- D’accord. Avec plaisir ! J’allais te le proposer. Et bien, que me conseilles-tu ?
- Le nässelkal, c’est une soupe d’orties et les smörgas, ce sont des sandwichs... et pour finir un lingonäpplen. Ce sont des pommes aux airelles...
- Mais tu connais ça par coeur ! Tu viens souvent en Suède ?
- Oui, j’y viens souvent pour mon travail. Mon ami Gustav m’a initiée aux saveurs subtiles de la cuisine suédoise et je connais la plupart des spécialités.
Gustav ? Son ami Gustav ? Son ami ? Son amant ? Rachel ressentit un curieux petit agacement du côté du coeur.
*
Elles avaient fini de dîner. La jeune serveuse blonde leur avait apporté deux petits verres et une bouteille de mjöd.
- Du mjöd ? Quel nom étrange... Qu’est-ce que c’est Dylan ?
- C’est de l’hydromel. Un alcool fabriqué avec du miel, de l’eau et du houblon. C’est assez fort attention...
Elle avait à peine fini sa phrase que Rachel avait déjà bu son verre et qu’elle le remplissait à nouveau.
- C’est délicieux...
- Rachel... attention... C’est très fort... C’était la boisson des Vikings qui ont découvert l’Amérique, qui ont conquis l’Europe au 10ème siècle. De rudes marins et de rudes guerriers... Nous ne sommes pas bâties comme eux...
Rachel lui coula un regard amusé où l’on pouvait lire : Oh non, tu n’es pas bâtie comme eux... Heureusement... Mais... j’aimerais tellement conquérir ton joli corps...
*
Elles avaient atteint l’auberge sans problème. Mais alors qu’elles montaient l’escalier qui menait jusqu’aux chambres, Rachel fut prise d’un léger vertige...
- Dylan... Tout tourne autour de moi...
Dylan la saisit par la taille afin de lui permettre de gravir les dernières marches. Puis elle la conduisit jusqu’à sa chambre.
Elle prit la clef qu’elle tenait encore à la main et ouvrit sa porte.
Rachel avait posé son bras autour de ses reins et sa tête sur son épaule. Dylan sentait son souffle chaud sur sa nuque et la douceur de ses cheveux contre son cou.
Elles entrèrent dans la chambre.
- Dylan, aide-moi à me coucher... Je ne vais pas y arriver toute seule...
- Bien sûr... Que mets-tu pour dormir ?
- Rien... Je ne mets rien... Je dors nue... Toujours nue...
Nue... Toujours nue... se répéta Dylan.
*
Elle lui ôta ses mocassins et sa veste. Elle ouvrit le jean qu’elle fit glisser le long des jambes. Elle est vraiment superbe. Sa peau est si douce...
Elle n’osa pas retirer le shorty.
Avec précaution, elle déboutonna le chemisier qui s’ouvrit sur une jolie poitrine ferme. Pas de soutien-gorge. Ô mon Dieu, non... pas ça... Résiste ma petite Dylan, résiste...
Elle ouvrit le lit et aida Rachel à s’y glisser. Elle reposa la couverture sur elle. Rachel s’endormit immédiatement.
Dylan ne put résister et, du bout des lèvres, effleura sa joue.
Elle ne voulut pas la quitter tout de suite. Après tout, la jeune femme, légèrement ivre, pouvait avoir besoin d’aide. Elle s’assit dans un fauteuil et commença à veiller sur son sommeil.
Sa jolie poitrine se soulevait au rythme de sa respiration...
Instinctivement, Rachel avait enlacé l’oreiller sur lequel elle avait posé sa tête.
Et Dylan pensait qu’elle donnerait volontiers tout ce qu’elle possédait pour être enlacée par ces bras. A cet instant précis, elle était presque jalouse de cet oreiller contre lequel Rachel était mollement alanguie.
*
Les paupières mi-closes, elle regardait Dylan assise dans son fauteuil.
Tout ça pour ça !!! Dire que j’ai avalé trois verres, heureusement minuscules, de cet ignoble hydromel dans l’espoir que Dylan profiterait, ne serait-ce qu’un peu, de mon ivresse !!! Et j’ai tout juste eu droit à un petit baiser fraternel sur la joue !!! Aaaahhh, la douceur de ses lèvres... la chaleur de son souffle... Non, il faut que je me fasse une raison !!! Malgré ses airs de garçon manqué, Dylan est hétéro... Quel dommage... Quel gâchis... J’aurais pourtant parié... C’est bien la première fois que je me trompe à ce point... A moins que... Non, c’est vraiment trop bête... Je n’ai pas encore dit mon dernier mot... Il me reste encore deux jours avant Londres... Bon, en attendant, je vais lui montrer ce qu’elle perd...
Rachel se retourna dans son lit, de façon à ce que la couverture glisse un peu et découvre une épaule et un sein...
*
Elle a bougé... Elle est fabuleuse... La rondeur de cette épaule... de ce sein... Mon Dieu, c’est un vrai supplice... Je vais aller me coller sous la douche et ne plus en bouger jusqu’à demain matin... Dire qu’elle est hétéro... Que c’est ce “Harry” qui a le bonheur de caresser cette épaule et ce sein... sans parler du reste... Dylan, Dylan... reste calme... Reprends-toi... Pas d’hétéro, jamais d’hétéro... Pourtant... pour une fois, rien qu’une fois... Non, surtout pas. Tu pourrais facilement en tomber amoureuse et ce serait une catastrophe... Ton coeur deviendrait un champ de ruines... Tu vas la conduire jusqu’à Londres et puis ce sera tout... Absolument tout... Allez... cesse de la regarder... Ferme les yeux et... dors... dors... Dors !!! Facile à dire... elle vient encore de bouger...
Dylan quitta son fauteuil et s’approcha du lit en faisant aussi peu de bruit qu’un chat.
Elle se pencha sur Rachel. Ça y est... pensa cette dernière, elle a mordu à mon hameçon... Enfin...
Mais Dylan ne fit pas un geste en direction du corps de la jeune femme.
Rassurée par sa respiration régulière, elle déposa un baiser furtif sur son épaule. Puis elle lui tourna le dos et lentement, tout aussi silencieusement, elle quitta la chambre et referma la porte derrière elle.
*
Finalement cette nuit n’avait pas été un ratage complet. Elle connaissait le langage des corps. Elle savait interpréter les plus petits signes. Et le tremblement des lèvres de Dylan, quand elles avaient effleuré son épaule, était un signe qui ne trompait pas.
Dylan est peut-être hétéro, mais elle est aussi tentée... Je la tente... Il faudrait peu de chose, oui vraiment très peu... pour qu’elle cède à la tentation...
Elle sortit de la douche et essuya son corps mouillé avec énergie. Elle était prête à partir à la conquête de Dylan.
Elle s’habilla rapidement et descendit dans la salle où on servait les petits déjeuners. Dylan s’y trouvait déjà.
- Bonjour. J’espère que tu ne m’as pas attendue ?
- Si bien sûr. C’est tellement triste de déjeuner seule. Mais rassure-toi, je viens d’arriver. Tu as passé une bonne nuit ?
- Oui. Je te remercie... Dylan, je voulais m’excuser pour hier soir... Je me suis enivrée... J’aurais dû t’écouter... Je ne pensais pas que le jörd...
