J'ai adoré écrire les aventures d'Alice et de Louis et je sais que certains d'entre vous ont aimé les lire. Alors j'ai décidé de donner une suite à Portrait. Je vous prie d'excuser les libertés que j'ai prises avec l'Histoire de France et des Etats Unis. Il est absolument nécessaire d’avoir lu Portrait pour comprendre :
Révolutions 1
New York
Céline et Virginie avaient quitté le Manoir d’Uberville à regret. Elles avaient laissé Camille qui avait décidé d’échapper à la frénésie parisienne en restant en Normandie pendant les quinze premiers jours de janvier.
Les deux jeunes femmes emportaient le souvenir d’un merveilleux réveillon du Nouvel An. Pourtant, il n’y avait pas eu de long dîner au champagne au milieu de nombreux convives. Pas de danses endiablées.
Non, rien de tout cela. Le champagne n’avait pas manqué. Mais il avait accompagné la lecture des mémoires d’une femme, Alice, contemporaine de la reine Marie-Antoinette, de Napoléon, de Balzac, mais surtout amoureuse éperdue de son époux : Louis d’Uberville.
Ces mémoires, cachées au fond d’un coffre pendant près de deux siècles, avaient révélé leur secret.
Louis, l’époux d’Alice, était une femme. Une femme que le sort avait contraint à revêtir les habits d’un homme. A se comporter comme un homme. A être un homme, aux yeux de tous.
Alice était la seule personne à avoir découvert son secret. Elle l’avait aimée et avait vécu avec elle quarante ans d’une passion tumultueuse.
*
Céline et Virginie, en quittant Camille, emportaient dans leurs bagages le manuscrit original des mémoires d’Alice ainsi que les portraits au crayon que la jeune femme, excellente dessinatrice, avait réalisés d’elle-même et de l’amour de sa vie.
Mille fois, elles avaient eu envie de se jeter sur les mémoires d’Alice et d’en reprendre la lecture là où Camille l’avait laissée. Mais mille fois, elles avaient résisté à la tentation.
Car l’histoire fabuleuse de ce couple extraordinaire méritait mieux qu’une lecture à la sauvette. Elle devait se déguster comme un bon vin. Aussi, avaient-elles décidé de se mettre dans les mêmes conditions que lors de la découverte du manuscrit.
Céline et Virginie avaient attendu impatiemment le samedi soir. Elles s’étaient installées confortablement dans le salon de leur maison parisienne, à côté d’un feu qui ronronnait dans la cheminée.
Elles s’étaient allongées dans l’un des canapés moelleux, Céline blottie dans les bras de Virginie. Une bouteille de Veuve Clicquot rosé reposait dans son seau à champagne et deux coupes attendaient qu’on les remplisse.
Céline feuilleta le manuscrit, retrouva le passage que Camille avait abandonné et commença la lecture.
Les deux jeunes femmes eurent alors l’impression que la voix d’Alice s’élevait pour reprendre le récit là où il avait été interrompu...
*
- Comment dois-je vous appeler dorénavant ?
- Vous devez continuer à m’appeler Louis. Personne ne doit savoir. Personne ne doit découvrir notre secret qui n’est connu, à présent, que de nous seules.
- Vous voulez toujours divorcer ?
- Non. Bien sûr que non. Et puis, plus personne ne doutera que je suis un homme, puisque j’ai une épouse.
- Alors, je peux rester ici, avec vous, en Amérique ?
- Oui. Si vous le voulez toujours. Vous avez d’autres questions à me poser ?
- Louis, vous avez eu d’autres amantes avant moi ?
- Non. Vous êtes la première. Et j’aimerais que vous soyez la seule.
J’avais une dernière question qui était aussi une requête.
- Louis. Votre moustache ? En quoi est-elle faite ? Et comment la faites-vous tenir ?
- C’est un postiche en crin de cheval. Elle est maintenue à ma lèvre au moyen d’une colle qui résiste au sel et à l’eau et que les marins utilisent sur les navires.
- Vous pourriez la retirer ?
- Bien sûr. Je suis désolée. Mais dans le feu de la passion, j’ai complètement oublié de le faire.
Louis décolla sa moustache, guère plus épaisse qu’un trait de crayon, et je la découvris enfin sans ce postiche.
Elle était si belle et son visage était si doux. Le dessus de sa lèvre présentait une légère rougeur et je ressentis le besoin impérieux d’embrasser cette lèvre et d’apaiser cette rougeur...
J’attirai son visage vers le mien et je baisai sa lèvre tuméfiée. A ce contact, la faim que j’avais d’elle, qui m’avait déjà saisie quand Louis s’était mise nue devant moi, me fit perdre toute retenue.
Je la repoussai sur le lit et, emprisonnant ses poignets dans mes mains, je maintenais ses bras au-dessus de sa tête. Elle aurait pu se libérer de mon étreinte d’un simple mouvement. Mais, allongée sur le dos, elle se laissa faire, acceptant d’être ma prisonnière soumise à ma volonté et à mes désirs.
Je m’installai à califourchon sur ses hanches. Je la chevauchai. Je sentais le satin de son ventre contre mon sexe. Je me balançai lentement tout d’abord, puis de plus en plus rapidement, accentuant les frottements et laissant la vague de plaisir m’emporter.
Je relâchai ses poignets. Elle posa ses mains sur mes fesses. Elle les caressa doucement en faisant glisser ses doigts le long de leur pli si sensible. Puis ils frôlèrent mes reins et l’intérieur de mes cuisses pour, enfin, se poser sur mon sexe.
Je sentis ses longs doigts fins et délicats effleurer mes lèvres gonflées. Son pouce agaça mon clitoris. Les doigts de son autre main s’introduisirent en moi provoquant une irruption de sensations.
Je rejetai la tête en arrière. Puis, poussant un long râle de plaisir, je retombai sur son corps.
Elle me reçut dans ses bras et me tint serrée contre elle, embrassant mon visage jusqu’à ce que je reprenne mes esprits.
Je me redressai alors et l’embrassai avec fougue.
Je mordillai ses lèvres, prête à les dévorer. Nos bouches ne pouvaient plus se quitter. Je brisai ce contact et me mis à lécher son cou, ses épaules puis ses seins.
Je m’allongeai sur elle. Mon ventre embrassait son ventre, mes seins effleuraient ses seins. Je glissai une jambe entre ses cuisses. La trace de son désir s’imprima immédiatement sur ma peau.
Elle frotta son sexe contre ma cuisse et laissa une onde de plaisir l‘envahir. Au moment de sa jouissance, elle cria mon nom.
*
Nous nous aimions depuis des mois. Sans pouvoir nous toucher. Sans même pouvoir nous le dire. Cette frustration avait exacerbé notre désir.
Nous fîmes l’amour toute la nuit. Pour rattraper tout ce temps perdu.
Il y avait une telle ardeur dans nos ébats, que Louis dut arracher les draps du lit, trempés de notre sueur.
Au petit matin, nous nous endormîmes enfin dans les bras l’une de l’autre.
*
Louis fit sa toilette la première. Je ne la quittai pas des yeux, regardant le linge mouillé suivre les courbes de son corps.
Je dus me faire violence pour ne pas me jeter sur elle, tant cette vision réveillait la faim qui me dévorait toujours.
Puis, je la regardai revêtir ses habits d’homme. Elle passa une chemise à col haut sur le corset qui lui permettait de dissimuler ses seins, une culotte courte, des bas de soie et un gilet.
Avec un pinceau, elle traça un trait de colle sur sa lèvre et y appliqua ses fines moustaches noires.
Elle se retourna vers moi et je vis, de nouveau, ce magnifique jeune homme aux traits si purs qui, des mois auparavant, avait bouleversé mes sens et fait chavirer mon coeur.
Je ne pus me contenir plus longtemps et je quittai notre lit pour me jeter, nue, dans ses bras et baiser sa bouche. Je sentais la chaleur de ses mains sur mes reins et les boutons de son gilet contre mon ventre.
*
Louis ayant été quérir une cruche d'eau chaude auprès de l’hôtelier, j’entrepris à mon tour de faire ma toilette, sous son regard brûlant.
Elle avait pris place dans un fauteuil. Je voyais ses doigts se crisper sur les bras du siège. Elle faisait un effort surhumain pour ne pas donner libre cours à son désir. D’autant que je ne l’aidais en rien. Je prenais un malin plaisir à la tenter, en lavant ce corps qu’elle avait caressé avec tant de passion quelques minutes auparavant.
Les années de vie commune avec Louis m’apprirent qu’elle pouvait garder son sang froid dans les situations les plus périlleuses. Mais qu’elle s’avérait incapable de conserver le contrôle de soi quand elle me désirait.
Elle se leva brusquement et marcha vers moi. Je l’attendais, frémissant déjà...
Louis s’empara alors de... son épée, de sa veste et de son chapeau accrochés à une patère. Elle déposa un rapide baiser sur mon épaule et se dirigea vers la porte. Puis se tournant vers moi, elle m’adressa un petit sourire.
- Je vous laisse à vos ablutions. Je descends dans la salle à manger commander un petit déjeuner auprès de l’aubergiste. Je vous attends. Ne tardez pas trop, ma chérie. Et n’oubliez pas de fermer votre porte à clef...
*
Nous avions décidé de rester à New York où le destin nous avait menées. Les Etats Unis d’Amérique, jeune nation, semblaient une terre pleine de promesses. Françaises, précepteur et aristocrate, nous savions que nous y serions mieux reçues qu’en Angleterre, l’ennemie héréditaire.
Nous décidâmes de tenter notre chance comme des milliers d’émigrants l’avaient fait avant nous.
Mais avant toute chose, nous devions trouver une petite maison où nous loger, le séjour à l’auberge étant trop coûteux. Et naturellement, je devais rassurer mes parents sur mon sort.
Je pris la plume, l’encre et le papier que me tendait Louis et je me mis à écrire. Je fus surprise de constater à quel point c’était facile. Simplement parce que mon coeur était plein de mots et que j’avais envie de partager mon bonheur.
New York, le.......... 1790
Mes Chers Parents,
Le capitaine de L’AURORE, qui vous a remis cette lettre, vous aura peut-être narré dans quelles circonstances j’ai épousé Louis.
Mais je veux vous annoncer moi-même cet événement qui bouleverse ma vie et pour lequel je vous ai quittés la mort dans l’âme mais l’espoir au coeur : Louis et moi sommes mariés.
Je veux tout d’abord vous renouveler mes excuses pour avoir fui votre maison sans adieux et en vous volant la somme d’argent nécessaire à mon voyage sur le navire L’AURORE.
Mais je ne pouvais pas accepter que Louis me quitte et je ne voulais pas entendre les paroles raisonnables que vous n’auriez pas manqué de me prodiguer pour me consoler de son départ.
J’ai tenté le destin et le destin m’a entendue.
Notre union a été célébrée sur le navire en route vers l’Amérique, sous un soleil éclatant. Elle a été bénie par un prêtre qui, comme nous, fuyait la France et ses nouveaux maîtres.
Dussé-je vivre cent ans, je n’oublierai jamais cette journée radieuse qui me vit devenir sa femme.
Cher Père, détournez les yeux, je vous prie, de ce qui va suivre, car mes confidences ne peuvent être entendues que par des oreilles féminines.
Louis comble mes désirs au-delà de mes espérances. Jamais je ne me serais doutée de ce que pouvait être ce plaisir qu’on dit charnel. Louis me l’a révélé.
Mes Chers Parents, vous n’avez plus à vous soucier de moi car je suis heureuse.
Nous allons rester à New York où Louis a déjà été approché par quelques bourgeois pour qu’il instruise leurs enfants.
On m’a également demandé si j’accepterais d’enseigner le dessin pour lesquel j’ai toujours montré du goût et des dispositions. Pourquoi pas ? Je songe même à faire comme Madame Vigée-Lebrun et à ouvrir mon propre atelier de peinture. J’ai déjà reçu quelques commandes de portraits.
Bien sûr, il n’est pas d’usage qu’une jeune aristocrate travaille. Mais nous sommes dans un Nouveau Monde avec de nouveaux usages. Par ailleurs, Louis et moi devons gagner notre vie.
Mes bien aimés Parents, je vous laisse. Embrassez Etienne pour moi. Dites-lui que sa soeur pense à lui avec le même amour que celui que je vous destine. Votre fille qui vous aime et vous aimera à jamais,
Alice d’Uberville
*
Nous avions eu la chance de trouver rapidement un lieu où vivre et un moyen de subvenir à nos besoins. La chose se fit de manière presque miraculeuse.
Louis et moi étions allées nous promener sur les quais de cette ville qui était aussi un port étonnant. J’avais emporté mon carnet à dessins.
Nous pensions qu’au loin, de l’autre côté de l’océan, il y avait la France. Notre douce France qui était devenue un pays si périlleux pour les fugitives que nous étions.
Mais rapidement notre mélancolie laissa la place à une curiosité émerveillée pour l’énergie dont New York débordait et dont l’activité des docks était le témoignage le plus flagrant.
Des dizaines de bateaux étaient amarrés, venant de tous les coins du monde, charriant leurs marchandises : épices des Indes et de l’Amérique du sud, soies de Chine, porcelaines d’Europe...
On croisait les visages les plus divers. Trappeurs du Canada, voyageurs européens, coolies chinois, commerçants américains, marins irlandais...
Mais naturellement Louis et moi étions fascinées par ces hommes que nous n’avions jamais vus et dont nous avions simplement entendus parler en lisant l’Encyclopédie de Monsieur Diderot ou les ouvrages de Monsieur de Buffon : les indiens d’Amérique.
Ces hommes, de la tribu des Algonquins, étaient étonnants. Ils avaient des cheveux très bruns presque noirs, une peau rouge et un visage émacié. Habillés de vêtements en cuir, ils avaient une noblesse naturelle et un port altier.
Je couvrais mon carnet de dessins les représentant, les croquant sur le vif.
Mon travail eut un témoin. Assis sur un banc, il ne ratait rien des portraits que j’exécutais rapidement. Il s’approcha de nous et nous saluant, il me demanda d’où me venait ce talent de dessinateur.
Nous lui racontâmes que nous étions français, que Louis était précepteur et que, moi-même, son épouse, j'avais quelques dispositions pour le dessin, la peinture et la musique, que j'avais appris auprès de mes parents, des aristocrates normands.
Adam Pitt était un politicien, membre du Congrès. Riche commerçant, il souhaitait que ses enfants connaissent les usages et la culture européens. Français et nobles, nous étions à ses yeux les professeurs idéaux. Nous venions également de ce pays qui avait été l’allié de l’Amérique pour la conquête de son indépendance face à l’Angleterre
Il nous ouvrit les portes de la société new-yorkaise.
C’est par son intermédiaire que nous pûmes trouver une petite maison où vivre et également des élèves à instruire. C’est lui qui me proposa de faire le portrait de sa famille. Peu de temps après d’autres familles bourgeoises de New York nous contactaient afin d’éduquer leurs enfants et se faire portraiturer.
