CLUEDO



Voici de nouvelles aventures de nos héroïnes. En lisant Big Apple, vous avez certainement compris que j’aimais beaucoup les films de Woody Allen. Alors, je me suis amusée à semer certaines de ses phrases dans le récit que vous allez lire. Afin de rendre à Allen ce qui lui appartient, j'ai imprimé ces citations dans une autre couleur.

Les images qui illustrent mon récit sont extraites du site Cluedopédie http://www.cluedopedie.com/

Pour des raisons qui tiennent au respect de leur image, j'ai légèrement modifié les noms des célébrités qui ont accepté de participer à mon récit.

Comme ils suivent une chronologie précise, il est préférable d’avoir lu les récits précédents, et notamment Enchères et Big Apple, pour comprendre :








Un verre de lait à la main, Rachel se tenait dans la cuisine où elle était venue se réfugier.

Elle était presque nue sous une longue chemise de pyjama en lin. Ses longs cheveux bouclés tombaient sur ses épaules. Une infinie tristesse noyait ses magnifiques yeux bleus.

Elle était mélancolique. Leur nuit avait été décevante. Il n’y avait plus dans leurs ébats le feu dévorant de leurs débuts.

Elle pensait à leurs premières étreintes. Quelle passion alors ! Ce besoin toujours renouvelé de frôler sa peau, de sentir son souffle sur ses seins. Le simple contact de ses mains sur son ventre, sur ses cuisses la faisait frissonner... La caresse de ses lèvres était une promesse...

Mais, peu à peu, la magie de la découverte s’en était allée pour laisser la place à une routine sans surprise et sans plaisir.

Elle en était arrivée au point de redouter leurs tête-à-tête, leurs corps-à-corps dans le même lit.

Comment cela avait-il été possible ? En si peu de temps ?

Elle l’aimait pourtant. Elle en était certaine. Elle éprouvait encore du désir pour ce corps. Elle était émue par ce visage. Elle adorait toujours plonger les doigts dans la soie de ses cheveux bruns...

Elle sentait qu’il fallait peu de choses pour retrouver la tension érotique des premiers instants.

Tous les sentiments qu’elle ressentait s’exprimaient sur son beau visage.

Elle entendit un bruit. Elle tourna la tête.

Hugh entrait dans la cuisine.

Il n’était vêtu que d’un tee-shirt et d’un caleçon. Ses cheveux étaient ébouriffés et retombaient sur ses yeux. Il avait cet air, célèbre dans le monde entier depuis le film Trois mariages et deux divorces, de petit garçon confus et pris en faute.

Il lui sourit d’un air contrit.

- Désolé chérie, pour cette nuit... Je n’étais pas au mieux de ma forme...

- Ne t’excuse pas, mon chéri... Moi-même je n’étais pas très inspirante...

- Non, non, c’est entièrement de ma faute... Je le sais bien... Mais je vais me reprendre... Et, tu verras, ça sera comme avant...

- Chéri, nous devons mettre de la fantaisie dans nos rapports. Comme autrefois. Ils doivent retrouver leur spontanéité. Il ne faut pas les limiter à des pratiques banales et fades.

- Très bien... Je vais aller chercher mes palmes et mon tuba et tu vas voir...

- Sois un peu sérieux, mon chéri... Les sexologues disent que le désir doit se mêler à un sentiment de surprise, de danger. Il faut bannir la routine qui s’est installée entre nous...

Tout en parlant, Rachel avait posé son verre de lait dans l’évier et s’était approchée de Hugh. Elle posa une main sur sa nuque et l’autre sur sa poitrine et l’embrassa doucement.

Il répondit au baiser et l’enlaça. Elle le poussa contre la table. Il s’étonna de sa hardiesse.

- Chérie, que fais-tu ?

- Allonge-toi. On va le faire ici...

- Ici ??? Sur la table de la cuisine ??? Tu plaisantes ??? Mais qu’est-ce qui te prend ???  Mais, non, enfin !!! Je ne veux pas !!!

- Pourquoi pas ?

- Je ne copule pas là où je mange mon porridge !!!

- Laisse-toi faire... Tu vas aimer ça...

Hugh résistait.

- Mais enfin, chérie. Arrête !!! On nage en plein Brueghel !!!

Rachel n’insista pas et quitta ses bras. Elle déposa un léger baiser sur sa joue et murmura en soupirant.

- Nous avons un problème, chéri. Il serait vain de le nier... Je crois que tu devrais en parler à ton psy... Et je vais en consulter un, moi aussi...

- COUPEZ !!!! 

Moody Ellen se leva de sa chaise de metteur en scène et s’avança vers ses deux vedettes.

- Excellent !!! Rachel, Hugh, c’était parfait !!! C’était très drôle et en même temps triste et mélancolique...

Rachel lui sourit et l’embrassa sur la joue.

- Merci Moody. Tes encouragements sont la plus belle des récompenses.

- Je te donne les encouragements que tu mérites... Bon, la scène est dans la boîte !!! Il est inutile de la refaire !!! On s’arrête pour aujourd’hui. La journée est finie. Bonne soirée et à demain.

- Bonne soirée, Moody. A demain...

D’un petit geste de la main, elle salua les techniciens et la script-girl qui entouraient la caméra.

Elle s’approcha d’une jeune femme brune qui se tenait à l’écart et qui n’avait pas perdu une seconde de la scène, légèrement érotique, qui venait d’être tournée par le célèbre réalisateur.

Elle aussi était belle, grande et mince. Mais ses cheveux étaient coupés très courts. Son visage avait les traits fins des statues romaines. Elle avait un nez droit, une bouche petite aux lèvres sensuelles, un menton énergique.

Ses yeux noisette posaient un regard doux et amusé sur Rachel.

Quand, enfin, elles furent proches l’une de l’autre, Dylan déposa un rapide baiser sur les lèvres de son amante.

- Quel effet ça te fait d’être dans les bras de Hugh Trant ?

- C’est une expérience... intéressante !!! Mais, tu as vu, je ne lui fais ni chaud ni froid !!!

- Je n'en suis pas si sûre. En tous cas, à moi, tu me fais de l'effet !!! On rentre chez nous pour que je puisse te le prouver ?


- Laisse-moi me changer et ensuite je serai toute à toi...

- Quel charmant programme, si plein de promesses... Je t’attends...

- Je n’en ai que pour quelques minutes...


*


Rachel réapparut au bout d’un quart d’heure. Elle avait revêtu une tenue qui lui permettrait de parcourir les rues de Londres jusqu’au quartier de Notting Hill, où elle vivait avec son amante, sans encourir les foudres de la Police.

Dylan s’approcha d’elle et lui prit la main.

- La tenue que tu portais tout à l’heure pendant ta scène avec Hugh me convenait tout à fait...

- Oui, mais je crois qu’elle n’aurait pas beaucoup plu aux bobbies de Londres. Nous les Anglais, sommes encore terriblement old-fashioned pour certaines choses...

- Mon Dieu, mais où est donc le swinging London ?

- Il était déjà passé de mode quand toi et moi étions encore au jardin d’enfants ! Oh, voici Hugh ! Allons lui dire au revoir...

Elles s’approchèrent de l’acteur. Il les regardait s’avancer vers lui. Elles se tenaient par la taille, radieuses, heureuses...

- Mon Dieu, les filles... Ça a l’air épatant la vie de couple... Je devrais m’y mettre...

- Qu’est-ce que tu attends ? Les rues sont pleines de femmes de tous les âges qui fantasment sur Hugh Trant  depuis des années...

- Oh ce n’est pas faute d’avoir essayé... Mais ce n’est pas si facile... Elles s’endorment avec un fantasme et elles se réveillent avec un type qui ronfle et qui ne retrouve pas ses chaussettes...

Elles éclatèrent de rire.

- Ne nous dis pas que tu n’as pas un gentil petit programme pour ce soir...

- Je vous le dis les filles. D’ailleurs, si vous aviez la bonté d’offrir un dîner à un pauvre coeur solitaire... Dites oui, sinon je m’immole par le feu. Et je serai obligé de rétrocéder dix pour cent de mes cendres à mon agent...

Elles éclatèrent de rire encore.

- D’accord ! Mais, nous te jetterons dehors avant minuit. Car, nous, nous avions un gentil petit programme pour ce soir et... cette nuit...

- Taisez-vous, les filles !!! Ne me mettez pas l’eau à la bouche pour me laisser, ensuite, en plein désert...


*


Ils avaient fini de dîner et s’étaient retirés dans le salon qui faisait également office de bibliothèque.

Elles avaient pris place dans un lourd canapé recouvert de laine. Rachel était blottie dans les bras de Dylan. Elles écoutaient Hugh Trant.

Il était assis dans un fauteuil chesterfield en cuir, patiné par les années. Il leur racontait sa dernière conquête en savourant un vieux brandy.

- Elle était jolie. Elle me paraissait gentille. En fait, c’était une junkie. Elle avait une cuillère en or attachée à une chaîne autour du cou. Elle nous a entraînés dans une boîte pour écouter du heavy metal joué par des types qui avaient des têtes à égorger leur mère. J’avais l’impression qu’à la fin de leur morceau, ils allaient prendre des otages. Mes oreilles étaient victimes d’un syndrome de surchauffe. Quant à ma copine, elle a passé son temps à sniffer de la coke. J’ai cru qu’elle allait se faire une troisième narine. Ollie et sa cocaïne !!! C’est pas une cuillère, mais une pelle en or qu’elle devrait porter autour du cou !!!

- Comment s’est terminée votre soirée ?

- Je l’ai jetée dans un taxi !!! Elle était tellement camée, qu’elle a failli m’émasculer le nez en refermant la portière !!! Et dire que je passe pour un Casanova !!!

Elles riaient à perdre haleine à l’évocation de cette soirée lamentable.

- Merci les filles. C’est gentil de compatir à mes malheurs... Enfin... C’est amusant de se retrouver à Notting Hill. C’est dans ce quartier que j’ai tourné mon film avec Julia Rogers...

- Oui, et vous avez fait flamber le prix de l’immobilier en attirant l’attention du monde entier sur ce quartier autrefois populaire et abordable !!!

- Mais tu y possèdes quand même une maison, veinarde...

- C’est la maison de mes parents... Ils ont pris leur retraite dans le sud de la France comme tous les Anglais qui se respectent... et ils me l’ont laissée. Cette maison est dans la famille depuis des générations. En fait depuis sa construction en 1820.

- Je me souviens que dans le film, nous avions tourné des scènes dans des jardins privés.

- Oui, c’est ce qui fait l‘originalité de ce quartier. Autrefois, il n’y avait rien ici. C’était la campagne... Ces terres appartenaient à la famille Ladbroke. Dans les années 1820, elle a commencé à construire des rues et des maisons en vue de transformer le secteur en banlieue à la mode. Elle a fait appel à un architecte du nom de Thomas Allom.

- C’est lui qui a donné leur physionomie très particulière à ces rues ?

- Oui. Thomas Allom ne voulait pas de squares. Les maisons sont construites autour d’un jardin commun qu’on ne peut pas voir de la rue. Les passants ne peuvent pas y entrer. Seules ces maisons y ont accès. Viens, nous allons te montrer...

Ils se levèrent. Rachel ouvrit une porte-fenêtre et ils purent gagner un jardin ombragé.


*


Le jardin était un vaste espace gazonné entouré de maisons sur trois côtés. Sur le dernier côté, un mur de brique et une double porte en fer forgé.

Le gazon était superbe. Anglais. Des bosquets de petits arbustes, des massifs de jolies fleurs avaient été plantés par endroits. De majestueux arbres centenaires recouvraient l’ensemble de leurs toits de branches. Des bancs en teck avaient été dispersés çà et là.

Il régnait un silence étonnant alors qu’on était en pleine ville, à quelques rues de Portobello Road, d’Holland Park Avenue, de Kensington High Street ou de Bayswater Road.

La nuit était douce. Alors, Rachel, Dylan et Hugh se promenèrent lentement, profitant de la paix de ce lieu exceptionnel.

Comme leurs habitants avaient allumé des lampes ou des plafonniers et laissé les rideaux ouverts, on pouvait voir à l’intérieur des maisons qui donnaient sur le jardin.

Ils avaient conscience de pénétrer dans l’intimité de leurs voisins, mais ils s’amusaient à découvrir les tableaux, parfois hideux, accrochés aux murs, les meubles anciens.


*


Minuit avait sonné. Peu à peu, toutes les fenêtres s’étaient éteintes.

Toutes, sauf une.

Ils s’arrêtèrent devant une haute maison de style néo-romantique, vraisemblablement construite dans les années 1820-1840.

La demeure était plongée dans l’obscurité. Mais, une pièce du rez-de-chaussée était restée allumée. Comme les rideaux, en fins voilages, étaient tirés, on ne pouvait voir qu’une ombre qui se déplaçait.

Hugh, Dylan et Rachel tentaient de deviner quelle pouvait être l’occupation de ce fantôme de minuit. Un insomniaque qui attendait le sommeil en faisant les cent pas dans sa chambre ? Un amant se querellant au téléphone avec sa maîtresse ? Un écrivain qui cherchait l’inspiration ?

Ils décidèrent de laisser cette ombre à son mystère et de revenir sur leurs pas. Dylan jeta un dernier coup d’oeil vers la pièce éclairée. Tout à coup, elle s’écria.

- Rachel ! Hugh ! Regardez ! O mon Dieu ! Que peut-on faire ?!

Une seconde ombre avait surgi dans la pièce. Elle tenait une arme à la main. Un coup de feu claqua. La première ombre s’écroula. Puis le silence revint.

Rachel, Dylan et Hugh restèrent pétrifiés. Ils venaient d’assister, en direct, à un meurtre commis de sang froid.


*


Dylan fut la première à réagir. Elle voulut s’approcher de la maison qui était devenue la maison du crime. Mais Rachel la retint par le bras.

- Dylan, je t’en prie, ne reste pas là ! Le meurtrier va peut-être s’enfuir par le jardin ! Il voudra éliminer des témoins gênants et nous n’avons aucun moyen de nous défendre ! Venez ! Cachons-nous derrière ce buisson...

Ils se glissèrent derrière un massif d’arbustes, assez épais pour les dissimuler. Ils ne quittaient pas la scène de crime des yeux. Mais rien ne bougeait.

Ils n’avaient pas été les seuls à entendre le coup de feu claquer dans le silence de la nuit.

Une à une, les fenêtres des maisons s’ouvrirent. Des hommes, des femmes, les cheveux ébouriffés, se penchèrent au dehors. Les voisins s’interpellaient.

- Vous avez entendu !? On aurait dit un coup de feu !

- Oui !!! Il faut prévenir la Police !!!

Dylan se tourna vers ses amis.

- Je crois qu’il ne se passera plus rien...  L’assassin est resté dans la maison. Ou bien il est sorti par la porte qui donne sur la rue. Il ne prendra plus le risque de sortir par le jardin où tout le monde le verrait. Rentrons...

Elles revinrent vers la maison. Hugh les suivait.

Arrivés dans le salon, ils reprirent leurs esprits.

- Il faut appeler la Police...

- Attendez les filles ! Il ne faut pas que mon nom soit mêlé à ça ! A un meurtre !

- Tu n’as rien à craindre, voyons. Tu ne risques pas d’être suspecté...

- Vous ne comprenez pas. Je ne veux pas faire les choux gras de la presse people ! Je vois d’ici les titres ! “Hugh Trant, témoin d’un meurtre sordide”... Ils vont s’en donner à coeur joie ! J’ai déjà donné ! Merci bien...

- Mais Hugh, c’est un meurtre. Ça n’a rien de sexuel...

- Peu importe ! Si j’y suis mêlé de près ou de loin, je peux dire adieu à ma carrière ! Le cinéma, c’est un monde de loups. C’est pire qu’un monde de loups. C’est un monde où les loups ne vous rappellent pas au téléphone !!!

- Mais, nous avons été témoins. Nous devons contacter la Police.

- Témoins ? Témoins de quoi ? Nous n’avons rien vu. Rien qu’une ombre derrière des rideaux. Avec un témoignage pareil, la Police ne va pas aller loin.

- Nous pouvons lui donner l’heure du crime...

- Il y a autour du jardin, cinquante personnes qui peuvent renseigner la Police sur l’heure du crime. Elle n’a pas besoin de nous...

- Très bien, Hugh. Ne témoigne pas si tu veux, mais, Rachel et moi, nous allons le faire...

- Par pitié, les filles !!! Si vous témoignez, on va vous demander si vous étiez seules et vous serez obligées de parler de moi. Écoutez. Voilà ce que je vous propose. Vous ne dites rien,. Pour le moment... Et moi je vais discrètement interroger mon copain, Walt Holson.

- Watson Holmes ? Qui est-ce ?

- Walt Holson. Un camarade d’Oxford. Nous avons étudié ensemble au New Collège. Aujourd’hui, il bosse à Scotland Yard...

- Le hasard fait bien les choses...

- N’est-ce pas ? Si le Yard n’a aucune piste, alors je vous le promets. Nous irons témoigner...

Rachel et Dylan échangèrent un regard.

- D’accord. On fait comme ça. Mais à une condition. Nous aussi, nous voulons rencontrer ce Walt Holmesson...

- Walt Holson !!! Cessez d’écorcher son nom !!! Il a de très lointaines origines vikings et il est très sourcilleux sur le sujet. Très bien, je lui téléphone tout à l’heure. Je lui sers une histoire quelconque... Que ma partenaire de tournage à été voisine d’un meurtre... Qu’elle est inquiète et qu’il faut la rassurer... Walt ne sera pas étonné que je le contacte. Il en sera même ravi. Voler au secours d’une belle jeune femme en détresse ne sera pas pour lui déplaire. Bon, je vous laisse. Je file avant que la Police n’arrive...


