SAFARI



Voici une nouvelle aventure de Rachel Peabody et Dylan Hederson. Il est nécessaire d’avoir lu Volcans pour comprendre :


Safari







Londres. 7 heures 30.

La bouilloire en métal venait de siffler. Dylan s’en empara et versa l’eau frémissante dans la théière.

Le petit déjeuner était prêt. Il ne manquait plus que le journal du matin distribué par porteur spécial. Elle sortit de la cuisine et se dirigea vers la porte d’entrée.

Elle vit son reflet dans un miroir et s’arrêta. Elle portait un short en lin et une chemise ouverte qui laissait entrevoir quelques centimètres de peau.

Machinalement, elle passa la main sur son ventre. Du bout des doigts, elle toucha les deux courtes cicatrices parallèles qui le balafraient.

La signature de la lionne.

La douleur s’était éteinte. Les marques étaient fines comme un cheveu. Le chirurgien avait fait des miracles. Mais elle savait qu’elle porterait à jamais l’empreinte du fauve qui avait failli la tuer.

Elle revit l’animal, qui, pour protéger son petit qu’il croyait menacé, l’avait griffée d’un simple coup de patte.

Elle se revit, fauchée, basculant dans l’herbe haute de la savane. Elle entendait encore ce cri. Le dernier cri avant de sombrer dans l’inconscience.

Elle se souvint encore. Du glas d’une église de Londres...


*


Le glas sonnait au-dessus de la petite église qui se remplissait lentement.

Les caméras de la télévision filmaient sans interruption la foule qui se pressait à l’intérieur et sur le trottoir de l’édifice religieux.

Acteurs, chanteurs, mannequins, couturiers, mais aussi hommes et femmes politiques, tous étaient venus.

Les photographes de tous les tabloïds de Grande Bretagne avaient fait le déplacement pour couvrir cet événement macabre et mondain : les obsèques du plus célèbre couturier écossais qui s’était suicidé quelques jours auparavant.


*


Dylan Hederson avait pris place au fond de l’église.

Elle n’était pas là pour voir ou pour être vue. Mais simplement pour témoigner de la peine sincère qu’elle éprouvait.

Peter MacDouglas était un ami rencontré en Afrique du Sud où elle faisait un reportage sur les ravages du sida et où lui-même finançait un centre de soins.

Ensemble, ils avaient vu l’agonie de pauvres gens rongés par la maladie. Peter avait soutenu Dylan, désespérée, quand un orphelin de huit ans était mort dans ses bras.

Elle prêtait peu d’attention à la cohorte de ces célébrités, dont l’affection pour Peter était récente ou feinte, qui s’exhibaient sous l’objectif des caméras.

Le reporter qui avait risqué sa vie pour photographier des guerres africaines, qui avait rampé dans la boue en Afghanistan pour s’approcher de trafiquants de pavot, n’avait rien de commun avec ce monde futile du luxe et des paillettes.

Son regard glissait sur les visages sans s’y arrêter.

Pourtant, tout à coup, une jeune femme attira son regard et le retint.


*


Rachel Peabody avait tenu à accompagner Peter MacDouglas pour son dernier voyage.

Son employeur avait exigé sa présence au Botswana dans les plus brefs délais. Mais peu importait le risque qu’elle prenait par son refus.

Car elle ne pouvait pas abandonner Peter. Lui, l’ami qui lui était resté fidèle quand les offres de photos de mode ou de défilés s’étaient faites plus rares.

En exigeant qu’elle soit le visage de son parfum, Safari, il lui avait donné une seconde chance. Offert un nouveau départ à la femme de trente ans perdue au milieu des mannequins adolescentes.

Peter disait en riant qu’il n’avait eu aucun mal à trouver le nom de Safari car le milieu de la mode était une jungle peuplée de fauves.

Alors, tant pis si elle perdait son contrat. Tant pis si l’équipe était déjà partie sans elle. Elle devait être là. Près de Peter.

Mais finalement, le célèbre malletier parisien, pour lequel Rachel était attendue en Afrique, s’était montré compréhensif quand il avait connu ses raisons.


*


Antoine-Olivier Tord, AntO pour les intimes, se tenait en retrait. Le directeur artistique de la Maison Victor Luisson, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, assistait aux obsèques.

Il pensait avec nostalgie à ce créateur qui, des années auparavant, avait complètement révolutionné l’image de Victor Luisson, VL pour les initiés, en dessinant des modèles de sacs à main.

C’était Peter qui l’avait entraîné au vernissage de ce photographe talentueux, Dylan Hederson.

Lui encore qui lui avait présenté Rachel Peabody. Sa muse comme l’appelait Peter.

AntO n’était pas surpris de voir que les deux jeunes femmes étaient présentes à ses obsèques et que leur émotion n’était pas feinte.

Il s’approcha de Dylan qui n’était qu’à quelques pas de lui.

- Bonjour, Madame Hederson. Je suis ravi de vous rencontrer et désolé que ce soit dans de si tristes circonstances...

- Bonjour, Monsieur Tord. Je ne pouvais pas ne pas être là... Peter était plus qu’un ami pour moi. Il était comme un frère...

Elle baissa la tête pour cacher son trouble. Avec maladresse, AntO changea de sujet.

- Je sais que le moment est mal choisi. Mais... vous avez réfléchi à ma proposition ? Vous savez que c’est une idée de Peter... Il était persuadé que vous étiez le photographe idéal pour ce travail...

- Je ne sais pas. C’est tellement éloigné de ce que j’ai l’habitude de faire... Vous savez que j’étais reporter de guerre. Aujourd’hui, je montre les beautés et les plaies de notre terre...