Louis et moi étions tirées d’affaires. A partir de ce moment, un revenu plus que décent nous permit de vivre. J’envisageai sérieusement d’ouvrir un atelier dans la petite maison qui était devenue la nôtre.
*
Notre maison se trouvait à New York, dans le quartier de Wall Street. C’était une bowery, une ancienne ferme construite par des colons hollandais à l’époque où New York s’appelait encore Nouvelle Amsterdam.
Notre demeure était petite. Au rez-de-chaussée, la cuisine et une pièce qui nous servait tout à la fois de salon et de salle à manger. A l’étage, une chambre et une autre pièce qui faisait office de bureau et d’atelier. Pour nous c’était le paradis. Un paradis où nous pouvions nous isoler loin des autres. Où Louis pouvait être elle-même, sans moustache. Où nous pouvions nous aimer.
En prenant possession de cette demeure que nous louait Adam Pitt, nous ignorions que cette maison ne se trouvait qu’à quelques centaines de mètres des hommes qui gouvernaient les Etats Unis d’Amérique.
En effet, en 1790, la cité était à la fois la capitale de l’Etat de New York et celle de la nation. Le maire, le gouverneur et le premier président des Etats Unis, George Washington, résidaient et travaillaient à quelques rues les uns des autres, dans ce même quartier de Wall Street.
Cette proximité allait donner à nos vies un tour inattendu.
*
En 1790, l’indépendance des États-Unis n’était officiellement reconnue que depuis sept ans, depuis la fin de la guerre et le traité de Paris (Paris Peace) signé le 3 septembre 1783.
Cette guerre n’avait pas été seulement l’affrontement de deux pays, l’Angleterre et les Etat-Unis, ces derniers aidés par la France. La Révolution américaine avait aussi été une guerre civile opposant les Patriotes républicains aux Loyalistes fidèles à l’Angleterre monarchique.
Ces derniers, considérés comme des traîtres et des renégats plus haïssables que les anglais, firent l’objet de violences physiques, de discrimination politique et sociale, de mesures de confiscation ou de bannissement.
Les états se dotèrent de Lois de confiscation qui conduisirent à la spoliation des Loyalistes auxquels on prit systématiquement les biens, terres, maisons, troupeaux, boutiques, marchandises...
*
Je m’étais rendue dans la demeure d’Adam Pitt pour réaliser les études préparatoires au portrait qu’il voulait que je réalise de lui et de sa famille.
A mon retour, alors que je tournais au coin d’une rue, je fus heurtée par un homme, qui marchait rapidement, la tête baissée. Mon carnet à dessin s’ouvrit et les esquisses se répandirent sur le sol, se mêlant à divers documents tombés de la serviette que tenait l’individu qui m’avait bousculée.
Ce dernier s’excusa et m’aida à ramasser les dessins que je rangeai dans mon carnet. Nous nous saluâmes poliment. Il renouvela ses excuses pour sa maladresse et nous nous séparâmes. Quelques minutes plus tard, je me trouvai chez nous, dans les bras de Louis. Je lui racontai ma mésaventure.
- Ma chérie, les rues de New York ne sont pas toujours sûres. Il vaudrait mieux que je vous accompagne lorsque vous vous rendez chez Adam Pitt. Je ne voudrais pas qu’on vous agresse ou même qu’on vous enlève.
- Qui pourrait m’enlever ?
- Des hommes sensibles à vos charmes. Certains de ces américains sont très entreprenants. Ils rêvent d’une femme telle que vous, belle, aristocrate, intelligente et raffinée. Qui suis-je pour prétendre vous garder ?
- Vous êtes mon époux devant la Loi. Vous êtes la seule personne dont je sois amoureuse et que je veux aimer.
Ces quelques mots eurent sur Louis l’effet d’un filtre d’amour.
M’enlaçant avec fougue, elle prit ma bouche. Puis elle délaça ma robe et mon corset avec fébrilité. Elle effleurait mes seins de ses lèvres, me faisant frissonner. Elle fit choir ma robe à mes pieds et je me retrouvai nue devant elle.
Elle tomba à mes genoux et me tenant par les hanches, elle s’empara de mon intimité. La caresse de sa langue me fit presque défaillir et je poussai un long râle de plaisir.
*
Nous étions allongées, nues, sur notre lit. Nous bavardions de choses et d’autres, comme nous le faisions toujours après l’amour.
- Comment progresse le portrait d’Adam Pitt et de sa famille ?
- Très bien. J’ai fait quelques esquisses de notre ami, de sa femme et de leurs deux enfants. Vous voulez les voir ?
- J’en serais ravie...
Je sautai de notre lit pour me saisir du carnet de croquis posé sur un petit secrétaire. Louis m’enveloppa de son regard voilé par le désir. Mais, par jeu, je ne laissai rien paraître du trouble qui était le mien quand j’enflammais ses sens.
Je rapportai le carnet et me couchai contre elle. Je sentis son corps trembler. Mais elle se reprit, hélas... et commença à examiner mes dessins.
- Ils sont très bons. Vous êtes une dessinatrice douée, Alice.
- Douée ? Uniquement pour le dessin ?
- Vous voulez vous amuser ? Très bien... Je suis toute prête à jouer à ce jeu-là... Oh mais qu’est ceci ? Une lettre ? Non c’est une liste.
- Une liste ? Mais il n’y avait aucune liste dans mon carnet.
- Vous m’avez bien dit que l’homme, qui vous avait bousculée tout à l’heure, avait également répandu quelques feuilles au sol. L’une d’elles se sera mélangée à vos dessins...
- Mais comment la lui rendre ? Je ne sais rien de cet homme.
- Il y a peut-être une indication sur ce document... Non, il n’y a rien. Rien qu’une liste de mots, une date et une heure.
- Nous ne pourrons jamais retrouver cet homme. J’espère que cette liste était sans importance.
- C’est curieux... Ces mots sont sans rapport les uns avec les autres. Il n’y a aucune logique dans cette succession de termes. Et ils sont écrits de façon curieuse...
- Comment cela ?
- Certaines majuscules ne sont pas au début mais à l’intérieur de deux mots qui se suivent. Comme ici. Voyez ce T et ce J. Ici J et M. Ou encore A et H. Ici H et K. Et là G et W... Oh, mon Dieu !!!
- Qu’il y a-t-il ?
- Je crois que j’ai compris. T et J pour Thomas Jefferson, le secrétaire aux Affaires étrangères. J et M pour James Madison, membre du Congrès. A et H pour Alexander Hamilton, secrétaire au Trésor. H et K pour Henry Knox, secrétaire à la Guerre, G et W ...
- ... pour George Washington, président des Etats Unis !
- Parfaitement ! Et si quelqu’un s’est donné la peine d’utiliser cette sorte de langage codé c’est sans aucun doute pour cacher un complot.
- Un complot ? Mais qui pourrait vouloir fomenter un complot ? Et pourquoi ?
- Le pays où nous vivons est une nation jeune, Alice. Mais elle est née dans le bruit et la fureur. Dans le sang et la guerre. Ce complot peut être le fait d’Anglais qui n’auraient pas accepté la perte de leur colonie ou de Loyalistes spoliés.
- Ce peut être aussi le fruit de notre imagination...
- En effet. Mais pour le savoir, nous devons nous rendre au rendez-vous que nous donne cette liste.
- Un rendez-vous ? Quel rendez-vous ?
- Regardez. La date et l’heure. Aujourd’hui à 19 heures. C’est à dire dans une heure.
- Mais où a lieu ce rendez-vous ?
- Là où tous ces hommes seront réunis : Washington, Jefferson, Madison, Hamilton et Knox. Sans doute dans la demeure du Président. Cela correspond à l’heure du dîner. Habillons-nous. Je vais me rendre dans le quartier de Wall Street où se trouve sa maison. Ce n’est qu’à quelques rues.
- Je vous accompagne !
Pendant qu’elle parlait, Louis avait quitté notre couche et avait rapidement revêtu ses habits d’homme. Elle avait collé, à sa lèvre, la moustache qui complétait son déguisement.
Elle glissa son épée dans son baudrier et, par précaution, cacha une dague dans les plis de sa veste. Elle fourra la liste dans une de ses poches.
- Il n’est pas question que vous m’accompagniez, Alice. Cela peut être très dangereux.
- Je ne veux pas vous laisser. Et puis, je suis la seule à pouvoir reconnaître l’homme qui m’a bousculée.
- Mais lui aussi pourra vous reconnaître. Restez ici.
Pendant que nous nous querellions, Louis s’était rapprochée de la fenêtre de notre chambre et avait jeté un coup oeil dans la rue en contrebas.
- Bon sang Alice ! Il y a deux hommes dans la rue. On dirait qu’ils observent notre maison !
Je m’approchai à mon tour.
- C’est lui ! C’est l’homme qui m’a heurtée ! Mais comment m’a-t-il retrouvée ?
- Il a dû se rendre compte qu’il avait perdu la liste. Plutôt que de vous agresser dans la rue au milieu de la foule, il a préféré vous suivre pour voir où vous habitiez. Et il est revenu avec de l’aide. Vous ne pouvez plus rester seule ici. Vous devez quitter la maison.
- Mais comment faire pour éviter qu'il me reconnaisse ?
- Vous allez vous habiller en homme !
- En homme ? Mais je ne peux pas !
- Et pourquoi non ? Je le fais bien depuis plus de vingt ans. Il a vu entrer une jeune femme. Il s’attend à voir sortir une jeune femme. Chérie, dépêchez-vous !
Je pris les vêtements qu’elle me tendait et, mi-effrayée, mi-amusée, je m’habillai en homme.
- Vous êtes ravissante, Alice. Pardon, je voulais dire : vous êtes charmant ! Vous allez rester derrière moi. Si ces hommes m’attaquent, alors vous vous mettrez à courir aussi vite que vous le pourrez. J’essaierai de les retenir le plus longtemps possible. Vous tâcherez de gagner la maison d’Adam Pitt pour tout lui raconter. Tenez voici la liste.
- Ces hommes vont vous tuer !
- Ne craignez rien. Avez-vous déjà oublié que je sais admirablement me servir d’une épée ? En France, je vous ai sauvée d’un viol et de la mort.
Mais un craquement lugubre nous interrompit.
Louis se jeta vers la fenêtre. La rue était vide.
Les hommes qui s’y trouvaient, las d’attendre ma sortie, avaient forcé notre porte et étaient entrés dans notre maison.
*
Nous entendions des pas au rez-de-chaussée et des portes s’ouvrir. Puis les marches de l’escalier se mirent à craquer. Ces intrus prenaient d’infinies précautions et tentaient de faire le moins de bruit possible dans l’espoir de me surprendre.
Louis réagit avec sa vivacité habituelle.
- Alice. Entrez dans le bureau et fermez les portes à clef. Je vais essayer de les faire fuir. Si je n’y parviens pas, sortez par la fenêtre. Les branches du tilleul, qui pousse devant la maison, vous aideront à descendre. Courez alors chez Adam Pitt, sans vous soucier de moi.
- Non. Je ne veux pas fuir sans me soucier de votre sort. Je veux rester à vos côtés.
- Chérie. Vous risquez de me gêner. Soyez sans crainte. Je n’ai aucune envie de mourir. Je ferai tout pour garder votre mari en vie. Obéissez-moi.
J’obéis à son ordre qu’elle ponctua d’un baiser sur mes lèvres.
J’entrai dans la pièce qui servait à la fois de bureau et d’atelier et qui était contiguë à notre chambre. Je fermai les deux portes, celle qui me séparait de Louis et celle qui donnait sur le petit palier. J’ouvris la fenêtre. Il n’y avait personne dans la rue.
Je collai mon oreille à la porte et écoutai le coeur battant. Je devinais la scène effroyable qui se déroulait dans notre chambre. Louis jouait la surprise.
- Messieurs ! De quel droit êtes-vous entrés chez moi ?
- Nous cherchons une jeune femme qui nous a volés, Monsieur.
- Ne savez-vous pas qu’il est d’usage de frapper aux portes et d’attendre qu’on vous ouvre avant d’entrer ?
- Nous sommes trop pressés pour perdre notre temps en politesses, Monsieur. Nous cherchons une jeune femme blonde...
- Il n’aura pas échappé à votre sagacité qu’il n’y a ici aucune jeune femme blonde.
- Il y a une autre pièce. Laissez nous passer Monsieur, ou nous passerons de force.
- Oh vraiment ? Alors, puisque vous êtes si pressés je vais rapidement vous faire passer de vie à trépas...
J’entendis le glissement d’une épée que l’on sortait de son fourreau et le cliquetis des armes qui s’entrechoquaient. Le combat était rapide. Des meubles étaient jetés au sol. Un cri de douleur. Puis un autre. Mon coeur se mit à battre furieusement. Louis était-elle blessée ?
J’entendis des bruits de pas. On donnait des coups de poings dans la porte. J’étais paralysée. Incapable de faire un geste. Incapable de fuir. Puis une voix.
- Alice ! Ouvrez-moi !
Les mains tremblantes, j’ouvris la porte. Les deux hommes étaient au sol. Louis était devant moi. Je me jetai dans ses bras.
- Mon amour, vous êtes saine et sauve !
- Alice, ma chérie. Dans la mesure du possible, je tiens toujours mes promesses. Venez ! Ces hommes doivent avoir des complices.
- Vous les avez tués ?
- Non, ils ne sont que blessés mais assommés... Venez.
Nous gagnâmes la rue.
- Où allons-nous ? Chez Adam Pitt ?
- Non, Alice. Nous n’avons plus le temps. Nous allons directement chez le Président.
*
Nous n’avions pas fait vingt pas que nous vîmes trois individus tourner le coin de notre rue. Ils nous regardaient fixement.
C’est alors que l’homme qui m’avait bousculée, et que Louis avait réussi à désarmer en le blessant légèrement, apparut sur le seuil de notre porte.
Il chancela et s’écroula au sol. Les trois individus se précipitèrent vers lui. Il prononça des paroles que nous ne pûmes entendre. Mais nous en devinâmes la teneur.
Deux des hommes se jetèrent à notre poursuite alors que le troisième restait auprès de notre inconnu pour le secourir.
De nouveau, Louis m’ordonna de fuir. Seule.
- Je reste ici pour les retenir. Courez à la demeure du Président. Faites évacuer les lieux. Personne ne doit s’y trouver quand sonneront 19 heures.
- Mais comment ? Je ne connais personne. Ils ne m’écouteront pas.
- Faites appeler Adam Pitt. Dépêchez-vous. Il nous reste à peine trente minutes.
Je me mis à courir en laissant Louis derrière moi. J’étais moins préoccupée de son sort. A deux reprises, en France et ici, je l’avais vue se débarrasser avec facilité d’assaillants armés.
J’avais compris que, bien qu’étant une femme, elle savait se servir d’une épée mieux de certains hommes. Mais, en entendant le cliquetis des armes, mon coeur se mit à saigner et je dus faire un effort surhumain pour ne pas revenir sur mes pas.