*


Elles étaient couchées, Dylan blottie contre le dos de Rachel.

Les événements de la nuit accaparaient leur esprit. L’attitude de Hugh déroutait Dylan.

- Rachel, je ne comprends pas Hugh. Nous sommes au seuil d’un authentique mystère. De quoi mettre du piment dans sa vie. Et lui, il veut rester spectateur !

- Il ne faut pas être trop sévère avec lui. Il a eu une mauvaise expérience avec la Police, à Hollywood, il y a quelques années... La presse s’était déchaînée contre lui... Son statut de jeune premier candide en avait pris un coup. Alors qu’il avait fait ce que des millions d’hommes à travers le monde font tous les jours sans attirer l’attention de la Police ou des journalistes. Mais là, comme c’était Hugh Trant...

- Oui, je connais cette histoire...

- Je me souviens qu’un journaliste anglais avait écrit : “Toute la vie de cet acteur n’est que nihilisme et cynisme, sarcasme et orgasme”...

- En France, il aurait été élu avec un programme pareil !!! Évidemment, cela explique ses réticences... Mais nous, Rachel, nous n’avons pas les excuses qu’il a. Je t’avoue que cette histoire m’intéresse... Je me sens la fibre d’une Miss Marple ou d’un Hercule Poirot...

- Je te rappelle que nous avons un film à tourner... Nous ne devons pas prendre de risques.

- Nous n’en prendrons aucun. Grâce à l’ami de Hugh, nous allons suivre l’enquête de loin... Je vais acheter tous les journaux qui vont parler de l’affaire...

- Dylan, ne me dis pas que toi aussi, tu as besoin de piment dans ta vie... Je ne te suffis plus ????

- Rachel, tu es folle !!!!

- Si tu t’ennuies avec moi, il faut me le dire... Je comprendrais, tu sais...

Dylan se mit à rire et se serra plus étroitement contre le corps nu de Rachel. Elle murmura.

- Rachel, nous ne sommes pas en train de tourner une scène du film de Moody Ellen ! Il y a toujours de la surprise et de la magie dans notre couple ! Chaque jour qui passe me permet de découvrir de nouvelles choses de toi. Ce fin duvet sur ta nuque qui chatouille mes lèvres. Ces fossettes au bas de ton dos...  Ta façon de gémir quand je te caresse...

Elle ponctuait ses propos de légers baisers sur le corps de son amante qui se soumettait, de bonne grâce, à ses désirs.

- Et dans la vraie vie, je suis photographe et parfois actrice. Il n’y a que dans le film de Moody que je suis psychanalyste...

- Quel dommage, Dylan ! J’accepterais volontiers de me faire analyser si c’était le cas !

- Analyser ? J’aimerais connaître ta conception d’une analyse...

- Ma conception d’une analyse ? Tu vas voir...

Elle se retourna très doucement. Elles étaient face à face, allongées sur le côté. Rachel plongea son superbe regard bleu dans les yeux de son amante.

Elle chuchota, de cette voix dont la musique faisait trembler Dylan.

- Docteur Dylan Freud, vous qui avez écrit un livre sur le rêve et son interprétation, vous saurez certainement ce que signifie ce songe que je fais toutes les nuits depuis plusieurs mois.

- Oui, je vous écoute... Religieusement...

- Voilà... Je rêve de choux à la crème... Je lape lentement la crème... puis je dévore les choux à belles dents... Ensuite, j’engloutis, un à un, des chamallows que je laisse doucement fondre sur ma langue... Docteur Dylan, quelle est la signification de mon rêve ?...

Dylan se mit à rire.

- Un chou à la crème ? Voyons... réfléchissons... sa forme peut suggérer la rondeur d’une épaule...

Ses lèvres se posent à cet endroit précis, caressant la peau satinée de Rachel.

- Ou d’un sein...

Ses lèvres glissent doucement sur la gorge pour venir agacer un mamelon puis l’autre.

- Ou la courbe du ventre...

Sa bouche vient jouer avec le nombril. Rachel avait enfoui ses doigts dans les courts cheveux de sa maîtresse. Gémissant doucement, elle s’offrait à la gourmandise de Dylan.

- Oui, Dylan, ô oui... continue... les chamallows maintenant...

Dylan murmura et, son souffle sur sa peau fit frissonner Rachel.

- Une confiserie que l’on fait fondre sur sa langue... Je n’en vois qu’une... elle est si bien cachée... comme un trésor... mais je saurai la trouver... et je vais m’en repaître... jusqu’à apaiser ma faim et la tienne...

Dylan glissa lentement entre les cuisses de sa maîtresse qui la guidait. Elle posa ses lèvres sur son sexe et en lécha le fruit jusqu’à ce que Rachel fonde dans sa bouche...


*


Dylan était assise à son bureau et prenait des notes.

Elle écoutait Rachel qui, allongée sur un lit de repos Mies Van den Rohe en cuir marron glacé, décrivait les péripéties de son couple.

- La magie s’est totalement enfuie de notre chambre à coucher... Je l’aime toujours, mais... je ne sais pas comment le dire... c’est devenu banal et sans surprise...

- Vous faites souvent l’amour ?...

- Constamment... trois fois la semaine... et je dis oui... rien que pour lui faire plaisir... Mais je suis maussade... insatisfaite... Il met de la musique douce... et, sur la lampe de chevet, un petit accessoire... son ampoule à lumière rouge... Il appelle ça “un piment érotique”... C’est censé nous aider... Il voit aussi un psychanalyste... mais je progresse et pas lui... Mes progrès mettent les siens en échec... Parfois... je me demande... par moments... si je ne devrais pas... tout simplement... vivre avec une femme...

Dylan leva les yeux de ses notes.

Elle regarda Rachel avec intensité. Elle suivit des yeux le corps allongé sur le lit de repos. Elle était magnifique !!!

Tout à coup, pour la première fois depuis qu’elle  venait la consulter, elle la vit pour ce qu’elle était.

Elle n’était plus une patiente en pleine crise conjugale, mais une femme seule, perdue, infiniment désirable et... tentée par une aventure saphique.

Dylan sentit qu’un panneau lumineux s’allumait dans son cerveau. Elle pensa : Attention, danger !!! C’est une patiente... Tu n’as pas le droit de profiter des confidences qu’elle te fait... ni de son désarroi... Que dirait Freud si tu le faisais ? Tu n’as pas le droit de devenir son amante... Mais... Dieu qu’elle est belle... elle a les plus jolis yeux du monde et elle est tellement sexy dans ce pull. Je voudrais la prendre dans mes bras, la caresser, l’embrasser. Je m’entends soupirer pour elle. Et... c’est répugnant. Je sens son parfum... Seigneur, je crois que je vais tourner de l’oeil. Allons du calme !!! Tu es son analyste, ça la ficherait mal que tu tournes de l’oeil...

Elle reprit la parole.

- La séance est terminée. Nous nous reverrons mardi prochain...

- COUPEZ !!!

Lentement, la caméra recula et quitta le visage de Dylan. Moody Ellen s’approcha d’elle.

- Bravo !!! Il y a tout dans ton regard. Ton étonnement, ton désir, ton hésitation, tes scrupules. Avec ta voix off en complément, la scène sera parfaite !!!

- Merci Moody !!! Mais les scènes sont si bien écrites qu’elles en deviennent faciles à jouer...

- C’est gentil. Mais, je l’avoue, Rachel et toi, vous  m’avez inspiré...

- Alors, si nous t’avons inspiré, il y aura un happy end...

Elle déposa un rapide baiser sur la joue du metteur en scène et prit la main de Rachel qui s’était approchée d’eux.

Hugh les rejoignit à son tour.

- Ce film va démolir l’image de fringant séducteur  qui me colle à la peau... mais c’est peut-être ce qui pouvait m’arriver de mieux...

Ils se mirent à rire. Puis Moody prit la parole.

- Je vous laisse. Je dois préparer la scène suivante. Vous ne tournez plus avant demain. Alors vous êtes libres comme l’air...

- A demain, Moody...

Elles se tournèrent vers Hugh.

- Alors ? Tu as pu joindre ton ami de Scotland Yard ? Le fameux Walt Holson...

- Bravo les filles ! Vous arrivez enfin à prononcer son nom sans le massacrer. Je présume que vous avez passé la nuit à vous entraîner...

- Euh... non... Pas vraiment...

Hugh leva les yeux au ciel.

- Ah non, les filles ! Vous n’allez pas encore me régaler de vos prouesses sexuelles... Pas maintenant... Alors que ma vie sentimentale est un fiasco... La dernière fois que j’ai pénétré une femme, c’était la Statue de la Liberté...

- Nous n’en croyons pas un mot !!!

- Oui, c’est un tantinet exagéré... Mais un tantinet seulement ! Revenons à des choses plus sérieuses. Oui, j’ai pu joindre Walt. Et, nous avons de la chance. C’est bien lui qui supervise l’enquête... Je lui ai servi ma petite histoire... Quand il a su que la sublime Rachel Peabody était morte de peur, il s’est immédiatement proposé pour la rassurer... Il est à ton entière disposition...

Rachel se tourna vers Dylan.

- Je crois que le mieux serait de l’inviter à dîner ce soir... Qu’en penses-tu ?

- D’accord. Excellente idée.

- Très bien. Hugh, rappelle ton ami et viens dîner ce soir avec lui.

- Ça marche, les filles. A ce soir...


*


Dylan et Rachel attendaient leurs invités.

Elles se tenaient dans le salon-bibliothèque. Une table avait été dressée dans le bow-window qui donnait sur le jardin.

Elles avaient pris un peu d’avance en se servant une coupe de Champagne rosé.

Elles étaient assises dans le canapé, Rachel, blottie contre Dylan.

- Il va falloir jouer finement si l‘on veut que ce limier du Yard nous révèle des éléments de l’enquête qui doivent être top-secret.

- Rachel, tu plaisantes ? Dès qu’il te verra, il va tomber sous ton charme. Il n’aura plus de secrets pour toi. Surtout, si tu lui laisses entendre que tu es libre et que tu n’as personne dans ta vie...

- Pourquoi ferais-je une chose pareille ?

- S’il découvre la vérité, il risque de se fermer comme une huître.

- Dylan, j’ai bien l’intention de lui dire la vérité. Que je vis avec une femme que j’aime et qui m’aime.

- Chérie, je vais te faire un aveu. C’est exactement la réponse que j’espérais...

Rachel se mit à rire.

- Tu me faisais passer un test... C’est déloyal... Mais tu ne perds rien pour attendre... Cette nuit, ma vengeance sera terrible...

- Je l’espère bien...

Elles s’embrassèrent. Les lèvres de Dylan quittèrent celles de Rachel et glissèrent sur sa joue. Elles s’emparèrent du lobe de son oreille puis elles s’égarèrent sur la peau si fine de sa nuque. Rachel s’abandonnait totalement au délicieux agacement de ses sens. Tout à coup, elle reprit ses esprits.

- Chérie, cesse je t’en prie. Sinon, je vais être incapable de jouer les maîtresses de maison...

- Nous n’avons qu’à les décommander...

- Mais c’est toi qui voulais jouer les fins limiers...

- Très bien... Je vais ranger soigneusement mes idées lubriques... Je vais les garder pour plus tard... Et nous allons les recevoir... bien sagement...

- Tu sais, je pense que le Yard doit déjà savoir ce qu’il en est pour nous deux. La Police a dû prendre des renseignements sur tous les voisins de la victime. Et puis, si vraiment je lui plais, ce qui n’est pas certain, il y verra comme un challenge. Les hommes sont tellement bizarres avec ça...

Elles furent interrompues par le carillon de la porte d’entrée.

- Les voilà !!! Dans quelques minutes, nous serons fixées sur nos chances d’élucider ce mystère...


*


Walt Holson n’avait pas dissimulé son admiration pour Rachel.

Dès qu’il l’avait vue, il avait littéralement plongé dans un profond baise-main. Il avait été plus distant avec Dylan. Les deux jeunes femmes en avaient conclu qu’il connaissait leur relation. Le Yard avait bel et bien mené une enquête sur les voisins de la victime.

Voulant briller devant une jeune femme qui l’attirait, Walt Holson ne s’était pas fait prier pour raconter ce qu’il savait du meurtre de Notting Hill.

- Le corps a été retrouvé à minuit vingt, très exactement. Il gisait sur le tapis du salon-bibliothèque. Un pièce semblable à celle où nous nous trouvons actuellement...

- Oui, la plupart des maisons autour du jardin ont été construites à la même époque et elles ont la même architecture...

- Tout à fait... Rachel... Vous me permettez de vous appeler Rachel ?

- Mais certainement... Walt.

Dylan et Hugh échangèrent un regard amusé.

- Et... Walt, comment s’appelle la victime ? Les journaux ont été très discrets et n'ont rien dit.

- Oui, le Yard n'a laissé filtrer aucune information. Mais je n’ai pas de secret pour vous... Rachel... La victime, le professeur Brown, était aussi le propriétaire de la maison. C’était un égyptologue fameux dont les travaux sur le règne du Pharaon Akhenaton font référence.

- Oui, je l’avais croisé à plusieurs reprises. Bonjour. Bonsoir. Rien de plus. Mais j’ai entendu parler de ses expéditions en Egypte. Je sais qu’il ne vivait pas seul dans cette grande maison.

- En effet. Il y vivait avec sa nièce, Miss Scarlett, et une domestique, nurse White. Un collaborateur égyptologue, le professeur Plum, avec lequel il préparait un ouvrage, était resté pour la nuit. Et au moment du meurtre, il y avait trois autres personnes qu’il avait invitées pour un court séjour à Londres. Un camarade de Cambridge, le Docteur Green, une vieille amie, Mrs Peacock et enfin, un cousin, le colonel Mustard.

- Qui a découvert le corps ?

- Le professeur Plum et le colonel Mustard. Ils ont entendu le coup de feu et ils ont bondi de leur lit... Ils ont quitté leurs chambres, situées toutes les deux au deuxième étage de la maison, et ont dévalé les escaliers jusqu’au salon. Là ils ont trouvé le corps du Professeur Brown... Quelques minutes plus tard, ils ont été rejoints par les autres occupants de la maison. Tout d’abord, nurse White qui est accourue de la cuisine, puis Miss Scarlett et Mrs Peacock qui dorment au premier étage, enfin, le Docteur Green, dont la chambre est voisine de celles de Plum et de Mustard.

- Vous soupçonnez l’un d’entre eux ?

- A vrai dire, nous soupçonnons tout le monde. Mais l’arme n’a pas été retrouvée. Par ailleurs, il semblerait que le meurtrier ait quitté la maison, son forfait accompli. La porte-fenêtre qui donnait sur le jardin était ouverte... Enfin, il y a un autre indice troublant qui nous amène à penser que le meurtrier n’était pas un proche de la victime...

- Quel indice troublant ?

- Le meurtrier a laissé une inscription sur le mur du salon. Une sorte de message. Auquel d’ailleurs nous ne comprenons rien...

- Quel message ?

- “By Horus, remains”... Horus, le dieu égyptien du soleil.

- “By Horus, remains” ? Comme s’est curieux... Mais  cette formule semble désigner le collègue égyptologue de la victime...

- Il paraît impossible que ce soit le Professeur Plum. Il aurait fallu qu’en quelques minutes, il abatte Brown, puis qu’il écrive sur le mur du salon, qu’il monte deux étages jusqu’à sa chambre et enfin qu’il en sorte au moment précis où le colonel Mustard sortait de la sienne. Ce serait déjà difficile pour un homme jeune et sportif, alors pour un homme de près de soixante ans...

Dylan intervint.

- Vous avez bien dit que la porte-fenêtre qui donne sur le jardin était ouverte ?

- Oui, c’est bien ce que j’ai dit. Nous pensons que le meurtrier s’est enfui par là, immédiatement après avoir tué Brown et avoir laissé cette inscription sur le mur. Malheureusement, comme il y a une multitude de traces de pas, nous aurons du mal à trouver un indice exploitable...

Comme il avait été convenu entre eux, Hugh, Rachel et Dylan gardèrent le silence.

Sur ce qu’ils savaient.


*


*


Walt Holson et Hugh étaient partis. Dylan commentait les propos du Policier.

- Tu as entendu Rachel ? La Police pense que le meurtrier est sorti par le jardin. Mais nous, nous savons que c’est faux. On était là et on n’a rien vu... Et pourtant, quelqu’un a ouvert cette porte-fenêtre... C’est évidemment pour lancer Scotland Yard sur une fausse piste... Pour détourner son attention sur tous les voisins du Professeur Brown. Ça fait du monde...

- Pourquoi les incriminer alors que la Police a déjà six suspects sous la main ?...

- Mais Rachel, tout simplement parce que l’assassin est l’un des hôtes de la victime... Que fais-tu ?

Rachel répondit d’une petite voix gênée.

- Nous allons monter nous coucher. Alors, je vérifie que... la porte-fenêtre du jardin est bien fermée...

Dylan éclata de rire.

- Viens ici. Je vais te faire un rempart de mon corps. Avec un cerbère tel que moi, personne n’osera t’approcher. Ni assassin, ni... beau ténébreux...

Rachel s’approcha. Dylan posa ses mains sur ses hanches pour l’attirer contre elle et, tout doucement, baisa ses lèvres.