- Le mjöd...
- Oui c’est ça... le mjöd serait si fort... Je me suis donnée en spectacle... je suis désolée... Tu as dû me porter jusqu’à ma chambre...
- Mais non voyons... Tu pouvais encore marcher...
- Tu as dû me déshabiller... Je suis vraiment confuse de t’avoir causé ce désagrément...
- Ça ne m’a pas ennuyée, je t’assure...
- Vraiment ? dit-elle en appuyant sur le mot et en plongeant son regard bleu dans les yeux de Dylan.
Cette dernière sentit qu’elle perdait pied...
- Je voulais dire que... Enfin, c’était normal de t’aider... Enfin, ça ne m’a pris que quelques minutes...
- Justement... Je voulais te demander... Tu es restée longtemps avec moi ?
- Non... une trentaine de minutes... Quand j’ai vu que tu dormais paisiblement, je suis sortie, et j’ai regagné ma chambre... Pourquoi ?
- Parce que j’ai eu l’impression... Enfin, dans mon sommeil, j’ai eu l’impression que quelqu’un m’embrassait... l’épaule... Comme ça ne peut pas être toi... Je me dis que c’est sans doute un employé de l’hôtel... Si c’est le cas, il faudrait peut-être le signaler... on ne sait jamais...
- Non... C’est, c’est... inutile d’en parler...
- Pourquoi ?
- Ce n’est pas un employé de l’hôtel... C’est moi...
- Toi ? Pourquoi ?
Dylan se mit à bafouiller, de plus en plus mal à l’aise.
- Je ne sais pas... Par amitié, par affection... Je pensais que tu dormais... je suis désolée... Ça ne se reproduira plus...
Rachel sentit qu’elle ne devait pas poursuivre cette conversation qui mettait Dylan au supplice. Mais elle l’enroba d’un regard qui disait clairement : Qui t’a dit que je n’ai pas envie que ça se reproduise ?..
- Ne sois pas gênée... Ça n’a aucune importance... C’est déjà oublié.
Dylan se répéta les mots, involontairement cruels de Rachel. “Ça n’a aucune importance... C’est déjà oublié”. Bien sûr, pour elle, ça n’a aucune importance !! Comment ai-je pu croire que ça pourrait en avoir une ??
*
Les paroles de Rachel tournaient dans l’esprit de Dylan comme un leitmotiv. Aucune importance... déjà oublié... Rachel se moque bien de ce léger contact charnel... Elle n’a rien ressenti... Alors que moi... Ô mon Dieu, moi... Il faut que j'en finisse au plus vite avec ce voyage... C’est une vraie torture...
La voix de Rachel l’arracha à ses pensées.
- Quel est le programme pour aujourd’hui ?
Elle se reprit et fit bonne figure pour répondre à la question de Rachel.
- Nous devons continuer notre route jusqu’à Malmö. Là nous allons emprunter le pont de Øresundsbron jusqu’à l’île artificielle construite entre la Suède et le Danemark, puis un long tunnel. Quand nous réapparaîtrons à la surface, nous serons au Danemark.
- Et ensuite ?
- Je te propose de rouler le plus possible... L’idéal ce serait de s’arrêter à Rotterdam pour y dormir.
- Rotterdam ? Pourquoi pas... C’est très loin ?
- Neuf cents kilomètres...
- Neuf cents kilomètres ??? Mais c’est énorme !!! Pourquoi aller si loin ?... Nous pourrions nous arrêter avant. À La Haye où à Amsterdam par exemple...
Dylan pensa. Parce que je serai épuisée par la route et que je vais dormir comme une souche sans penser à rien d’autre...
Mais elle répondit. - J’aime Rotterdam... J’aime cette ambiance de port. Et puis il y a dans cette ville un hôtel que j’adore. Le New York, au bord d’un quai... C’est tout ce que j’aime. C'est de là qu’autrefois, les voyageurs hollandais embarquaient pour les Etats-Unis. Ils ont gardé le vieux bâtiment qui date de la fin du 19ème siècle... Mais l'intérieur est un mélange de moderne et d'ancien. De vieux bagages, des maquettes de navires, des tubulures mélangés à des meubles et des objets design... Je suis certaine que tu vas l’adorer, toi aussi...
- Très bien, Dylan... D’accord pour Rotterdam et l’Hôtel New York...
Mais elle pensa. Il n’y a rien que je puisse te refuser... si tu ne me refuses rien...
*
Dylan conduisait. Elles étaient au Danemark à présent. Elles avaient longé Copenhague sans entrer dans la capitale danoise.
- Dylan, il serait sans doute plus prudent de réserver nos chambres par téléphone...
- Oui, c’est préférable...
- Très bien, je m’en occupe...
Rachel prit son iPhone et trouva rapidement l’Hôtel New York sur le moteur de recherche. Elle composa le numéro.
- Bonjour... Je désire réserver deux chambres pour une personne... Ce soir, entre 18 et 20 heures... Oui, merci... j’attends... Oh... je vois... Non, non pas de problème. Ça nous convient tout à fait... Je vous donne mon nom. Rachel Peabody. P E A B O D Y. Un numéro de carte de crédit ? Bien sûr... le 000 111 222 333... Un numéro de portable ? Le 01 02 03 04 05... Merci, à ce soir...
- Pas de problème pour la réservation ?
- Non, non. Aucun problème... J’ai hâte de découvrir cet hôtel dont tu m’as parlé...
- Je suis certaine que tu vas beaucoup t’y plaire...
Rachel sourit et pensa. Oui, moi aussi, je suis certaine que je vais beaucoup m’y plaire... Enormément même...
*
La circulation était fluide. Les kilomètres s’enchaînaient. Avec un peu de chance, elles pensaient pouvoir atteindre Rotterdam avant 19 heures.
Elles avaient écouté les nouvelles de la BBC afin d’en savoir un peu plus sur ce volcan qui les avait entraînées dans cette étrange aventure.
Eyjafjöll.
Elles se souviendraient longtemps de ce nom pourtant imprononçable !!!
Depuis qu’il s’était réveillé, ce mercredi 14 avril, alors qu’il était assoupi depuis des dizaines d’années au milieu de trois cents autres volcans islandais, les aéroports du nord de l’Europe avaient fermé les uns après les autres.
Le nuage de cendres craché par Eyjafjöll avançait. Inéluctablement. Et devant lui, tous les avions restaient tapis au sol, comme effrayés devant sa colère.
D'innombrables vols en provenance des quatre autres continents étaient gelés puisqu’ils ne pouvaient plus atterrir à Dublin, Amsterdam ou Helsinki.
Les vols à destination du nord de l’Europe étaient retardés ou suspendus. Les compagnies aériennes étaient totalement désarmées face à ce caprice de la nature. Face à ce nuage haut de sept kilomètres, composé de particules de basalte et de gaz.
Rachel et Dylan se trouvaient en Europe. Elles pouvaient revenir chez elles en voiture.
Mais d’autres n’avaient pas eu leur chance. On parlait de voyageurs coincés, sans un sou, dans les aéroports de Tokyo, Delhi ou Moscou. Pour combien de temps encore ?
Venant des Etats-Unis, certains, pour revenir chez eux, devaient prendre des chemins détournés. Un vol New-York - Madrid et enfin Londres, Berlin ou Paris par le train ou la voiture.