Je courais aussi vite que je le pus. Les habits masculins que j’avais revêtus m’étaient d’une aide précieuse. Je compris tout l’intérêt de ces vêtements qui offraient une telle liberté de mouvement.
Leurs atours sont la première prison des femmes. L’interdiction de pratiquer l’escrime, de pouvoir nous défendre et l’obligation de nous soumettre à la loi des hommes complètent notre asservissement.
Ma vie avec Louis était une libération.
Je courais mais je connaissais encore mal la ville. Je cherchai mon chemin. Tout à coup, alors que seules trois rues me séparaient de la maison du Président, le troisième homme, celui qui était resté en arrière, se dressa devant moi, une dague à la main.
- Arrêtez-vous ! Donnez-moi la liste !
- Quelle liste ? De quoi me parlez-vous ?
- Donnez-la moi ou je la prendrai sur votre cadavre !
Je reculai pour lui échapper et me retrouvai adossée à un mur. J’étais prise au piège ! Mes derniers instants étaient arrivés. Mes ultimes pensées furent pour Louis.
L’homme, dont le visage était déformé par un rictus méchant, s’approchait lentement de moi, le couteau prêt à m’ouvrir le coeur.
Brusquement une main s’abattit sur son épaule, l’obligeant à se retourner et Louis, d’un formidable coup de poing, le frappa en plein visage.
L’homme, les yeux exorbités par la colère et la haine, sortit son épée. Un nouveau duel s’engagea.
Je regardais Louis se battre avec grâce et élégance. On aurait dit qu’elle dansait. Elle réussit à désarmer son adversaire et l’assomma en lui décochant un coup au menton avec le pommeau de son épée.
C’est alors que je découvris que la manche de son bras gauche était maculée de sang.
- Louis, vous êtes blessée !
- Ce n’est qu’une égratignure ! C’est impressionnant mais sans gravité. Venez ! Nous n’avons plus que quelques minutes !
Nous n’étions qu’à une rue de la maison du Président. Nous parcourûmes les derniers mètres en quelques secondes. Enfin, nous la vîmes.
La maison présidentielle.
Mais nous n’avions aucun moyen de nous faire entendre. Nous étions deux étrangères, deux inconnues, dont l’une devait impérativement dissimuler ce qu’elle était.
Comment expliquer que nous avions découvert un complot ? Rien qu’avec cette pauvre liste de mots.
Comment obtenir des hommes les plus puissants de cette nation qu’ils nous obéissent et sortent de cette demeure ?
C’était oublier l’extraordinaire intelligence de Louis et sa capacité à résoudre les problèmes les plus insolubles.
Il nous restait moins de cinq minutes pour sauver ces hommes.
Ce fut suffisant.
Mais pour les sauver, Louis dut me sacrifier.
*
Il n’y avait aucune surveillance.
- Alice, vous allez vous présenter devant la porte d’entrée et vous faire ouvrir. Moi, je reste ici. Je vais jeter une pierre dans une des fenêtres. Dès que vous entendrez le son du verre brisé, vous vous mettrez à crier “Au feu”. Faites le plus de bruit possible. Il faut créer un effet de panique afin que tout le monde sorte.
- Ensuite, que dois-je faire ?
- Dites la vérité. Parlez du complot. Montrez la liste. Mais, vous risquez d’être arrêtée. Soit parce que vous aurez bien inutilement dérangé le Président et ses ministres. Soit parce qu’on vous prendra pour un des conspirateurs.
- Mais, Louis, vous viendrez à mon secours...
- Je ne le pourrai pas. Je risquerais d’être arrêtée à mon tour et si l’on me fouille... Vous pouvez refuser, Alice. Et laisser le destin emporter ces hommes...
- Non. Agissons comme vous le préconisez...
- Bien. J’en étais sûre. Vous êtes digne de vos ancêtres, les chevaliers qui se sont battus pour notre pays... Je vous laisse une minute pour vous faire ouvrir la porte.
Je me dirigeai en courant vers la porte d’entrée et frappai violemment le heurtoir. Un domestique vint m’ouvrir. Je l’agressai plus que je l’interrogeai.
- Le Président est-il là ?
- Oui, Monsieur. Mais on ne peut pas le déranger.
A ce moment précis un énorme bruit de verre brisé fit sursauter notre homme et, obéissant à Louis, je me mis à hurler.
- Au feu, au feu ! Il y a le feu à l’arrière de la maison ! Il faut évacuer tout le monde ! Vite !
L’homme rentra dans l’immeuble en hurlant à son tour. Dans les secondes qui suivirent, je vis une dizaine de personnes quitter la maison en courant. Parmi eux, je reconnus George Washington. Il était entouré de plusieurs hommes. A leur aspect, je devinai qu’il s’agissait de ses ministres et de James Madison, membre du Congrès et rédacteur de la Constitution américaine.
Le Président, énervé, interrogea ses serviteurs.
- Où est donc ce feu ? Si c’est une plaisanterie...
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase car une formidable explosion retentit, soufflant une pièce du rez-de-chaussée, projetant les débris de verre et de bois dans la rue. Un incendie se déclencha immédiatement dans la pièce ravagée.
Une foule de passants s’était rassemblée. Au milieu d’eux, j’aperçus Louis.
Je m’apprêtais à fuir quand une main me retint par le bras. C’était le domestique qui m’avait ouvert la porte. Je me débattai. C’était peine perdue.
- Lâchez-moi !
- Restez ici ! Vous saviez ! Vous saviez que ça allait exploser !
- Que se passe-t-il ?
- Monsieur le Président, cet individu a frappé à votre porte en prétendant qu’il y avait un incendie. Et le salon où vous étiez il y a quelques minutes a explosé. Il savait...
- Qui êtes-vous ?
Devant un tel homme, il me semblait inutile de mentir.
- Je m’appelle Alice d’Uberville. Je suis française et aristocrate. Je suis la fille du Chevalier de X. J’ai fui la France pour me réfugier aux Etats Unis. Il y a quelques heures j’ai deviné, en lisant un papier, qu’un complot se tramait contre vous et vos ministres. Aujourd’hui, à 19 heures. Alors je suis venue et j’ai trouvé ce stratagème pour vous faire sortir de votre maison.
- Quel papier ?
Je sortis la liste et expliquai en peu de mots le raisonnement de Louis.
- Ainsi, Madame, vous nous avez sauvé la vie.
- Monsieur le Président. Méfions-nous. Elle fait peut être partie du complot. Peut-on se fier à une femme qui porte des vêtements d’homme ? Et une femme peut-elle avoir suffisamment d’intelligence pour déchiffrer un code secret ?
- Je ne doute pas de l’intelligence de certaines femmes. Mais vous avez raison. Par prudence, nous allons mener une enquête. En attendant, Madame, j’ai le regret de vous dire que nous allons vous arrêter et vous mettre sous bonne garde.
Il se tourna vers l’un de ses ministres.
- Knox, en votre qualité de secrétaire d’état à la guerre, cette jeune femme est sous votre surveillance. J’interdis formellement qu’on lui fasse le moindre mal. Elle est peut-être une héroïne. Dans le cas contraire, je ne veux pas que nos opposants en fasse une martyre. Et donnez-lui des vêtements féminins...
On m’emporta et je jetai un regard vers la foule des badauds.
Louis avait disparu.
*
On me conduisit à la prison de New York. On me donna la meilleure cellule et des vêtements de femme. J’abandonnai avec regret ceux de Louis.
Louis. Louis qui avait disparu et qui n’avait pas fait un geste pour venir à mon secours. Pas dit un mot pour me sauver.
On m’apporta à manger. Mais je ne pouvais rien avaler.
J’avais 17 ans. J’étais seule pour la première fois de ma vie. Seule et jetée en prison.
Je me rendis compte que ma situation était extrêmement fâcheuse. En dehors de cette liste, je n’avais aucune preuve de ma bonne foi. Or ce n’était qu’une liste de mots.
Voyant leur complot découvert, les hommes qui nous avaient agressées devaient être loin à présent. Je n’avais aucun moyen de les retrouver.
Si Louis tentait de me sauver, elle risquait d’être arrêtée à son tour.
Je tremblai à l’idée de ce que serait son sort, si on découvrait ce que Louis était vraiment.
Dans ce pays puritain, cent ans auparavant, le procès des Sorcières de Salem, qui conduisit, dans le Massachussetts, à l’exécution de vingt cinq personnes et à l’emprisonnement d’un bien plus grand nombre, avait eu lieu dans un climat d’hystérie collective. Dans un tel pays, une femme se faisant passer pour un homme risquait le pire.
Louis risquait sa vie.
J’étais déterminée à me taire pour la sauver et à prendre sur moi le poids d’une condamnation.
Les heures passaient. J’avais froid. Je ne pouvais pas trouver le sommeil. Alors, doucement, naturellement, je sentis mes larmes couler.
*
Je commençais à grelotter sous la mince couverture que l’on m’avait donnée.
Tout à coup, j’entendis des bruits de pas dans le couloir. Des hommes s’arrêtaient devant ma porte. Le bruit lourd d’une clef dans la serrure. Puis, le grincement des gonds. Une lumière jaillit, tamisée pas une forme qui jetait une ombre dans ma cellule.
Je craignais que l’on vienne me chercher en pleine nuit pour un interrogatoire pour lequel je n’avais plus de force.
Je me recroquevillai dans mon lit, en tremblant.
La forme s’approcha de ma couche et d’une main arracha la malheureuse couverture qui me protégeait du froid.
Puis elle jeta sur mes épaules une veste que le contact d’un corps avait réchauffée. Enfin, elle me prit par la taille et me força à me lever.
Je me retrouvai dans les bras de Louis qui couvrait mon visage de ses baisers.
*
Je fus libérée et les hommes du Président nous reconduisirent chez nous dans un attelage tiré à quatre chevaux.
Je constatai que la porte de notre demeure avait été réparée et que nous pouvions de nouveau nous isoler, Louis et moi, dans ce qui était, à nos yeux, notre coin de paradis.
Je mourais d’envie de savoir comment Louis avait pu obtenir si rapidement ma libération.
- Ce ne fut pas rapide ma chérie. Quand je pense que vous êtes restée pendant plus de trois heures sur la paille humide de ce cachot, dans cette prison sordide...
J’étais de nouveau dans ses bras, couchée dans notre lit. Je pouvais faire montre d’un courage qui m’avait pourtant abandonnée quelques minutes auparavant.
- Louis, vous exagérez. J’avais la meilleure cellule, un lit et une couverture. Mes geôliers m’ont proposé à dîner. Et ils ont été très aimables, respectant ainsi les ordres du Président.
- Alice, pendant tout ce temps, je n’ai pas cessé de penser à vous et à votre solitude. J’aurais tellement voulu faire plus vite...
- Comment avez-vous fait ?
- En entendant les ordres de Washington, j’ai compris que vous ne couriez plus aucun risque. Détenue dans cette prison et sous bonne garde, vous ne pouviez plus être atteinte par nos comploteurs. Je suis retournée sur mes pas bien décidée à attraper l’un des hommes qui nous avaient agressées et que j’avais estourbis. Mon intention était de le faire parler ou au moins de le jeter aux pieds du Président.
- Vous les avez retrouvés ?
- Je n’en ai retrouvé qu’un seul. Le dernier. Celui qui vous avait menacée de sa dague. Le coup de poing, donné avec le pommeau de mon épée, l’avait assommé. Je l’ai réveillé avec moins de délicatesse que j’en utilise pour vous tirer du sommeil, ma chérie, et je l’ai traîné chez notre ami Adam Pitt.
- Il a parlé ?
- Oui. Ce n’était qu’un homme de main au service des comploteurs. Contre la clémence de ses juges, il n’a fait aucune difficulté pour nous donner les noms et les adresses de ses commanditaires. Adam Pitt a fait prévenir le Président et ses ministres. Tous les membres du complot ont été arrêtés. Certains alors qu’ils s’apprêtaient à fuir New York. Tous ceux avec lesquels je me suis battue avaient ma signature sur le corps. Une blessure au bras et un bleu au menton...
- Qui a provoqué l’explosion ?
- Une pendule qui se trouvait dans le salon. Elle avait été transformée en machine infernale. L’un des domestiques de Washington avait été acheté. Quelques minutes avant notre arrivée, il a allumé la mèche qui devait la faire exploser. Naturellement, il a pris soin de mettre sa petite personne à l’abri en quittant les lieux.
- Qui sont ces hommes et pourquoi ont-ils agi ainsi ?
- Ainsi que je le pensais, ce sont des Loyalistes dépouillés de tous leurs biens. Ils ont agi par vengeance mais aussi dans l’espoir que les Etats Unis, décapités, sans chef, retomberaient dans la révolution. Ils espéraient que de cette révolution, naîtrait un nouveau pouvoir. Le leur.
- Louis, vous êtes une héroïne.
- Nous le sommes toutes les deux, ma chérie. Vous avez eu beaucoup de courage face au poignard de cet homme. Je regrette simplement que cette aventure attire l’attention sur nous. Je n’ai pas besoin de réclame. Je préfère l’ombre à la lumière. Vous le comprendrez aisément. Toutefois, Washington n’a pas eu l’air de se rendre compte de ma vraie nature...
- Vous avez rencontré le Président ?
- Naturellement, Alice. Adam Pitt m’a menée chez lui. Il était là avec ses ministres et le vice-président, John Adams. Ce dernier était également visé par le complot. Il faisait partie des hommes qui ont fui la maison peu de temps avant l’explosion. Je leur ai tout raconté et j’ai obtenu que vous soyez immédiatement libérée. Ils ont même eu la délicatesse de dépêcher un menuisier pour réparer notre porte !
- Tout est fini à présent. Nous allons retourner à notre quotidien tranquille.
- Hélas non, Alice. Le Président nous invite chez lui. John Adams et tous ses ministres ainsi que James Madison, qui était présent lors de notre entretien, veulent nous prouver leur reconnaissance. J’ai cru comprendre que chacun d’entre eux allait nous recevoir et que des bals seraient donnés en notre honneur !
- Nous pouvons difficilement refuser que l’on nous remercie !
- Certes ! Mais j’espère que les américains seront aussi myopes que l’étaient les français ou les anglais et que personne ne se rendra compte de la comédie que je leur joue en me faisant passer pour un homme.
- Votre épouse vous regardera avec des yeux si amoureux qu’ils ne pourront pas douter que vous en êtes un. Par contre, je crains que vous ne séduisiez une de ces américaines...
- Quand bien même ce serait, vous n’avez rien à craindre Alice. Mon coeur vous appartient définitivement. Vous le savez bien.
Elle se pencha sur moi et m’embrassa. Je me blottis étroitement contre elle et, épuisée par l’aventure que j’avais vécue et les émotions que j’avais éprouvées, je laissai le sommeil me gagner peu à peu.
*
Louis avait vu juste. Les quinze jours qui suivirent furent une succession ininterrompue de réceptions, de bals, de dîners.
Le Président nous reçut en compagnie de ses ministres et de leurs épouses. Puis ce fut au tour de John Adams et de Thomas Jefferson de nous inviter. Puis celui de James Madison, qui nous fit rencontrer d’autres membres influents du Congrès.