- Justement. C’est exactement l’expérience qu’il nous faut... Ce mélange d’aventures intrépides et d’écologie... Vous seriez parfaite.

- Je ne sais pas... J’ai encore besoin de réfléchir...

- Vous avez mon numéro de portable. Mais, donnez-moi rapidement votre réponse. L’équipe technique est déjà sur place. Et notre avion décolle demain...


*


Dylan et AntO firent silence afin de ne pas gêner l’office religieux.

La jeune femme n’écoutait pas le pasteur. Son esprit avait quitté la petite église de Londres pour l’aéroport de Stockholm.

Car Rachel était là. A quelques mètres d’elle.

Elle songea à ce mois d’avril, six mois auparavant.

A ce volcan facétieux et islandais, Eyjafjöll, qui avait, d’un gigantesque nuage de particules basaltiques, cloué au sol des centaines d’avions de par le monde.

Elle revit Rachel assise dans l’aéroport d’Arlanda. Sa beauté fulgurante.

Elle pensa à la vieille Honda qu’elles avaient louée pour retourner à Londres. A leur voyage sur les routes du Nord de l’Europe. Les trois jours qu’elles avaient passés ensemble.

Et à leur nuit. Leur unique nuit.

Elle revit le jour affreux de leur séparation. A Londres. Ce métro, semblable au fleuve de l’enfer, qui emportait Rachel.

Puis le silence. Six mois de silence. Bien sûr, elle n’avait eu aucun mal à obtenir les adresse et numéro de portable de Rachel. Il avait suffit qu’elle interroge une amie journaliste travaillant à la rubrique mode d’un magazine féminin.

Mais elle n’avait pas osé l’appeler. La peur d’un refus. Encore et toujours cette peur imbécile.

Pourtant, Dylan le savait à présent. Il n’y avait qu’elle.

Rachel était si intelligente, si belle, si passionnée, si sensuelle, si... tout. Elle était parfaite.

Elle avait bien tenté de l’oublier dans les bras d’autres femmes. Mais son corps et son coeur se souvenaient toujours.

Et à présent, elle était là. Devant elle. A quelques mètres à peine. Toujours si belle. Toujours si désirable.

Elle ne pouvait pas détacher les yeux de son profil.

L’expression “boire du regard” lui avait toujours parut idiote. Mais aujourd’hui, dans cette petite église, elle en comprenait enfin le sens.


*


Rachel écoutait l’office. Du moins elle tentait de le faire.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle éprouvait une impression curieuse. Celle d’être observée.

Naturellement, elle avait l’habitude d’être admirée. Attirer le regard des hommes et des femmes, et le retenir, était son métier. Et elle y réussissait plutôt bien. Mais là, c’était différent. C’était si intense...

Elle tourna légèrement la tête pour regarder derrière elle. Et elle resta pétrifiée.

Dylan... Trois rangs derrière elle... Dylan était là...

C’était le regard de Dylan qui la transperçait comme un laser.

Tous les souvenirs lui revinrent d’un coup.

Le hasard d’une éruption volcanique qui avait mis cette très belle jeune femme sur son chemin.

Cette envie de la séduire qui était devenu un besoin impérieux.

La résistance de Dylan qui avait cédé sous ses baisers.

Leur nuit d’amour. Leurs corps qui ne pouvaient se rassasier l’un de l’autre.

Et leur réveil. Si décevant. Elle se souvint des paroles de Dylan. Notre rencontre, une simple parenthèse. Une parenthèse infiniment agréable. Mais une parenthèse quand même...

Alors quand elles étaient arrivées à Londres, elle avait précipité les adieux. Pas d’échange d’adresses ou de numéros de téléphone. A quoi bon ? Elle avait jailli de la voiture et s’était engouffrée dans une station de métro. Sans se retourner.

Elle avait eu raison. Grâce à son métier, elle avait, depuis, rencontré une multitude de gens. Elle avait eu des maîtresses. De nombreuses maîtresses. Si nombreuses... Comme si elle cherchait à noyer le souvenir de...

Elle se reprit. Dylan n’était qu’une péripétie. Qu’une maîtresse de plus. Mais pourquoi suis-je si irritée en la revoyant ?


*


L’office religieux était terminé. La mise du corps en terre devait se faire dans l’intimité familiale, en présence des seuls parents de Peter MacDouglas.

L’église se vidait peu à peu.

Dylan suivait le mouvement. Mais, elle n’avait pas envie de se fondre dans la foule. Elle ralentit le pas et espéra que Rachel la rejoigne.

Soudain, elle sentit son parfum. Elle tourna la tête, le coeur battant.

Elle était là. A coté d’elle.


*


Son regard rencontra celui de Rachel, un regard sublime et indéchiffrable.

Dylan esquissa un sourire timide. Rachel ne la quittait  pas des yeux. Enfin elle daigna faire un bref signe de tête, qui ressemblait vaguement à un salut.

Elles sortirent de l'église. Rachel accéléra le pas. Dylan, dans un geste désespéré, la retint par la main.

- Rachel, je t'en prie...

Rachel s'arrêta. La main de Dylan sur la sienne la troublait. Elle se sentait désarmée. Pourtant elle se retourna pour lui faire face.

- Oui Dylan ? Tu désires me parler ?

- Rachel, je ne savais pas que tu connaissais Peter...

- Comment pourrais-tu le savoir ? Notre rencontre fut si brève. Une simple parenthèse, n'est-ce pas ?

A ces mots Dylan baissa les yeux. Le regret la submergea brutalement, l'absurdité de ses propos, cette peur imbécile...

Elle essaya de parler.

- Rachel, je...

Rachel lui coupa la parole d'une voix douce.

- Dylan, avant de poursuivre cette conversation, j'aimerais que tu me lâches la main...