Rachel posa ses mains sur ses épaules. Elle se laissa gagner par ce frisson merveilleux qui irradiait tout son corps. Puis elle bascula en arrière et laissa la bouche de son amante glisser sur son cou et sa gorge.

Tout à coup, elle prit conscience qu’on pouvait les voir depuis le jardin. Exactement comme elles avaient vu le meurtre.

- Dylan... On peut nous voir...

- L’amour n’est pas un crime, ma chérie... Mais tu as raison... Viens...

Elle lui prit la main et l’entraîna vers l’escalier en chêne qui montait vers les étages. Enfin, elles entrèrent dans leur chambre.

Dylan ferma leur porte puis elle se tourna vers Rachel. Elle posa ses mains de chaque coté de son visage qu’elle attira vers le sien. Elle déposa un baiser sur le bout de son nez, puis sur son menton et enfin sur sa bouche.

Elle déboutonna sa chemise et dénuda son épaule droite où elle déposa un autre baiser.

Rachel gémissait : - Oh oui, Dylan... Et l’épaule gauche ? Ne l’oublie pas, sinon elle va nous faire une crise de jalousie...

- Très bien... Alors je vais lui faire subir le même sort.

Elle découvrit l’épaule gauche et en lécha la peau frémissante. Puis elle dégrafa le soutien gorge. Ses lèvres glissèrent sur les seins.

Rachel, le buste nu, subissait les tendres attaques.

Dylan tomba à genoux devant elle. Elle écarta les pans de la chemise et embrassa son nombril. Elle déboutonna son jean. Sa main frôla son ventre, puis elle s’aventura sous la fine dentelle.

Elle regarda le visage de Rachel. Elle avait fermé les yeux. Sa bouche, légèrement ouverte, laissait échapper un murmure. Elle avait posé les doigts sur les courts cheveux de son amante. Elle les caressait.

Ne pouvant réfréner son impatience, Dylan fit glisser le jean et le shorty le long des jambes de Rachel.

Elle se releva. Elle lui retira sa chemise et la fit doucement basculer sur le lit où elle la rejoignit.

Rachel était là, complètement dévêtue, offerte.

Dylan posa sa main sur sa nuque. Son visage était contre le sien. Elle goûta le velouté de sa peau. Ses doigts parcoururent son dos, s’arrêtèrent sur la chute de ses reins, puis descendirent encore, s’attardèrent sur ses fesses puis remontèrent.

Elle caressa son corps. Ses lèvres cherchaient les siennes et les trouvèrent. Ses doigts effleurèrent ses fesses. Elle les emprisonna en une légère étreinte obligeant son amante à basculer un peu plus contre elle. Son autre main saisit son épaule.

Rachel était sa prisonnière. Elle lui sourit et l’embrassa. Tendrement d’abord, puis passionnément. Elle était là contre ses lèvres. Elle goûta sa bouche.

Sa main quitta son épaule pour s’aventurer plus bas. Elle continua son exploration et se posa enfin sur le sexe de son amante. Elle plongea les yeux dans les siens, alors que Rachel gémissait sous ses caresses. Enfin, elle se glissa en elle. 

Elle sentit les muscles de Rachel se resserrer autour de ses doigts. Tout à coup, elle se contracta dans un râlement sourd puis, se relâchant, elle s’abandonna contre elle.


*


Hugh était assis au volant de sa voiture qu’il avait garée à l’angle de Campden Hill Road et de Peel Street.

Il surveillait la porte d’entrée d’une maison.

Il fulminait. Pis que cela, il avait des envies de meurtre. Une analyse !!! Foutaises que tout cela !!! Ça fait cinq ans que je consulte le Docteur Nutsbaum. Et j’en suis toujours au même point. Je lui donne encore un an et après je file à Lourdes... Quand je pense qu’elle appelle son psy par son prénom... Dylan pense ci... Dylan pense ça... Et moi qui croyais que ça faisait partie de la thérapie ! Non, mais quel imbécile ! Trois séances par semaine ! Et je n’ai rien compris ! Je n’ai rien vu venir ! Et je suis là dans ma voiture à attendre comme un... À attendre quoi au juste ?

Il sortit de son véhicule dont il claqua violemment la portière. En deux pas, il fut devant la maison. Il appuya avec rage sur la sonnette dont le bruit déchira le silence qui y régnait.

De longues secondes s’écoulèrent pendant lesquelles sa colère ne fit que grandir. Enfin la porte s’ouvrit. Il vit une mince et belle jeune femme brune aux cheveux très courts. Dylan n’eut pas le temps de dire un mot. Hugh entra en la bousculant.

- Où est ma femme ?

- Votre femme ?

- Rachel.

- Oh, vous êtes le mari de Rachel...

- Ne l’appelez pas par son prénom ! Où est-elle ?

- Nous étions en train de finir la séance quand vous avez sonné...

- La séance ? Ne vous moquez pas de moi !!! Je sais très bien ce que vous appelez séance !!! Vous étiez en train de mélanger vos fluides !!!

Il poussa une porte et se retrouva dans le bureau de Dylan. Rachel était là, allongée sur le lit de repos, interloquée.

- Hugh ? Mais... que fais-tu là ?

- A ton avis ? J’étais avec le Docteur Nutsbaum il y a quelques minutes. Comme lui et moi on s’ennuyait ferme avec mes histoires, il m’a posé des questions sur ton analyse. Comment ça se passait... qui était ton psy... Il m’a dit que tu avais fait un excellent choix... Que... Dylan, comme tu l’appelles, était un psychanalyste de talent...

- Merci.

- Je lui ai dit que tu en étais très contente... Que tu ne parlais plus que d’elle, que tu ne jurais plus que par elle... Là, il a eu un petit sourire qui m’a interpellé... Je lui ai demandé pourquoi il souriait. Et il m’a dit...

- Que t’a-t-il dit ?

- Il m’a dit qu’entre elle et moi, il y risquait d’y avoir une dispute sur la revendication du phallus... J’ai mis un certain temps avant de comprendre...

- Qu’est-ce que ça signifie ?

- Ça signifie que ton analyste est une femme qui aime les femmes !!!! Et qu’elle n’est pas la mieux placée pour régler nos problèmes de couple !!! Je me demande bien ce que vous fricotez pendant toutes ces séances !!!

- Hugh !!! Tu plaisantes !!! Tu peux voir par toi-même. Avons-nous l’air d’avoir fait autre chose qu’une analyse ?

Hugh regarda autour de lui.

La pièce ne différait en rien du cabinet du Docteur Nutsbaum, sauf que les meubles étaient résolument modernes et qu’il n’y avait pas de poussière sur les livres.

Quant à Dylan et Rachel, elles ressemblaient à une analyste et à sa patiente et pas à deux amantes qu’on venait de surprendre.

Tout à coup, il se sentit bête et confus. Il quitta la pièce à reculons. Il s’excusait en bafouillant.

- Bon, je me suis peut-être un peu emballé... Mais comme tu ne parles plus que d’elle et qu’on fait de moins en moins l’amour... j’ai pensé... Je m’excuse... Je vais vous laisser... A tout à l’heure, chérie... J’aime beaucoup votre décoration, Docteur... Vous avez merveilleusement su tirer parti des volumes de cette pièce... Au revoir...

Hugh sortit enfin, laissant les deux jeunes femmes face-à-face.


*


Dylan et Rachel étaient seules.

- Nous reprenons la séance, Docteur ?

- Non, c’est fini pour aujourd’hui. Et... je vais vous demander de continuer avec un autre analyste...

- Mais pourquoi ? Je suis désolée pour Hugh... Mais ça ne se reproduira plus... On fait du bon travail ensemble...

- Je ne peux pas continuer... Je ne suis plus en mesure de réaliser votre analyse... Parce que... je suis trop impliquée...

- Trop impliquée ? Je ne comprends pas...

- Mais si vous comprenez... J’attends vos séances avec impatience... Ma semaine passe à les attendre... A vous attendre... Votre époux a raison... Je ne peux pas vous aider à régler vos problèmes de couple... Et surtout... je n’en ai pas envie...

- Docteur...

- Je suis assise à mon bureau alors que vous me racontez votre vie avec Hugh... Et moi... je ne vous écoute plus... Parce que moi... j’ai envie de vous prendre dans mes bras... J’ai envie de vous dire... de le quitter pour vivre avec moi...

- Docteur...

- Je sais que je n’aurais jamais dû vous dire ça... J’enfreins toutes les règles de la psychanalyse. En principe, c’est le patient qui doit détester son analyste et pas l’analyste qui doit tomber amoureux de son patient... Vous devez consulter quelqu’un d’autre... Je vais vous donner le nom d’un de mes confrères...

- Je n’en veux pas...

- Pourquoi ?

- Parce que je n’en ai pas besoin... Parce que les sentiments que vous éprouvez... je les partage...

- Rachel...

- Ce que vous venez de me dire ne m’a pas surprise car nous savons toutes les deux ce qui nous arrive. Hugh aussi l’a compris... Il a bien vu que mon esprit n’était plus occupé que par vous... Il a réagi avec violence parce qu’il connaît mon passé... Avant lui, j’ai aimé des femmes... Son psy l’avait prévenu que ça risquait de ne pas marcher avec moi mais... il a préféré changer de psy...

- Pourquoi ne pas m’avoir dit que vous aviez eu des amantes ?

- Parce que... Je ne sais pas...

Elles s’approchèrent l’une de l’autre. Tout doucement. Centimètre par centimètre. Puis quand elles furent si près que leurs souffles pouvaient se confondre, Dylan posa ses mains sur la taille de Rachel. Leurs lèvres se joignirent...

Elles s’embrassèrent. Longuement... Longuement...

- COUPEZ !!!

Elles continuaient à s’embrasser...

- COUPEZ !!!

Tout à coup, elles prirent conscience de la présence de la caméra. Elles virent Moody, Hugh, la script-girl et tous les techniciens qui souriaient.

- C’était parfait, Mesdames. C’était... hallucinant de vérité !!!

Elles se mirent à rire, légèrement gênées. Hugh s’approcha.

- Vous avez été parfaites les filles. Ces rôles sont vraiment faits pour vous. Et moi, vous me trouvez comment dans le rôle du mari trompé ?

- Magnifique ! Mais tu es toujours magnifique dans les rôles de composition... Tu as des nouvelles de ton ami Walt ?

- Oui, Rachel. J’ai obtenu les renseignements que tu cherchais. Sans problème, quand Walt a su que c’était toi qui les voulais...

- Notre journée de tournage est finie. On se change et on en parle après ?

- D’accord. On fait comme ça. A tout de suite...


*


Ils étaient installés dans le fond d’un pub de Londres. Hugh avait commandé une bière. Dylan et Rachel buvaient un earl grey.

Hugh avait sorti des petites fiches de sa poche.

- J’ai tout pris en note pour ne rien oublier.

- Nous t’écoutons.

- Bon. Je commence par la victime, le Professeur Brown. Soixante-trois ans, égyptologue en retraite, spécialiste du Pharaon Akhenaton. Il a dirigé plusieurs fouilles en Egypte jusqu’au jour où l’un de ses collaborateurs a été arrêté pour trafic d’antiquités. Bien qu’apparemment Brown n’ait eu aucune responsabilité dans ces détournements, il était devenu indésirable sur le sol égyptien.

- Riche ?

- Oui, très. Mais sa fortune lui vient de sa femme, décédée il y a dix ans en lui laissant tous ses biens par testament.

- Il y a déjà là deux bonnes raisons pour le tuer...

- Miss Scarlett, trente-cinq ans, employée à la British Library. Elle est en fait la nièce de la femme de Brown. Elle espérait un morceau de l’héritage. Ses espérances ont été déçues. Bon prince, la victime l’hébergeait en attendant qu’elle trouve un mari...

- Une suspecte sérieuse...

- Le Professeur Plum. Cinquante-six ans. Egyptologue lui aussi, mais obscur. Sa spécialité, l’écriture et les travaux de Champollion, ce Français qui a déchiffré les hiéroglyphes... Il travaille au British Museum. Fauché, il aidait Brown dans ses travaux, moyennant salaire. Il lui arrivait de rester dormir chez lui quand ils travaillaient tard...

- Suspect lui aussi, s’il était jaloux de la réussite de Brown.

- Mrs Peacock. Soixante ans. Elle vit de ses rentes. Une vieille amie de la femme de Brown. Elles sont allées au collège ensemble. Mais il semblerait aussi qu’elle était amoureuse de la victime. Et depuis longtemps. Mais sans espoir...

- Une tueuse par amour ? Une suspecte de plus...

- Nurse White. Soixante-huit ans. Elle fait partie des meubles depuis cinquante ans. Domestique, cuisinière, femme de chambre. Peu d’économies et uniquement son salaire pour vivre. Autant dire qu’elle était liée à la maison de Brown comme une esclave à sa chaîne. Elle vivait dans une partie du grenier qui avait été aménagé en studio. La seule attention que Brown ait jamais eue pour elle...

- Le meurtre d’une esclave révoltée ?... Pourquoi pas ?...

- Le Docteur Green. Cinquante huit ans. Il était le médecin de la femme de Brown. Il a été bouleversé par sa mort car il s’était attaché à sa patiente un peu plus qu’il n’aurait fallu...

- Un suspect moins évident, sauf si la femme de Brown est décédée dans des conditions troublantes...

- Ce qui pourrait être le cas. Un empoisonnement du sang foudroyant... Enfin, le colonel Mustard. Fringant militaire de trente neuf ans et cousin du Professeur Brown. Son régiment est cantonné en Ecosse. Mais, il vient à Londres dès qu’il a une permission. Pour faire une cour intensive à Miss Scarlett, apparemment.

- Il pourrait avoir aidé sa dulcinée à se débarrasser d’un oncle à héritage. Tous les hôtes de Brown font des suspects potentiels et, pour certains, des coupables idéaux. La Police soupçonne-t-elle quelqu’un en particulier ?

- Elle est perplexe... Walt a poussé l’obligeance jusqu’à me fournir un plan du rez-de-chaussée de la maison. Rachel, on peut vraiment dire que tu lui a tapé dans l’oeil...


*


Hugh sortit un plan en couleur qu’il déplia sur la table.

- La maison du Professeur Brown est la plus imposante du quartier. Elle comporte deux étages surplombés d’un grenier. Elle est entourée par le jardin sur trois côtés. Au rez-de-chaussée, le hall, la salle à manger, le billard, le salon-bibliothèque où le corps a été retrouvé, un très beau jardin d’hiver et enfin la cuisine. A chacun des deux étages, trois chambres toutes équipées d’un cabinet de toilette. Une salle de bains par étage. Enfin, le grenier mansardé partiellement transformé en studio pour y loger nurse White.

- La cuisine se trouve près du lieu du crime ? Mais alors nurse White est la première suspecte...

- En effet, elle disposait d’assez de temps pour tuer Brown, écrire sur le mur, ouvrir la porte-fenêtre et s’enfuir. Puis faire semblant de revenir juste après Plum et Mustard. Mais quel mobile aurait-elle eu ? Avec la mort de son patron, elle risquait de se retrouver sans emploi et sans domicile. Et puis où aurait-elle trouvé cette formule “By Horus, remains” ?

- La Police a trouvé ce qu’elle signifiait ?

- Non. Scotland Yard est toujours dans le bleu... La Police pense que des Egyptiens auraient pu vouloir punir Brown pour le trafic d’antiquités auquel il se serait livré...

- Il y a certainement un rapport avec les travaux de Brown. Walt Holson t’a dit quelque chose à ce sujet ?

- Bien sûr. Brown, avec la collaboration de Plum, travaillait à l’écriture d’un ouvrage de référence sur le Pharaon Akhenaton qui a régné sur l’Egypte 14 siècles avant Jésus Christ. C’est assez compliqué. Vous comprendrez que j’ai dû l’écrire...

Hugh sortit une autre feuille de sa poche.

- Voilà. Au moment de son accession au trône, Aménophis IV changea son nom en celui d’Akhenaton, c’est à dire “esprit d’Aton”. Il eut une épouse, la célèbre Nefertiti, et un fils, Toutânkhamon, dont le nom signifie “symbole vivant d’Amon”. Quand elle fut découverte par l’égyptologue anglais Howard Carter en 1922, la tombe, inviolée, de Toutânkhamon révéla les plus extraordinaires trésors...

Dylan fit une moue dubitative : - Cela ne nous apprend pas grand chose sur la mort du Professeur Brown. Je suis persuadée que cette inscription, comme la porte-fenêtre ouverte sur le jardin, n’a qu’un seul but, égarer la Police. Lui faire suivre une mauvaise piste...

Rachel intervint :- Pourtant, elle désigne le Professeur Plum comme coupable possible...

- Justement, c’est tellement évident que ça le disculpe... Et qui pourrait avoir intérêt à le disculper sinon lui-même ou un complice ?

Rachel murmura : - Je crois que les plus suspects sont ceux à qui la mort de Brown rapporte quelque chose. Comme Miss Scarlett, sa nièce qui attendait l’héritage et son soupirant, le colonel Mustard.

- Bon, les filles vous pouvez en penser ce que vous voulez, mais c’est à la Police de résoudre cette affaire...

Dylan s’écria : - Quel rabat-joie !!! Le hasard nous apporte une énigme alléchante sur un plateau et toi... tu t’en moques.

- Moi, je dis que c’est le travail de la Police...

Rachel renchérit - Ce serait pourtant amusant de faire notre propre enquête... de filer les différents suspects par exemple...