Partout nous fûmes présentées comme de valeureux français dont l’intelligence et le courage avaient sauvé la jeune Amérique.
Mes talents de peintre furent vantés et salués. J’obtins d’autres commandes de portraits. Les honoraires, qui me furent versés alors, me permirent d’enrichir nos garde-robe et d’améliorer notre ordinaire.
Louis fut également sollicitée pour enseigner le français.
Mais le plus beau cadeau restait à venir.
Pour nos hôtes, nous étions deux fugitifs, jetés sur les routes pour fuir la Révolution française. Ils savaient que l’impossibilité de rentrer chez nous nous mettait au désespoir.
Alors, George Washington, ses ministres et le Congrès décidèrent de nous donner un bouclier qui nous protègerait si nous décidions un jour de retourner en France.
Ils nous donnèrent la nationalité américaine. Mais ce n’était pas tout. Thomas Jefferson nous nomma, Louis et moi, consuls perpétuels des Etats Unis.
Nous étions doublement protégées. Par la nationalité américaine et par l’immunité diplomatique. Toucher un cheveu de nos têtes, c’était insulter le Président. C’était insulter l’Amérique toute entière.
Ce que nous ignorions alors, c’est qu’en sauvant John Adams, Thomas Jefferson et James Madison, nous avions sauvé les trois prochains Présidents des Etats Unis.
Leur reconnaissance et celle de George Washington allaient nous protéger pendant trois décennies.
*
Elle était heureuse que je puisse me rendre à ces bals et que je puisse m’y amuser.
Après tout, je n’avais que 17 ans. Et le seul vrai bal que j’avais connu était celui donné par le Marquis de Carabas pour l’anniversaire de sa fille Charlotte.
Mais si elle l’avait pu, Louis aurait décliné le dangereux honneur qui lui était fait. Car, à tout moment, elle courait le risque d’être reconnue pour ce qu’elle était : une très jeune femme qui se faisait passer pour un homme.
Par chance, la faible lumière jetée par les chandeliers, permettait à Louis de se dissimuler un peu. Aidée par l’ombre qui régnait dans ces pièces mal éclairées, elle espérait que nos hôtes ne verraient en elle qu’un homme un peu efféminé.
Mais ses craintes avaient une autre cause. Elle redoutait que ces réceptions ne soient, pour moi, l’occasion d’une nouvelle rencontre. D’un nouvel amour. Avec un homme.
Mais elle ne dit rien de ce qui l’effrayait, car elle ne voulait pas gâcher mon plaisir. Et moi, égoïstement, je ne voyais rien.
Nous allâmes de bal en bal, de réception en réception. Je dansai avec de nombreux cavaliers, alors qu’elle-même ne se montrait pas ou si peu, se réfugiant dans les salons, loin de la joyeuse cohue des danseurs. Je me laissai courtiser, toute à ma vanité de plaire et d’être admirée.
A notre retour chez nous, je dansais encore devant elle, tournoyant dans notre chambre. Elle me regardait en souriant et ne disait rien. Je ne voyais pas son désarroi. J’étais aveugle à ce qui n’était pas ma propre joie.
*
Pourtant, une nuit, alors que je virevoltais devant elle, je surpris une lueur de tristesse dans son regard. Je m’en inquiétai.
- Louis, êtes-vous fatiguée ? Je vous sens lasse. N’avez-vous pas apprécié le bal de ce soir ? Je m’y suis tellement amusée ! Pas vous ?
- Alice, votre plaisir me suffit.
- Que voulez-vous dire ? Vous êtes toujours si sérieuse !
- C’est l’impression que je vous donne ? D’être rabat-joie ? Un être triste et ennuyeux ?
- Mais non voyons ! Qu’y-a-t’il Louis ? Quelque chose vous peine, je le vois à présent.
- Vous avez beaucoup dansé avec ce jeune lieutenant... Il vous dévorait des yeux...
- C’est donc cela qui vous chagrine...
- Alice, je ne veux pas être un obstacle à votre bonheur. Je sais que ce que nous vivons n’est pas... naturel. Je saurai m’effacer si vous le souhaitez. Je peux partir vers l’ouest, là où vivent ces tribus d’indiens farouches et faire courir le bruit de ma mort. Vous seriez libre alors...
- Mais je ne veux pas !!! Je ne suis libre qu’avec vous. Je ne suis heureuse qu’avec vous. Je ne veux vivre qu’avec vous. Je me moque de ce lieutenant et de tous les lieutenants du monde !!! Je vous aime Louis. Je n’aime que vous.
Je me jetai dans ses bras et couvrai son visage de mes baisers. Elle me saisit par la taille et me souleva avec une force que seul le désir peut donner. Elle me porta jusqu’à notre lit où elle me coucha.
Soulevant ma robe et mes jupons, elle s’empara du vêtement de dessous et le fit glisser le long de mes jambes. Elle le jeta sur un fauteuil.
Mais je calmai sa fougue.
- Louis, non pas comme ça. Je vous en prie, ne vous comportez pas comme un soudard. Comme l’aurait fait ce jeune lieutenant. Prenons notre temps... Et retirez votre moustache.
Je la repoussai. A regret, je ne le cache pas, et me levai.
Je pris son visage, enfin lisse, entre mes mains et l’attirai vers le mien. Je l’embrassai longuement. Poitrine contre poitrine, je sentais les battements de son coeur.
Je lui retirai sa veste. J’ouvris son gilet et sa chemise. Puis sa culotte, ses bas en soie et ses dessous rejoignirent mon vêtement sur le fauteuil.
Louis n’était plus vêtue que de ce corset qui dissimulait ses seins en les comprimant.
Une à une, j’ouvris les agrafes de cette camisole et je la fis glisser le long de ses bras.
A présent, elle était nue devant moi. Si belle et si désirable.
- A votre tour Louis. Déshabillez-moi.
Elle dénoua le lien qui fermait ma robe et la fit tomber à mes pieds. Elle m’enlaça alors et me souleva de nouveau. Je nouai mes jambes autour de ses hanches, et mes bras autour de son cou. Je sentais sa bouche dévorer mes seins alors qu’elle me portait vers notre lit.
Nous nous retrouvâmes sur notre couche. Elle était assise et j’enserrai ses reins dans l’étau de mes cuisses. Elle tenait mes fesses dans les coupes de ses mains. Je basculai en arrière et elle me retint en me saisissant par la taille. Je sentait la douceur de son ventre musclé contre mon sexe.
Elle m’allongea sur le lit et se mit à genou devant moi. Elle écarta mes cuisses et me prit dans sa bouche. Sa langue fouillait mon sexe. Je plongeai mes poings dans ses longues boucles brunes et laissai le plaisir m’envahir.
Une chaleur irradiait mon ventre et gagnait tout mon corps par vagues irrésistibles. Je criai son nom.
*
Le lieutenant, dont l’empressement à mon endroit avait irrité Louis, semblait me suivre de bal en bal. John Smith était partout où j’étais. Il était jeune, vingt cinq ans tout au plus, beau et riche. Sa famille possédait une plantation en Virginie.
Il venait du même état que le Président Washington. Ses parents connaissaient Jefferson et Madison, eux aussi originaires de Virginie.
John avait donc ses entrées dans la meilleure société new-yorkaise. Il semblait désireux de prendre femme. Mes origines aristocratiques, mon éducation et, pourquoi le taire, ma beauté, semblaient lui convenir. Enfin, j’avais le bon goût d’être européenne sans être anglaise.
Au début, je n’avais vu en lui qu’un compagnon de danse. Mais je commis la maladresse de ne me divertir qu’avec lui. Dans ce pays puritain, réserver ses danses à un seul homme revenait à l’autoriser à vous courtiser.
Il se fit de plus en plus pressant auprès de moi, comptant pour rien la présence de Louis.
Je voyais bien que, quand venait le moment de quitter nos hôtes, et que je partais au bras de Louis, John peinait à dissimuler un sentiment de dépit. Peu à peu ce sentiment fit place à la colère.
Un soir, John fit honneur plus que de raison au punch qui nous fut servi. Louis ne fut pas sans remarquer que l’homme devenait querelleur. Elle vint me prier de quitter le bal afin de rentrer.
- Alice, je crois qu’il est temps de rentrer. Vous avez eu votre compte de menuets et de gavottes, ne croyez-vous pas ?
Mais John ne me laissa pas répondre.
- Vous êtes bien fâcheux, Monsieur, de vouloir que Madame quitte si vite une société si joyeuse.
- Souffrez, Monsieur, que je sache mieux que vous ce qui convient à mon épouse.
- Vous êtes un importun et un fat. Des hommes comme vous ne méritent pas de telle femme.
- Vous avez raison, Monsieur. Mais le mal est fait. Ce que Dieu a uni, nul homme ne peut le défaire.
- Un homme armé d’une robuste épée le peut sûrement.
Je compris qu’il était temps que j’intervienne.
- John, voyons. Je vous en prie. Ne ternissons pas cette soirée par une querelle qui n’a pas lieu d’être. Louis, mon époux, a raison. Je suis lasse et je vous prie de m’excuser. Mais je souhaite rentrer chez moi.
- Je vois que votre fier époux a besoin que vous le protégiez de mes coups.
- Je n’ai nul besoin de protection. Mais je ne veux pas profiter de l’avantage que me donne votre ivresse, Monsieur. Vous n’êtes plus capable de soutenir un duel, pas même avec des épées en bois.
John pâlit sous l’affront. Il resta muet quelques secondes. Puis, fébrilement, il défit son gant et le jeta au visage de Louis, la provoquant officiellement en duel.
Le silence se fit autour de nous.
Adam Pitt, qui était présent, se précipita auprès de Louis et s’offrit immédiatement pour être son témoin. De son côté, des officiers du même régiment que John proposèrent d’organiser la rencontre.
Louis étant l’offensée, elle avait le choix des armes. Elle ne pouvait pas reculer sauf à passer pour un lâche. En soupirant, elle choisit l’épée.
Nous saluâmes enfin nos hôtes et nous partîmes.
J’étais au désespoir. Ma coquetterie et mon insouciance allaient me coûter la vie de Louis.
*
Louis voyait bien que j’étais en enfer et, qu’à la moindre parole, je risquais d’éclater en sanglots.
Aussi, elle se taisait.
Quand nous fûmes enfin chez nous et qu’elle eut refermé notre porte à clef, je me jetai à ses pieds pour implorer son pardon. Je n’arrivais plus à me maîtriser et mes larmes se mirent à couler.
- Louis, pardonnez ma stupidité et ma vanité. Oh, Louis, pardonnez-moi...
- Levez-vous ma chérie. Je n’ai rien à vous pardonner et vous n’avez rien à vous reprocher. Cela devait arriver un jour ou l’autre. Vous n’avez été que l’instrument de la fatalité.
Louis se baissa vers moi, me saisit par la taille et me força à me relever. Elle me prit dans ses bras et me serra contre elle. Je sentais la caresse de ses lèvres contre ma tempe.
- Mais non, Louis. C’est moi qui suis cause de tout. De ce duel au cours duquel vous allez risquer votre vie.
- Alice, du jour où j’ai commencé à revêtir un habit d’homme, à me comporter comme un homme, je me condamnais à connaître ce genre d’aventures. La vie des hommes est faite de libertés mais aussi de contraintes et de dangers. En portant une épée au côté, je courais le risque de devoir m’en servir. En épousant une aussi jolie femme que vous, je courais le risque de devoir défendre mon bien. Car dans la société qui est la nôtre, une épouse appartient à son mari. N’importe quel autre homme peut vouloir la lui prendre.
- Le sachant, vous avez décidé de vivre armée et de m’épouser.
- Comment peut-on ne pas avoir envie de vous épouser ? Demandez à John Smith. Il en meurt d’envie. Il est prêt à marcher sur mon cadavre pour pouvoir le faire.
- Louis, je vous en supplie. Ne dites pas cela.
Mes larmes redoublèrent de plus belle. Elle leva mon visage vers le sien et m’embrassa. Puis elle sortit son mouchoir de sa poche, sécha mes larmes et m’obligea à me moucher.
- Allons Alice, ne pleurez plus et mouchez votre nez comme une bonne petite fille. Là... voilà... C’est mieux... Je ne le laisserai pas me tuer. J’ai bien l’intention de vivre longtemps auprès de vous. Vivre armée ? Comment faire autrement ? J’ai toujours eu envie de jouir de cette liberté que m’offraient mes habits d’homme. Mais pour vivre libre dans un monde si périlleux, il faut savoir se battre. Vous le savez bien.
- Louis, vous êtes si calme... Vous n’avez pas peur ?
- Non, ma chère. A quoi servirait d’avoir peur ?
- John Smith est un militaire. La guerre est son métier.
- Quand les combats de la guerre d’Indépendance se sont terminés, en 1781, John Smith n’avait que 15 ans. Il se cachait encore sous les jupes de sa mère. Les seules guerres qu’il ait faites c’est aux indiens, qui ne sont armés que de flèches et d’arcs, et aux maris dans les salons de New York.
- Mais il doit savoir se servir d’une épée...
- Vous oubliez les trois hommes que j’ai affrontés en France pour vous sauver d’un sort pire que la mort. Et les cinq comploteurs que j’ai estourbis il y a quelques jours à peine. Dieu que vous me sous-estimez, Alice !
En quelques phrases, Louis avait réussi à me faire sourire et à me rassurer.
*
Si j’avais éprouvé des craintes quant à la capacité de Louis à résister avec succès aux assauts belliqueux de John Smith, il y avait une personne qui, elle, n’avait pas de doutes.
Cette personne était John Smith.
Le lendemain de cette soirée qui le vit jeter un défi à mon époux, il était sorti de son ivresse.
Adam Pitt, qui s’était proposé pour être le témoin de Louis, et les camarades de régiment de John lui racontèrent la scène qu’il avait pratiquement oubliée. Il fit bonne contenance devant eux, mais dans le secret de son coeur, il prit peur.
Personne à New York n’ignorait les raisons pour lesquelles le Président George Washington nous honorait de son amitié et de sa protection.
Tout le monde savait que Louis avait fait preuve d’un courage inouï. Qu’elle avait, en trente minutes, pas une de plus, défait cinq hommes en les affrontant à l’épée.
Lors des séances de poses pour le portrait d’Adam Pitt et de sa famille, j’avais raconté avec fierté comment, en France, Louis s’était mesurée à trois assaillants en même temps pour me sauver la vie.
Naturellement, Adam Pitt avait colporté cette histoire.
Dans tout New York, il se disait que Louis était un redoutable bretteur qui avait appris sa science en Europe, auprès de maîtres d’armes réputés. Amusée par cette fable, Louis laissait dire, persuadée que cette réputation flatteuse et la frayeur qu’elle suscitait étaient sa meilleurs protection.
Louis ne s’était pas trompée. Elle avait bien jugé John Smith.