Dylan bafouilla lamentablement.

- Oui, pardonne-moi...

Devant son air de petite fille prise en faute, Rachel ne put s'empêcher de sourire.

Ce sourire n'échappa pas à Dylan qui reprit espoir.

Elle lui demanda d'une voix un peu plus ferme.

- Que deviens-tu Rachel? Tu as des projets ?

- Des projets ? Qu'entends-tu par “projets” Dylan ? Projets amoureux ? Projets professionnels ?

Elle se plaisait à la torturer. Elle lui en voulait terriblement. Mais elle s'en voulait plus encore de sa faiblesse.

Elle aurait dû partir, la planter là sans un regard. Mais cela lui était tout simplement impossible.

Elle entendit à peine la réponse de Dylan.

- Je parlais de tes projets professionnels Rachel.

Mais Rachel était perdue dans ses pensées qui la ramenaient inexorablement à Rotterdam, son regard se fit plus tendre, mélancolique.

Fascinée, Dylan regardait son visage, ses yeux rêveurs. Son coeur se serra un peu plus.

Enfin Rachel répondit.

- Oui Dylan j'ai un projet professionnel. Peter souhaitait que je représente la dernière ligne de sacs et de bagages qu’il a dessinée pour Victor Luisson, le malletier français. Demain, je pars pour le Botswana... Pour le shooting  de la campagne publicitaire VL.

Dylan resta quelques instants interdite, puis elle se reprit rapidement.

- Victor Luisson ?!?! Mais c'est... fabuleux Rachel !! Je suis tellement heureuse pour toi... Et puis l’Afrique... C’est une expérience unique...

Rachel fut un peu surprise par l'enthousiasme de Dylan mais ne dit rien.

- Cela n’aura rien de comparable avec ce que tu as connu quand tu étais grand reporter, Dylan. Moi, c’est le monde des paillettes et de la futilité. Tu sais... Ce monde où l’on assortit une peinture à un sofa...

- Rachel, je ne pense rien de tel...

- Peu importe... Et toi, des projets ? Toujours des photos de la Scandinavie ? Toujours des appels au secours pour tenter de sauver notre planète en danger ?

Dylan ressentit toute l’ironie mordante des propos de Rachel. Où était l’admiration sincère que la jeune femme lui avait témoignée lors de leur voyage sur les routes de l’Europe du Nord ?

Mais elle ne releva pas la moquerie désabusée.

- Oui, toujours... J’ai organisé une exposition de mes photos... J’avais espéré que tu viendrais voir mon travail...

- Pas le temps... Désolée. mentit la jeune femme.

- Oh, bien sûr, je comprends... J’en ai fait un livre. Permets-moi de te l’offrir et de te le dédicacer...

- Avec plaisir. J’imagine très bien la dédicace. “A une parenthèse”. Signée Dylan...

- Rachel... Je suis désolée d’avoir prononcé ce mot malheureux...

- Ne le sois pas, Dylan. Ne le sois pas. Suis mon conseil. Car c’est le conseil d’une parenthèse à une autre parenthèse... Excuse-moi, mais il faut que je te quitte. Je dois préparer mon départ pour l’Afrique. Je vais y passer une semaine au moins. J’ai été ravie de te revoir.

Elle s’engouffra dans un taxi auquel elle avait fait signe.


*


Dylan n’avait pas eu le temps de lui répondre. La séparation avait été brutale et tranchante. De nouveau. Comme en avril.

Et Dylan éprouva immédiatement le même manque. Une déchirure, comme une plaie ouverte.

Mais cette fois-ci, elle ne resterait pas désemparée. Impuissante.

Elle vit AntO qui s’apprêtait à monter dans sa voiture. Elle s’approcha.

- J’ai réfléchi à votre proposition... C’est d’accord... J’accepte...

- C’est vrai ? J’en suis ravi... Je vous fais parvenir le contrat d’engagement et les horaires de vol pour le Botswana dès ce soir... Vous verrez, ce n’est pas désagréable de travailler pour le premier groupe de luxe au monde. Victor Luisson est très généreux avec ses collaborateurs. Même occasionnels... Je vous quitte. J’ai mille choses à préparer. Nous nous reverrons à l’aéroport. Au revoir Dylan. Je suis vraiment heureux de notre future collaboration...

Restée seule, Dylan souriait.

Il y a six mois, elle était la proie récalcitrante. Mais aujourd’hui, en Afrique, elle serait le fauve. Rachel était un si joli gibier...


*


Dylan était assise au fond d’un taxi londonien qui roulait vers l’aéroport d’Heathrow.

Elle avait disposé d’à peine plus de vingt-quatre heures pour se préparer. Fermer sa galerie et sa maison. Faire son bagage.

Elle emmenait ses éternels compagnons de route. Son vieux sac de voyage, ses appareils photos, ses vêtements de brousse qui avaient “fait” l’Afrique et que l’Afrique avaient “faits”.

Elle éprouvait une sorte d’ivresse à l’idée de revoir ce continent fascinant et de revoir Rachel.

Mais elle savait que cette ivresse était transcendée par l’espoir fou de posséder Rachel sous le ciel africain...


*


Rachel était une professionnelle avertie. Elle savait que les métiers de mannequin et d’actrice exigeaient une longue patience.

Elle avait l’habitude d’attendre. Pendant les répétitions au théâtre, pendant les défilés de mode ou les castings.

Mais elle ne supportait pas de faire attendre les autres. Si l’exactitude est la politesse de rois, alors, elle était royale.

Elle était arrivée en avance à l’aéroport d’Heathrow où AntO devait la rejoindre.

Elle attendait dans l’aérogare d’où le jet privé de la Maison Victor Luisson devait décoller pour Gaborone, la capitale du Botswana.