Pour beaucoup, ce volcan était une plaie, une sale blague, un contre-temps monstrueux.
Mais pour Rachel et Dylan, et pour d’autres dans le monde sans doute, le destin s’appelait Eyjafjöll...
*
Bien qu’habitant à Londres toutes les deux, elles se rendirent compte qu’elles ne connaissaient pas les mêmes gens et ne fréquentaient pas les mêmes lieux. Sauf les expositions et les musées...
Rachel s’en étonna.
- C’est tout de même incroyable que nous ne nous soyons jamais rencontrées dans cette ville où toi et moi nous vivons depuis plus de trente-cinq ans...
- Certains habitants ne quittent jamais leur quartier...
- Ce n’est pas notre cas. La preuve. Nous nous sommes rencontrées à Stockholm...
- Uniquement à cause du volcan islandais. Sinon, nous serions montées dans le même avion sans nous voir...
- Quel dommage !!!
- Oui, quel dommage...
Rachel pensa. Je ne vais pas te laisser passer comme ça. Ô non... Ce volcan ne s’est pas donné tout ce mal pour que je te laisse passer comme ça...
*
Elles traversaient les pays sans s’y arrêter. Le Danemark, le nord de l’Allemagne et maintenant les Pays-Bas.
Vus d’une autoroute, ils se ressemblaient tous. Les mêmes stations-service, les mêmes aires de repos, les mêmes panneaux indicateurs. Seule la langue changeait.
Rien ne vint interrompre leur voyage et leur conversation.
Rien, sauf deux appels.
L’un de Gustav. L’autre de Harry. Ils s’inquiétaient du sort de leur amie.
Dylan et Rachel s’empressèrent de les rassurer. Oui, elles avaient trouvé un moyen de locomotion pour retourner à Londres. Oui, tout se passait bien.
Mais à chaque fois, en entendant la conversation de leur compagne de voyage, elles éprouvèrent, l’une comme l’autre, la même irritation, la même envie de s’emparer du portable pour le jeter par la fenêtre. La même jalousie.
*
Elles traversèrent la ville, suivirent les quais et arrivèrent devant l’Hôtel New York sur Koninginnenhoofd.
Rachel ne fut pas déçue. L’établissement était étonnant. Flanqué de deux petites tourelles, il était tourné face aux quais.
Elles entrèrent et se dirigèrent vers la réception. Rachel se présenta.
- Bonsoir. J’ai fait une réservation par téléphone. Au nom de Rachel Peabody...
- Bonsoir, Mesdames. Oui effectivement. La chambre penthouse. C’est la plus vaste de l’hôtel. Elle a sa propre terrasse et la vue est superbe. Nous allons vous y conduire...
- Une seule chambre ? Mais... Rachel ???
- Oui, j’ai oublié de te le dire... Mais quand j’ai téléphoné ce matin, il n’y avait plus que cette chambre... Toutes les autres étaient déjà prises. A cause du nuage islandais, les avions ne décollent plus de l’aéroport de Rotterdam. Les hôtels sont tous pleins... Nous n’avons pas le choix... À la guerre comme à la guerre... Nous sommes deux femmes après tout. Aucune gêne à avoir... Pas d'ambiguïté... N'est-ce-pas ?
Dylan resta quelques secondes sans voix. Puis elle bredouilla d'une manière incompréhensible...
- Oui, Dylan... Que disais-tu ?
Dylan se ressaisit aussitôt.
- Aucun problème Rachel.
- J’en étais certaine... Et puis, tu verras, je suis beaucoup moins dangereuse que tes enfants-soldats...
Dylan pensa. Moins dangereuse que mes enfants-soldats ? Ce n’est pas certain...
*
La chambre était spacieuse. De la terrasse, la vue plongeait sur les quais, sur l’eau calme du fleuve, Rotterdam étant situé à l’embouchure du Rhin et de la Meuse.
Elles étaient arrivées à l’hôtel plus tard qu’elles l’avaient espéré. Les neuf cents kilomètres les avaient fatiguées.
- Dylan, je me sens tellement lasse que je n’aurais jamais la force de sortir pour dîner. Nous pourrions demander au room-service de nous servir un repas sur la terrasse de notre chambre ? Qu’en dis-tu ?
- J’en dis que c’est une excellente idée. Je n’ai pas très faim et la vue est si belle. J’ai trouvé le menu du restaurant dans l’album de l’hôtel... Que veux-tu manger ?
- Un dîner léger sera parfait... Mais avec une bouteille de vin...
Elles arrêtèrent leur menu composé de plats froids : fruits de mer arrosés d’un Laurent-Perrier, puis appelèrent le room-service.
Un quart d’heure plus tard, on frappait à leur porte. Un employé de l’hôtel apparut. En quelques minutes, il dressa la table sur la terrasse. Il laissa les plats sous cloche, le Champagne dans son seau.
Il salua profondément quand Rachel lui glissa un pourboire dans la main et disparut.
- Tu veux dîner tout de suite Dylan ? Moi, je rêve d’un bain chaud...
Sans attendre de réponse, Rachel entra dans la salle de bains et ouvrit au maximum les robinets de la baignoire.
Après quelques secondes occupées à se dévêtir, elle revint dans la chambre, totalement nue sous le peignoir de l’hôtel, et s'empara de sa trousse de toilette.
Le peignoir, dont la ceinture avait été hâtivement nouée, laissait apercevoir la naissance de ses seins.
Dylan détourna les yeux.
Rachel, enfin, retourna dans la salle de bains et se glissa dans l'eau délicieusement chaude en poussant un soupir.
*
Elle s'était réfugiée sur la terrasse pour s'abîmer dans la contemplation du fleuve. Mon supplice continue de plus belle... Le mieux est d'attendre que Rachel finisse de prendre son bain...
Mais la voix de Rachel se fit entendre.
- Dylan ? S’il te plaît ? Tu peux venir une seconde ?
Elle entra dans la salle de bains. Elle vit Rachel. Ses cheveux tombaient sur ses épaules. Ses bras étaient posés sur les bords de la baignoire. Ses seins affleuraient à la surface de l’eau.
- Oui, Rachel ?
- Je me sens vraiment ankylosée. Tu pourrais prendre l’huile de bain qui se trouve dans ma trousse et me masser les épaules et le dos ?
Dylan n’osa pas refuser. Ne venait-elle pas de dire qu’il n’y avait aucune gêne entre elles ?
Elle retroussa les manches de sa chemise. Elle prit la petite bouteille et s’apprêtait à en déposer une larme au creux de ses mains quand Rachel l’interrompit.
- Dylan tu vas mouiller tes vêtements. Déshabille-toi et viens me rejoindre dans la baignoire. Regarde. Il y a suffisamment de place pour deux... Et puis je suis certaine que tu en meurs d’envie... Je veux dire... que tu meurs d’envie de prendre un bain...
Dylan hésita une fraction de seconde. Après tout... pourquoi pas ? Rachel a raison... J’en meurs d’envie... De ça et... d’autre chose... Mais je ne dois pas succomber à la tentation... Je ne dois pas... Sinon... Je ne donne pas cher de mon pauvre coeur...