Hugh protesta : - Mais c’est horriblement dangereux !!! Qu’est-ce qui vous prend les filles ??? On va tous finir avec un couteau planté au milieu du dos !!!

- C’était une arme à feu...

- Merci pour la précision !!! Mais le résultat est le même et je ne veux pas priver ma chère maman de son fils unique et préféré !!!

Dylan passa outre : - Ce qui serait vraiment épatant, ce serait de pouvoir nous introduire dans la maison du Professeur Brown... Mais comment nous y prendre ???

Rachel réfléchit un instant. Puis : - Le plus simplement du monde. Il m’arrive parfois de croiser Miss Scarlett, puisque nous sommes voisines depuis des années. Il y a quelques semaines, elle m’a dit qu’elle était toute émue à l’idée que je tourne un film avec le “sublime” Hugh Trant. Elle rêvait d’un dîner avec toi. Maintenant qu’elle est devenue la maîtresse de maison, cela ne devrait pas poser de problème. Il suffit que je lui passe un coup de fil...

Hugh blêmit : - Tu plaisantes, j’espère ???? Il est hors de question que je participe à une... murder party !!!!! Je n’ai aucune envie d’être égorgé entre la poire et le fromage !!!

- Hugh... s’il te plaît...

- Non, non, non et non !!! Vous pourriez me faire subir les derniers outrages que je ne céderai pas...

- Quel bonnet de nuit !!! Heureusement, dès ce soir, nous allons pouvoir compter sur l’aide de deux personnes plus casse-cou que toi...

- Ah oui ? Je suis curieux de savoir qui...

- Deux amies françaises qui viennent passer quelques jours à Londres et qui n’ont pas froid aux yeux, elles...

- Françaises ? Mais c’est très intéressant ça ! Et... elles sont jolies ?

- Superbes ! Céline est blonde comme les blés avec des yeux bleus magnifiques. Virginie est brune aux longs cheveux bouclés. Elles ont, l’une comme l’autre, un corps de rêve...

- Elles sont trop belles pour être vraies... Il y a un problème quelque part, je le sens...

- Elles vivent ensemble...

Hugh leva les yeux au ciel et soupira.

- Décidément, c’est une épidémie...

Dylan et Rachel éclatèrent de rire.


*


Un verre d’eau à la main, Hugh se tenait dans la cuisine où il était venu se réfugier.

Il était mélancolique.

Comment sa vie avait-elle pu prendre un aspect si terne ? Il était encore jeune. Il était suffisamment beau. Il était raisonnablement riche. Il avait du charme. Il était célèbre... Et pourtant... Sa vie ressemblait au désert des Tartares. Il attendait... Il attendait... Et personne ne venait... Jamais il ne s’était senti aussi solitaire qu’en ce moment...

Il entendit un bruit. Il tourna la tête.

Rachel entra dans la cuisine.

- Hugh ??? Ne reste pas seul voyons... Viens nous rejoindre... Tu n’apprécies pas Céline et Virginie ???

- Si beaucoup. Dylan et toi, vous n’aviez pas exagéré. Elles sont charmantes et très belles. Et elles ont une vie plus que riche... L’arrestation de ces trafiquants d’art, la découverte de ce Vermeer...

- Alors ? Pourquoi restes-tu seul dans ton coin ?

- Parce que j’ai l’impression d’être un enfant qu’on aurait enfermé dans une pâtisserie. Il est entouré de délicieux gâteaux et il n’a pas le droit d’y toucher... J’ai eu envie de quitter la pâtisserie pendant quelques instants...

Rachel s’approcha et l’embrassa sur la joue.

- Hugh... Je sais que c’est une médiocre consolation mais... si je n’étais pas amoureuse de Dylan au point de ne pouvoir imaginer d’autre compagne et amante qu’elle...

- Et bien ?

- Tu aurais toutes tes chances...

Hugh lui sourit, l’enlaça et la serra contre lui.

- Merci Rachel... C’est gentil de me rassurer sur ma capacité à plaire... Bon, maintenant que j’ai fait ma crise d’hétérosexuel mâle de cinquante ans, je vais vous rejoindre... Quand allez-vous leur parler de notre petit mystère ?

- Nous attendions le dessert. Et aussi d’avoir pris des nouvelles les unes des autres. Cela fait des mois que nous ne nous étions pas revues. Depuis l’exposition de Dylan à New York en octobre dernier (Big Apple)... Et puis, elles t’ont assailli de questions. Elles adorent tes films.

- Oui... j’ai vu... Elles avaient dix ans quand j’ai tourné Trois mariages et deux divorces. Ça m’a fichu un coup de vieux...

- Généralement, les hétérosexuels mâles de cinquante ans ne s’arrêtent pas à ce genre de détail...

- C’est vrai... C’est te dire à quel point je ne vais pas bien dans ma tête. Et, le film de Moody est comme un révélateur...

- J’adore Moody. Je le considère comme un ami. Comme un père. Il m’a donné une chance fabuleuse en me choisissant pour jouer dans son film. Mais il faut bien reconnaître que c’est un hypocondriaque, un narcissique invétéré, un indécis aux phobies innombrables. Il le sait d’ailleurs. Il le revendique. Il plaque ses propres névroses sur ses films. Il les met en scène. C’est la façon qu’il a trouvée pour les supporter. Mais si Moody avait le dixième de ta beauté, il ne serait pas névrosé...

- Rachel... tu aurais fait un merveilleux psy. Bon allez !!! Je me secoue et je te suis...

Rachel le prit par la main et ils retournèrent au salon.


*


Dylan racontait à Céline et Virginie, assises l‘une à côté de l’autre, ses derniers démêlés avec Helena DeXeres.

- Évidemment, elle ne s’est pas avouée vaincue. Elle a menacé d’attaquer la transaction. De traîner Rachel dans la boue. Que sais-je encore... Alors, pour en finir une bonne fois pour toutes, nous avons de nouveau transigé... Avec son avocat, ce petit rutabaga mielleux... Nous avons coupé la poire en deux... Deux millions de dollars pour moi. Et j’ai payé les honoraires de Maître John Lee... qui s’est montré très raisonnable... C’est un résultat inespéré... Je n’ai jamais eu autant d’argent de toute ma vie... Je reconnais que c’est grisant...

- Tout est bien qui finit bien...

- Oui, Virginie... Mais je sais pertinemment qu’un jour, Helena voudra prendre sa revanche... Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait pour moi... Pour nous...

Elle tendit la main vers Rachel qui vint s’asseoir à ses côtés. Tout contre elle.

Virginie se mit à rire.

- Nous sommes à votre service. Pour résoudre les problèmes les plus insolubles...

Rachel intervint : - Alors, que diriez-vous d’une énigme policière ?

- Une énigme policière ? Vous nous mettez l’eau à la bouche... De quoi s’agit-il ?


*


En quelques phrases, Dylan, Rachel et Hugh racontèrent les événements mystérieux qui s’étaient déroulés dans la grande maison de Notting Hill.

Céline prit la parole.

- Le Professeur Brown ? Je le connais de réputation. Et dans les milieux de l’art et de l’égyptologie, elle n’est pas fameuse. Beaucoup de bruits ont couru sur son compte. On le soupçonne d’avoir organisé un trafic d’antiquités à partir de l’Egypte. Mais si on a pu arrêter les exécutants, rien n’a pu être prouvé contre lui... Mais il y a plus grave...

- Quoi donc ?

- La maladie de son épouse. Là encore, ce ne sont que des rumeurs... mais, on prétend que sa mort ne serait pas naturelle et que la septicémie, foudroyante, dont elle est morte, aurait été provoquée. Un poison exotique que Brown se serait procuré en Egypte...

- Mais la Police a dû faire une enquête ?

- Sur de simples rumeurs ? Je l’ignore...

- S’il a volé des objets en Egypte, cela expliquerait l’inscription laissée sur le mur de la pièce où le corps de Brown a été retrouvé... 

- Une inscription ? Laquelle ?

- “By Horus, remains”... “Par Horus, demeure” en français...

- “Par Horus, demeure” ??? Vous êtes certains ???

- Oui, certains...

Tout d’abord interloquées, Céline et Virginie éclatèrent de rire devant le regard sidéré de leurs amis.

- Pourquoi riez-vous ?

Virginie répondit, entre deux rires.

- “Par Horus, demeure”... Et c’est là-dessus que Scotland Yard se casse les dents... Mais c’est normal, des Anglais ne peuvent pas connaître ce que des Français et des Belges connaissent par coeur... C’est une phrase tirée d’une bande dessinée. Les aventures de Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs.

- Edgar P. Jacobs ? Mais on dirait un nom anglais...

- Peut être. Pourtant Jacobs était tout ce qu’il y a de plus belge. Un auteur de BD avec une imagination fabuleuse et un fameux coup de crayon. Par contre, ses personnages sont anglais. Le Capitaine Blake, officier de renseignements et le Professeur Mortimer, physicien. Cette phrase est tirée de deux épisodes mythiques. Le Mystère de la Grande Pyramide qui se déroule en Egypte et la Marque jaune qui se passe à... Londres... Je connais ces albums par coeur. Enfant, j’essayais de recopier les dessins de Jacobs... Et du fond de ma Normandie natale, je rêvais de voyages et d’aventures grâce à lui et à ses héros...

- Mais alors cette phrase disculpe tous les habitants de la maison. Ce sont tous des Anglais qui ne devaient pas connaître cette bande dessinée belge.

Céline intervint à son tour : - Pas forcément... Il peut y avoir parmi eux un amateur de bandes dessinées. Et celles de Jacobs font partie des meilleures et des plus célèbres. Et puis les héros anglais de BD ne sont pas légion.

Hugh s’écria : - Alors c’est forcément Mustard. Il est anglais, colonel. Il doit aimer ce personnage de militaire. Il a dû lire ses aventures et c’est là qu’il a trouvé cette phrase. “Par Horus, demeure”...

Dylan l’interrompit : - Mais non, ça ne peut pas être lui. Il était couché au moment du meurtre. Il a bondi de son lit en entendant le coup de feu. Et il a rencontré Plum sur le palier de sa chambre. Ils sont entrés ensemble dans le salon. Ce qui disculpe Plum aussi par la même occasion...

Rachel, à son tour : - Procédons par élimination... Mustard et Plum sont hors de cause. Reste nurse White. Mais j’imagine mal cette femme de soixante huit ans lire des bandes dessinées et écrire cette phrase sur le mur... De même que Mrs Peacock. Ce serait plus dans la nature de Miss Scarlett qui, de plus, est bibliothécaire à la British Library... Peut-être le Docteur Green...

Hugh émit un soupir plaintif : - Cette histoire est incompréhensible. Elle est digne d’un roman d’Agatha Christie. Le Crime de l’Orient-Express ou la Plume empoisonnée... Je vous ai dit qu’il fallait laisser faire la Police...

Dylan l’interrompit : - Que viens-tu de dire ?

- Qu’il fallait laisser la Police faire son boulot...

- Non. Avant...

- Que cette histoire était digne d’un roman d’Agatha Christie...

- Hugh !!! Tu es génial !!!! Tu as trouvé !!!!

- Qu’est-ce que j’ai trouvé ???????

- Le coupable et la façon dont il a procédé...

- Mais pas du tout !! Je n’ai rien trouvé du tout !!

- Mais si !!! Inconsciemment peut-être, mais tu as trouvé. Tu as cité le Crime de l’Orient-Express. Rappelez-vous. Un homme trouvé poignardé dans un train. Douze suspects. Hercule Poirot enquête. Et finit par comprendre. Tous les suspects sont coupables. Ils ont chacun donné l’un des douze coups de couteau.

- Et alors ????

- Tu as mentionné la Plume empoisonnée... Une femme se suicide par le poison parce qu’elle est victime d’un corbeau qui lui a envoyé une lettre anonyme. Mais la lettre du corbeau n’est qu’un rideau de fumée. Elle sert à dissimuler un meurtre. Et le corbeau n’est autre que le mari qui a empoisonné sa femme pour pouvoir se remarier...

Hugh gémit : - Désolé... mais je ne vois pas où tu veux en venir...

Virginie vint à son secours : - Je comprends. Tu penses que nos six suspects ont commis, ensemble, le meurtre du Professeur Brown. Et qu’ensuite, ils ont raconté une histoire à la Police afin de se disculper les uns les autres. Comme dans le Crime de L’Orient-Express...

Céline intervint : - Quant à l’inscription “Par Horus, demeure” ce n’est qu’un rideau de fumée qui sert à égarer la Police. À la lancer sur la fausse piste d’Egyptiens qui voulaient punir Brown pour un vol d’antiquités... Comme dans la Plume empoisonnée...

Rachel, à son tour : - Alors que le véritable mobile de ce meurtre prémédité, c’est venger la mort suspecte de Madame Brown...

- Exactement...

- C’est fascinant !!! Mais comment le prouver ???

- En allant tout raconter à la Police !!!!!

- Non Hugh, c’est notre enquête !!!!

- Comment ça “notre” enquête ??!! La vôtre, peut-être, mais pas la mienne !!! Qu'est-ce qui vous prend les filles ?? Gardez un peu de folie pour la ménopause !!!

Dylan, avec un soupçon de perfidie : - Hugh, ne nous dis pas que tu as peur...

Il regarda les quatre jeunes femmes assises devant lui. Il vit leurs yeux, magnifiques, mais interrogatifs, posés sur lui. Il ne pouvait pas les décevoir. Lui, le héros romantique...

- Peur ?? Mais pas du tout, pas du tout... C’est pour vous que je m’inquiète...

Rachel renchérit avec un petit sourire : - Mais, Hugh... tu es là pour nous protéger...

Hugh déglutit péniblement. Il se sentit piégé...


*


Céline et Virginie marchaient sur Piccadilly Circus.

Elles virent la foule, dense, qui sortait des théâtres, éclairée par la lumière artificielle jetée par les néons des publicités lumineuses accrochées aux façades des immeubles. Les double-deckers rouges, mêlés aux taxis, tournaient sans cesse autour de la place.

Elles empruntèrent Regent Street.

Elles regagnaient leur hôtel, le St-James, sur Waterloo Place.

Rachel et Dylan avaient souhaité les héberger mais les jeunes françaises ne voulaient pas envahir la maison de Notting Hill, alors que leurs amies étaient accaparées par le tournage du film de Moody Ellen.

Le St James était le bijou d’une chaîne d’hôtels française. Il avait été construit dans les murs d’une ancienne banque. Il avait conservé la façade victorienne aux belles colonnes de ce bâtiment classé monument historique.

Mais ce qui faisait, aussi, le charme de cet hôtel situé au coeur de Londres, c’était qu’il était... français. On y trouvait des traces du cher et vieux pays.

Il était idéalement placé.

A deux pas de Trafalgar Square, de la National Gallery, et de Piccadilly Circus. Il n’était qu’à quelques minutes à pied de Buckingham Palace que l’on gagnait en traversant St James Park.

Il n’était qu’à quelques rues de Old Bond Street où l’on trouvait tous les magasins de luxe et de Jermyn Street, réputée pour ses boutiques de vêtements pour hommes.

Sur Piccadilly, Céline ne manquait jamais de se rendre chez Fortnum and Mason, quintessence du raffinement gastronomique anglais, où elle achetait marmelades, pickles et chutneys.

Mais dans la même avenue, il y avait l’un des endroits de Londres qu’elle aimait le plus, la librairie Hatchards. Elle aimait se perdre dans les étages, aux murs couverts de livres, qui encadraient un vénérable escalier central en chêne noir.

Enfin, elles arrivèrent devant leur hôtel. Les portes de verre glissèrent devant elles et elles pénétrèrent dans le hall. Elles confirmèrent leurs rendez-vous du lendemain matin pour des soins dans le spa-hammam de l’hôtel et regagnèrent leur suite d’où la vue plongeait sur Waterloo Place et Pall Mall.

Après une douche rapide, elles se retrouvèrent enfin, allongées sur leur lit, nues...

Cette journée, au cours de laquelle elles avaient sauté d’un Eurostar à un taxi londonien, parlé à perdre haleine de Hugh Trant et d’un meurtre mystérieux, marché le long de Piccadilly, avait été si épuisante, qu’elles s’endormirent immédiatement, blotties l’une contre l’autre...


*


Céline et Virginie prenaient leur petit déjeuner dans la vaste salle de restaurant du St-James. Elles avaient été rejointes par Dylan et Rachel.

Leur table disparaissait sous les assiettes de mini viennoiseries, de quartiers de pamplemousses roses, les verres de jus de fruits. Elles avaient aussi sacrifié à la tradition du breakfast anglais : pain de mie toasté et marmelade d’oranges amères, oeufs brouillés avec bacon croustillant, champignons et saucisses.

Naturellement, le crime de Notting Hill était au centre de la conversation.

- Comment allez-vous vous y prendre pour démasquer les coupables ?

- Dylan et moi pensions les inviter à dîner. Et au cours du repas, grâce à quelques questions judicieuses, les amener à se démasquer...

- N’est-ce pas très imprudent de vous retrouver au milieu de six assassins ?

- Nous n’avons vu qu’une seule ombre tirer sur le Professeur Brown. Il n’y a donc qu’un seul meurtrier mais peut-être cinq complices... Et puis, nous serons chez nous... Nous aurons l’avantage du terrain. Nous sommes certaines qu’il n’y aura pas “d’arsenic dans le potage”. Pour reprendre une formule chère à Rachel...

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard amusé au  souvenir d’une des réparties de Rachel lors du procès qui avait opposé Dylan et Helena DeXeres (Big Apple).

- Et puis Hugh sera là...