Elle avait un bagage léger. De toute façon, elle savait qu’elle allait passer le plus clair de son temps dans les vêtements très “Out of africa” fournis par la Maison Victor Luisson...

Elle s’amusait à regarder la foule des voyageurs. Les hommes d’affaires, habitués blasés, les enfants émerveillés par ce qui était souvent leur premier voyage en avion...

Tout à coup, son sourire se figea.

Dylan.

Dylan marchait vers elle.


*


Dylan avançait d’une démarche souple de félin. Un bagage avachi à la main, une sacoche de reporter jetée sur l’épaule. Un blouson de daim sur un jean usé.

Dylan n’était pas une gravure de mode. Elle était sans artifices. Naturelle. Vraie.

Il y avait quelque chose d’animal chez elle. Jamais Rachel ne l’avait autant ressenti qu’aujourd’hui. Elle se dit qu’elle était magnifique. A la fois sensuelle et élégante.

Elle avait sa place partout, dans les ténèbres des jungles d’Asie comme dans les salons de Londres, New York ou Paris.


*


Enfin Dylan fut devant Rachel.

Elles se jaugèrent du regard comme deux lionnes prêtes au combat. Rachel lança la première attaque.

- Dylan !! Quelle charmante surprise !! Tu viens me saluer pour mon départ ?? Il ne fallait pas te donner cette peine voyons. Inutile de perdre ton temps pour une parenthèse...

Dylan ne répondit pas immédiatement mais elle pensa Comme ce mot l’a blessée pour qu’elle ne cesse de me le reprocher...

- Je ne suis pas ici pour te dire au revoir, Rachel...

- Oh vraiment ? Tu pars aussi en voyage ? La Scandinavie sans doute. Pour photographier les élans et les rennes, je présume...

- Non... Pas la Scandinavie... Je me suis décidée pour des animaux plus dangereux mais aussi plus fascinants...

- Un animal plus fascinant ?? Je présume que tu parles de la  veuve noire. Cette araignée aux moeurs étranges. Elle fait l’amour puis... elle tue son amant.

Dylan n'eut pas le temps de répliquer à l’allusion car AntO les rejoignit et répondit pour elle.

- Madame Hederson, je reconnais en vous l'excellente professionnelle !! Vous êtes exacte au rendez-vous !! Rachel permettez-moi de vous présenter notre photographe pour la campagne Victor Luisson. Dylan Hederson. Dylan est un grand reporter... Elle a pris de nombreux risques pour couvrir les conflits les plus violents... Aujourd’hui, elle a accepté de mettre son talent de photographe à notre service. J’en suis fier et comblé...

Pendant une seconde, la surprise troubla le beau regard de Rachel. Mais elle se reprit rapidement. Elle ne voulut rien laisser paraître de sa stupeur... et de son plaisir...

- Je connais Madame Hederson de réputation... Je serai ravie de travailler avec elle...

Elles échangèrent une poignée de mains. L’une et l’autre se sentirent comme électrisées par ce furtif contact.

D'un commun accord, sans se concerter, elles firent semblant de ne pas se connaître. Dylan répondit sur le même ton.

- Le plaisir sera pour moi... Avoir Madame Rachel Peabody dans... l’objectif de  mes appareils photo sera un moment de pur bonheur... professionnel...

- Je n’en doute pas. Je laisse toujours un souvenir inoubliable à mes partenaires... de travail...

Rachel avait d’abord été irritée par la venue de Dylan. Puis elle se dit qu’il serait tellement amusant de dompter à nouveau ce joli fauve et de le faire ronronner à ses pieds.

Sous le ciel africain.


*


AntO était ravi.

- Bien... Parfait... Je suis certain que nous allons faire du très bon travail tous ensemble... J'ai reçu des nouvelles de l'équipe technique qui est déjà sur place. Elle a commencé à préparer le lodge que nous avons loué. Vous verrez... Cela va vous plaire... Venez Mesdames, il est temps d'embarquer. J'ai hâte d'y être...

L'enthousiasme d'AntO était rafraîchissant... Mais sans le savoir, il avait dit une parole que Rachel et Dylan auraient pu prononcer à sa place.

Elles aussi avaient hâte d'y être...


*


AntO avait souhaité que Dylan et Rachel fassent mieux connaissance...

Aussi, les deux femmes étaient-elles assises l'une à côté de l'autre dans les confortables fauteuils du jet privé de la maison Victor Luisson.

Neuf heures de vol...

Elles espéraient et redoutaient cette épreuve. Car elle ressemblait tellement à l'aventure qu'elles avaient vécue en revenant de Stockholm... La vieille Honda dans laquelle elles avaient voyagé pendant trois jours, soumises à la tentation et au désir.


*


Comme AntO ignorait tout de leur liaison ancienne, elles étaient obligées de lui jouer la comédie.

Finalement, ce jeu se révéla assez amusant.

Tout d’abord, elles ne s’étaient adressées la parole que pour quelques banalités. - Si vous ne connaissez pas encore l’Afrique, vous allez l’adorer... - Reporter ? Quel métier fascinant !!!

Mais naturellement, derrière le jeu des faux-semblant, il y avait un autre jeu. Délicieux, celui-là. Le jeu du chat et de la souris.

Mais... Qui était le chat ? Qui était la souris ?


*


Le jet survolait l’Europe.

AntO avait profité des longues heures de vol, pour exposer à Dylan et Rachel ce qu’il souhaitait.

Le choix du Botswana n’était pas dû au hasard.

Delta de l’Okavango, désert du Kalahari. Les paysages y étaient superbes. Le lodge, que Victor Luisson avait loué, était situé dans une réserve privée où les animaux sauvages étaient nombreux.