Dylan se dévêtit lentement sous le regard attentif, et semble-t-il, appréciateur de Rachel. La chemise d’abord, puis le jean qu’elle fit tomber à ses pieds. Enfin, soutien-gorge et slip.
Son corps était svelte. De jolies épaules. Des hanches étroites. De petits seins ronds et fermes. Un ventre plat et musclé. Des cuisses longues et fines.
Elle entra dans la baignoire et s’assit avec précaution dans l’eau chaude. Rachel ne l’avait pas quittée des yeux.
- Et bien, tu vois... Ce n’était pas si difficile... Tu peux me masser à présent ?
Elle se tourna pour lui présenter son dos.
Les mains de Dylan se posèrent sur son cou. Elles le massèrent. Doucement. Les pouces insistaient sur la nuque. Ses doigts longs et fins glissèrent sur les épaules rondes. Ses mains caressaient les omoplates, suivaient le creux du dos, le long de la colonne vertébrale. Elles s’attardaient sur les flancs de la jeune femme.
*
Rachel avait fermé les yeux. Elle s’abandonnait complètement au plaisir de ces caresses légères. La douleur accumulée pendant le voyage s’estompait peu à peu sous les mains de Dylan.
- Mmmhhh... Quel bonheur... Tu te débrouilles divinement bien... Tu étais masseuse dans une autre vie ?..
- Non... Je n’ai droit qu’à une seule vie... celle-ci...
- Alors, il ne faut pas la gâcher... Et la vivre pleinement... Tu ne crois pas ?..
- Si, si... Tu as raison... bien sûr...
Doucement, Rachel se tourna vers elle.
- Alors... c’est à mon tour de te... masser...
Rachel plongea son splendide regard bleu dans les yeux noisette de Dylan...
*
Elle tentait de paraître aussi calme et détachée que possible. Mais son corps et son esprit étaient en pleine tempête. Pour ne rien dire de son coeur.
Elle est aussi merveilleuse que je le redoutais. Sa peau est comme du satin. Je sentais sa chair palpiter sous mes doigts. Comme ce doit être fabuleux de l’aimer... Non, non !! Cesse de penser à ça !! Tu ne dois pas succomber à la tentation. Sinon, tu vas te perdre... Et, alors... que de chagrins pour un moment de plaisir... Aimer une telle femme est une aventure sans lendemain...
Elle répondit sur un ton qu’elle voulut le plus indifférent possible.
- Je te remercie... Mais c’est inutile. Je n’ai pas mal au dos...
- Comme tu as de la chance... Neuf cents kilomètres dans cette voiture et tu es encore en pleine forme... répondit Rachel en laissant glisser son regard sur la gorge de la jeune femme.
Elle pensait Dylan veut me résister... mais elle ne sait donc pas que c’est peine perdue...
Elle s’empara du savon en disant - Au moins... laisse-moi te savonner...
- Je peux le faire toute seule, Rachel... Je ne suis pas une enfant...
- Mais Dylan... c’est justement parce que tu n’es pas une enfant... que c’est si... agréable de le faire... à deux...
Rachel posait déjà sa main sur la rondeur de l’épaule quand Dylan lui saisit le poignet. Elle la repoussa avec douceur.
- Arrête ! Ne joue pas à ce jeu avec moi...
- Quel jeu ?
- Tu le sais très bien... C’est très agréable... mais c’est... non...
Dylan se dressa et sortit de la baignoire. Elle s’enroula dans son peignoir et regagna la chambre.
Rachel ne l’avait pas quittée des yeux. Elle était incrédule. Sidérée devant la réaction de Dylan. Mais surtout en cet instant, alors qu’elle regardait ce corps lui échapper, elle ressentit un violent désir...
Dylan, Dylan... Tu es quasiment mon premier échec !! Mais, je n’ai pas dit mon dernier mot !! D’autant que je te veux Dylan !! Ô oui, je te veux tellement !! Maintenant... plus que jamais...
Elle sortit à son tour de la baignoire, jeta son peignoir sur son corps et rejoignit celle dont elle était déterminée à faire son amante.
*
Elle se tenait debout face au fleuve, les poings plongés dans les poches de son peignoir.
Elle ne tourna pas la tête quand Rachel l’eut rejointe. Mais elle commença à parler avec une sorte de rage triste dans la voix. De colère contenue...
- Je veux que tu cesses de jouer avec moi, Rachel... Immédiatement. Tu as deviné ce que j’étais. Une femme qui aime les femmes. Bravo !! Mais il faut que tu comprennes qu’il n’y aura rien entre nous. Jamais rien... Tu fais partie de ces hétéros qui veulent accrocher une lesbienne à leur tableau de chasse... Pour faire “moderne”. Pour montrer leur liberté et leur capacité à plaire. Pour pouvoir briller auprès de leurs amies. Mais ce sera sans moi... Je n'ai jamais dragué d'hétéro. Au contraire, ce sont elles qui me draguaient. Sans doute l'excitation de l'interdit, de l'inconnu ou de je ne sais quelles fadaises. J’ai eu deux aventures avec des hétéros. Je peux te dire que ça n'est pas jouissif. Elles n'aiment pas les femmes et elles sont d'une telle passivité dans un lit... Bien sûr, elles s'imaginent nous faire une faveur... Il faut arrêter de croire que parce qu'on est homo, on n'a pas notre libre choix et nos propres désirs. On ne saute pas sur tout ce qui bouge !! Je peux te le garantir. Même... quand l'autre nous plaît. Alors il faut arrêter avec ce fantasme... Laisse-moi tranquille !!!
Elle s’était exprimée avec brûtalité, sans ménager Rachel. C’est au prix de paroles dures et presque vulgaires que je vais pouvoir la décourager. Parce que moi-même je me sens si faible... si faible... Prête à lui céder...
Mais en lui jetant ce “laisse-moi tranquille”, c’est elle-même qu’elle avait giflée.
Rachel avait écouté ce discours qui aurait pu être le sien. Je ne me suis pas trompée. Dylan est bien comme moi. Une femme qui aime les femmes. Comme tout va être simple à présent...
Elle lui répondit d’une voix douce, caressante.
- Non, Dylan... Je refuse... Tout simplement. Je refuse... Je n’ai pas l’intention de te “laisser tranquille”. Au contraire, je veux être ton plus délicieux tourment...
Tout en parlant elle s’était approchée au plus près. Les yeux dans les siens, elle dénoua la ceinture du peignoir de Dylan et en écarta les pans. Le corps nu de la jeune femme apparut. Elle posa ses mains sur ses reins, à même la peau, l’attira vers elle et s’empara de sa bouche.
Elle sentit que Dylan faiblissait entre ses bras. Elle se laissait aller contre ses lèvres. Leur baiser fut long et ardent.
Mais, Dylan tenta encore de résister. Elle balbutia, dans un souffle.
- Rachel, non, je t’en prie... Laisse-moi... Il n’y a rien de possible entre nous...
- Dylan. Je ne te demande pas en mariage. Je veux te faire l’amour... Toi et moi, nous en mourrons d’envie. Depuis le premier regard dans l’aéroport de Stockholm. Dès que je t’ai vue, j’ai su que je te voulais. Et toi aussi, tu me veux... Pour s’aimer, il suffit de se désirer... Et je te désire, Dylan... Comme tu me désires... Le reste, homo, hétéro, on s’en fiche...