C’était un jeune coq qui n’avait jamais eu à combattre un véritable homme d’épée. Mais il ne pouvait pas reculer. Les détails du duel furent arrêtés.
Dans deux jours, au petit matin, dans le village de Greenwich, sur l’île de Manhattan.
Dégrisé, John prit toute la mesure du piège dans lequel il s’était jeté.
Dès lors, il chercha un moyen d’en sortir.
Sans perdre la face.
*
Il nous fit dire, par l’intermédiaire d’Adam Pitt, qu’il était prêt à renoncer au duel si Louis lui présentait des excuses pour l’avoir insulté pendant le bal, en insistant sur son ivresse.
Je ne vis dans cette offre qu’une façon inespérée de sauver Louis.
- Acceptez, je vous en supplie. Et vous n’aurez pas à vous battre dans ce duel dont vous ignorez l’issue.
- Alice, si j’accepte, je passerai pour un lâche qui n’ose pas affronter John Smith. Je perdrai l’estime que les autres ont pour moi. Et, plus grave, je perdrai la vôtre...
- Non, jamais. Jamais.
- Mais si Alice. Un jour, vous me verrez comme les autres me voient. Vous cesserez de me respecter et vous cesserez de m’aimer. Que me restera-t-il alors si je ne vous possède plus, vous qui êtes tout pour moi ? Vous qui avez donné un sens à ma vie absurde ?
- Et qu’adviendra-t-il de moi si vous êtes tuée ?
- Alice, vous m’oublierez. Je n’aurai été qu’un moment de votre existence. Vous en vivrez d’autres...
- Je ne pourrai jamais vous oublier. Vous le savez très bien.
- Alice, c’est inutile. Ma décision est prise.
*
Je vis bien que mes paroles étaient impuissantes à la convaincre. Alors je tentai d’utiliser des armes qui la feraient fléchir.
Elle était assise sur le fauteuil de notre chambre.
Elle était aussi belle que la première fois où je la vis.
Son visage si doux aux pommettes hautes. Ses belles lèvres pleines. Ses yeux noisette.
Je m’approchai d’elle et je plongeai mes doigts dans ses boucles brunes. Je levai son visage vers le mien et je l’embrassai avec voracité.
Elle répondit à mes baisers avec la même fougue.
Elle me saisit par la taille et me fit asseoir sur ses genoux. Je sentais sous mes fesses les muscles de ses cuisses.
Je posai une main entre ses jambes. Sur son sexe. Elle frémit sous cette attaque.
Je déboutonnai la culotte à petit pont dont elle était vêtue. La pièce d’étoffe, qui donnait son nom à ce vêtement, s‘abaissa et je poursuivis mon exploration. Je glissai mes doigts sous ses dessous et, enfin, je trouvai sa chaleur humide. Je la caressai, suivant les bords de ses lèvres, de son clitoris tendu.
Louis appuyait son pubis contre ma main. Ses hanches roulaient. Son souffle s’accélèrait. Elle glissa sur le fauteuil, au bord du siège et écarta les cuisses.
Je savais ce qu’elle voulait. Je me levai et lui retirai ses vêtements en les faisant glisser le long de ses jambes. Elle était à moitié nue devant moi. Je m’agenouillai devant elle et je la pris dans ma bouche. Elle gémit et rejeta la tête en arrière sur le dossier du fauteuil.
Je fouillai son intimité de mes lèvres, agaçant son sexe de ma langue. Mes mains posées sur elles caressaient ses cuisses.
Elle posa une main sur ma tête. Elle effleurait mes cheveux et ma nuque du bout de ses doigts. Elle me guidait, et, dominatrice, me maintenait contre elle. J’étais l’esclave, consentante, de son plaisir.
Elle tentait de retenir son orgasme afin de jouir de moi le plus longtemps possible. Mais, ne le pouvant plus, elle laissa le plaisir l’envahir et dans un dernier spasme, s’abandonna à sa jouissance.
*
Je m’étais de nouveau assise sur ses genoux. Je parsemais son visage de petits baisers, pendant qu’elle retrouvait ses esprits.
Elle m’enlaça et me serra contre elle. Elle baissa la tête vers l’échancrure de mon corsage et embrassa mes seins. Puis elle se mit à murmurer.
- Alice, Alice. Vous êtes redoutable. Et vous êtes adorable. Mais vous ne me ferez pas changer d’avis. Même avec des arguments aussi charmants. Je suis déterminée à me battre contre John Smith. Pour mon honneur et le vôtre.
- Notre honneur ! Ce sont bien des manies d’homme que de trouver de l’honneur là où il n’y a que vanité ! Vous tenez si bien votre rôle que vous en oubliez que vous êtes une femme avant tout !
- Je ne suis une femme que pour vous, Alice. Ne l’oubliez pas. Je ne suis plus une femme quand on veut me ravir mon épouse. Je ne suis plus une femme quand on me jette un gant au visage. C’est la vie que j’ai choisie. Vous l’avez choisie aussi en voulant me suivre. Et cette vie avec moi est faite de libertés et de dangers.
- Elle est aussi faite d’amour et de passion, Louis. Je ne l’oublie pas...
Je l’embrassai de nouveau.
Passant un bras autour de ma taille et un autre sous mes jambes, elle me souleva tout en se levant du fauteuil. Elle marcha vers le lit où elle me déposa.
Je la regardai retirer ses derniers vêtements.
Je l’attendais... Je l’espérais...
*
Louis fit répondre à John Smith qu’elle refusait son offre humiliante. Non, il n’y aurait pas d’excuses et le duel aurait bien lieu, à l’heure et au lieu dits.
Je redoutais ce moment.
Louis pouvait être tuée.
Mais une simple blessure pouvait aussi avoir des conséquences fatales. Afin d’éviter qu’on lui retire ses vêtements, Louis avait donné à Adam Pitt l’ordre formel de ne pas la soigner si elle était blessée.
Adam Pitt avait promis, sans comprendre les raisons d’une telle exigence. Si Louis était blessée, elle serait ramenée au plus vite auprès de son épouse qui lui prodiguerait des soins.
Le duel avait lieu le lendemain.
Louis restait calme. Elle semblait n’éprouver aucune inquiétude.
Je n’avais pas sa placidité. Je cherchais désespérement un moyen de lui venir en aide. Je quittai notre maison et me précipitai chez un loueur de chevaux.
Contre un peu d’argent, je lui demandai de préparer une monture sellée comme pour un homme et d’amener ce cheval, le lendemain, à la maison voisine de la nôtre.
Mon intention était de suivre Louis et d’assister, cachée, au duel. Je voulais lui transmettre ma force et l’aider si je le pouvais.
Je savais qu’il était inutile de supplier Louis de renoncer à rencontrer John Smith. Je ne pouvais que lui donner des regrets de sa vie avec moi.
Je m’y employai.
Le dernier jour avant le duel fut consacré à nous aimer.
*
Louis quitta mes bras à regret.
Je l’avais laissée dormir car je savais qu’elle avait besoin de toutes ses forces pour pouvoir lutter contre John Smith.
J’avais veillé sur son sommeil. Sa respiration était calme. Sa poitrine se soulevait lentement et régulièrement. Rien ne venait trahir une émotion ou une peur.
J’aurais tant aimé que cette nuit ne s’arrête jamais pour qu’elle n’ait pas à se lever pour aller affronter cet homme et, peut-être, rencontrer la mort.
Louis se réveilla et ses premiers gestes furent de me sourire et de m’embrasser.
Je la serrai contre moi, voulant la retenir.
Elle se leva malgré tout. Elle fit une toilette rapide et s’habilla. Elle revêtit ses habits d’homme avec lesquels elle m’avait séduite mais qui étaient aussi à l’origine de notre drame.
Puis, comme elle en avait pris l’habitude, elle colla à sa lèvre ses moustaches qui complétaient son déguisement.
Elle glissa son épée dans son fourreau, prit son chapeau.
Le moment, tant redouté, de notre séparation était arrivé.
*
Je quittai mon lit, nue, et vins me jeter dans ses bras. Elle me retint contre elle, couvrant mon visage de ses baisers.
- Louis, revenez-moi. Je vous en supplie.
- Ne pleurez pas ma chérie. Je vais revenir, je vous le promets. J’ai trouvé mon paradis sur terre. Il est entre vos bras. Celui du ciel ne me tente pas.
- Louis, je ne pourrais pas vivre sans vous. S’il vous arrivait quelque chose...
- Il ne m’arrivera rien. Je vais ne faire qu’une bouchée de votre galant... Mais Alice, vous devez me faire une promesse à votre tour...
- Laquelle ?
- Si je ne revenais pas de ce duel...
- Louis...
- Promettez-moi de continuer à vivre et à aimer...
- Louis...
- Promettez-le-moi, Alice. Sinon, je n’aurai pas l’esprit libre pour me battre contre cet homme. Si je sais que vos intentions sont de me suivre partout où j’irai, même...
Je l’empêchai de finir sa phrase en écrasant ses lèvres d’un baiser.
Elle me tint longtemps embrassée. “Je vous le promets Louis”.
Tout à coup nous entendîmes qu’on frappait à notre porte.
- Alice. C’est Adam Pitt. Il vient me chercher pour m’accompagner sur les lieux du duel. Je dois vous dire au revoir, ma chérie.
- Louis, Louis, je vous aime. Je vous aime. Je veux aller à ce duel avec vous.
- Il n’en est pas question. Obéissez à votre seigneur et maître.
- Louis, vous parlez comme un homme...
Elle se mit à rire.
- N’est-ce pas ce que tout le monde croit que je suis ? J’en ai les inconvénients mais aussi les avantages. Retournez vous coucher. Je serai bientôt de retour. Je vous aime, ma chérie.
Elle me reconduisit à notre couche et déposa un dernier baiser sur mes lèvres.
Puis, elle sortit et referma sur elle la porte de notre chambre.
*
Je bondis de notre lit et revêtis à la hâte des vêtements choisis dans la garde-robe de Louis : chemise et gilet, culotte et bottes cavalières. Je pris une de ses vestes et un chapeau. Je nouai mes cheveux dans une tresse grossière.
Dans le salon, je m’emparai de deux pistolets que je glissai dans les poches de ma veste.
Je sortis dans la rue. Je vis le cheval que j’avais loué et le palefrenier qui le tenait par les rênes. Je jetai quelques pièces à cet homme et sautai en selle. L’aristocrate campagnarde que j’étais, savait parfaitement monter à cheval comme l’aurait fait un homme.
Je mis ma monture au galop. La calèche qui emportait Louis et Adam Pitt n’avait que quelques minutes d’avance sur moi.
Je savais que le duel avait lieu dans le village de Greenwich. Mais cette bourgade était déjà grande. Plus de quatre mille âmes et j’ignorais l’endroit exact de la rencontre.
Enfin, je vis l’équipage de Louis et d’Adam Pitt. Je ralentis l’allure et les suivis de loin afin de ne pas être vue.
Nous arrivâmes dans les alentours de Greenwich, dans un champ près d'un petit bois. Louis et Adam Pitt descendirent de la calèche. Je m’arrêtai à une centaine de mètres sous le couvert de quelques arbres et attachai mon cheval. Je m’approchai lentement en me dissimulant du mieux que je le pouvais.
J’étais si près de Louis et d’Adam que je pouvais les entendre parler. Ils attendaient. John Smith et ses témoins se faisaient désirer.
Enfin, après quelques longues minutes, trois cavaliers apparurent. L’un d’eux était bien ce jeune homme présomptueux avec lequel j’avais badiné quelques jours plus tôt. Je le regrettais amèrement à présent.
Je les vis se parler. Puis Louis et John ôtèrent leur veste et s’écartèrent légèrement l’un de l’autre, l’épée à la main.
Ils croisèrent le fer, puis, sur un ordre d’Adam Pitt, ils commencèrent à se battre.
*
John Smith se jeta sur Louis comme un taureau furieux. Il était visible qu’il voulait battre son adversaire en utilisant sa force contre lui.
Louis recula sous l’assaut. Mais, comme le roseau de la fable, elle plia sans rompre. Rapidement, elle reprit l’avantage. Elle maniait l’épée avec science, parant rapidement les coups de John, esquivant ses attaques.
Je constatai avec horreur que, si Louis cherchait simplement à désarmer John, puiqu’aucun de ses coups ne menaçait sa vie, les intentions du jeune homme étaient tout autres.
La pointe de son arme visait son coeur.
Le combat durait depuis de longues minutes qui, pour moi, passaient comme des heures. Il était visible que, si John avait pu faire illusion au début du combat par ses attaques désordonnées, il commençait à faiblir. Il reculait, laissant le terrain et l’avantage à Louis.
J’étais rassurée. J’étais certaine que, par son calme et sa maîtrise de l’escrime, elle allait triompher.
Mais, tout à coup, sans que je comprenne pourquoi, elle porta la main gauche à son cou et baissa son épée. Profitant de ce bref moment d’inattention, John bondit alors et tenta de lui porter un coup dans les côtes. Louis parvint à écarter la lame avant qu’elle n’atteigne son corps.
Elle semblait souffrir. Quand elle retira sa main, je vis que le col de sa chemise était trempée de son sang et que la tache grandissait.
Je ne comprenais pas que Louis ait pu être blessée. J’étais persuadée qu’aucun des coups de John n’avait porté.
C’est alors que j’entendis un bruit provenant des buissons devant moi et que je le vis.
Un homme se cachait. Il ressemblait à ses indiens algonquins que nous avions vus sur les docks de New York. Je vis qu’il portait à sa bouche un fin tuyau, long comme une flûte. Il le dirigeait vers Louis.
Je compris immédiatement qu’il s’agissait d’une arme indigène qui devait lancer des projectiles au loin. L’un d’eux venait de la blesser au cou.
Je sortis mes pistolets des poches de ma veste et m’approchai de l’homme.
Trop occupé à glisser une nouvelle pointe dans son arme, il ne me vit qu’au moment où je braquai un de mes pistolets contre son dos.
- Jetez cette arme et levez les bras ou je vous fais sauter la cervelle !!!
En temps ordinaires, j’aurais été terrorisée à l’idée de menacer un de ses guerriers farouches, mais sauver la vie de Louis me donnait tous les courages. L’homme dut le sentir car, il obéit immédiatement.
- Avancez !!!
Nous sortîmes des buissons.
Je vis que Louis était en très fâcheuse posture. Souffrant et manquant de force, épuisée par la perte de son sang, elle avait été désarmée par John Smith qui s’apprêtait à lui porter le dernier coup.
Je tirai un coup de feu en l’air qui eut pour effet d’interrompre immédiatement le duel. Les adversaires et leurs témoins restèrent figés, sidérés par le spectacle que l’indien et moi offrions.
Lui les bras levés. Moi habillée en homme, les armes à la main. Je hurlai.
- John Smith, lâchez votre épée ou, par Dieu, ma seconde balle sera pour vous !
Il n’osa pas se rebeller et jeta son épée.
Je me précipitai vers Louis qui était tombée assise. Je vis tant d’amour dans ses yeux. Elle se confiait entièrement à moi.