Sur place, hélicoptère et avion, tous siglés VL,  permettraient de gagner la Namibie toute proche et son désert, si photogénique avec ses hautes dunes de sable rouge... 
Enfant, il avait découvert le film de John Ford, Mogambo. Cette histoire d’un chasseur de fauves, interprété par Clark Gable, partagé entre l’amour de deux femmes, la brune Ava Gardner et la blonde Grace Kelly.

Il avait été sensible au climat d’érotisme qui imprégnait ce film.

AntO pensait que ce serait fabuleux si l’on pouvait recréer cette atmosphère si particulière. Si on pouvait la coucher sur papier glacé.

Afin que les hommes, les femmes du monde entier, fascinés et comme aimantés, achètent... les produits du célèbre malletier français.

Rachel et Dylan écoutaient sagement les propos passionnés d’AntO.

Avec un petit sourire.


*


Dylan constata rapidement à quel point travailler en Afrique pour Victor Luisson était différent de tout ce qu’elle avait fait auparavant.

Assise dans un fauteuil-lit, grignotant des antipasti et savourant une coupe de Champagne servis par un steward en veste blanche, elle se disait qu’elle était à des années-lumière de ce qu’elle avait vécu autrefois. 

Sautant dans des avions cabossés, aux moteurs menaçant de rendre l’âme dans un hoquet, se nourrissant de “choses” dont un animal n’aurait pas voulu, harcelée, parce qu’américaine, par les polices de la plupart des pays du monde, elle était allée au bout de ses limites.

Elle savait qu’elle n’avait plus envie de cette vie-là. Mais elle n’était pas certaine d’être faite pour autre chose.

Elle tourna la tête vers Rachel.

Le très beau mannequin était dans son élément. “Comme un poisson dans l’eau” disent les Français.

Ce luxe, ce raffinement lui étaient habituels. Sans doute ne pourrait-elle pas vivre sans eux.

Dylan prit conscience de leur différence. Au-delà de l’attirance physique, tout les opposait.

Alors, elle se dit que l’Afrique avec Rachel ne serait qu’un épisode. Très agréable...

Quel était ce mot déjà ? Ah oui !!

Ne serait qu’une parenthèse...


*


Rachel tournait sans arrêt dans sa tête les pièces de ce puzzle extraordinaire. Le volcan islandais. Dylan. La Scandinavie. Dylan. Rotterdam. Dylan. Son désir et... Dylan.

Rachel pensait Ainsi donc le destin mettait de nouveau Dylan sur mon chemin... Après tout pourquoi pas ? Le retour de Stockholm n’avait pas été désagréable. Loin de là. Il y avait eu ce jeu amusant de la séduction avec une Dylan rétive. Et puis celui de la conquête. Et, enfin, leur nuit...

Rachel se mit à sourire. Leur nuit... Leurs étreintes... Le chavirement de Dylan...

Puis elle fronça les sourcils. Car des souvenirs importuns venaient de surgir.

Elle songeait à ces quelques instants à Londres et à sa fuite dans le métro. Ai-je eu  raison alors... Peut être qu’une explication ?... Mais non, Dylan m’aurait répondu, avec un petit sourire, que je n’étais qu’une parenthèse... Elle ne m’a pas retenue quand j’ai quitté la voiture pour m’engouffrer dans cette station de métro... Elle n’a pas essayé de me contacter ensuite... Je n’ai reçu aucun carton d’invitation pour le vernissage de son exposition. Quand je me suis rendue dans sa galerie, j’avais espéré la rencontrer... Mais elle était absente... J’aurais pu revenir. Mais je ne l’ai pas fait. A quoi bon ?

Une colère sourde naissait dans son coeur. Elle avait cru mener la danse. En fait, Dylan s’était moquée d’elle... Alors les pièces d’un autre puzzle se mit en place dans son esprit. L’Afrique. Dylan. Victor Luisson. Dylan. Ma vengeance. Dylan.


*


Le jet avait quitté Londres depuis plusieurs heures déjà. Il survolait l’Afrique.

AntO s’était assoupi.

Rachel et Dylan ne parlaient pas. Mais elles s’observaient du coin de l’oeil.

Le photographe, si sensible à l’aspect des choses et des gens, pensait que Rachel n’avait jamais été plus belle. Elle n’a pas changé. Ces six mois n’ont pas entamé sa beauté. J’avais presque oublié à quel point elle était superbe. Bien sûr, il y a deux jours, dans la pénombre de la petite église, j’en ai encore eu la confirmation. Mais maintenant, alors qu’elle est si proche que je peux la toucher... Comment ai-je pu penser, et il y a quelques secondes encore, qu’une telle femme ne pouvait être qu’une parenthèse dans ma vie ? Comment ai-je pu le penser ? Comment ai-je pu le lui dire ?

Dylan se dit que les différences qui semblaient les séparer n’étaient rien au regard de ce qui les rapprochait. Et d’abord le désir qu’elles avaient l’une de l’autre... Notre entente était si parfaite. La fusion de nos deux corps... C’est une telle chance quand deux sensualités peuvent se reconnaître et se confondre de cette façon...

Mais il n’y avait pas eu que cela même si c’était énorme. Il y avait eu la culture et l’intelligence. Rachel est tout... sauf une ravissante idiote...

Il y avait eu sa sensibilité. Son attention aux choses et aux gens.

Elle avait parlé avec simplicité du combat qu’elle menait, loin des caméras, pour une association caritative.

Pas une de ces associations qui permettent de sourire en descendant d’un avion.  Dans ces pays exotiques où la misère n’est qu’un prétexte à montrer son meilleur profil aux photographes.