- Vous ne serez jamais que trois contre six... Laissez-nous nous joindre à vous... A cinq, nous serons mathématiquement plus forts...

- Nous ne voulons pas vous entraîner dans cette aventure...

- Mais, c’est nous qui voulons vous suivre...

- Dans ce cas... Pour parler franchement, nous espérions un peu que vous nous proposeriez votre aide. Parce que Hugh n’est pas très enthousiaste... comme vous avez pu le constater...

Céline s’enflamma à l’évocation du célèbre acteur.

- Je le trouve si sympathique... Il a énormément de charme. Beaucoup d’humour. Et c’est un bel homme... Exactement comme dans ses films... La caméra ne ment pas...

Virginie ne releva pas les propos de Céline. Mais il n’échappa pas à Dylan et Rachel qu’elle coupait avec rage les saucisses qui accompagnaient ses oeufs brouillés.


*


Quelques heures plus tard, après avoir quitté leurs amies retenues par le tournage du film de Moody Ellen, Céline et Virginie se trouvaient à la National Gallery située à quelques pas de leur hôtel.

Elles avaient admiré l’oeuvre maîtresse du musée anglais, les Ambassadeurs de Hans Holbein et son étonnante anamorphose. Comme tous les touristes, elles s’étaient amusées à longer l’oeuvre monumentale tout en gardant les yeux fixés sur l’objet déformé peint au premier plan et qui, sous un certain angle, reprenait sa forme et apparaissait pour ce qu’il était : un crâne appelé aussi vanité.

Elles parcouraient les salles du musée sans échanger une parole.

Céline connaissait la signification du silence de sa compagne. Elle savait que Virginie regardait les oeuvres du musée sans les voir car son esprit était ailleurs.

Elles avaient quitté le musée, traversé Trafalgar Square et rejoint St James Park en suivant le Mall.

Elles marchaient le long de la rivière Serpentine en direction de Buckingham Palace.

Sans dire un mot, Virginie se laissait guider par Céline qui connaissait parfaitement la ville pour y avoir vécu pendant des mois.

Le mutisme de son amie ne pouvant durer, Céline osa la question.

- Virginie que se passe-t’il ? Tu n’as pas ouvert la bouche depuis le petit déjeuner...

Le silence lui répondit.

- Virginie ?

Tout à coup, son naturel impétueux prit le dessus et  la jeune femme explosa.

- La bave de l’adoration ne t’a pas encore étouffée ? Tu regardes cet acteur comme si c’était Apollon en personne !! Je t’ai vue hier soir quand tu étais prête à lui sauter sur les genoux !!

- Virginie !! Tu plaisantes ?? Ne me dis pas que tu es jalouse de Hugh Trant !! Il a cinquante ans !! C’est l’image du père pour moi !!

- Un père incestueux alors !!!

- Mon Dieu !! On dirait vraiment que le goût de Moody Ellen pour la psychanalyse est contagieux...

Céline prit Virginie par la main et l’attira vers un banc où elles s’assirent. Elle se pencha vers elle en gardant sa main dans les siennes. Elle lui parla doucement car elle savait que, de nouveau, son amante doutait.

- Virginie, jamais, depuis que nous nous connaissons je n’ai été infidèle. Que ce soit en pensée ou en action... Et je ne vais pas commencer avec Hugh Trant... Je le trouve simplement charmant et très drôle. Cette façon qu’il a de tourner sa propre vie en dérision... Alors, tu ne dois pas douter de moi...

Elle prit le visage de Virginie dans ses mains et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Je suis désolée Céline, Je sais que mes craintes sont idiotes... Mais, ce que nous vivons est tellement parfait que je me dis qu’une telle perfection ne peut pas durer...

Céline sourit et caressa la joue de son amante.

- Moody Ellen te dirait “il n’y a rien de réellement parfait dans ce monde, à l'exception de la stupidité de mon oncle...”

Elles éclatèrent de rire. Elles reprirent leur chemin en direction de la résidence royale en se tenant par la main.


*


Céline et Virginie avaient proposé de participer à l’enquête. 

Françaises et arrivant de Paris, aucun des habitants de la maison du Professeur Brown ne les connaissaient.

Elles pouvaient procéder aux filatures, dont Rachel et Dylan avaient rêvé, sans se faire remarquer.

Leur promenade dans Londres les conduisit jusqu’au British Museum. Le musée anglais recèle, après le musée archéologique du Caire, la plus belle collection d’antiquités égyptiennes au monde et notamment la fameuse pierre de Rosette.

Céline connaissait le Museum qu’elle fréquentait assidûment à l’époque où elle travaillait pour le bureau londonien de Sophie’s. Elle y avait gardé des contacts comme toute bonne experte en art se devait de le faire.

Leur intention était de recueillir, discrètement, quelques renseignements sur le Professeur Plum qui travaillait au département des antiquités égyptiennes du Museum.

- Céline, comment allons-nous nous y prendre ? Les simples visiteurs n’ont pas accès aux services administratifs...

- J’ai mes entrées dans le musée... Je vais téléphoner à sir Archibald Leach. Il dirige le département des antiquités auquel est rattaché Plum. Sophie’s a souvent eu recours à ses lumières quand il s’agissait d’expertiser un objet ancien. C’est à cette occasion que j’ai fait sa connaissance...

- Je présume qu’il devait adorer travailler avec toi...

- Je te le confirme... Sir Archibald adorait travailler avec moi... Une jeune et jolie française, tu penses...

Céline s’amusa de voir le regard de Virginie s’assombrir.

- Virginie ?

- Oui ?

- Arrête ! Cesse de t’inquiéter pour un oui ou pour un non. Cesse de te renfrogner dès que l’ombre de l’esquisse d’un homme apparaît... Nous nous étions promises de nous faire confiance. Depuis la vente Laurent Saint-Yves (Enchères) Je ne dis rien, moi, quand tu t’approches de Dylan et Rachel, ses icônes gays... Ou de n’importe quelle autre femme. Pourtant, toutes sont un danger potentiel...

- C’est vrai... D’ailleurs, l’hôtesse métisse qui nous a servies dans l’Eurostar était assez craquante... Je me demande si, dans le train du retour...

- Virginie !!!!

- Je plaisante... Céline, je plaisante...

- J’aime mieux ça... Pour en revenir à Sir Archibald, même s’il m’aimait bien, il préférait quand même ses momies égyptiennes...

- Cela me fait penser à ce que conseillait Agatha Christie. Elle disait, "épousez un archéologue. Plus vous vieillirez, plus il vous trouvera du charme"...


*


Sir Archibald Leach était venu les accueillir à l’entrée du musée. Il était ravi de retrouver Céline qu’il n’avait pas revue depuis qu’elle avait quitté Londres en octobre 2008.

Il les conduisit jusqu’à son bureau. Une sorte d’antre poussiéreuse envahie par les livres et les papyrus.

En longeant le couloir qui y menait, les deux jeunes femmes avaient aperçu le nom du Professeur Plum inscrit sur une porte. Elles avaient échangé un regard entendu. Elles avaient eu la même idée, en même temps. Une petite visite s’imposait..

- Céline... Comment allez-vous depuis que vous avez regagné Paris ? Londres ne vous manque pas trop ?

- Je vais très bien... Même si Londres me manque un peu... Mais avec l’Eurostar... c’est tellement facile de venir y passer un week-end de temps en temps... Et vous-même comment allez-vous ?

- Je pourrais aller beaucoup mieux... si le orages ne s’accumulaient pas sur les collections du British...

- Quels orages ?

- Les Egyptiens font pression sur le gouvernement anglais pour qu’on lui restitue certaines de nos plus belles pièces, comme la Pierre de Rosette. Nous ne sommes pas les seuls visés. Le Neues Museum de Berlin, qui détient le buste de Nefertiti, ou même le Louvre, sont dans son viseur... Nous devons apporter la preuve que ces oeuvres ont été acquises de façon tout à fait légale il y a deux siècles.

- Ça doit être extrêmement difficile...

- Tous nos égyptologues sont là-dessus... Quelle perte de temps !!! Alors que nous pourrions le consacrer à la recherche...

- J’ai appris que récemment vous aviez perdu un chercheur de grande valeur. Le Professeur Brown...

- Brown ne travaillait plus pour le British et depuis longtemps... Et sa fortune personnelle le dispensait de s’abîmer les yeux sur les vieux papyrus couverts de hiéroglyphes...

- Sa mort est curieuse, non ?

- Elle ne me surprend pas... Brown avait marché sur trop de gens pour mourir paisiblement dans son lit...

- Il avait un collaborateur. Le Professeur Plum, je crois...

- Oui, Plum est le prototype même du gratte-papier, spécialiste des écritures antiques. Il travaillait parfois pour Brown... Oh pardon, excusez-moi... Oui, Allo ???

Le téléphone venait de sonner interrompant Sir Archibald. - Oui, attendez une seconde... Je suis désolée Céline, mais le ministère m’interroge de nouveau à propos des exigences des Égyptiens...

- Nous allons vous laisser, Monsieur... Nous avons été ravies de vous rencontrer. Ne vous dérangez pas... Nous saurons trouver la sortie... Vous savez que je connais un peu le musée... Au revoir...

A peine sortie du bureau de Sir Archibald, Virginie se dirigea vers la porte sur laquelle elles avaient vu le nom du Professeur Plum. Elle frappa et attendit quelques secondes. Devant le silence qui lui répondit, elle entra avec précaution dans le bureau, suivie par Céline.

- Virginie, ce n’est pas prudent... Plum pourrait revenir à tout moment... On devrait s’en aller...

Virginie se dirigea vers un manteau posé sur une patère. Elle entreprit de lui faire les poches tout en regardant le col du vêtement avec dégoût...

- Prends note Céline. Le Professeur Plum a des pellicules...

- Dans ce cas, on devrait s’en aller...

- Attends encore un peu...

Elle se mit à regarder dans les papiers posés sur le bureau, à ouvrir les tiroirs...

- Virginie, il n’y a rien ici...

- Attends. Regarde ça, un cahier sur lequel on a collé de vieux articles de presse. Regarde, ça concerne Madame Brown. Son enfance, sa riche famille, son mariage, sa vie mondaine, son décès...

- Ça prouve que Dylan et Rachel ont vu juste... Le meurtre du Professeur Brown a sans doute un rapport avec la mort de sa femme. Viens maintenant, allons nous en...

Virginie rangea rapidement le cahier dans le tiroir où elle l’avait pris.

En quelques secondes, elles furent dehors. Elles n’avaient pas fait plus de trois pas hors du bureau qu’elles virent arriver un petit bonhomme à la moustache et aux cheveux gris.

Elles purent l'identifier d'un simple coup d’oeil au col de sa veste. Le Professeur Plum.


*


Hugh était allongé sur un divan recouvert d’un plaid écossais. Il racontait les étapes de sa vie.

Derrière lui, assis dans un fauteuil en cuir, son psychanalyste, le Docteur Nutsbaum, semblait somnoler.

- J’ai eu une enfance plutôt heureuse. Bien sûr, mes parents passaient le plus clair de leur temps à se disputer. Ils ont vécu quarante ans ensemble, mais par pure animosité. Mon père disait qu’il préférait l'incinération à l'enterrement et les deux à un week-end avec sa femme. On était pauvre mais heureux. Mais enfin, on était pauvre. Chez nous, on mangeait à la carte. Celui qui tirait l'as de pique mangeait... J’avais seize ans quand j'ai fugué. Mes parents ont tout de suite réagi : ils ont loué ma chambre...

- Parlez-moi de vos rapports avec les femmes...

- Ils n’ont pas été faciles. Les femmes disaient que j’étais un mauvais coup. C’était vraiment de mauvaises langues. Comment pouvaient-elles savoir ça en deux minutes ? J’ai longtemps eu des doutes sur mes préférences sexuelles. Mais grâce à Rachel, je sais. Je suis hétérosexuel. Même s’il faut bien le reconnaître, le bisexuel a deux fois plus de chances le samedi soir.

- Où en êtes-vous avec Rachel ?

- Nulle part !!! Elle et son analyste sont désormais une affaire à suivre... Ce qui dépasse mon entendement... Mais je sais à présent que la seule façon d’être heureux c’est d’aimer souffrir...

- COUPEZ !!!

Hugh se leva du divan et sourit au metteur en scène qui s’approchait de lui.

- Ça va Moody ? J’ai joué la scène comme tu le souhaitais ?

- C’était parfait Hugh. Tu étais très, très drôle.

- J’ai fini pour aujourd’hui ? Tu n’as plus besoin de moi ?

- Non, tu es libre. Tu vas rejoindre Rachel et Dylan, je présume ?

- Oui... Elles ont la gentillesse de peupler ma solitude... Au moins, pendant la durée du tournage...

- Très bien. Alors amusez-vous bien. Et à demain...

Alors que Moody s’éloignait, Hugh ne put s’empêcher de grommeler entre ses dents.

- A demain ? Je l’espère... Quant à s’amuser... Avec l’autre bande de tueurs... Enfin... Allons nous préparer pour rejoindre les filles et leur servir de garde du corps...


*

Dylan et Rachel attendaient leurs invités.

Comme prévu, Miss Scarlett avait accueilli avec enthousiasme l’invitation de Rachel. Elle rêvait depuis tant d’années de rencontrer le sublime Hugh Trant.

Mais elle était désolée de devoir refuser. Elle ne pouvait pas abandonner ses compagnons d’infortune. La Police les avait tous astreints à résidence dans la maison du Professeur Brown à cause de cet horrible meurtre et de cette douloureuse enquête. Elle ne pouvait pas aller s’amuser de son côté alors qu’eux-mêmes étaient comme prisonniers.

Rachel et Dylan avaient alors proposé de les inviter également...

Miss Scarlett avait dit Oui avec des trémolos dans la voix.

Une table majestueuse, avec couverts en argent, verres en cristal, vaisselle en porcelaine et chandeliers, avait été dressée dans la salle à manger.

Champagne, vins fins et alcools hors d’âge avaient été montés de la cave.

Un cuisinier et son aide avaient été embauchés pour l’occasion. Nurse White avait accepté de servir à table.


*


Tout était prêt. Il n’était plus possible de faire machine arrière. Dans quelques heures, tout serait dit et peut-être découvert.

Dylan se tourna vers Rachel et la prit dans ses bras.

- Pas de regret Rachel ? Nous pouvons encore renoncer à notre projet...

- Non pas de regret... C’est trop grisant...

- Mais peut-être très dangereux...

- Hugh sera là.

- Hugh ? Tu crois vraiment que l’on pourra compter sur lui en cas de coup dur ? C’est un spécialiste des comédies romantiques. Il n’a jamais fait le coup de poing dans ses films...

- Désolée Dylan... Mais Russel Crowe était déjà pris... Et puis, il y aura Céline et Virginie...

- Oui, elles ne seront pas de trop...


*


Les invités de Rachel et Dylan étaient là.

Céline et Virginie étaient arrivées les premières. Puis Hugh Trant.

Les habitants de la maison du Professeur Brown étaient arrivés en même temps.

Au moment des présentations, Céline et Virginie avaient vu une lueur dans les yeux du Professeur Plum. Elles avaient compris qu’il avait reconnu en elles les passantes du British Museum.

Comment ne pas les reconnaître ? Comment ne pas s’en souvenir ?

L’une et l’autre étaient si belles qu’elles laissaient pour longtemps leur empreinte sur la mémoire d’un homme.


*


Placé entre Mrs Peacock et Miss Scarlett, Hugh Trant était la star de la soirée. Malgré son peu d’envie d’être là, l’acteur jouait son propre rôle. Il répondait gentiment aux questions de ses voisines sur la capitale mondiale du cinéma.

- Hollywood ? C’est une usine où l’on fabrique dix-sept films sur une idée qui ne vaut même pas un court métrage. À Los Angeles, ils ne jettent pas leurs ordures. Ils en font des émissions de variétés pour la télévision.

- Oh, vous êtes très dur avec le cinéma ! Les films que vous avez tournés vous ont rendu immortel...

- Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mes films. Je veux atteindre l’immortalité en ne mourant pas...

- Au moins, ils vous ont rendu célèbre...

- C’est vrai. Et la célébrité m’a apporté un gros avantage. Les femmes qui me disent non sont plus belles qu’autrefois. Bon, je reconnais que c’est dur de faire un film. Mais travailler pour de bon, c’est encore pire...

Tous les invités riaient aux réparties de Hugh Trant.  La star tournait tous les sujets de conversation en dérision. La politique anglaise fut abordée par le Colonel Mustard et le Docteur Green.

- Que pensez-vous de nos hommes politiques ?

- Ils sont soit incompétents, soit corrompus. Quelques fois, les deux en même temps et le même jour. Mais vous savez je crois qu’ils sont incapables de faire notre bonheur ou notre malheur. Certains pensent que si nous souffrons. c’est par la volonté de Dieu. Si c’est le cas, je n’arrive pas à comprendre pourquoi Il se croit obligé de tellement en remettre.

- Vous croyez en Dieu ?

- Je ne crois pas en l’au-delà... Mais j’emmènerai quand même des sous-vêtements de rechange...

- En quoi croyez-vous alors ? Au mariage ? souffla Miss Scarlett, pleine d’espoir...

- Non !!! Le mariage, c’est la mort de l’espoir... C’est le paradis des occasions perdues... Prenez la définition de l’auto-stop... Une auto-stoppeuse est une jeune femme jeune, généralement jolie et court vêtue, qui se trouve sur votre route quand vous êtes avec votre femme...

- Vous ne croyez à rien ?