- Non, c’est faux !! Je ne m’en fiche pas...
- Tu mens... Je sais bien que tu mens. Tu te mens, Dylan. Ose me dire que tu n’as pas envie de moi. Dis-le... “Rachel, je n’ai pas envie de toi”... Dis-le !
- Rachel, je n’ai pas...
Mais Dylan ne put aller au bout de cette simple phrase. Le désir, comme une vague irrésistible, s’empara de ses sens.
Elle enlaça Rachel, presque avec violence. Elle écrasa sa bouche sous la sienne. Les corps des deux jeunes femmes étaient collés l’un à l’autre.
Puis Dylan, soulevant Rachel, marcha en titubant vers le lit où elles tombèrent.
*
Rachel était allongée sur le ventre, les bras posés en corolle au-dessus de la tête, ses longs cheveux épars sur l’oreiller.
Le lit défait témoignait de l’intensité de la lutte charnelle des deux amantes.
Rachel avait fermé les yeux. Rien n’existait plus que la douce sensation de la bouche qui butinait le bas de son dos.
Dylan, du bout des lèvres, avait suivi la cambrure qui l’avait menée jusqu’à la chute des reins puis aux courbes des hanches.
De la pointe de la langue, elle vint agacer les fossettes qui forment de légères ombres de part et d’autre de la colonne vertébrale. Elle effleura le savoureux losange de peau duveteuse qui précède le sillon des fesses.
L’une comme l’autre, elles sentirent leurs sens s’affoler au moment où la bouche de Dylan s’aventura dans leur délicat relief.
Elle souligna les rondeurs de son amante par une succession de légères morsures gourmandes.
Rachel sentit qu’un délicieux frisson embrasait son dos, à partir des reins. Un gémissement, comme une plainte lui échappa.
- Attends... attends... je t’en prie... attends...
Elle se tourna, face à Dylan, et tendit son ventre vers elle.
Dylan comprit l’invitation. Mais elle prit tout son temps. Elle ne voulait pas se hâter. Elle voulait guider doucement son amante vers le plaisir. En une lente glissade.
Elle baissa la tête et approcha ses lèvres de son sexe. Enfin, elle parvint au bout de sa quête. Au bout du chavirement de Rachel.
*
Elles avaient rassasié la faim qu’elles avaient l’une de l’autre. Puis elles avaient bu le Champagne et dévoré le plateau de fruits de mer en échangeant des baisers iodés.
Enfin, la fatigue les avait terrassées et elles s’étaient endormies, blotties l’une contre l’autre.
Dylan s’était réveillée la première.
Elle regardait Rachel, assoupie dans le rayon de lumière qui venait baigner leur lit.
La redoutable séductrice ressemblait à un joli chaton qui, parfois, s’étirait avec volupté en poussant un soupir de bien-être.
Dylan ne pouvait pas détacher son regard de ce corps alangui et offert. Elle n’arrivait pas à calmer son esprit. Car deux mots revenaient sans cesse. Et maintenant ?
Elle avait l’habitude de ces petits matins où l’on se séparait après une nuit d’amour. De cette solitude à laquelle elle retournait comme vers une vieille amie. Elle n’en avait jamais souffert. Jamais vraiment. Car elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui lui fasse sentir le poids de sa solitude. Avant aujourd’hui.
Pendant des années, elle s’était consacrée à sa passion, la photographie. Sa seule véritable amante. Les femmes qu’elle étreignait n’étaient que des maîtresses avec lesquelles elle assouvissait un besoin physique.
Elle était une aventurière, toujours sur les routes, toujours entre deux avions, toujours entre deux reportages dangereux.
Le confort bourgeois d’une vie de couple n’était pas pour elle... Alors, elle faisait l’amour mais en cultivant l’indifférence.
Mais ce matin, elle comprenait que cette indifférence aux autres n’était qu’un mensonge. Parce qu’elle l’avait rencontrée. Elle.
Il était trop clair que Rachel ne lui était pas indifférente.
Comment pouvait-il en être autrement ? Elle était belle, féminine, intelligente, cultivée, pleine d’humour et de bonheur de vivre. Et, si... active. C’était une amante habile et passionnée. Au cours de la nuit, Rachel lui avait dit qu’elle aimait les femmes. Et, elle le lui avait prouvé. Oui, vraiment, elle était unique.
Elles étaient ensemble. Pour quelques temps encore. Car dans une dizaine d’heures tout au plus, elles seraient à Londres. Elles se diraient adieu.
Car, il n’y avait rien de possible entre elles. Rachel avait été très claire.
Elle se souvenait encore de sa phrase. Je ne te demande pas en mariage. Je veux juste te faire l’amour. Et c’est ce qu’elle avait fait. Et si bien...
Ô oui, si bien. Elle songea, avec le regret de ce qui ne sera plus, à ces instants passés dans ses bras. A ces moments de plaisir ultime que Rachel lui avait offerts.
Elle savait qu’elle ne la reverrait plus après ces trois jours. Si Rachel avait mis tant d’acharnement à la séduire c’est parce que le temps lui était compté. Dylan n’était pour elle qu’une aventure de voyage. Un moyen de joindre l’utile à l’agréable.
Elle se dit qu’elle ne devait pas se raconter d’histoire. Il fallait qu’elle reste lucide et maîtresse de sa vie. Elle ne devait pas prendre cette aventure au sérieux.
Mais elle se dit aussi que ce ne serait pas si facile.
*
Lentement, ses yeux s’étaient ouverts. Son regard avait croisé celui de Dylan et un grand sourire avait illuminé son visage.
Elle s’était approchée au plus près d’elle et avait déposé un baiser sur ses lèvres.
- Tu es déjà réveillée ? Tu as bien dormi ?
Dylan répondit en riant - Très peu, mais... très bien...
- Tu as l’air songeur... Un problème ?
- Non aucun problème Rachel... Je pensais simplement que la vie est curieuse. Il y a deux jours, toi et moi, on ne se connaissait pas. Grâce à ce volcan, nous nous sommes rencontrées. Nous avons fait l’amour. Et ce soir...
- Et ce soir ?
- Ce soir... nous serons à Londres. Et nous allons retourner à nos vies. Ce voyage aura été une parenthèse.
- C’est ainsi que tu le vois ? Comme une parenthèse dans nos vies ?
- Bien sûr, Rachel. Une parenhèse infiniment agréable. Mais une parenthèse quand même...
- Oui, tu as raison Dylan. Ça n’est rien d’autre...
Elles mentaient. L’une à l’autre. Et aussi à elles-mêmes.
Elles auraient tant aimé que l’autre lui dise que plus rien ne serait comme avant. Que, non, décidément, elles ne pouvaient pas retourner comme cela à leur quotidien. Comme si rien n’était arrivé.
Mais elles avaient tellement peur du refus de l’autre. Tellement peur.
Alors, elles ne dirent pas un mot.
*
Elles prirent leur petit déjeuner sans évoquer ces quelques phrases qu’elles avaient échangées et qui ne laissaient aucun espoir à leur histoire.
Elles plaisantaient. Simplement parce qu’elles ne voulaient pas montrer leur désarroi. L’une et l’autre sentaient que leur chance passait. Mais elles n’osaient rien tenter.