J’ouvris le col de sa chemise ensanglantée et vis la pointe d’acier qui sortait de son cou. Elle était plantée à deux centimètres tout au plus de la veine carotide.
J’étais folle de rage.
- Cet homme était caché dans les buissons. Avec une sorte de tuyau porté à sa bouche, il lançait des projectiles sur mon époux !
Adam Pitt se pencha sur Louis.
- C’est ma foi vrai. Notre ami est blessé au cou. Je vois la pointe d’acier qui l’a touché. Je connais cette sorte d’arme. Elle s’appelle une sarbacane. Elle est couramment utilisée dans les états d’Amérique du Sud.
L’un des témoins de John se tourna vers lui.
- John, que fait ici votre serviteur indien ? Je n’ose pas comprendre...
- Moi je comprends trop bien. Vous avez voulu mettre toutes les chances de votre côté par peur de la supériorité de mon époux !
John baissait la tête, accablé par sa propre lâcheté et par le déshonneur qui l’atteignait.
Louis soupira, accaparant de nouveau toute mon attention.
- Je dois ramener mon époux chez nous pour le soigner. Adam, laissez-nous la calèche. Vous trouverez un cheval dans le chemin à cent mètres. Messieurs, je vous attends tous dans deux heures dans notre demeure. Nous y réglerons le sort de John Smith. En attendant, pas un mot à quiconque.
J’avais parlé avec une telle autorité, que pas un seul de ces hommes n’osa me contredire. J’emmenai Louis dont la chemise et le gilet étaient poisseux de sang.
*
La calèche nous emporta au grand galop. Quelques minutes plus tard, nous étions chez nous. Je fermai la porte à double tour et conduisis Louis dans notre chambre.
Je lui retirai vêtements et corset et la couchai dans notre lit.
La pointe d’acier était toujours dans son cou, un ruisseau de sang s’échappant de la blessure. Il ne servait à rien de retirer ce projectile si l’on ne refermait pas la plaie en la cautérisant.
Je ranimai le feu en jetant une bûche dans la cheminée. Je passai la lame d’un couteau dans les flammes.
- Louis, je vais vous faire mal, très mal, mon amour.
- Je sais, Alice, je sais. L’amour ça fait toujours mal.
- Comment pouvez-vous trouver la force de plaisanter en un tel moment ?
- A quoi servirait de se lamenter ? Et puis je suis nue entre vos bras...
- Voulez-vous un objet à serrer entre vos dents ?
- Pour éviter de crier ? Non Alice, je n’ai pas de ces ridicules pudeurs masculines.
Je décidai d’agir vite car elle continuait à perdre son sang.
Je saisis la pointe en acier et l’arrachai vivement du cou de Louis puis, de l’autre main, je posai sur la plaie la lame chauffée à blanc par les flammes. La blessure se referma aussitôt, cessant de saigner.
Louis poussa un hurlement de douleur et perdit connaissance.
Son corps reposait, comme sans vie, sur le lit.
*
Je posai la main sur son coeur et j’en sentis les battements sous mes doigts.
Elle n’était qu’évanouie. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration.
Louis était nue. Abandonnée et offerte. Je pouvais tout à loisir admirer le velouté de sa peau, le satin de son ventre, le galbe de ses cuisses.
Mes doigts reposaient sur son sein. Je ne pus m’empêcher de le caresser par de légers effleurements.
Dans son inconscience, elle poussa un soupir de plaisir.
Je me détestais de ressentir ce que je ressentais. De vouloir ce que je voulais. Elle était si faible mais si troublante. Si tentante.
Je ne voulais plus voir la plaie que j’avais brûlée. Elle flétrissait son corps parfait. Je posai sur la blessure un pansement que je fis tenir au moyen d’un mouchoir blanc noué autour de son cou.
Louis avait retrouvé sa perfection.
Je fus reprise par cette faim qui me dévorait. Je n’arrivais pas à réfréner mes pulsions. Intérieurement, je brûlais. Je retirai la veste qui m’étouffait et la jetai sur un fauteuil.
J’étais bottée et habillée comme un homme. Je ressentais cette force qui me permettait d’oser et de prendre. Mais en même temps, j’étais honteuse de ce que je m’apprêtais à faire.
Son inconscience me permettait toutes les audaces. Sa faiblesse en faisait ma chose. Elle était à ma merci.
Je m’assis sur le lit, à côté d’elle.
Je me mis à caresser les contours de son corps. Le simple contact de sa peau sous mes doigts me faisait trembler.
Elle gémissait, m’encourageant à poursuivre l’exploration de ses courbes.
Mes mains suivaient l’arrondi de ses épaules et de ses seins. Son ventre invitait mes caresses. Ses cuisses appelaient mes baisers.
J’avais envie de mordiller sa chair, de m’en repaître.
Elle était allongée sur le lit, semblant dormir. Je glissai mes mains sous elle et caressai son dos. Jusqu’à la cambrure de ses reins. Jusqu’aux tendres monts de ses fesses. Elle gémit.
Puis mes mains suivirent les muscles longs de ses cuisses, s’arrêtant au creux des genoux que je frôlai, provoquant un nouveau gémissement.
Chaque effleurement, chaque regard posé sur son corps, accroissaient l’envie que j’avais d’elle.
Je posai ma paume sur son pubis. Je m’insinuai entre ses lèvres. Je la provoquai. Elle laissa sur mes doigts l’empreinte de son propre désir.
Inconsciente encore, elle fit rouler ses hanches. Elle cambra ses reins. Elle m’attendait.
Nos désirs se répondaient. Alors, je pris ses lèvres entre les miennes. Je les léchai. Ma langue fouillait son sexe, le labourant sans relâche.
J’entendis alors sa voix. Le plaisir qu’elle ressentait l’avait réveillée. Elle se laissa faire, encourageant mes assauts. Je sentis ses mains posées sur ma nuque et ma tête. Ses mains qui me maintenaient et me guidaient.
- Alice, Alice...
Elle écarta les cuisses. J’en caressais la peau si sensible. Puis je la pénétrai jusqu’à ce qu’elle jouisse. Elle cria mon nom.
Je ne bougeai plus. Ma joue était posée sur son ventre. Mes bras entourant ses reins.
*
De longues minutes s’écoulèrent pendant lesquelles nous tentâmes de reprendre nos esprits. J’étais confuse de me voir bottée et vêtue comme un homme à côté de son corps nu. J’avais honte d’avoir commis ces gestes sur elle, alors qu’elle était inconsciente. Enfin, j’osai rompre le silence.
- Je me suis comportée comme le pire soudard.
- Je doute qu’un soudard se préoccupe du plaisir de sa victime.
- Je vous demande pardon Louis. Je ne sais pas ce qui m’a prise. En vous voyant nue, si belle, si désirable...
- Alice, Alice. J’étais en votre pouvoir et vous en avez profité... pour mon plus grand plaisir... N’ayez pas de regret car je n’en ai aucun... Et embrassez-moi.
Je lui obéis. Elle me taquina.
- Quel effet cela vous fait-il de porter ces habits d’homme ? Je me doute un peu de votre réponse...
- J’ai l’impression d’une liberté mais aussi d’une toute puissance. Ce droit ancestral d’imposer sa loi aux femmes. La liberté est grisante. La toute puissance est inquiétante.
- Vous allez devoir imposer votre loi à John Smith. Qu’avez-vous décidé ? Qu’allez-vous faire de lui ?
- Son sort m’importe peu quand je songe à ce qu’il aurait pu advenir de vous. Quand je songe au moyen qu’il avait trouvé pour pouvoir triompher dans ce duel...
- Alice. Il a agi par peur et par lâcheté. Mais n’oubliez pas qu’il est d’une famille puissante et que nous ne sommes rien d’autre que des fugitives. Ne lui donnez pas de motifs de se venger ou de nous nuire. La faveur de George Washington peut ne pas durer...
*
Quand Adam Pitt, John Smith et ses deux témoins se présentèrent, je les rassurai sur l’état de santé de Louis.
Sa blessure était plus spectaculaire que dangereuse. Mon époux allait se rétablir rapidement car il était robuste.
Bien sûr, il leur était impossible de voir Louis qui dormait dans notre chambre.
Je leur proposai de taire les événements de la matinée. Je fis le serment, et cela valait aussi pour Louis, de ne rien dire du lâche stratagème de John. Sa ruse resterait à jamais enfermée dans le secret de nos mémoires.
Je leur proposai de proclamer Louis victorieux du duel. Ce qui n’aurait pas manqué d’advenir, sans une certaine intervention extérieure. Je ne fus pas contredite.
Quant à John, il valait mieux qu’il quitte immédiatement New York. Il devait, au plus vite, regagner son régiment ou retrouver sa famille en Virginie.
Ils acceptèrent cette solution et promirent le secret.
Nous éprouvions tous un soulagement.
L’honneur de John Smith et de sa famille était préservé.
La vie de Louis était sauve. C’était la seule chose qui comptât à mes yeux.
*
Louis se rétablit vite. Très vite. Il est vrai que je l’entourai de tant de soins et d’amour... Aucune blessure n’aurait pu leur résister.
Quand nous pûmes enfin quitter notre maison et retrouver la bonne société, ses réceptions et ses bals, nous constatâmes que la renommée de Louis avait encore prospéré.
Il se disait dans le monde qu’il avait triomphé de John Smith. Sa réputation de fine lame était intacte.
Nous apprîmes aussi que, dès le lendemain du duel, John Smith avait quitté New York pour retourner, pendant quelques semaines, auprès de sa famille avant de regagner son régiment.
Son domestique indien ne l’accompagnait pas.
L’homme avait été retrouvé, noyé, dans les eaux de la rivière Hudson.
*
La disparition tragique du complice de John Smith fut, pour Louis et moi, un coup brutal.
Nous devinions trop bien les circonstances de son décès. Il était clair, à nos yeux, que John avait voulu éliminer un témoin gênant dont le silence n’était pas assuré.
Nous devinions trop bien les circonstances de son décès. Il était clair, à nos yeux, que John avait voulu éliminer un témoin gênant dont le silence n’était pas assuré.
A présent, aucun secret ne pouvait plus sortir de sa bouche pleine de terre.
Le sort d’un indien importait peu aux nouveaux maîtres de l’Amérique. Personne n’inquiéta John pour ce décès. Personne même ne l’interrogea sur les conditions de sa mort.
Je me rendis compte à quel point j’avais mal jugé John Smith. Ce gentil compagnon de danse se révélait être lâche, fourbe et dangereux.
Je regrettai que Louis ait retenu ses coups pendant le duel et ne l’ait point tué.
J’étais heureuse de son départ et priais pour que nous n’ayons jamais plus l’occasion de le voir.
*
Elle enseignait le français. Je réalisais des portraits.
Le bruit courait que New York allait, dans les mois qui venaient, perdre son statut de capitale des Etats Unis d’Amérique au profit de la ville de Philadelphie.
New York jetait donc ses derniers feux de capitale. Et ils étaient superbes. Réceptions et bals se succédaient.
Nous étions, plus que jamais, les héros français que la bonne société s’arrachait.
Dans les salles de bals, Louis se montra plus hardie. Elle osa sortir de la pénombre des salons, uniquement éclairés aux chandelles, pour se risquer à danser avec moi. Elle voulait s’amuser après avoir failli perdre la vie.
Il est vrai aussi qu’elle ne voulait plus courir le risque que je séduise un autre John, tout aussi fou que lui.
Les duels, nombreux, auxquels Louis avait participé, les adversaires fameux dont elle avait triomphé, rendaient impossible qu’on la reconnaisse pour ce qu’elle était : une femme.
L’éducation que Louis avait reçue de son père, l’apprentissage de la voile, lui avaient donné la robustesse d’un garçon, sans détruire cette élégance et cette beauté qui m’avaient envoûtée.
Je constatai alors que Louis plaisait et même plaisait beaucoup. Ce n’était pas une découverte pour moi. Je me souvenais qu’en France, Charlotte de Carabas, avait tenté de séduire celle qu’elle prenait pour un homme.
Avec dépit, je dus me résoudre à partager Louis avec nos hôtesses qui s’étaient toutes entichées de ce jeune français qui savait tout à la fois manier l’épée et le compliment.
*
Je savais pertinemment que j’étais mal placée pour lui faire le reproche de sa conduite. Pourtant un soir, alors que nous venions de rentrer chez nous, je ne pus m’empêcher de faire allusion à ce jeu dangereux qui consistait à danser avec ces jeunes femmes.
- Louis croyez-vous qu’il soit très prudent pour vous de passer des heures en compagnie de ces femmes ? Elles pourraient découvrir votre secret.
- Je ne crois plus qu’il faille se soucier de cela. Les personnes qui nous reçoivent me considèrent définitivement comme un homme... Un homme qui a la chance d’avoir une délicieuse épouse pour laquelle il n’a pas craint de se battre en duel.
- Je crois tout de même que vous prenez un risque...
- Le risque d’être séduite par une autre que vous ?
- Louis ! Comment pouvez-vous dire une telle chose ?
- Vous voulez exercer un contrôle sur mes distractions. Je me permets de vous rappeler que je ne suis pas intervenue quand vous badiniez avec John Smith...
- Et vous avez eu tort de ne pas le faire...
- Je ne suis pas une gamine écervelée et je sais ce que je fais !
- Louis ! Jamais encore vous ne m’aviez parlé sur ce ton. Jamais vous n’aviez haussé la voix contre moi.
- Vos reproches sont ridicules et injustes. Je suis depuis toujours enfermée dans la prison de ce sexe qui n’est pas le mien. Je suis obligée de me contraindre et de me dissimuler. J’ai toujours agi avec prudence. Jamais je n’ai cherché à susciter chez les autres de sentiments pour moi. J’ai même tenté de vous fuir quand j’ai compris que vous m’aimiez. Alors oui, vos reproches sont ridicules et injustes. Ils sont odieux !
Sa colère, la première que je subissais, fut comme un coup de tonnerre. Jamais il n’y avait eu le moindre sujet de dispute entre nous.
Plutôt que de signer la paix, je pris une mine boudeuse. Je me dirigeai vers notre chambre et j’en refermai la porte, à clef, sur moi.
Je me couchai, seule, dans notre lit et attendit que le sommeil vienne. Les heures passèrent. Je l’attendais toujours.
*
Je me levai et, avec d’infinies précautions pour ne pas faire de bruit, j’ouvris la porte de notre chambre. Je descendis l’escalier qui menait au salon.
Je la vis à la lumière d’une chandelle qui achevait de se consumer.
Elle s’était assise dans un fauteuil où elle s’était assoupie.
Je la contemplai quelques longues minutes, ne sachant quel parti prendre. La laisser dormir là où elle se trouvait ? La réveiller et la laisser me rejoindre ?
J’étais là, hésitante, quand tout à coup un bruit dans la rue la tira de son sommeil. Elle leva la tête et me vit, interdite, devant elle.
Elle se leva et fut sur moi en deux pas. Elle me parla d’une voix sourde.