Non, Rachel se rendait dans les quartiers les plus pauvres de Londres. Elle s’y rendait anonymement pour aider, soigner et servir. Nul ne savait que la jeune femme en jean et pull avachi était un mannequin star.

Dylan pensa Rachel peut me comprendre... mieux que beaucoup d’autres femmes. Et d’ailleurs, je le sais... Je crois que je l’ai toujours su. Je n’aurais pas eu cette réaction désespérée dans le métro de Londres. Je n’aurais pas dit oui à AntO pour une autre qu’elle.

Elle se tourna vers Rachel. La jeune femme regardait par le hublot le tapis de nuages qui dissimulait la terre. Elle est à la fois si proche et si lointaine. Elle m’en veut terriblement. Ce mot. Elle l’a pris comme une insulte. Je dois lui dire que je n’ai prononcé ce mot que pour me protéger. Par bravade. Mais que je l’ai immédiatement regretté. Que je le regrette infiniment. Que la vraie Dylan est celle qui a couru dans le métro pour tenter de la rejoindre. Il le faut. Il le faut absolument... L’Afrique est ma chance. Sans doute la dernière.


*


Rachel avait fermé les yeux. Elle semblait dormir.

Alors Dylan osa.

Du bout des doigts, elle effleura sa main. Elle retrouva le contact de cette peau si douce. Elle eut l’impression d’un frémissement.

Dylan continua. Ses doigts glissèrent sur ses doigts. Et finalement emprisonnèrent sa main.

Rachel ne dormait pas. Elle la laissa s’aventurer à ce geste délicat. Je l’attire toujours... Elle ne peut pas résister à son désir... Au besoin de me toucher... Je vais en jouer... Je vais me jouer d’elle...

Leurs doigts restèrent mélés pendant quelques secondes. Brèves. Trop brèves.

Car Rachel brisa cette fugitive étreinte.

- Encore ? Lâche ma main Dylan. Merci... Je te savais tactile... et c’était infiniment agréable... A Rotterdam... Mais désormais, il te faudra jouer à ces jeux-là avec une autre que moi...

- Rachel...

- Non, c’est fini Dylan... Tu ne dois pas profiter du hasard qui nous met en présence l’une de l’autre. Il n’y aura plus rien entre nous... Plus jamais rien...

- Rachel. Ce n’est pas un hasard...

- Que veux-tu dire ?

- Mon engagement par Victor Luisson... Ce n’est pas un hasard. Je ne crois pas au hasard... Je crois à la destinée. Je crois que nous étions destinées à nous revoir. Parce que nous aimons les mêmes gens et d’abord Peter MacDouglas. Je l’ai compris quand nous nous sommes revues à ses obsèques. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans cet avion parce que j’ai accepté la proposition d’AntO. Et je l’ai acceptée quand j’ai compris que c’était toi le mannequin choisi par VL... Je n’aurais jamais accepté sinon. Rachel, je suis là pour toi... Rien que pour toi...

- Pour moi ? Vraiment ? Par pour le gros chèque que tu vas recevoir ?

- J’ai des goût simples, Rachel. Je peux parfaitement me passer de gros chèques...

- Ainsi tu es là pour moi ? Pour une simple parenthèse ? Tu es trop bonne de t’abaisser à mon niveau...

- Encore ce mot. Toujours ce mot... Rachel, je t’en prie... laisse-moi m’expliquer...

- Tu n’as nul besoin de t’expliquer... Je n’ai que faire de tes explications...

- Tu vas quand même les entendre... Tu n’as pas le choix... Je ne crois pas que tu vas sauter de l’avion pour ne pas les entendre...

- Oui. Tu as raison. Ce serait vraiment par trop stupide... Et bien vas-y... Je t’écoute... Mais sache que tout ce que tu pourras me dire n’a strictement aucune importance. Tu es sortie de mon esprit en même temps que tu es sortie de ma vie. Il y a six mois. Définitivement. Et tu n’y reviendras pas, Dylan... Jamais...


*


Rachel avait prononcé ses dernières paroles avec toute la fermeté dont elle était capable dans ce moment où elle sentait sa volonté lui échapper. Où elle commençait à battre en retraite devant son désir et... ses sentiments.

La caresse de Dylan sur sa main... Cette caresse si légère qu’elle pensait l’avoir rêvée. Elle avait songé à d’autres caresses. Et sa volonté avait faibli.

Mais elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle se venge de ce mot et de celle qui l’avait prononcé à Rotterdam.

Il fallait aussi qu’elle se protège.

Elle avait eu tellement mal il y a six mois.

Après leur séparation. Elle s’était lancée dans un tourbillon pour tout oublier. Dylan et les trois jours passés avec elle.

Elle avait vécu totalement et parfois dangereusement. Dans ces soirées privées, très privées, de Londres, New York ou Paris...

L’alcool, la cocaïne et les femmes...

Ces amours sans amour. Ces étreintes sans désir. Ces nuits sans faim. Ces petits matins blêmes. Ces réveils auprès d’inconnues sans visage.

Un jour, alors qu’elle s’était présentée à une séance photos, Peter MacDouglas lui avait fait, gentiment, la leçon.

Elle ne pouvait plus venir aux shootings avec ce teint chiffonné, avec ces cernes sous les yeux... Elle allait perdre sa beauté. Elle allait se perdre... Elle devait se reprendre. Car même lui ne pourrait pas lui donner une nouvelle chance.

Il fallait qu’elle quitte l’atmosphère viciée des nuits de Londres.

Alors Peter lui avait parlé de Victor Luisson, de l’Afrique. Si elle le voulait, elle serait le mannequin choisi.

L’Afrique. Elle avait dit oui.

Ainsi, pendant ces six mois, elle avait failli perdre son âme et peut-être sa vie.