Elles pensaient qu’il y avait tant de choses qui les séparaient, qu’une simple attirance physique ne pouvait suffire à les rapprocher.
Dylan était un fauve solitaire, une aventurière que le train-train d’une vie domestique ennuirait rapidement.
Rachel une icône sophistiquée habituée aux hommages répétées des hommes et des femmes, qui finirait par se lasser de la simplicité de Dylan.
Elles ne savaient pas que les extrèmes s’attirent et que c’est souvent sur les différences que se bâtissent les plus belles histoires. Elles ne voyaient que le gouffre qui semblait les séparer.
*
Elles reprirent leur voiture.
Mais au moment de le quitter, elles jetèrent, l’une comme l’autre, un dernier regard vers le New York, cet hôtel où elles s’étaient aimées.
Pour la première, et sans doute, unique fois.
Elles ressentaient, déjà, la nostalgie et la tristesse de ce qui n’était plus.
*
Il n’y avait que trois cents kilomètres entre Rotterdam et Calais où elles devaient emprunter le tunnel sous la Manche. C’était peu. Elles allaient s’approcher de villes belges magnifiques telles qu’Anvers, Bruxelles, Bruges ou Gand.
Mais elles n’avaient pas l’esprit au tourisme.
L’une et l’autre ne voulaient plus qu’une seule chose : en finir. Quitter l’autre et l’oublier au plus vite puisque rien, entre elles, n’était possible.
Elles parlaient de leurs projets. Des photos en Scandinavie pour Dylan. La préparation de son exposition à Londres. Pour Rachel, une campagne de publicité pour un parfum dont elle était le visage.
Elles comprirent qu’elles ne faisaient pas partie du futur de l’autre. Mais elles n’en dirent rien.
Tout à coup, elles traversèrent une nouvelle frontière. Et ce fut la France. Dunkerque, puis Calais.
*
L’embarquement sur la navette de l’Eurostar se fit en quelques minutes. Elles étaient assises dans la Honda alors que le train plongeait dans le tunnel.
La pénombre, à peine troublée par les lumières électriques du long compartiment, aurait pu être l’occasion d’un rapprochement sensuel.
Mais elles n’y songèrent pas.
Le bruit du train, accentué par le tunnel qui faisait comme une caisse de résonnance, ne leur permettait pas de se parler.
Leurs pensées ne les quittaient pas. Et elles étaient déprimantes. Chaque kilomètre parcouru les éloignait de ce moment parfait qu’elles avaient connu à Rotterdam.
Elles profitaient du clair-obscur pour voler les dernières images de l’autre. La pureté d’un profil. Des lèvres. La finesse d’une main posée sur le volant. Un cou gracile. Une nuque qui appelle le baiser.
Trente minutes plus tard, elles sortirent du tunnel à Folkestone, en Angleterre.
*
Londres n’était plus qu’à une centaine de kilomètres. Il leur restait un peu plus d’une heure pour changer leur destin.
Elles ne virent rien de la campagne anglaise. Elles ne voyaient que ce long ruban d’asphalte qui les menait vers la capitale. C’était comme une corde qui les liait à ce quotidien qu’elles ne partageraient pas.
Le silence était tombé. Elles ne savaient plus quoi se dire alors que le moment de la séparation approchait.
Elles s’aperçurent alors qu’elles n’avaient pas échangé leur adresse et numéro de portable. Elles n’avaient pas songé à se communiquer ces renseignements qui auraient permis de maintenir le lien.
Mais elles songèrent que c’était inutile de les donner puisque l’autre ne les avait pas demandés et ne voulait pas les connaître.
*
Elles traversèrent les faubourgs de Londres pour aller au coeur de la ville. Dylan devait rendre la voiture à l’agence londonienne de la société auprès de laquelle elle l’avait louée. Alors il était logique de déposer d’abord Rachel chez elle.
Aussi, Dylan rompit le silence
- Je vais te déposer chez toi Rachel. Où habites-tu ?
- Dans le quartier de Notting Hill.
- Notting Hill ? Très bien. Allons-y...
- C’est inutile. Arrête-toi auprès de cette station de métro. Je vais le prendre...
- Le métro ? Mais non, Rachel... C’est inutile... Je vais te conduire chez toi...
- Non, tu es épuisée... Tu n’as pas arrêté de conduire pendant ces trois jours. Tu dois avoir hâte de rentrer chez toi. Alors laisse-moi ici et va rendre la voiture...
- Mais non enfin...
- Arrête-moi ici Dylan.
Le ton était si impérieux que la jeune femme obéit. Elle gara la voiture le long du trottoir.
Leurs adieux ne durèrent que quelques secondes. Rachel embrassa rapidement la joue de Dylan, sortit de la voiture, ouvrit le hayon et prit sa valise. En trois pas, elle avait gagné la station de métro où elle s’engouffra.
*
Dylan était restée immobile. Comme sidérée par la rapidité de cette séparation. Tranchante comme un coup de scalpel.
Mais tout à coup, elle ressentit un manque. Le manque de Rachel. Elle comprit à quel point elle avait été idiote. Alors, elle bondit de la voiture et courut vers la station.
Elle y pénétra à son tour. Notting Hill. Je dois prendre la direction de Notting Hill.
Elle fut bloquée par les portes automatiques et chercha fébrilement un ticket dans ses poches. N’en trouvant pas, elle se faufila derrière une jeune femme, éberluée par tant d’aplomb.
Elle maudit sa stupidité qui lui avait fait perdre de précieuses minutes. Elle courait aussi vite qu’elle le pouvait mais elle était ralentie par le flot des voyageurs.
Enfin, elle arriva sur le quai.
La rame était encore là.
Elle se précipita. Mais c’était une seconde trop tard. Les portes se refermèrent devant elle dans un claquement sec et le Tube démarra.
Dylan recula d’un pas et regarda à l’intérieur de la rame. Tout à coup, elle la vit. Elle était là. Debout, se tenant à une main-courante. Elle ne regardait pas vers le quai. Elle ne pouvait pas voir Dylan qui l’avait suivie pour la retrouver.
Instinctivement Dylan cria - Rachel, Rachel...
Mais son appel, couvert par le bruit du métro était sans espoir. Rachel ne tourna pas la tête vers elle et elle fut emportée au loin par la rame qui disparut dans le tunnel.
*
Dylan était restée de longs instants devant la gueule béante du tunnel. Elle ne réalisait pas encore. Pas complètement qu’elle avait laissé passer sa chance.
Lentement elle revint sur ses pas et regagna la voiture. Elle se laissa tomber sur le siège.
Tout se bousculait dans sa tête. La perte de Rachel. L’évidence de ses sentiments pour elle.
Mais elle décida de ne pas y penser pour le moment. Elle aurait bien le temps plus tard. Elle devait d’abord régler ces petits tracas de la vie quotidienne. Rendre la voiture. Rentrer chez elle. Prendre une douche. Consulter son courrier. Tout ces petits riens qui lui permettrait de supporter ce manque.
Et puis se dit-elle Demain est un autre jour.
Alors, elle démarra la voiture et se perdit dans la circulation de Londres au milieu des taxis et des autobus rouges.
FIN
Les aventures de
Dylan et Rachel
se poursuivent dans le récit suivant Safari.