- Si au sexe... Je crois que dans la vie, il y a deux choses, le sexe et la mort. Et, bien sûr avec ma chance habituelle, c’est la moins agréable qui est éternelle... Mais, au moins, mourir vous pouvez le faire seul et personne ne se moquera de vous.

Au milieu des rires, Rachel prit la parole.

- Mesdames, veuillez excuser Hugh... C’est un horrible phallocrate... Mais il a une excuse, il en a conscience...

- Je suis un horrible phallocrate, mais un horrible phallocrate déprimé. J’aimerais terminer sur un message d’espoir. Mais je n’en ai pas. Est-ce que deux messages de désespoir vous iraient ?

Les rires redoublèrent. Hugh se tourna vers Dylan et Rachel.

- Bon public non ???


*


Le repas terminé, ils s’étaient tous retirés dans le salon-bibliothèque pour finir la soirée devant liqueurs, café ou thé.

Cette pièce, semblable à celle où le Professeur Brown avait été abattu, devait servir de prétexte pour orienter la conversation vers le meurtre mystérieux de Notting Hill.

Comme convenu, Virginie joua les ingénues.

- Rachel et Dylan nous ont dit qu’un crime avait eu lieu dans la maison où vous résidez. Dans une pièce semblable à celle où nous nous trouvons. C’est fascinant. La Police a-t-elle arrêté le coupable ?

Un silence embarrassé accueillit sa question. On n’entendait que le bruit des cuillères dans les tasses.

Finalement, Miss Scarlett répondit.

- Non. La Police continue son enquête. Pour le moment, elle n’a arrêté personne...

- Elle a des indices ?

- Scotland Yard ne nous a fait aucune confidence. Tout ce que nous savons, c’est que nous sommes tous suspects à ses yeux. Nous avons interdiction de quitter Londres...

- Mais et vous ? Vous n’avez aucune idée de l’identité de la personne qui a pu tuer le Professeur Brown ? Qui peut avoir envie de tuer un égyptologue ? Un savant ?

- Tout le monde a sa part de mystère... Le Professeur Brown comme les autres. Si j’étais la Police, c’est dans cette direction que je chercherais...

Tous les invités se tournèrent vers Mrs Peacock qui venait de parler. Elle était assise très droite sur un fauteuil. Elle tournait une cuillère dans la tasse de Darjeeling servie par Nurse White.

- De tous les proches du Professeur Brown, je suis celle qui le connaissait depuis le plus longtemps. En fait, je connaissais sa femme. Daisy. Nous avons fait nos études ensemble. Dans le même collège. Nous étions restées très amies. Même après son mariage...

- Même après son mariage ? souligna Céline.

- Je ne raffolais pas de Brown. C’était un coureur de dot. J’étais persuadée que seule la fortune de Daisy l’intéressait. Mais elle, elle n’a vu que le beau jeune homme passionné d’archéologie... Après leur mariage, il a pu financer ses propres expéditions en Egypte. Il a enfin pu réaliser son rêve. Devenir l’un des plus célèbres égyptologues contemporains. Mais il a aussi multiplié les liaisons... Daisy n’a jamais rien dit...

- Ma tante était une personne adorable. Si douce et si aimante, reprit Miss Scarlett. Je n’ai jamais compris son attachement à Brown, ni le plaisir que ce dernier prenait à la faire souffrir.

- D’après les journaux, sa mort est entourée de beaucoup de mystère, tenta Dylan.

- Daisy Brown est morte d’une septicémie foudroyante. J’étais son médecin de famille. On n’a rien pu faire pour la sauver, coupa le Docteur Green.

- Sa mort est tombée à point nommé. La patience de Daisy arrivait à son terme, reprit Mrs Peacock. Je sais qu’elle avait l’intention de demander le divorce... Sans sa fortune, Brown serait redevenu l’obscur petit scribouillard qu’il était avant leur mariage...

- Que voulez-vous dire ? glapit le Docteur Green. Que  Brown a provoqué la mort de sa femme ? Et que j’ai été assez bête pour ne pas m’en rendre compte ? Assez incompétent pour ne rien voir ?

- Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir... intervint le Colonel Mustard.

Le docteur Green bondit.

- Vous en avez trop dit ou pas assez, Mustard !!! Allez jusqu’au bout de vos insinuations...

- Vous avez signé le permis d’inhumer Daisy Brown sans vous poser trop de questions... Pourquoi ???


*


Hugh se tourna vers Céline dont il s’était rapproché et lui chuchota - Houla, ça chauffe !!!

La jeune femme lui répondit sur le même ton.

- Oui... Il aura suffi d’une étincelle jetée par Virginie...

- Céline, je peux vous poser une question indiscrète ?

- Oui, je vous écoute...

- Voilà... Je crois que vous n'avez pas toujours été gay ?

- Hugh, vous pensez vraiment que c’est le moment de me poser ce genre de question ?

- Il n’y en n’a pas de meilleur... Nos invités n’ont pas besoin qu’on leur fasse la conversation. Ils s’amusent très bien sans nous. D’ailleurs, ils sont sur le point de s’écharper...

Céline répondit en riant doucement.

- Non, je n'ai pas toujours été gay. J'ai aimé des hommes. J’ai même failli me marier... Mais maintenant, j'aime Virginie. Je vis avec Virginie... Les horribles phallocrates déprimés ne doivent plus compter sur moi... Laissez-moi écouter ce que dit le Docteur Green...

- Ah bon ? Vous êtes sure ? Quel dommage !!! En tout cas, si vous changez encore de mode de vie, faites-moi signe...


*


Alors que Hugh et Céline discutaient en chuchotant, le Docteur Green et le Colonel Mustard échangeaient des propos mouillés d’acide. Sans se préoccuper du lieu où ils étaient.

- Je ne vous permets pas de mettre mon intégrité en cause... Pourquoi aurais-je fermé les yeux sur la mort de Daisy Brown si elle avait été suspecte ? J’éprouvais une affection sincère pour elle...

- Parce que vous n’aviez pas le choix !!! Brown connaissait deux ou trois choses de vous qui auraient pu ruiner votre carrière de brillant médecin. ajouta Mrs Peacock.

- Quelles choses ? Vous racontez n’importe quoi !

- Oh non, je ne raconte pas n’importe quoi... J’ai eu le temps de faire ma petite enquête pendant ces dix dernières années... Depuis la mort de Daisy... Sa septicémie n’a pas été provoqué par un poison que Brown se serait procuré en Égypte. Ça, c’est du roman. Non elle est décédée d’une absence de soins. On a omis de soigner l’infection dont elle souffrait. Ou plutôt, VOUS avez omis de la soigner. Délibérément. Et cette infection a dégénéré en une septicémie qui l’a tuée.

- C’est faux !!!

- Si c’est exact. Je peux en témoigner...

Toutes les têtes se tournèrent vers la personne qui s’était exprimée avec une telle certitude que nul ne songea à mettre sa parole en doute. Nurse White.

Elle quitta le coin du salon où elle se tenait, prête à servir alcools, thé ou café. Elle s'avança vers eux et se mit à parler d'une voix calme mais où tremblait une colère froide. Ses propos étaient implacables.

- J’ai assisté Daisy Brown pendant toute la durée de sa maladie et j’ai bien vu que les soins que vous lui prodiguiez n’avaient aucun effet... Elle s’affaiblissait de plus en plus et puis un jour...

- Et j’aurais violé mon serment de médecin... j’aurais laissé mourir une femme à laquelle j’étais attachée... Pourquoi ?

- Parce qu’il y a quelques années, vous avez commis une tragique erreur en pratiquant une piqûre sur un enfant et qu’il en est mort. Vous vous étiez trompé en dosant le produit que vous lui avez injecté. Les parents ont mis sa mort sur le compte de la grave pathologie dont il souffrait. Ils vous faisaient une confiance aveugle... Mais vous, vous saviez... Et depuis, vous vivez avec ce poids sur la conscience. Vous avez cru pouvoir vous soulager un peu en vous confiant au Professeur Brown. Mais, il a utilisé cette confidence contre vous.

Le Docteur Green ne songea pas à nier et souffla.

- Comment le savez-vous ?

- J’ai entendu votre confession. Je suis une domestique. Je fais tellement partie des meubles qu’on ne me remarque pas. Brown et vous, vous étiez assis dans les fauteuils du salon-bibliothèque où il est mort. La porte n'était pas fermée. C'était la nuit. Vous aviez déjà beaucoup bu au cours du dîner. Et là... le cognac aidant, vous avez tout raconté...

- Pourquoi n’avoir rien dit alors ?

- C’était ma parole contre la vôtre. Celle d’une domestique contre celle d’un savant et d’un médecin. Je n’avais aucune chance d’être crue... Mais aujourd’hui, j’aurai le courage que je n’ai pas eu à l’époque... Je vais tout dire à la Police...


*


L’atmosphère était chargée d’électricité.

Les habitants de la maison du Professeur Brown semblaient avoir oublié que leur conversation avait des témoins.

Il était impossible d'arrêter leur besoin de régler leurs comptes. De solder les vieilles dettes. Les souvenirs revenaient à la surface. Les accusations les plus sordides étaient jetées à la face.

Dylan et Rachel, Céline et Virginie ainsi que Hugh étaient les spectateurs sidérés de ce déballage.

Virginie s’était approchée de Céline que Hugh avait quittée. Elles échangèrent quelques phrases en murmurant.

- Et bien dit donc, Céline... Je n'aurais jamais cru que ce serait si facile... Il a suffit d'une question minuscule et ils sont intarissables... Si ça continue comme ça, nous aurons le nom du coupable avant la fin de la soirée...

- Oui. Mais lequel ? Comme nous le pensions, ils avaient tous une bonne raison pour tuer Brown...

- Dis-moi... Tu avais l’air de bien t’amuser avec Hugh...

- Oui, c’est vrai. Je te l’ai déjà dit. Je lui trouve beaucoup d’humour... Il est aussi très curieux. Il m’a demandé si j’avais toujours aimé les femmes... Je lui ai dit qu’autrefois j’avais eu des amants et même que j’avais failli me marier. Mais que, maintenant, je t’aimais et n’aimais que toi...

- De la curiosité ? De l’humour ? C’est bizarre, mais... vu de loin, j’avais l’impression qu’il... qu’il te draguait...

- Qu’il me draguait ? Ah non !!! Je t’en prie Virginie, ne recommence pas !!!  Décidément, dans l'histoire du monde, ta paranoïa n’a d’égale que celle de... de Joseph Staline !!!


*

Je vais tout dire à la Police. Les dernières paroles de Nurse White résonnaient encore dans la pièce. Implacables comme une sentence de Cour d’Assises.

- Tout lui dire ? Vraiment ? éructa le Docteur Green. Alors n’oubliez rien ! Ni personne ! Car perdu pour perdu, je ne veux pas tomber tout seul !

- Brown, votre commanditaire, est mort ! Qui d’autre pourrait vous accompagner en prison ? questionna Mustard.

- Celui sans lequel la mort de Daisy Brown n’aurait eu aucun intérêt... Brown ne voulait pas simplement se débarrasser de sa femme parce qu’elle avait l’intention de divorcer... Il voulait aussi hériter d’elle... Or, la loi anglaise fait passer les époux après... les neveux et nièces. Sauf si un testament en dispose autrement...

Miss Scarlett se leva de son fauteuil, le visage livide. Mustard se précipita près d’elle pour l’assurer de son amical et viril soutien.

- Je ne comprends pas... Vous prétendez que le testament de ma tante...

- Le testament de votre tante est un faux... On a très habilement imité son écriture et sa signature. Afin que Brown puisse accaparer tous ses biens. Afin de vous déshériter...

- Qui ? Qui a fait une chose pareille ? Brown ?

- Non, Miss Scarlett. Pas Brown. Un savant pour lequel aucune écriture n’a de secret. Parce qu’il les étudie depuis toujours. Parce qu’il les aime. Parce qu’il adore les reproduire. Calligraphie arabe, écriture cunéiforme, hiéroglyphes. Un homme doué d’un talent prodigieux pour la copie et dénué de scrupules. Un homme enfin qui ne pouvait rien refuser à Brown qui l’avait sauvé des geôles égyptiennes.

- Qui ? Mais qui ?

- Qui d’autre sinon... le Professeur Plum ?

Le silence était tombé dans la pièce alors que, lentement, tous les yeux se tournaient vers l’égyptologue à la triste moustache grise...


*


Hugh se tenait près de Dylan et de Rachel.

- Ça y est les filles ! Je crois qu’on tient la clef de l’énigme !

- Oui. Mais il faut faire très attention à présent. N’oublions pas qu’il y a un meurtrier parmi eux... chuchota Rachel.

- Bon sang c’est vrai ! J’ai failli oublier qu’un homme a déjà été revolvérisé...

Dylan s’adressa à Hugh sur un ton moqueur. - On ne peut pas penser à tout. Surtout quand on joue les jolis coeurs...

- Les jolis coeurs ? Je ne vois absolument pas à quoi tu fais allusion...

- Vraiment ? Tu avais l’air très attentif aux propos de Céline il y a quelques minutes... Tu la dévorais des yeux... Tu la déshabillais mentalement...

- Je la déshabillais mentalement ?? Mais non enfin !! Je me suis montré aimable avec elle. C’est tout !!

- Je ne te juge pas Hugh. Je ne suis pas là pour jouer les chaperons. Céline est très belle. Ton admiration, ton attirance pour elle sont naturelles... Mais tu es mon ami. Je ne veux pas que tu souffres...

- Tu n’es pas très encourageante...

- Hugh, je connais la force de l’amour de Céline pour Virginie. J’en ai fait l’expérience...

- Tu n’as pas d’inquiétude à avoir, Dylan. Je suis peut être un phallocrate déprimé, mais je ne suis pas un imbécile... Je n’avais aucune intention de briser leur relation. Et puis, tu sais, je n’ai pas une mentalité de chasseur. Je suis plutôt gibier. je préfère qu’on me coure après. Et je me laisse rattraper...

- Essayons d’attraper notre gibier criminel les interrompit Rachel.


*


Le Docteur Green ponctua ses accusations d’un ricanement mauvais.

- Et bien Plum. C’est à votre tour de passer à confesse !! Vous ne pouvez plus vous taire à présent...

- Je n’ai rien à dire...

- Vraiment ? Alors je vais le faire pour vous... Vous êtes un spécialiste des écritures, Plum. Mais un spécialiste qui ne mange pas à sa faim. Pour boucler vos fins de mois, vous étiez obligé de collaborer aux ouvrages de Brown.

- Il me payait très correctement !

- Oh que non... La générosité n’était pas son genre ! Mais avant ça, vous avez tenté de vous enrichir en faisant du trafic d’antiquités égyptiennes.

- C’est faux !

- C’est Brown lui-même qui me l’a dit... Il y a douze ans, alors que vous participiez aux mêmes fouilles, vous avez tenté de détourner des objets afin de les revendre. Mais comme Brown avait des informateurs dans la Police égyptienne, il a pu vous alerter au moment où votre réseau allait être arrêté. Vous êtes passé au travers des mailles du filet. Mais pas pour longtemps... Car vous êtes tombé dans celui de Brown...

- Vous racontez n’importe quoi !

- Il était furieux après vous... Car à cause de votre trafic, les Égyptiens n’ont plus voulu de Brown chez eux... Mais il a trouvé le moyen d’utiliser vos talents de faussaire...

- C’est stupide !

- Oh non, ce n’est pas stupide ! Il suffira de retrouver vos complices. Ils n’ont pas eu votre chance. Ils croupissent toujours dans les prisons du Caire ou d’Alexandrie. Il suffira de faire expertiser le testament de Daisy Brown...

- A supposer même que ce soit un faux, qu’est-ce qui prouve que j’en suis l’auteur ?

- Vous l’avez forcément tripoté. Vous y avez laissé des traces. L’ADN... Vous connaissez ?

Plum déglutit péniblement. La démonstration du Docteur Green était parfaite. Il ne pouvait rien dire pour se défendre. Mais il se reprit vite.

- Très bien. Je suis un trafiquant et un faussaire. Mais je ne suis pas un assassin. Je n’ai pas tué le Professeur Brown !


*


Hugh s’exclama - Tiens... oui, au fait ? Qui l’a tué celui-là ? On n’est pas beaucoup plus avancé...

Comprenant sa bourde, mais trop tard, l’acteur se mordit la lèvre.

Le Docteur Green se tournait déjà vers lui d’un air mauvais. - C’était donc ça !! C’est pour ça que vous nous avez invités. Pour nous tirer les vers du nez... Le sublime Hugh Trant... Un sale petit mouchard, oui !!

- Aaah, je ne vous permets pas !!! Je n’interprête que des rôles de héros romantiques... Jamais de mouchard. C’est dans mon contrat...

- Vous avez voulu jouer les détectives privés. C’est un jeu dangereux...

- C’est dangereux mais très amusant. Comme au Cluedo. Il faut trouver qui a tué, où et comment... Où et comment, nous le savons déjà. Avec un revolver et dans le salon-bibliothèque. Qui ? J’ai ma petite idée...

- Et le grand acteur nous fera-t-il l’honneur de nous exposer sa petite idée ? persifla le Docteur Green.

- Mais... avec plaisir...

Hugh s’avança au milieu de la pièce et commença son exposé. Il pensait à la façon dont Hercule Poirot, Miss Marple ou Sherlock Holmes s’y seraient pris. Tous ces personnages qu’il aurait tant aimé interpréter. Sauf Miss Marple. Naturellement.