- Vous m’avez interdit la porte de votre chambre. Maintenant, vous ne me l’interdirez plus...
Elle me prit fermement par la taille, me souleva légèrement et me plaqua contre elle.
Je me laissai faire. J’enlaçai son cou de mes bras et nouai mes jambes autour de ses reins. Elle m’emporta vers notre couche.
*
Alors que nous montions l’escalier, elle m’embrassa avec voracité. Son corps tremblait contre le mien. J’eus l’impression qu’un gouffre s’ouvrait devant nous. Impatiente, elle marchait en trébuchant. Enfin, elle me déposa sur notre lit et se déshabilla, arrachant ses vêtements et les jetant au sol.
Elle se tourna vers moi. Je n’eus pas le temps de faire un geste qu’elle avait saisi ma chemise. Elle en déchira le tissu d’un geste sec. A mon tour, j’étais nue devant elle.
Elle était prise d’une telle transe érotique que j’en étais effrayée. Je compris qu’elle voulait assouvir ses désirs de façon brutale. Sans que je puisse lui opposer ma volonté. J’étais sa prisonnière.
C'était une inconnue qui se tenait en face de moi, son regard me brûlait.
Elle se pencha brusquement et elle me prit dans ses bras avec une telle force, une telle passion qu'elle me fit presque mal. Enfin, elle relâcha un peu son étreinte et, m'embrassa avec une ferveur telle que plus rien ne comptât pour moi que ses lèvres errant sur mon corps, sa voix fiévreuse qui me répétait qu'elle me voulait, que j'étais à elle...
Je m'abandonnai à son désir, à cette force que je n'avais jamais osé soupçonner, que je n'avais jamais osé... espérer. Un violent frisson me parcourut, je crus à cet instant devenir folle et je répondis à sa passion, collant mon corps au sien.
Elle me prit sans plus attendre tant son envie de moi était grande et je m'abandonnai, heureuse et vaincue, à cette faim dévorante qui me submergeait. Qui me dépassait.
*
Louis, encore endormie, reposait sur le ventre, à côté de moi. Son bras enlaçait mes reins, me retenant captive. Comme à sa disposition.
Je la regardai.
Sa tête était posée sur l’oreiller que ses poings avaient écrasé où moment où elle avait joui. Son beau visage ne reflétait plus cette tension douloureuse qui l’avait saisie quand le plaisir l’avait engloutie.
Elle semblait presque fragile maintenant que j’avais apaisé le feu qui la dévorait.
Je rougis au souvenir de notre nuit. Une femme de mon rang se devait de rougir.
Pourtant, dans la chaleur de cette nuit, Louis m’avait donné une nouvelle preuve de son amour et je le savais.
Je posai la main sur sa joue. Je voulais en sentir la douceur veloutée sous mes doigts. J’effleurai son épaule et son sein, si ronds, si chauds.
Elle était tellement femme en cet instant, tellement femme. Et pourtant, cette nuit, elle m’avait aimée avec la rudesse d’un homme.
Elle se réveilla au contact de ma main. Elle poussa un soupir et ouvrit les yeux. Elle me regarda et me sourit. Se dressant sur un coude, elle s’approcha et baisa mes lèvres.
- Alice, mon amie... vous ne dormez plus ?
- Comment pourrais-je dormir après une telle nuit. Vous m’avez surprise Louis. Vous sembliez si différente de ce que vous êtes. La passion avec laquelle vous m’avez prise...
- Ne suis-je pas toujours passionnée quand je vous tiens dans mes bras ?
- Louis vous avez fait montre d’une ardeur digne de celle d’un homme.
Elle se mit à rire.
- Alice, ni vous ni moi ne possédons d’éléments de comparaison. Vous parlez par ouï-dire. Et peut-être pas même, car je doute que votre mère vous ait éclairée sur les ardeurs masculines.
- Louis ne vous moquez pas de moi. Vous savez très bien ce que je veux dire...
- Oui, je le sais. J’étais en colère contre vous, Alice... Et je ne vous ai pas ménagée. Je n’ai pas ménagé votre pudeur et je ne vous ai pas demandé l’autorisation de vous aimer. Je n’ai écouté que mon seul désir. Je vous ai forcée. C’est en cela que je me suis comportée comme un homme. Et un des moins recommandables.
- Je n’avais pas l’intention de me plaindre.
- C’est aussi que, parfois, je ne sais plus ce que je suis. Toute la journée, je vis en calquant mon comportement sur celui des hommes qui m’entourent. En essayant d’en prendre le meilleur. Je dois être un homme et un époux pour les yeux qui nous regardent. Mais pour vous ma chérie, qui savez tout de moi, je ne veux être qu’une amante qui vous comble.
- Vous me comblez, Louis... Vous m’avez apporté ce que je rêvais de connaître, l’amour. Et vous me donnez le plaisir, dont j’ignorais même qu’il existait.
- Je ne vous ai pas choquée cette nuit ?
- Non Louis, vous m’avez étonnée mais vous ne m’avez pas choquée. Je suis prête à aller très loin avec vous... Aussi loin que vous le voudrez...
- Alice, Alice, je ne ferai jamais rien qui vous blesse ou vous rebute. Je vous le promets.
Elle se blottit contre moi, posa sa tête au creux de mon cou. Je sentis sa main qui suivait les courbes de mon corps et qui finalement vint se poser sur mon sexe.
Je plongeai mes doigts dans le flot de ses boucles brunes. Le plaisir qu’elle m’offrait irradia tout mon corps.
Fin de la première partie
Vous pouvez lire la suite des aventures
d'Alice et Louis dans le récit
Révolutions 2 -Philadelphie
je vais m'auto-censurer à lire ce genre d'écrits...(rires) Gustave c'est le coeur volcan, de la lave en fusion qui coule dans leurs veines!
RépondreSupprimerMerci.
B a b a
Magnifique, merci Gustave
RépondreSupprimerRamsès 88
Merci pour la superbe suite Gustave, c'est toujours un vrai plaisir que de te lire
RépondreSupprimerFF fantastique qui promet comme toujours ;)
RépondreSupprimerAlice et Louis s'aiment à s'en brûler la peau et c'est merveilleux ! !
Début érotique, je suppose que la suite suivra le même chemin ^^ En tout cas, j'ai hâte de voir l'évolution de leur mariage et surtout comment ils vont réussir à gérer tout ça =)
Bon courage pour l'écriture ^^
A dans une semaine ! !
Les mots me manquent pour décrire cette magnifique suite : je resterai donc sans voix.
RépondreSupprimerj'adore le passage quand Alice attends toute tremblante et que Louis s'empare...de son épée etc...cela m'a fait beaucoup rire.
RépondreSupprimerMerci Gustave.
B a b a
Toujours aussi magnifique ^^
RépondreSupprimerQue d'amour, c'est merveilleux
Quel doux récit, toujours aussi merveilleux .
RépondreSupprimerRamsès 88
J'adore voir nos deux héroînes evoluées dans cette époque tourmentée. Jolie page d'histoire et de sensualité.
RépondreSupprimerMerci.
B a b a
Magnifique, merci Gustave
RépondreSupprimerRamsès 88
merci beaucoup gustave j'adore toujours tes récits.Et j'attends toujours avec impatience tes suites
RépondreSupprimerToujours ussi prenant, merci Gustave.
RépondreSupprimerRamsès 88
Inquiétante cette suite avec la menace qui pèse sur Alice et Louis...
RépondreSupprimerQuel suspens et quel beau récit, merci Gustave !
STEF31
Allons bon louis qui va devoir se battre...
RépondreSupprimerElles doivent être mignonnes nos deux héroïnes habillées en homme. Le chevalier d'Eon fait des émules.
Merci.
B a b a.
Superbe comme d'habitude, hâte de lire la suite
RépondreSupprimerTrès enlevée cette suite.
RépondreSupprimerDe l'action , des sentiments, un complot (pas de bossu (rires)): tous les ingrédients essentiels à un bon film de "cape et d'épée".
Bravo!
B a b a
Je commence par "Révolutions" car j'ai adoré "Portrait". Et c'est un réveil en fanfare. Moi qui adore l'action et les histoires chevaleresques je suis servie.
RépondreSupprimermerci Gustave, me voilà grâce à toi complètement réveillée.
Nath
Merci de poster régulièrement, j'aime beaucoup tes récits
RépondreSupprimerToujours aussi captivant.
RépondreSupprimerRamsès 88
Palpitante cette suite avec Louis toujours aussi héroîque !
RépondreSupprimerHate de découvrir comment elles vont sauver le président...
Merci Gustave !
Stef31
Superbe récit qui transporte le lecteur au 18ème siècle et mêle habilement suspense et émotions de toute nature.
RépondreSupprimerL'intrigue est vraiment plus que recherchée ^^
RépondreSupprimerOn se croirait plongé dans cette époque :)
Que d'amour entre Alice et Louis ! !
(Je finirais de lire les autres suites ce soir si le temps m'est permis ^^)
Splendide suite, j'adore beaucoup ce récit
RépondreSupprimerTrès jolie visite dans le passé. Précise et reherchée.
RépondreSupprimerMerveilleux récit. Que de talent Gustave.
Merci.
B a b a.
Excellente suite !!
RépondreSupprimerToujours aussi bien rédigée...
Ramsès 88
Jolie suite encore avec Alice qui fait preuve d'un trés grand courage !
RépondreSupprimerToujours passionnant !
Merci Gustave!
Stef31
En effet, leurs efforts et leurs risquent ont payé, maintenant elles seront, en quelque sorte, à l'abri, où qu'elles soient ^^
RépondreSupprimerDéjouer un complot offre bien des avantages. Ce qui me fait sourire c'est qu'elles soient reçues dans les meilleures sociétés sans que personne ne se doute de rien.
RépondreSupprimerBravo. Et merci une nouvelle fois pour cette leçon d'histoire.
B a b a.
Magnifique, j'espère un retour de nos héroïnes en France pour bientôt !
RépondreSupprimerTrés jolie suite avec les deux héroines qui ont droit aux plus grands honneurs !
RépondreSupprimerMerci Gustave!
Stef31
C'est vraiment un regal de te lire a chaque fois. merci beaucoup beaucoup de nous offrir ton talent et vivement la suite.
RépondreSupprimerRamsès 88
Je trouve ça normal que Georges Washington leur donne le droit à la liberté, c'est un des pères fondateurs des droits des états-unis mais c'est si admirablement raconté.
RépondreSupprimerMerci.
Nath
La suite des aventures américaines de nos deux héroïnes est toujours aussi passionnantes.
RépondreSupprimerAmour et histoire sont habilement mêlés pour le plus grand plaisir du lecteur.
C'est tellement bien écrit ^^
RépondreSupprimerJe me demande comment tu arrives à trouver les tournures des phrases (enfin, je veux dire, les tournures de phrases de l'époque)
De l'action ^^ Nous ne demandons que cela ! !
C'est très simple, Ninie. Je lis des pièces de théâtre de cette époque. Molière, Beaumarchais, Corneille, Racine...
RépondreSupprimerPas faux xD
RépondreSupprimerA part Molière et Marivaux, j'ai du mal à me mettre dedans >_<
Comment se John Smith peut il se montrer aussi impudent?
RépondreSupprimerJe souhaite que Louis l'embroche comme un poulet de Bresse. Je ne suis pas charitable mais tant pis.
Merci Gustave. Tu surfes avec tant de talent d'une nouvelle à l'autre que j'en suis baba.
B a b a.
Toujours pleins de rebondissements dans cette fresque historique. Merci mille fois.
RépondreSupprimerInfiniment touchante la détresse et la pudeur de Louis.
RépondreSupprimerJ'aime l'idée de ce duel. Quoi de plus romantique que de se battre pour l'amour et l'honneur de sa dulcinée.
Nath
Merci Gustave.
RépondreSupprimerRamsès 88
Magnifique suite; l'insouciance d'Alice et de ses 17 ans, les doutes et la peine de Louis, leur passion amoureuse et cette provocation en duel...
RépondreSupprimerMerci Gustave de nous transporter d'émotions en rebondissements !
Stef31
Belle alternance d'histoire avec un grand H et de séquences intimes : dans les deux cas, les aventures des deux héroïnes sont toujours aussi palpitantes !
RépondreSupprimerAlice a des arguments... redoutables.
RépondreSupprimerLouis devrait oublier le code d'honneur pour ne se consacrer qu'à sa belle.
Oups en même temps si Louis fait ça il n'y a plus d'histoire! (rires).
Merci Gustave.
B a b a.
Quel plaisir que de te retrouver chaque dimanche !
RépondreSupprimerTrés jolie suite encore, avec Alice qui "use" de ses charmes pour faire renoncer Louis à ce duel...
RépondreSupprimerQue de passion et romantisme !
Merci Gustave!
Stef31
Comment Louis peut-il tenir ses engagements? Moi à sa place...Non je ne dis plus rien.
RépondreSupprimerMerci Gustave, j'aime beaucoup ce récit et le mot est faible.
Nath
Quelle belle histoire d'amour.............
RépondreSupprimerRamsès 88
J'adore la complexité des héroïnes. Alice, coquette, passionnée et rusée. Louis, calme, réservée et passionnée. Quel couple !
RépondreSupprimerTu as réussi à me faire aimer Alice et Louis autant que j'aime Céline et Virginie. Bravo et merci
J'ai hâte de lire la suite. Merci
RépondreSupprimerC'est un réel plaisir de te lire tous les dimanches, merci .....
RépondreSupprimerRamsès 88
Quelle jolie suite... mais trop courte à mon gré. Je sais, je n’en ai jamais assez. Mais j’ai un mauvais pressentiment, surtout depuis que j’ai lu Un mort dans ce jardin. Céline annonce que son enquête est terminée... Tu ne vas pas arrêter d’écrire tes récits, dis ?
RépondreSupprimerJe vais continuer à écrire, Oscar. La semaine dernière, j'ai simplement manqué de temps pour le faire. J'ai consacré de longues heures à tenter de consoler une amie qui avait des peines de coeur.
RépondreSupprimerTrés touchante Alice qui trouve un moyen d'assister en secret au duel, pour transmettre des forces à son amour...
RépondreSupprimerMerci Gustave !
Stef31
"Obéissez à votre seigneur et maitre"??? C'est intéressant du point de vue psychologique mais absolument troublant. Louis oublie t il que c'est seulement un travestissement?
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Gustave, en fait tu nous offres des tas "d'histoires" dans l'Histoire.
Merci.
B a b a.
J'espère qu'il n'arrivera rien à Louis, merci Gustave
RépondreSupprimerLouis se montre trés "homme" pour rassurer Alice et la convaincre de ne pas faire de geste malheureux , quoi qu'il arrive...
RépondreSupprimerMerci Gustave !
stef31
Je compte vivement sur Gustave pour qu'il épargne Louis, personnage dont il a su, avec un grand talent, nous faire apprécier les multiples facettes.
RépondreSupprimerComment Alice a-t-elle pu trouver du charme à ce lâche individu et danser avec lui pendant des heures ? J'adore ce renversement de situation. Alice, habillée en homme, et Louis, "faible femme" entre ses bras. J'espère que Louis n'est qu'évanouie.