Le volcan islandais déguisé en Cupidon, c'est surprenant et inattendu...Mais ça me plait beaucoup.
RépondreSupprimerEuhhhhh, Gustave, qu'est-ce que tu fiches dans la voiture de Dylan? Ne te gêne pas surtout! (rires).
Merci.
Béa.
Ravie de retrouver un nouveau récit, cette fois inspiré de l'actualité. Tu es toujours aussi prolixe Gustave, pour le plus grand plaisir de tes lecteurs!
RépondreSupprimerMerci encore
Ce n'est pas moi qui suis dans la voiture avec Dylan. Je ne suis pas un viking blond, mais une française brune (rires)
RépondreSupprimerJe viens de tomber à l'instant sur ton nouveau récit...hâte de voir la suite et ce que tu nous as concocté avec l'aide du Volcan...
RépondreSupprimerEncore et toujours merci Gustave !
Marie Pierre
Voilà que l'actualité la plus brûlante donne à Gustave l'occasion de nous faire découvrir une nouvelle contrée.
RépondreSupprimerTrès belle suite, très rythmée.
RépondreSupprimerJ'aime bien le parallèle entre la réaction de Dylan et celle de Rachel.
Des parallèles qui vont pour une fois se rejoindre.
Dylan est très jolie, je veux la même dans mes petits souliers de Noël. (rires).
Béa.
Et voilà LA rencontre...merci le volcan (je n'oserai pas écrire son nom...) et merci Gustave pour cette bonne idée...et pour les photos.
RépondreSupprimerMarie pierre
J'aime bien l'alternance des monologues des deux héroïnes.
RépondreSupprimerJolie suite avec l'agitation générée par le volcan dans l'aéroport, et en particulier pour Dylan et Rachel...
RépondreSupprimerEt le premier regard...!?
Merci Gustave, j'ai déja hâte de lire la suite !
Combien de temps nos héroïnes résisteront-elles au rapprochement qui paraît s'annoncer ?
RépondreSupprimerC'est, par ailleurs, une bonne idée d'intercaler leurs photographies avec le récit.
Superbe récit, superbes héroïnes, superbe volcan...Euhhh non, je voulais dire, il est super ce volcan, il entre en éruption à point nommé!
RépondreSupprimerBéa.
Très belle suite encore que tu nous proposes Gustave, un peu courte (je rigole) mais c'est vrai qu'on aimerait déjà être dans la voiture avec elles pour ce long voyage...
RépondreSupprimerMerci.
Marie Pierre
Très beau début, hâte de lire la suite.
RépondreSupprimerJe suis désolée si mes épisodes sont plutôt maigres en ce moment. Mais je suis un peu en panne d'inspiration. Et comme je veux respecter les rendez-vous que je vous donne deux fois par semaine...
RépondreSupprimerMais je vais faire un effort, et je vais essayer d'étoffer mes suites... A mercredi prochain... Marie
Jolie rencontre entre les deux jeunes femmes; Dylan prend les devant dans un jeu de séduction à venir, sans doute...
RépondreSupprimerMerci Gustave
ah quelle bonne idée ce volcan(enfin je parle le fait de l'intégrer dans ton récit lol) et y joindre nos héroines. En plus avec ce trajet en voiture nous allons voyager à travers l'europe, j'ai hâte de découvrir les prochains épisodes.
RépondreSupprimerLe jeu du chat et de la souris a commencé...Trop mignon, chacune imaginant que l'autre est hétéro.
RépondreSupprimerEuhhhh Dylan surveille la route et non ta passagère sinon vous allez faire un bisou à un arbre.
Merci.
Béa.
J'aime beaucoup ce passage où tu nous décris tour à tour les impressions et les états d'âme de l'une et de l'autre, comme une entrée en matière...ce voyage promet d'être passionnant !
RépondreSupprimerMerci Gustave
Marie Pierre
ah mais j'adore cette suite avec les 2 femmes qui sont attirées l'une par l'autre sans savoir que c'est réciproque. Vraiment hâte de lire la suite merci gustave.
RépondreSupprimerJe suis d'accord : Dylan est vraiment une très belle femme.
RépondreSupprimermerci gustave conversation très intéressante ou l'on en découvre un peu plus sur chacune.
RépondreSupprimerLa tension monte... Quelque chose me dit cependant que le voyage devrait se poursuivre à la plus grande satisfaction des deux héroïnes.
RépondreSupprimerRachel et Dylan apprennent à mieux se connaitre et l'attirance réciproque, mais silencieuse, ne fait que grandir un peu plus...
RépondreSupprimerMerci Gustave pour cette plaisante conversation mélée aux pensées de chacune
Vraiment très plaisant ce voyage où les deux femmes s'observent, se découvrent, se cherchent et où l'attirance l'une pour l'autre se fait jour et se confirme. C'est un plaisir renouvelé de te lire.
RépondreSupprimerMerci Gustave.
Marie Pierre
Je viens de découvrir ton nouveau récit, comme à ton habitude, il est plus que magnifique ...
RépondreSupprimerRamsès 88
J'apprécie le raffinement et l'élégance des héroïnes.
RépondreSupprimermerci gustave j'aime beaucoup ce récit ta description des personnages ,les lieux, le trajet en voiture...
RépondreSupprimerTa suite est délicieuse et Rachel est une sacrée coquine.
RépondreSupprimerIl faut vraiment qu'elle désire Dylan pour ingurgiter de l'hydromel! Beurk.
Ton récit est un petit canapé gourmand, c'est frais, c'est fin, que je déguste sans faim.
Merci.
Béa.
rhooooooo pas bien ça rachel de tenter le diable lol. Par contre dylannnnnnnnnnn pourquoi tu résites non mais fallait la rejoindre. En tout cas merci pour cette suite toute mimi. je me réjouis de voir ce que rachel va faire pour la séduire et faire craquer dylan.
RépondreSupprimerMerci gustav
sev
Raaahhh Gustave, tu nous tiens en haleine, j'adore leur petit jeu du chat et de la souris, splendide, vivement la suite !
RépondreSupprimerGustave est très au fait de la cuisine suédoise et des pièges que l'on peut tendre à l'aide de certains breuvages ..., mais pas toujours avec succès !
RépondreSupprimerQuelle jolie suite toute en subtilité avec les pensées enflammés des deux jeunes femmes. Habile stratagème de Rachel pour faire succomber Dylan, dommage...
RépondreSupprimerMerci Gustave
Quel délice ce passage, un régal comme d'habitude...vivement la suite du voyage.
RépondreSupprimerMerci Gustave
Marie Pierre
Il n'y a pas que le volcan "A vos souhait" qui soit chaud bouillant, les deux girls le sont itou!
RépondreSupprimerRachel a la beauté du diable et Dylan se laisserait damner avec plaisir...
Que du bonheur cette suite.
Merci.
Béa.
merci gustave encore une très belle suite et touours ce jeu du chat et la souris...
RépondreSupprimerEn plus du reste, de ce jeu du "je te désire mais tu ne le sais pas" si troublant, j'aime beaucoup ce nouveau voyage dans lequel tu nous entraînes, la Suède, le Danemark et bientôt les Pays Bas...
RépondreSupprimerMerci.