- Tous les habitants de la maison du meurtre avaient une bonne raison de tuer le Professeur Brown. Comme nous venons de le découvrir. Green et Plum parce qu’il les faisait chanter. Miss Scarlett parce qu’il avait détourné la fortune qui lui revenait de droit. Le colonel Mustard, par amour pour Miss Scarlett. Mrs Peacock et Nurse White par affection pour Daisy Brown.

- Nous avons tous un motif, mais il n’y a qu’un seul meurtrier... Alors ?

- Alors ? Ce ne peut pas être le Colonel Mustard et le Professeur Plum. Parce qu’ils sont sortis en même temps de leur chambre respective. Ils ont découvert le corps ensemble. Et ils ne sont pas complices car trop de choses les opposent. Pour Mrs Peacock et Nurse White, il leur suffisait de révéler à la Police ce qu’elles savaient de la mort de Daisy Brown pour envoyer son époux à l’ombre et pour longtemps. Miss Scarlett n’avait pas le temps de tuer, de remonter à sa chambre pour redescendre. Il ne reste plus que... vous,... Docteur Green...

- Moi ?

- Oui, vous.

- Oh vraiment ? C’est donc moi qui ait tué Brown ? J’ai hâte de connaître la façon dont je m’y suis pris...

- Le plus simplement du monde. Après que tout le monde est parti se coucher, sauf Nurse White qui rangeait sa cuisine. Vous avez retrouvé Brown dans le salon-bibliothèque. Vous avez ouvert la porte-fenêtre qui donne sur le jardin. Puis vous avez écrit, sous son nez et sans doute en le menaçant de votre arme, cette inscription sur le mur. Enfin, vous l’avez tué. Vous êtes allé vous cacher dans une autre pièce du rez-de-chaussée. Et vous êtes revenu dans le salon-bibliothèque après tout le monde. En faisant semblant de venir de votre chambre...

Un silence accueillit les déductions de Hugh Trant. Dylan, Rachel, Céline et Virginie se rapprochèrent de leur ami comme pour approuver ses propos.

Le Docteur Green ricana encore et se mit à applaudir l’acteur. - Bravo !! Félicitations !! Vous jouez si bien la comédie que l’on prendrait ce salon pour un théâtre. Mais, à présent... la comédie est terminée...

Ponctuant ses propos, il glissa la main dans sa poche et en sortit un revolver qu’il braqua sur Hugh. Ce dernier pensa “Quel crétin je fais !!! Mais quel idiot !!! J’aurais mieux fait de tenir ma langue !!! Ne jamais jouer les premiers rôles quand la caméra ne tourne pas !!!

Mais devant les cinq ravissantes jeunes femmes qui le regardaient, il ne voulut pas perdre son flegme et son humour.

Alors, il continua à parler avec calme et élégance. Comme il avait vu Cary Grant le faire dans le film d’Alfred Hitchcock, la Mort aux trousses. Une de ses répliques lui vint à l’esprit.

- Apparemment, le seul rôle que vous aimeriez me voir tenir est celui du mort...

- Ce sera votre prochain rôle. Vous y serez merveilleux de naturel...


*


Le Docteur Green tenait toujours Hugh Trant sous la menace de son arme. L’acteur n’en continua pas moins son enquête.

- Pourquoi ? Pourquoi le tuer maintenant ? Alors qu’il vous faisait chanter depuis des années ?

- Parce que Brown rêvait de se voir attribuer un poste prestigieux. Conservateur du département des antiquités égyptiennes du British Museum. Il avait appris que je soignais son rival. Alors, il m’avait demandé de lui faire place nette... Devant la mort de cet homme malfaisant, tout le monde pensera "bon débarras"...

- Vos scrupules de la dernière heure vous honorent, mais ils arrivent un peu tard pour Daisy Brown et pour l'enfant que vous avez tué...

- Vous ne pourrez jamais prouver que j'ai laissé mourir l'une et tuer l'autre... Vous n’avez rien contre moi... Rien que les délires de Nurse White et de Mrs Peacock, ces deux vieilles folles...

Hugh Trant sourit et souleva le col de sa veste laissant apparaître un petit micro.

- J’ai bien peur pour vous que nous ayons bien plus que cela... Nous avons vos aveux... Vous ne vous trompiez pas. Je suis bien un petit mouchard...

- Espèce de...

Le Docteur Green n’eut pas eu le temps de finir sa phrase que Hugh Trant s’était jeté sur lui. Une lutte rapide s’ensuivit. On entendit un coup de feu. L’acteur s’écroula. Rachel, Céline et Virginie se précipitèrent vers lui.

Le colonel Mustard et Dylan bondirent à leur tour. Alors que le militaire décochait une fameuse droite au médecin, la jeune femme s’emparait de l’arme qui était tombée au sol.

Pendant cette lutte incertaine, le Professeur Plum s’était rapproché de la porte du salon pour fuir. Elle s’ouvrit brusquement sur Walt Holson qui apparut l'arme à la main.

En quelques secondes, Plum et Green furent menottés.

Tous alors se tournèrent vers Hugh qui restait allongé au sol, immobile, une tache de sang sur sa veste.


*


Sa tête reposait sur les genoux de Rachel. Céline avait posé la main sur son front. Virginie commençait à ouvrir la veste tachée de sang.

Hugh regardait les trois jeunes femmes penchées sur lui. Il se mit à murmurer.

- Ô mon Dieu... Je suis déjà mort... Je suis au paradis et trois anges sont penchés sur moi... Non !! Je suis en enfer, car je n’ai pas le droit de les toucher...

Rachel s’inquiéta. - Il délire. Il nous prend pour des anges...

- Je le trouve encore très lucide au contraire... Il dit qu’il n’a pas le droit de nous toucher... répondit Virginie.

- Il faut faire quelque chose... Il perd beaucoup de sang... intervint Céline.

- Ecartez-vous ! Je prends le relais !

La personne, qui venait de s’exprimer avec une autorité telle que personne ne songea à la contredire, était une jeune et jolie femme rousse aux yeux verts. Elle s’agenouilla auprès de Hugh Trant et ouvrit une mallette.

Puis, avec une infinie délicatesse, elle écarta les pans de la veste, et examina la plaie. Hugh en confiance, se remit à ses soins.

- Qui êtes-vous ?

- Docteur Ann Keaton. Je suis médecin urgentiste. La Police vient de m’appeler.

- Docteur, je ne vais pas mourir, n’est-ce pas ? Ce n'est pas que j'ai peur de mourir, mais je préfère ne pas être là quand ça arrivera...

- Mais non, vous n’allez pas mourir... La blessure est spectaculaire mais superficielle. La balle n’a fait que vous effleurer. Je vais vous soigner. N’ayez pas peur...

- Maintenant que vous êtes près de moi, je sais qu’il ne m’arrivera rien... Docteur... Dites-moi... vous n’êtes pas gay, n’est-ce pas ?

- Gay ? C’est une question étrange... D’habitude on me demande plutôt si j’ai tous mes diplômes de médecin. Mais non, je ne suis pas gay...

- C’est vrai ? Alors... je vous aime... Docteur. je veux un enfant de vous...

- Vous ne perdez pas de temps...

- Depuis que j’ai failli être abattu comme un chien j’ai compris. Dans la vie, il n’y a pas de temps à perdre. Parce que, quand vous êtes mort et que quelqu'un crie "debout là-dedans, c'est l'heure de se lever", c'est difficile d'enfiler ses pantoufles. Alors... je veux vous épouser...

- Allons... calmez-vous...

- Je suis calme, Docteur. Tout ce que je sais c’est que mon coeur bat la chamade et que ça me chatouille de partout. Ou c’est de l’amour ou j’ai la varicelle...

- On va vous emmenez à l’hôpital pour des soins...

- Vous restez avec moi, Docteur ???

- Bien sûr, Hugh... Je reste avec vous...


*


Quelques jours plus tard, Walt Holson était assis dans le canapé de ce même salon. Il savourait un vieux brandy.

Il semblait être le plus heureux des hommes, entouré comme il l’était par quatre ravissantes jeunes femmes.

Son bonheur aurait été complet, si elles n’avaient pas eu la mauvaise idée de préférer des personnes du même sexe qu’elles à un homme dans la force de l’âge comme lui. Enfin... la perfection n’est pas de ce monde...

- Oui, Mesdames... la Police n’est pas si mal faite... Nous avons rapidement compris que Hugh avait une idée derrière la tête quand il me posait toutes ces questions sur la mort du Professeur Brown. Nous avons deviné qu’il menait sa propre enquête. Ou plutôt que VOUS meniez votre propre enquête. Et nous nous sommes dits : “Pourquoi pas ? Nous allons les aider...” Nous étions arrivés aux mêmes conclusions que vous... La mort suspecte de Daisy Brown. Mais rapidement nous nous sommes heurtés à une impasse. Pas de preuve. Uniquement des déductions, des présomptions. Plutôt maigre comme dossier. Le seul moyen d’arriver à résoudre l’énigme c’était de l’intérieur. En cuisinant les occupants de la maison du meurtre. Comme vous l’avez fait...

- C’est Hugh qui vous a demandé de “superviser” notre dîner  ? interrogea Dylan.

- Pas du tout. Nous avons mis le téléphone de la maison du crime sur écoute. C’est comme ça que nous avons appris l’existence de ce dîner. Hugh n’y est pour rien. Par contre, nous avons décidé d’y participer. Sans vous mettre dans la confidence. Votre cuisinier et son aide étaient des policiers. Et nous avons exigé de Hugh qu’il nous aide. En portant un micro... Il devait se contenter d’être là...

- Votre mise en scène vous a échappé et a bien failli mal tourner pour Hugh... intervint Céline.

- Oui... nous n’avions pas prévu que Hugh en ferait autant.

- Ça lui ressemble si peu de jouer les Robin des Bois... commenta Rachel

- Hugh est bien comme mec, vous savez. Je le connais depuis trente-cinq ans. Il a toujours un peu de mal à se mettre en route. Mais, après, il tient la distance...

- Vous en parlez comme d’un amant. Des souvenirs de collège ? sourit Virginie.

- Mais pas du tout !!!!!! Pas du tout !!!!! Nous avons été champions de rugby avec notre université. C’est tout !!!!! Bon, Mesdames, je vais vous laisser. Bonne soirée et... bonne nuit.

Walt Holson parti, elles ne purent s’empêcher de rire en repensant à sa réaction quand Virginie avait suggéré qu’il avait pu être l’amant de Hugh.

- Enfin quelqu’un qui ne rêve pas du sublime Hugh Trant... s’amusa Dylan.

- Au fait, où est notre ami ?

- Il devait sortir avec le Docteur Ann Keaton. Il doit être en train de se bourrer de gingembre répondit Dylan.

Elles éclatèrent de rire.


*


Elles étaient sorties dans le jardin pour profiter de la douceur de la nuit. Ce fameux jardin où leur aventure avait commencé. Elles marchaient doucement entre les massifs de fleurs et les arbres centenaires.

Elles entendirent au loin sonner la cloche de Big Ben.

- Comme la vie est curieuse dit Rachel. Il y a quelques jours nous nous promenions ici avec Hugh et sa déprime et nous avons assisté à un meurtre. La vie est un film extraordinaire. Même Moody Ellen ne pourrait pas faire mieux.

Dylan ajouta - C’est comme cette vieille blague que Moody raconte souvent. Deux dames âgées sont à la campagne. La première dit “Mon Dieu, ce qu’on mange mal dans ces auberges !” et l’autre ajoute “ Oui, c’est vrai et en plus les parts sont minuscules”. C’est comme ça que Moody voit la vie. Un monument de solitude, de misère, de souffrance et de malheur et en plus, ça passe... comme un déjeuner au soleil.

Tout en marchant, elles s’étaient approchées de la maison du crime. Elles s’arrêtèrent alors. Tout à coup, elles virent deux ombres derrière une fenêtre du premier étage...

Mais Rachel refusa d’en voir plus. Elle saisit Dylan par la main et l’entraîna. Céline et Virginie les suivirent.

- Ah non !!! Ça ne va pas recommencer !!! J’en ai assez du Cluedo. Je préfère que l’on joue à un autre jeu...

- Lequel, chérie ? demanda Dylan...

- Un jeu que j’ai toujours adoré. On peut y jouer à deux, à trois, à quatre et même plus...

- A trois, quatre et même plus ???? s’étrangla Dylan. Mais à quoi penses-tu Rachel ????

- Mais... au scrabble... Quoi d’autre ???



FIN


Vous pouvez découvrir
 les dernières aventures
de nos héroïnes dans le récit suivant
La fille d'Ipanema.

109 commentaires:

  1. beau début hâte de lire la suite

    RépondreSupprimer
  2. Je me demande où Gustave veut en venir. Le titre du récit annonce-t'-il une nouvelle énigme à résoudre par ses héroïnes favorites ?

    RépondreSupprimer
  3. J'aime beaucoup le mélange de fiction et de réalité du début.

    Quant à Hugh, son personnage est très attachant à la fois drôle et mélancolique.

    J'adore l'atmosphère de ton récit, léger et très "rétro" comme cette image du Cluedo.

    Merci Gustave.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  4. Bravo pour la manière dont les citations extraites des films de Woody ALLEN sont introduites dans le récit et pour le choix des pseudonymes.

    La découverte de LONDRES promet d'être aussi fascinante que celle de NEW YORK.

    RépondreSupprimer
  5. Merci de nous faire voyager après Paris, NY, voici Londres et la suite des aventures de Dylan et Rachel. Hâte de lire la suite.

    RépondreSupprimer
  6. Tu nous emmène à présent à Londres avec un récit toujours aussi plaisant, et de l'humour...

    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  7. On se laisse emporter comme toujours
    au grès de ton imagination, entre réalité et fiction.

    J'attends la suite avec impatience.

    Merci Gustave.

    Marie Pierre.

    RépondreSupprimer
  8. merci gustave j'aime beaucoup ce début de récit, j'adore ce couple rachel/dylan et cette pointe d'humour. j'aime bien cette idée de croiser l'acteur et le couple, de voir en dedans et en dehors du décor de cinéma. Au plaisir de lire la prochaine suite

    sev.

    RépondreSupprimer
  9. Bonne nouvelle, on va avoir deux suites par semaine tu nous gâtes Gustave. Merci pour cette suite, on est plongé en plein roman policier. Hâte de lire la suite mercredi.

    RépondreSupprimer
  10. Merci pour cette suite, avec une énigme policière et du suspens en perspective...
    Je suis ravie aussi de pouvoir lire déjà une suite Mercredi !

    RépondreSupprimer
  11. Hate de lire la suite ...........

    Ramsès 88

    RépondreSupprimer
  12. merci gustave deux suite par semaine on est gâtée, et ba le hugh grant pas très téméraires dis -moi.

    Hâte de lire la suite...

    RépondreSupprimer
  13. Félicitations pour les dialogues et pour le personnage de Hugh TRANT, attachant dans sa pusillanimité.

    RépondreSupprimer
  14. merci gustave je viens d'avoir un coup de chaud là mais je reste un peu sur ma faim là vivement dimanche pour pouvoir lire la suite

    RépondreSupprimer
  15. Nous voilà replongés avec plaisir dans une nouvelle enquête à laquelle, je pense, nos héroïnes vont participer d'une manière ou d'une autre...dès qu'elles en auront fini avec leur gourmande et tendre occupation du moment...

    Merci Gustave

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  16. Merci à Gustave d'accélérer le rythme de ses publications, ce qui nous permet désormais de passer de délectables moments de lecture deux fois par semaine.

    RépondreSupprimer
  17. Quelle délicieuse étape gourmande et sensuelle.

    Dans mon petit guide perso, "Comment réveiller ses papilles", je te donne la note de quatre fourchettes.

    Merci Gustave.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  18. C'est bien agréable de te retrouver en milieu de semaine. Merci Gustave pour cette suite.

    RépondreSupprimer
  19. Quel joli moment plein de gourmandise et de sensualité... Je fonds de plaisir!
    Merci infiniment Gustave

    RépondreSupprimer
  20. Grâce à toi, je vois la psychanalyse d'un oeil différent!

    J'adore les répliques de ton cinéaste préféré.

    Je te laisse, je vais de ce pas prendre rendez-vous avec une psychanalyste. Zut, on est dimanche! Tant pis....(gros soupir).

    Béa.

    RépondreSupprimer
  21. merci gustave quelle belle suite, hate d'en lire un peu plus mercredi...

    RépondreSupprimer
  22. J'aime beaucoup le parallèle entre le film et la réalité. Merci Gustave.

    RépondreSupprimer
  23. Moi aussi j'aime beaucoup les répliques de W.A. glissées fort à propos tout au long des dialogues.

    Vivement la suite de mercredi !

    merci Gustave

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  24. Gustave est décidément très habile pour entremêler les répliques des personnages de Woody ALLEN, pardon, de Moody ELLEN, à son propre récit auxquelles elles s'intègrent parfaitement.

    RépondreSupprimer
  25. Toujours aussi plaisant ce récit, avec les scènes du tournage et la "vraie" vie Rachel et Dylan qui s'entrecroisent...
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  26. Je vous remercie infiniment pour vos si gentils commentaires. J'avais un peu peur que ce récit vous plaise moins que les autres. Car je m'éloigne de plus en plus de pblv (rires) Rachel et Dylan, Woody Allen, Londres, la psychanalyse et le cinéma. Nous sommes loin du Bar du Mistral. C'est très, très gentil de me suivre là où mon imagination et mes goûts m'entraînent. Merci encore. Bonne lecture et bonne journée. Gustave.