A cause de Dylan.

Il ne fallait plus que ça se reproduise...

En même temps, elle aurait tellement voulu... s’amuser un peu... Elle regrettait déjà la dureté de ses propos. En son for intérieur, elle pensait J’y  suis allée un peu fort... Il ne manquerait plus que Dylan me croie... Bon, je vais me montrer moins hostile...  Juste un peu. Mais suffisamment quand même... Je ne dois pas la décourager... Sinon où serait ma vengeance ?...


*


Dylan tournait les dernières paroles de Rachel dans sa tête. “Tu es sortie de mon esprit en même temps que tu es sortie de ma vie. Définitivement. Et tu n’y reviendras pas, Dylan... Jamais”...

Ces paroles étaient dures. Très dures. Hostiles.

Mais, curieusement, elle n’y croyait pas. Elle se venge de la “parenthèse” et de ma désinvolture apparente. Celle que j’avais cru habile d’afficher quand nous étions à Rotterdam... Bien joué, Rachel... Mais je ne suis pas dupe... Je sais lire les plus petits signes. Comme le tremblement d’une main sous ma main... Alors, elle osa de nouveau.

- Ecoute-moi Rachel. Laisse-moi m’expliquer...


*


Dylan cherchait ses mots. Elle ne savait pas comment dire les choses. Il lui sembla plus simple de laisser parler son coeur.

- Rachel. Quand j’y pense, je me dis que notre rencontre en Scandinavie était étonnante. Extraordinaire. Nous nous sommes rencontrées parce qu’un volcan, éteint depuis des siècles, avait décidé de se réveiller. Précisément la semaine où, toutes les deux, nous étions en Suède...

- Eyjafjöll...

- Oui. Eyjafjöll. Si on y réfléchit bien, notre rencontre tient du miracle. Car nous sommes si différentes Rachel. Je suis si simple et toi si...

- Si artificielle ?

- Non Rachel. Ne finis pas mes phrases pour moi. Je t’en prie. Je voulais dire : si raffinée. Tu as rencontré Peter MacDouglas sur les plateaux des défilés de mode et moi dans un dispensaire où l’on soigne les malades du sida.

- Moi aussi, je suis capable de m’intéresser aux autres...

- Je le sais Rachel. Je ne dis pas que tu es insensible... Je dis simplement qu’en dehors de Peter, nous n’avions pas d’amis ou même de relations communes. En toute logique nous n’aurions pas dû nous rencontrer.

- Tu oublies les boîtes où je me rends quand j’ai envie de draguer une fille... Nous aurions pu nous y croiser. Tu es tout à fait le genre de partenaire qui aurait pu m’amuser pendant une nuit...

Dylan encaissa ces derniers mots sans colère. Elle cherche à me blesser. “Une fille qu’on drague en boîte de nuit pour s’amuser pendant une nuit”... Il y a plus aimable...  Mais c’est sa réponse à la “parenthèse”.

Elle préféra ne pas répondre à l’insulte.

- Quand je t’ai vue dans l’aéroport de Stockholm, je t’ai trouvée superbe. J’ai tout de suite aimé ton calme et ton flegme. Tu étais assise et tu lisais un roman policier. Suédois qui plus est. J’ai trouvé ça tellement charmant. Mais je ne pensais pas te séduire. Je voulais seulement t’aider. Parce que je n’ai jamais cru que tu étais une fille qu’on “drague” dans les aéroports ou... ailleurs.

- Vraiment ? Tu as agi en bon samaritain ? Quelle grandeur d’âme...

- Tu peux te moquer de moi. Tu en as le droit. Mais oui, je ne cherchais rien d’autre que t’aider. Quand nous avons fait l’amour à Rotterdam, j’ai cédé à mon désir et je t’ai cédé Rachel. Tu le sais bien. Mais avant, je t’ai résisté...

- Pourquoi ? Tout ça avait si peu d’importance... Il s’agissait simplement de joindre l’utile à l’agréable.  De passer une bonne nuit...Il était inutile d’en faire une montagne...

- Parce que je savais Rachel que tu étais précisément le genre de femmes dont je pouvais tomber amoureuse. Le genre de femmes avec lequel j’avais envie de passer ma vie...

Rachel jubilait intérieurement. Enfin, elle le dit. Enfin... Mais cela n’efface rien. Cela n’efface pas ces six derniers mois, son silence et son absence. Son indifférence...

Plutôt que de répondre à la déclaration de Dylan, elle préféra continuer à la questionner avec froideur.

- Pourquoi n’avoir rien tenté alors ?

- Parce que je pensais que ce n’était pas réciproque. J’ai même pensé que tu n’étais pas lesbienne... Et puis tu m’as dit...

- Qu’ai-je dit ?

- Une phrase à Rotterdam. Je m’en souviens mot pour mot... Tu m’as dit “Je ne te demande pas en mariage. Je veux juste te faire l’amour...”

Rachel se mordit la lèvre. Elle se souvint de cette phrase et de la désinvolture apparente avec laquelle elle l’avait prononcée.

Dylan continua ses explications.

- J’ai pris peur. Tu comprends. Peur de tomber amoureuse de quelqu’un qui avait simplement eu envie de passer un bon moment... Je me suis dit que je ne devais pas me raconter d’histoire. Que je devais rester lucide et maîtresse de ma vie. Que je ne devais pas prendre notre aventure au sérieux. Alors quand tu t’es réveillée, je t’ai dit que ces trois jours et notre nuit n’avaient été qu’une parenthèse. Je t’ai dit ça pour me protéger.

- Je comprends... Ô oui, je comprends... Pourquoi me racontes-tu tout ça à présent ?