Marie Pierre
Un régal encore cette lecture, avec les contradictions entre les paroles et les pensées des deux jeunes femmes qui n'osent avouer leur attirance...
RépondreSupprimerMerci Gustave
Un délice...Merci gustave
RépondreSupprimerRamsès 88
Rachel est anglaise et j'ai l'impression qu'elle réserve à Dylan un coup de Trafalgar, j'ai la nette impression qu'elle a réservé une seule chambre...
RépondreSupprimerElles sont trop mimi ces deux girls.
merci.
Béa.
J'adore ce récit, avec ce parallèle entre les pensées, les émotions et les paroles de Rachel et Dylan...
RépondreSupprimerToujours subtil et passionnant, avec en prime un périple à travers l'Europe .
J'attends à chaque fois la suite avec impatience !
Merci infiniment Gustave
ptite maline cette rachel si j'ai bien lu elle n'a réservée qu'une chambre...
RépondreSupprimerMerci gustave pour cette suite et vive mercredi pour la suite j'ai hâte.
Hâte de les voir arriver à leur hôtel, j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose !
RépondreSupprimerLa prochaine étape de leur voyage risque d'être fort intéressante... et Rachel a semble-t-il décidé de forcer le destin.
RépondreSupprimerMerci Gustave, on a déjà envie d'être à Rotterdam.
Marie Pierre
Merci de ces précisions vulcanologiques et bravo à Gustave d'avoir retenu le nom du volcan responsable de cette aventure.
RépondreSupprimermerci gustave elle fonce rachel sur ce coup et elle a bien raison comme dylan a dit on a q'une seule vie ce serait bête de gâcher ces instants mais bon c'est cruel de t'arrêter la gustave ....C'est long jusque dimanche. Hâte d'y être .
RépondreSupprimerSi Rachel s'est donnée pour mission de rendre petite biquette Dylan, je trouve qu'elle s'y prends admirablement bien.
RépondreSupprimerDylan va- t- elle résister longtemps au chant des sirènes? Bon...en même temps elles sont déjà dans l'eau!
Merci Gustave.
Béa.
Que de sensualité entre les deux femmes et quelle audace de la part de Rachel, enfin...
RépondreSupprimerJ'ai déja hâte de découvrir la suite de ce bain !
Merci infiniment Gustave
Gustave a décidément l'art de prolonger le suspense.
RépondreSupprimerAh Rachel...quand elle veut quelque chose, elle fait ce qu'il faut pour l'obtenir ! Dylan peut-elle raisonnablement résister ?
RépondreSupprimerMerci Gustave, mais c'est un peu dur de t'arrêter là !
Marie Pierre
merci gustave avec dylan qui tente en vain de résister...
RépondreSupprimerla suiteeeeeeee svp
Enfin, Dylan a cédé à l'appel de sa sirène. En espérant que cette romance ne se termine pas, pour elle, en queue de poisson!
RépondreSupprimerMerci Gustave.
Béa.
Waouh caliente, caliente cette suite !!! J'adore !!! Vivement la suite, on en redemande !!!
RépondreSupprimerQuelle sensualité !
RépondreSupprimerRachel a gagné, Dylan a finalement craqué... Hâte de voir comment va se passer la suite du voyage maintenant.
Merci
Marie Pierre
Sublime moment avec le désir qui envahit peu à peu les deux jeunes femmes, avant de succomber enfin avec passion...
RépondreSupprimerJ'adore, j'adore, j'adore toujours autant ce récit !
Merci Gustave
Nos deux héroïnes révèlent leur corps et leurs émotions dans une scène intense où la sensualité atteint son paroxysme.
RépondreSupprimerMa ché, c'est oune catastrophe, scrogneugneu de scrogneugneu.
RépondreSupprimerBonjour le malentendu...Les filles arrêtez d'être aussi frileuses ou bien mettez une petite laine!
Merci Gustave.
Ta suite est peut-être courte mais d'une grande qualité.
Béa.
pffffffff mais bon sens y en a bien une au moment des adieux qui va parler ce serait du gachis sinon Grrrrrrr. Merci gustave ptite suite mais très prenante...
RépondreSupprimerAh c'est pas vrai, encore des malentendus, des non dits...l'ambiance de la fin de voyage risque d' être moins légère.
RépondreSupprimerMerci Gustave, j'adore, cette suite est superbe comme toujours.
Marie Pierre
Nos héroïnes vaincront-elles leurs craintes au prochain épisode ?
RépondreSupprimermagnifique gustav c'est déjà fini pffffffffff en plus ca fini pas bine mais ce qui laisse pensée à une éventuelle suite plus tard...
RépondreSupprimerEncore un grand merci pour tes récit plus que passionnant.
sev
Magnifique fin empreinte de nostalgie et de regrets. Mais est-il possible, Gustave, qu'elles en restent là ?
RépondreSupprimerSUBLIME!
RépondreSupprimerAutant en emporte le vent.... Pour une fois nous avons une fin acidulée et pas ketchupée, trop de sucre, comme chacun sait, nuit à la santé.
Je ne suis pas d'accord avec toi Oscar, cette fin est très belle, je remercie Gustave de ne pas parler de twins, de bisounours....
Gustave, franchement, tu m'as toujours impressionnée par ton originalité et encore plus aujourd'hui.
Merci.
Béa.
Ps: Coucou à Marie-Pierre qui me régale itou.
J'espère qu'il y aura une suite à Volcans, la fin peut nous le permettre lol. Hâte de découvrir un nouveau récit et surtout, surtout retrouver Révolution que j'adorais. Merci Gustave.
RépondreSupprimerLes voyages ont toujours une fin mais celle-ci vient vraiment trop vite, tellement il est agréable de te lire.
RépondreSupprimerEt tu sais souvent nous prendre à contre pied et ne pas toujours aller dans le sens où l'on t'attend. C'est aussi pour ça que l'on aime tes récits.
Merci Gustave et à bientôt pour les nouvelles histoires annoncées.
Marie Pierre.
P.S. Merci Béa pour le petit clin d'oeil.
c'est re-moi gustave j'avais oublié de te souhaiter un bon break profites bien de ton repos. Ah oui, je me suis aussi aperçue de quelques fautes d'orthographes dans mes messages, je m'en excuse.
RépondreSupprimerEt je te remercie encore pour tes récits plus que sublimes.
Merci Séverine. Je ne pars pas en congé. Mes vacances seront pour plus tard. En fait, je n'ai plus rien de bon à vous faire lire. Alors je m'arrête pendant 10 jours. Le temps d'écrire quelque chose digne d'être publié. Pas de problème avec l'orthographe. Vos commentaires sont spontanés. Alors, il est normal que parfois... une faute d'inattention, une faute de frappe... Cela arrive à tout le monde.
RépondreSupprimerA tous, merci de me dire que vous lisez mes récits et que vous les appréciez. C'est vous, ce sont vos remarques qui m'encouragent à écrire. Merci. Infiniment merci.
Merci pour ce récit passionnant...et hate de lire de nouveaux récits.
RépondreSupprimerRamsès 88
J'ai adoré ce récit dont j'attendais à chaque fois les suites avec impatience.
RépondreSupprimerJe me prend à éspérer qu'il y aura une suite, puisque la fin est ouverte...
Alors encore merci Gustave et je me réjouis de lire tes deux nouveaux récits