    RépondreSupprimer
  27. J'adore ce récit et j'adore tes nouvelles héroïnes!

    Dis-moi, pour une fois c'est un policier qui se met à table pour les beaux yeux de Rachel, je trouve cela très amusant.

    Merci.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  28. Merci pour cette suite. Nous voilà à présent plongé en plein Cluedo; le décor est planté et tous les personnages sont en place...
    L'enquête s'annonce passionnante

    RépondreSupprimer
  29. ca devient de plus en plus intéressant. merci gustave il est vrai que notre ptit couple phare est mis de coté ici mais cela ne gache en rien ton talent d'auteur.J'aime beaucoup ce récit

    RépondreSupprimer
  30. moi j'y trouve un petit goût d'Agatha Christie à ce Cluedo très british...mais comme je suis fan, je vois Hercule Poirot de partout...sauf que là Walt n'a, à priori, vraiment rien du détective à la moustache sauf peut-être pour le baise-main !!!
    Vivement le prochain épisode.

    Encore merci Gustave

    Marie pierre

    RépondreSupprimer
  31. Merci Gustave pour cette fabuleuse suite et merci pour le cadeau.

    Ramsès 88

    RépondreSupprimer
  32. Comme tous les amateurs et amatrices du jeu de Cluedo, je suis aux anges.

    Merci pour les cartes qui me rappellent de vieux souvenirs.

    RépondreSupprimer
  33. J'adore ce cocktail des genres, tu mélanges habilement la fiction de la réalité.

    Cette tension érotique entre ces deux girls, avec ou sans caméra est tout simplement délicieuse.

    Le tout, saupoudré d'un humour "allenien", c'est parfait.

    Merci Gustave.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  34. j'ai adoré surtout la fin avec cet humour de hugh qui s'imagine rachel et son analyste mais qui sait à mon avis il a vu juste lol

    RépondreSupprimer
  35. Toujours aussi bien. J'aime beaucoup les deux histoires qui se mélangent formidablement bien.

    RépondreSupprimer
  36. Toujours aussi plaisant à lire; avec de la sensualité dans la réalité et de la jalousie avec la scène de tournage du film !
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  37. On se laisse emporter par ton écriture et par le passage de la
    réalité à la fiction, c'est toujours aussi prenant.

    merci Gustave.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  38. Sensualité et humour : voilà un cocktail très réussi.

    RépondreSupprimer
  39. Quel imbroglio et c'est que j'aime dans ton récit, de plus elles prouvent qu'elles sont "d'excellentes actrices" dixit ton cinéaste préféré! Ah non zut c'est vrai, elles sont amoureuses dans la vraie vie, bon je m'y perds...(rires).

    C'est franchement très original et très plaisant à lire.

    Merci Gustave.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  40. L'imbrication de la fiction dans la "réalité" est vraiment très réussie et les enchaînements sont parfaits.

    RépondreSupprimer
  41. Beau mélange de réalité et de fictions ...

    RépondreSupprimer
  42. La lecture passe trop vite...on en
    redemande...

    merci Gustave

    marie-pierre

    RépondreSupprimer
  43. Coupez, et ce baiser qui continuait.... j'imagine bien la scène et ce cher Walt qui se met en quatre pour Rachel ! Merci Gustave, j'attends la suite avec impatience (clin d'oeil), merci encore !

    RépondreSupprimer
  44. magnifique suite j'adore aussi ce mélange de réalité et de fiction vivement la suite demain

    RépondreSupprimer
  45. Trés jolie scène entre Rachel et Dylan...
    Merci Gustave et hâte de lire la suite

    RépondreSupprimer
  46. Des suspects, un ou des coupables, les cartes sont distribuées.
    Qui prononcera les "jeux sont faits"?

    Hugh semble errer dans un labyrinthe et quand il croit voir l'issue, une rencontre avec deux jolies girls françaises, il se prend une porte en pleine poire.

    Gustave, je ne te trouve pas très charitable! (rires).

    Béa.

    RépondreSupprimer
  47. Et bien avec l'arrivée de Céline et Virginie l'enquête va être rondemement menée. Merci Gustave.

    RépondreSupprimer
  48. Nous connaissons à présent tout l'entourage de Mr Brown et avec l'arrivée de Céline et Virginie, l'enquête va vraiment commencer...
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  49. merci gustave, j'adore, vivement le diner que les choses sérieuses commencent. Et surtout hâte de voir notre ptit couple de française préférée. Allez hugh t'es un mec ou pas car la franchement tu me déçois lol

    RépondreSupprimer
  50. Superbe cette suite avec la galerie de portraits des suspects potentiels,
    l'envie de Rachel et Dylan de mettre leur nez dans l'enquête, la peur de Hugh...et l'arrivée attendue et prometteuse de C&V. Vivement dimanche !

    Merci Gustave.

    marie pierre

    RépondreSupprimer
  51. Bravo Marie-Pierre pour l'allusion au film de François Truffaut, mais la prochaine suite est pour mercredi (rires) Alors Vivement mercredi !

    RépondreSupprimer
  52. Oscar-on-line5 mai 2010 à 12:25

    Très bonne idée de faire figurer la carte de Cluedo correspondante avant l'évocation de chaque personnage.

    RépondreSupprimer
  53. Hugh est très touchant dans ses interrogations, il a l'air d'un petit garçon qui est privé de gourmandise.

    Quel contraste entre lui, un peu couard, il faut bien le reconnaître et nos quatre amazones.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  54. merci contente de voir a nouveau céline et virginie. Et j'aime bien hugh et la métaphore avec les patisseries. Vi qui tend la perche pour l'énigme policière super. Bon bin plus qu'à attendre dimanche... pfffffff c'est loin ça (lol)

    RépondreSupprimer
  55. Je dois rêver qu'il y a plusieurs dimanches dans la semaine!!
    En tout cas, je suis heureuse de retrouver cé et vi, et j'aime bien la conversation entre Hugh et Rachel.
    Bon maintenant je peux le dire, vivement dimanche !

    Merci Gustave.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  56. Encore trés plaisante cette suite; amusante avec les réflexions et les doutes de Hugh sur sa vie sentimentale et le retour de Céline et Virginie prêtes à "résoudre les problème les plus insolubles".
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  57. Oscar-on-line7 mai 2010 à 17:20

    Voilà un quatuor de choc qui ne manquera pas de résoudre avec efficacité cette énigme londono-égyptienne.

    Par ailleurs, l'image de Hugh dans la pâtisserie traduit à merveille l'état d'esprit qui doit être le sien.

    RépondreSupprimer
  58. Ah, on commence à distinguer le rôle de chaque prétendu coupable, merci Gustave, c'est passionnant !

    RépondreSupprimer
  59. merci gustave, très belle suite de ton récit. Très captivant

    RépondreSupprimer
  60. Pauvre Hugh, il est dans un de ses pétrin avec ces quatre girls, il est obligé de jouer les héros malgré lui...

    J'aime bien cette ballade dans Londres, tu es un guide michelin et du routard sur papattes, Gustave.

    Merci.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  61. Passionnante la suite de cette intrigue policière, avec le parallèle entre ce meurtre et le célèbre roman d'Agatha Christie. Décidément nos héroïnes sont trés perspicaces !
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  62. Ah merci Gustave pour cette suite, j'adore. J'ai les albums de Black et Mortimer dans ma bibliothèque, tu me donnes envie d'y remettre le nez dedans ! Et je ne parle pas d'Agatha Christie... Et Céline et virginie, elles sont extra !

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  63. Toujours aussi passionnant. merci Gustave.

    Ramsès 88

    RépondreSupprimer
  64. Voilà qui me donne envie de foncer à LONDRES, où je descendrai au SAINT JAMES. Gustave nous fait voyager dans les conditions les plus agréables.

    Par ailleurs, merci pour la vignette de Blake et Mortimer.

    RépondreSupprimer
  65. "La bave de l’adoration ne t’a pas encore étouffée ?" J'ADORE!

    Et bien, elle est très impulsive et très jalouse la petite Virginie. Heureusement que Céline est d'un tempérament plus calme, sinon ce serait un feu d'artifices sur Londres.

    Merci encore pour cette ballade dans Londres.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  66. Ah Virginie ne peut pas s'empêcher d'être jalouse ! Merci Gustave,j'aime toujours autant et hâte d'assister au fameux dîner.

    Marie pierre

    RépondreSupprimer
  67. Le SAINT JAMES est vraiment une très bonne adresse et le tableau d'HOLBEIN est magnifique : merci pour l'illustration.

    RépondreSupprimer
  68. merci gustave, une virginie jaloue j'adore. Et céline s'y prends très bien pour la rassurer.

    RépondreSupprimer
  69. Trés plaisant de voir Virginie jalouse de la sorte et trés belle réaction de Céline pour la rassurer...
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  70. Gustave est décidément, ce dont je ne doutais pas, un cinéphile averti. Les petits cailloux semés sur le chemin de nos deux héroïnes nous conduisent à un autre très éminent cinéaste, british celui-là. Nous voilà au coeur du mystère.

    RépondreSupprimer
  71. Enquêtrices et occasionnellement espionnes, elles ne reculent devant rien nos petites héroïnes...

    Maintenant je préfère la pellicule cinématographique à d'autres pellicules, enfin si cela les aide à identifier le prof. Plum, why not?

    Merci pour cette énigme, très british et tout bien comme il faut.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  72. Effectivement, elles n'ont peur de rien toutes les deux... attention quand même.

    Merci Gustave, je me régale de ce récit qui alterne entre les réparties amusantes entre les deux filles et l'enquête proprement dit.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  73. C'est parti pour Céline et Virginie ! Merci Gustave.

    RépondreSupprimer
  74. magnifique suite avec nos héroines qui ne peuvent s'empêcher d'aller fouiner mais attention les filles...
    merci gustave hâte de lire le prochain épisode

    RépondreSupprimer
  75. Nos deux enquêtrices de charme ont vraiment pris l'enquête en main !
    Toujours aussi palpitant, merci Gustave

    RépondreSupprimer
  76. Mais tu es toute excusée Marie. On ne va pas te passer un ratichon alors que tu nous régales de tes suites deux fois par semaine....

    J'adore, mais j'adore vraiment les répliques de Allen, elles sont si drôles.

    Hugh Trant s'imagine en garde du corps? (rires)Il est trop mignon et pas tout à fait réaliste.

    Merci.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  77. Ce passage et les répliques de W.Allen suffisent à notre bonheur, ne t'inquiètes pas.

    merci à toi.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  78. merci c'est pas la quantité qui compte mais la qualité pour moi donc y a pas dce soucis (en même temps j'aime bien aussi quand c'est un peu plus long lol). Mais cela demande déjà beaucoup d'investissement en terme de temps pour nous livrer ces chef d'oeuvres alors on va pas t'en vouloir si de temps en temps y a un peu moins de lecture.

    Pour revenir au récit merci j'ai bien aimé avec toujours une petite pointe d'humour.

    RépondreSupprimer
  79. Pas de soucis Gustave, deux suites par semaine pour deux histoires, nous sommes plus gâtés !
    Toujours aussi plaisantes les conversations entre Hugh et Moody...

    Merci

    RépondreSupprimer
  80. Les citations de Woody ALLEN sont toujours aussi bien venues : nulle impression d'artifice dans leur intégration au récit.

    RépondreSupprimer
  81. merci gustave pour cette suite hâte que les filles rentre dans le vif du sujet

    RépondreSupprimer
  82. Ce dîner va-t'-il permettre de dénouer le mystère ?

    RépondreSupprimer
  83. Amusant de voir Hugh Trant qui est l'attraction de la soirée pour les invités, avec ces considérations sur la vie toujours aussi décalées et drôles...
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  84. Pas de souci pour le retard (c'est plutôt toi qui en a eu pour rétablir ta connexion) et pour ma part j'avais déjà une suite de retard donc je viens d'en lire deux pour le prix d'une !

    Et c'est un régal, notamment les réflexions de Hugh Trant.

    Merci.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  85. Bonne idée de dérouler des dialogues parallèles.

    La motivation de l'assassin se fait jour. A quand la révélation de son identité ?

    RépondreSupprimer
  86. pas de souci pour le retard ca arrive. Et non non hugh bien essayer mais céline ne changera pas de mode vie non mais lol.

    La discussion entre les personnage devient très intéressante...

    Merci gustave

    RépondreSupprimer
  87. Et beh c'est "Règlement de comptes à Ok Corral" ta suite et cerise sur le gâteau, Virginie qui nous refait une petite crise de jalousie.

    Je sens que le fin de ce repas ne va pas être de tout repos, dessert ou pas dessert, ça ne va pas être de "la tarte" pour les girls de résoudre cette énigme!

    Merci.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  88. mdr béa j'adore ta répartie. Merci gustave pour cette superbe suite, en effet la digestion promet de laisser un gout amer à certains. Hâte d'être mercredi pour lire la suite de ce repas explosif.

    RépondreSupprimer
  89. J'ai rattrapé mon retard, j'adore... l'enquête avance et j'aime beaucoup le personnage d'Hugh un peu paumé dans ses relations amoureuses dans son film et dans sa vie. J'espère qu'il trouvera l'amour dans ton récit.
    Merci Gustave.

    RépondreSupprimer
  90. Le mystère paraît s'éclaircir...

    RépondreSupprimer
  91. De bien lourds secrets sont mis à jour au cours de cette soirée, et la vérité sur ce meurtre semble de plus en plus proche.
    Et la jalousie de Virginie qui refait surface...
    Toujours un plaisir de lire ce récit, merci Gustave

    RépondreSupprimer
  92. Ce dîner commence à produire les effets escomptés par nos détectives...mais comment vont-elles se sortir de ce guêpier sans mal ?

    Encore merci Gustave, on ne s'en lasse pas, on en redemande.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  93. Dis-moi Gustave tu as assimilé en comprimés "Comment assimiler la méthode Agatha Christie"? C'est parfait! GENIAL!

    Je constate que les convives ont tous quelque chose à cacher. Hugh joue les innocents après avoir dragué "honteusement" Céline, petit hypocrite va!

    Merci.

    Béa.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  94. merci gustave on s'approche et apparement ils ont tous un lien de près ou de loin avec le meutre du professeur...

    Et oui déso hugh mais céline c'est chasse gardée.

    RépondreSupprimer
  95. On s'approche de la vérité, mais il me semble que tu vas encore nous
    surprendre Gustave. En tout cas je me régale.

    Encore merci.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  96. Toujours un délice à lire............Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  97. Délicieux ces dialogues et très drôles.

    Quelle fin mouvementée, Hugh en chevalier Bayard, il se révèle d'un héroïsme surprenant.

    Comme tu as beaucoup de tendresse pour ce personnage je suis persuadée que sa blessure est superficielle.

    Merci.

    Béa.

    RépondreSupprimer
  98. Wouah et ba hugh m'impressionne qui aurait cru qu'il ai un tel courage, j'espère que ce n'est pas trop grave pour lui. Merci gustave magnifique suite on en redemande.

    RépondreSupprimer
  99. Aaah non pas Hugh, il ne mérite pas ça Gustave !

    RépondreSupprimer
  100. Maladroit et surtout trés courageux Hugh !
    Espérons qu'il ne soit pas trop grièvement blessé...
    Merci Gustave

    RépondreSupprimer
  101. Et bien voilà celui que l'on attendait pas en héros, jouant son plus beau rôle...

    Merci Gustave pour cette suite mouvementée.

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  102. Toujours aussi attachant et spirituel, Hugh TRANT. J'espère que Gustave, pardon, le Docteur GREEN, ne l'a pas sérieusement atteint.

    RépondreSupprimer
  103. déjà la fin .... Merci amplement gustave de nous avoir fait découvrir ce récit passsionnant, rempli d'intrigues, de suspens, de réflexions, d'amour, de tendresses, d'humour...C'était cptivant du début à la fin. Un grand bravo à toi. (imagine je suis debout devant mon pc et je t'applaudit mdr).

    Au plaisir de te lire à nouveau

    RépondreSupprimer
  104. Il est en plein délire le petit Hugh, ça doit être la douleur.Il demande en mariage la doctoresse et veut déjà lui faire un enfant? (rires).

    C'était parfait de chez parfait, Gustave, comme d'hab.

    Hâte de te lire à nouveau!

    Béa.

    RépondreSupprimer
  105. Ouf ! Le valeureux Hugh TRANT s'en est sorti.

    Passionnant récit du début à la fin, qui démontre, s'il en était encore besoin, l'ingéniosité de nos héroïnes.

    RépondreSupprimer
  106. Et bien voilà une enquête menée de main de maître...et Hugh Trant est finalement quelqu'un sur qui l'on peut compter.

    Et j'ai beaucoup aimé les répliques hilarantes de Hugh (et de W.A.), qui tombent vraiment bien à chaque fois.

    Merci Gustave et bravo, ce fut parfait. Et on attend bien évidemment avec impatience la nouvelle histoire promise...

    Marie Pierre

    RépondreSupprimer
  107. Superbe fin, et Hugh qui trouve enfin l'amour auprès d'Ann. Heureuse de voir que tu nous prépare un nouveau récit. Merci Gustave.

    RépondreSupprimer
  108. Merci Gustave pour le magnifique épilogue de ce récit qui nous a tenu en haleine grâce au suspens et à l'humour décalé de Hugh Trant et Moody Ellen...
    Hâte de découvrir ton nouveau récit

    RépondreSupprimer
  109. Merci Gustave pour ce magnifique récit..

    Ramsès 88

    RépondreSupprimer