RépondreSupprimerToujours aussi palpitant, merci Gustave
RépondreSupprimerBon...la série continue, après les balles, la fléchette...
RépondreSupprimerJe suis comme Oscar, j'aime bien que Louis soit une "faible femme" et que Alice, enfin, semble maîtriser parfaitement la situation.
Merci.
B a b a.
Il y a toujours le petit rebondissement qui fait que l'on ne s'ennuie vraiment pas en lisant tes suites .......Merci.
RépondreSupprimerToujours aussi passionnant ce récit ! Quelle lache et odieux personnage ce John Smith...
RépondreSupprimerPourvu que Louis s'en sorte grace aux soins,plein d'amour, prodigués par Alice.
Merci Gustave et hate de lire la suite !
Stef31
Très belle scène d'amour entre nos deux héroïnes.
RépondreSupprimerMagnifique suite............
RépondreSupprimerRamsès 88
Merci d'avoir épargné Louis, ce qui nous réserve le plaisir de lire de nouvelles aventures qui, je n'en doute pas, seront fertiles en rebondissements.
RépondreSupprimerCe récit est un véritable enchantement.
Quel bonheur de voir que Louis est sauvée et délicieusement "réanimée" par les caresses et la passion d'Alice...
RépondreSupprimerTrés joli moment de lecture encore !
Merci infiniment Gustave.
D'un troublant érotisme ce récit...Alice habillée en homme et qui a toutes les audaces...J'adore.
RépondreSupprimerMerci.
B a b a.
"Autant en emporte le vent" mais il me revient à la mémoire, chaque dimanche, la saveur incomparable de tes récits...Pour mon plus grand bonheur Gustave.
RépondreSupprimerGrazie mille.
B a b a.
J'ai beaucoup aimé la jalousie d'Alice. Merci Gustave
RépondreSupprimerAlice jalouse à son tour et la première dispute pour ce couple si fusionnel, magnifique scène...
RépondreSupprimerMerci Gustave, j'adore !
Merci Gustave ...............
RépondreSupprimerRamsès 88
Louis qui, enfin, se laisse aller au plaisir de la danse et du badinage, qui se laisse gagner par la colère et qui donne libre cours à ses pulsions. Quelle scène et quel érotisme !
RépondreSupprimerDes moments passionnels très intenses, merci Gustave
RépondreSupprimerMagnifique suite, érotique, avec cette étreinte passionnée entre ce couple si fusionnel...
RépondreSupprimerMerci infiniment Gustave
Que d'amour ................
RépondreSupprimerRamsès 88
Louis révèle-t-elle le côté obscure de sa personnalité ? Une superbe scène à la fois érotique et sensible. Toute en retenue et en interrogations.
RépondreSupprimerLa frustration mène à bien des choses et dans le cas de Louis, à un désir exacerbé. Le hussard ce soir n'est pas sur "le toit" mais bien dans un lit, visiblement Alice ne s'en plaint pas. (rires)
RépondreSupprimerMerci Gustave, de Giono à Mitchell il n'y a qu'un pas que nous franchissons allègrement evec nos bottes de sept lieues.
B a b a.
Oh non, ne nous fait pas vivre encore un duel qui risque de mal tourner cette fois-ci ! en tout cas hâte de lire la suite
RépondreSupprimerexcellentissime !
RépondreSupprimerJe ne sais pas si les voyages forment la jeunesse mais il est clair qu'ils ne sont pas de tout repos. Si Louis murmurait "qu'est ce que j'ai été faire dans cette galère?", je ne serai pas étonnée.
RépondreSupprimerCourage Louis après tout ce n'est qu'un indien gigantesque et musclé.
Rien du tout en fait...quoique...(rires).
B a b a.
Ouf j'aime mieux ça, je n'aimais pas l'idée d'un duel.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup en revanche le dialogue entre Louis et Alice, beaucoup d'humour et de tendresse...C'est rafraîchissant. Gustave je te soupçonne d'être une incorrigible romantique...
Merci.
B a b a.
J'ai adoré le stratège de Louis, un vrai régal. Merci Gustave, vivement la suite dimanche prochain.
RépondreSupprimerToujours un régal ..............
RépondreSupprimerRamsès 88
Toujours aussi plaisant ce récit, avec ce voyage de New-York à Philadelphie de nos deux héroines et l'habile "ruse" de Louis face aux indiens...
RépondreSupprimerMerci Gustave
J'ai eu très peur que cet indien ne mette un terme aux aventures d'Alice et de Louis, auxquelles je suis devenue complètement accro. Quelle intelligence de la part de Louis et quelle vitalité !!!!!
RépondreSupprimerCaptivante encore cette suite avec l'arrivée du couple à Philadelphie; les voilà à présent confronter au douloureux problème de l'esclavagisme...
RépondreSupprimerMerci Gustave
Toujours aussi prenante, merci....
RépondreSupprimerRamsés 88
Le thème de l'esclavagisme méritait d'être évoqué.
RépondreSupprimerCe que j'aime chez toi Gustave, c'est que tu n'oublies rien.
Tara...Un nom qui évoque le sud, Judas...Celui là c'est un sale apôtre. (rires). Heureusement Louis ne s'en lave pas les mains.
B a b a.
L'amour avec un grand A, c'est ce que tu nous contes et nous racontes chaque dimanche.
RépondreSupprimerL'amour n'a pas de sexe? Jolie théorie...
B a b a.
Très belle histoire que tu nous racontes là Gustave, l'histoire de l'Amérique, l'esclavagisme et quelques hommes qui se battent contre, magnifique...
RépondreSupprimerTrés jolie suite encore, avec Louis et Alice qui reprennent la route vers un nouvel état et pour une noble cause...
RépondreSupprimerQuel beau modèle d'altruisme, de générosité et d'amour (l'amour n'ayant pas de sexe...)
Merci Gustave
Toujours aussi supplime, merci
RépondreSupprimerRamsès 88
Un grand coup de chapeau à la prodigieuse imagination de Gustave !
RépondreSupprimerUlysse! Euh ..Zut... Louis...Un petit conseil, résiste au chant des sirènes...
RépondreSupprimerB a b a.
Merci Gustave, tu nous laisses sur notre faim...
RépondreSupprimerEt joyeuses fetes à toi aussi ....
Ramsès 88
c'est magnifique et passionnant, comme toujours. J'aime cette plongée dans l'Amérique de l'esclavagisme, et
RépondreSupprimerdans cette époque si troublée. Et ton imagination fait le reste...
merci gustave.
Bonne année à toi aussi.
fred2638
Merci beaucoup pour cette suite triste mais touchante entre les deux héroInes. J'attends la suite avec impatience...
RépondreSupprimerBonne fête de fin d'année Gustave,
et au plaisir de te retrouver en janvier.
Enfer et damnation...!
RépondreSupprimerNom d'un petit bonhomme en sucre!
Tu as une drôle de façon de nous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année, Gustave.
Où est Louis?
Mais comme tu as du talent, je te pardonne dans ma grande mansuétude...(rires).
Je te souhaite, ainsi qu'aux lectrices et aux lecteurs de ton blog, une fin et un début d'année en fanfare! (comme tes récits).
Merci.
B a b a.
Quel régal de te lire
RépondreSupprimerChaque chapitre est un réel plaisir
Merci
J'aime énormément cette histoire, cette suite est un peu triste mais un grand merci de nous faire partager tes magnifiques récits.
RépondreSupprimerEt tout mes voeux pour 2010.
Ramsès 88.
Cent commentaires sur Révolutions !!!
RépondreSupprimerMerci infiniment et bravo !!! Gustave.
Trés jolie suite, trés poignante et triste, avec le sacrifice de Louis et le danger pour le couple...
RépondreSupprimerMerci Gustave et bonne fin d'année à toi, et déjà au plaisir de retrouver en 2010 !
Quelles suites magnifiques ! Et comme j'ai eu peur que Louis et Alice se jettent à l'eau. Bravo pour la leçon d'histoire sur l'esclavage en Amérique. Je te souhaite une très bonne année 2010. Comme Stef, j'espère qu'il y aura encore beaucoup d'autres récits sortis de ton imagination.
RépondreSupprimerSuperbe suite....
RépondreSupprimerEt meilleurs voeux 2010 à toi.
Ramsès 88
Très belle suite pleine de contradictions. Alice prête à mourir pour Louis mais que se refuse encore à elle...Paradoxe quand tu nous tiens! Très belle page d'histoire aussi.
RépondreSupprimerMerci.
B a b a.
Toujours aussi captivant, merci beaucoup Gustave, tu nous fais voyager
RépondreSupprimerCe n'est plus un récit, c'est une épopée et je trouve ça génial.
RépondreSupprimerPourquoi Alice tombe évanouie à la vue de quelques cadavres bien ensanglantés? Quelle petite nature celle-là!!!! (rires).
Merci Gustave.
B a b a.
Toujours aussi passionnant. Et voilà
RépondreSupprimerqu'Alice se lance elle aussi dans
la bataille !
hâte de savoir où tu nous emmènes.
Merci gustave.
Marie pierre
Quelle bataille, ouf elles s'en sortent bien malgré tout.
RépondreSupprimerRamsès 88
L'imagination de Gustave est décidément inépuisable et ne laisse pas au lecteur, ni aux héroïnes d'ailleurs, un instant pour souffler. Cet enchaînement de péripéties qui permet, à chaque fois, de découvrir un univers nouveau, est prodigieux.
RépondreSupprimerQuelle suite mouvementée, avec Alice trés courageuse qui prend le fer avec brio au coté de Louis et du reste de l'équipage !
RépondreSupprimerMerci Gustave pour ce récit toujours aussi prenant
J'ai parcouru l'ensemble de vos histoires, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. J'avoue néanmoins que j'apprécie énormément "portrait" et "révolutions... Sans doute parce que je suis prof d'histoire!
RépondreSupprimerContinuez à me surprendre avec vos écrits. J'écrit moi-même mais pour l'instant, je ne publie pas. Mais, je crois qu'à vous lire, je vais finir par le faire.
Bonne continuation
Hélas, personne, pas même Louis ne peut lutter contre la peste même avec un coupe-choux. Nos deux héroïnes voguent certes sur les flots mais surtout d'épreuve en épreuve.
RépondreSupprimerMerci Gustave, encore une belle leçon d'histoire, emplie d'émotions. Bref tout ce qu'il faut pour rendre un récit passionnant!
B a b a.
Les voilà à peine sauvées qu'un
RépondreSupprimernouveau danger, encore plus terrible, les menace...
De quelle manière vont-elles s'en sortir ?
Merci beaucoup Gustave pour cette histoire encore et toujours émouvante et si bien écrite. Et je te fais confiance pour nous les sortir de là avec brio !
Marie pierre
Ahhh et moi qui les croyais sortie d'affaires, quel rebondissement !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Gustave, hâte de lire la suite
Un complot, des duels, l'esclavage, des pirates et à présent la peste !!! Je ne sais pas si les voyages forment la jeunesse mais, en tout cas, les aventures d'Alice et de Louis font ma joie. Hâte de savoir comment elles vont se sortir de là !!!
RépondreSupprimerToujours aussi passionnant et plein de rebondissements ce récit; mais nos deux héroines vont être confrontés à la plus dure des épreuves avec ce fléau qu'est la peste...
RépondreSupprimerHate de lire la suite, même si je crains qu'elle ne soit doulouloureuse...
Merci Gustave
Gustave, comme tous les dimanches matin, j'ai trotté jusqu'à mon portable dans un quasi coma.
RépondreSupprimerLa caféine ne me réveillant que moyennement, j'ai lu, et là nom d'un petit bonhomme me voilà bien éveillée.
Ton récit est très riche, très intense, noir comme un récit de Dickens, avec une lueur d'espoir tout de même, Louis est sauvée.
Je suis méfiante tout de même, quelles épreuves nous réserves-tu? (rires).
Merci.
B a b a.
Quelle belle suite, j'espère qu'elles vont bientôt quitter ce navire avec d'autres survivants et poursuivre leur périple. Merci Gustave.
RépondreSupprimerMagnifique suite, avec beaucoup d'émotions; quelle belle preuve d'amour d'Alice, avec tout le courage et l'abgénation dans les soins portés à Louis...
RépondreSupprimerMerci infiniment Gustave
Très dure cette suite, mais très belle et réjouissante quant à son issue...en un mot magnifique !
RépondreSupprimerEncore Merci Gustave ! C'est un plaisir renouvelé de te lire chaque
dimanche.
Marie pierre
Ouf ! Voilà Louis tirée d'affaire ! Mais je crains maintenant pour Alice !
RépondreSupprimerPassionnante description de la peste, dont j'espère qu'elle épargnera Alice.
Quelle suite encore splendide : la folie des hommes... la fuite de nos deux héroines... je dévore cette FF, merci Gustave
RépondreSupprimerC'est toujours aussi passionnant.
RépondreSupprimerTu nous plonges vraiment dans cette
époque terrible et on ressent très bien l'angoisse des personnages
et l'horreur de ce qu'ils vivent...
Heureusement qu'une porte de sortie
semble s'ouvrir pour Alice et Louis.
Merci encore Gustave.
Marie pierre
Toujours aussi prenant, merci...
RépondreSupprimerRamsès 88
Quelle belle et passionnante suite, avec le réveil de Louis auprés de la courageuse Alice. Et l'espoir qui renait pour elles en fuyant la quarantaine, grâce à l'aide de leur ami Pitt.
RépondreSupprimerMerci Gustave
Cela devient un cauchemar éveillé. La peste, un équipage douteux mais j'adore le courage de nos deux héroïnes. On a envie de leur faire des bisous...Réflexion faite je vais attendre que Louis soit tout à fait guérie. (rires).
RépondreSupprimerMerci Gustave.
B a b a.
Quelle ingéniosité et quel rythme effréné !
RépondreSupprimerAh non pas Alice et le jour de leur fuite !!! vivement la suite pour voir ce qui va se passer.
RépondreSupprimerQuelle terrible fin avec Alice à son tour touchée par la peste au moment de fuir...
RépondreSupprimerMerci Gustave, le pire est à craindre pour la suite...
c'était trop beau ! L'épreuve n'est pas finie.
RépondreSupprimerMerci Gustave, tu sais toujours nous tenir en haleine.
Marie Pierre
Hate de lire la suite, tu nous laisses sur notre faim....
RépondreSupprimerRamsès 88
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerGustave, sans pitié, joue avec les nerfs de ses lecteurs : comment Alice surmontera-t'-elle cette nouvelle épreuve ?
RépondreSupprimerMadre de Dios! J'ai eu raison de ne pas leur faire de bisous...(rires).
RépondreSupprimerJ'entends une voix:
"L'eau suffira -t-elle à laver les pêchers de ces pauvres impures?" dixit Roger Prynne.
Il ne manquait plus que ça la peste et un fanatique.
Les filles, un conseil, tirez-vous!
Merci Gustave.
B a b a.