- Pour que tu saches... Je ne voulais pas t’insulter. Ce mot, parenthèse, je le regrette.

- Pourtant il était exact... C’est exactement ce qu’a été notre histoire. D’ailleurs, tu n’as pas cherché à me revoir...

- Mais Rachel, tu m’as quittée si rapidement quand nous sommes arrivées à Londres. Tu as littéralement couru vers ce métro...

- Et j’ai bien fait... Car tu as raison Dylan. Nous devons rester maîtresses de nos vies...


*


Dylan éprouva un pincement au coeur.

Ses aveux méritaient mieux que ce constat froid.

- C’est ce que tu penses Rachel ? C’est ce que tu penses vraiment ? Que nous avons eu raison de ne pas céder à notre folie de Rotterdam et de retourner à nos vies d’avant ?

- Bien sûr Dylan. Il y a eu la nuit de Rotterdam. Et puis... il y a eu les six mois qui ont suivi. Ces six mois pendant lesquels nous nous sommes passées l’une de l’autre. Si facilement...

- Facilement ? Peut-être pour toi... Mais pour moi, ça n’a pas été si facile...

- Comment pourrais-je le savoir ? Je n’ai pas eu beaucoup de nouvelles de toi... Pas même une invitation au vernissage de ton expo...

- Je n’avais pas ton adresse... mentit Dylan.

- Tu ne l’as pas trouvée ? Tu me fais un fameux reporter !! persifla Rachel. Dis plutôt que tu ne l’as pas cherchée...

- Tu serais venue ?

- Bien sûr. J’adore la Suède. C’est un pays magique... Mais tu n’as pas jugé nécessaire de me convier à ton expo... Alors ne me dis pas que je t’ai manqué. Ne me dis pas que mon absence t’était insupportable. Parce que c’est faux. Tu l’as très bien supportée.

- Qu’en sais-tu ? Que sais-tu de ces six mois ?

- Rien effectivement. Et je ne veux rien savoir...

- Je vais te le dire quand même. Je me suis jetée dans le travail. Parce que je n’arrivais pas à t’oublier et que je croyais que ça pourrait m’aider.

Elle se mit à rire et poursuivit. - Je crois que je n’ai jamais autant travaillé de toute ma vie... Je t’ai menti tout à l’heure. Je connais ton adresse et ton numéro de portable.

Rachel se mit à sourire à son tour. - J’en étais certaine... Et pourtant, tu n’as rien fait...

- Mille fois, j’ai failli me rendre chez toi pour te voir... Mille fois, j’ai été sur le point de te téléphoner ou de t’envoyer un SMS. Mais je n’ai pas osé parce que j’étais persuadée d’être une intruse dans ta vie. Une intruse dont tu ne voulais pas. Dont tu ne voulais plus. Alors, je n’ai rien fait. Je n’ai rien fait d’autre que de penser à toi...

- Dans les bras d’autres femmes je présume ?...

- Je ne vais pas te mentir. C’est vrai. J’ai cherché l’oubli de toi dans les bras d’autres femmes...

- Quelle charmante façon de tirer un trait sur moi !! Il y en a de plus désagréables...

- Tu finis encore mes phrases pour moi...  Je n’ai pas trouvé cet oubli Rachel... J’ai simplement compris combien j’avais perdu en te perdant... J’aurais voulu pouvoir revenir en arrière. A ce jour, à Londres... Je sais ce que j’aurais fait alors...

- Qu’aurais-tu fait Dylan ?

- Je t’aurais retenue. Je t’aurais empêchée d’entrer dans ce métro... Je t’aurais demandé de rester... avec moi... J’aurais vécu ces six mois avec toi... Et les autres à venir...

- Mais tu ne l’as pas fait Dylan... D’ailleurs, qui te dit que j’aurais eu envie de ça. De passer ces mois avec toi ? Tu l’as dit tout à l’heure : nous sommes si différentes...

- Je crois justement que l’amour naît des différences. L’amour c’est aimer la différence chez l’autre...  Je crois que je ne pourrais pas aimer quelqu’un qui me ressemblerait. Qui aurait les mêmes idées que moi... Quel ennui ! Je veux quelqu’un qui ait ses propres opinions et ses propres désirs...

- Joli programme ! Mais tu vas devoir l’expérimenter avec une autre que moi Dylan... Le temps ne se rattrape pas...

- Rachel... C’est tout ce que tu as à me dire ?

Rachel hésita une fraction de seconde. Lui dire... Lui dire... que moi aussi j’ai vécu des mois de tristesse sans elle... Que j’ai tenté de l’oublier. Que j’ai failli me perdre... Non... Pas encore. Pas tout de suite. C’est encore trop tôt... Je vais d’abord la faire languir. Un peu. Un tout petit peu. Pour qu’elle comprenne à quel point ça fait mal... Pour que jamais, plus jamais, elle ne me laisse...

Alors, elle répondit sur un ton sec, qui se voulait impassible.

- Si. Encore une chose. Laisse-moi dormir. Je dois me reposer. Je ne veux pas présenter un visage fatigué aux objectifs de tes appareils photos. Alors laisse-moi dormir...


*


Ces derniers mots avaient été jetés sur un ton un peu vif qui eut pour effet de tirer AntO de son léger sommeil.

Le directeur artistique de la Maison Victor Luisson s’étira. Il se leva et s’approcha des deux femmes.

- Je crois que j’ai piqué un petit somme. Je pense que vous devriez en faire de même Mesdames. Il n’y a qu’une seule heure de décalage entre Londres et le Botswana, mais vous devriez quand même vous reposer. Nous ne partons pas en vacances. Sur place, nous allons travailler. Et même beaucoup... Et puis, Rachel, je sais que vous voudrez être la plus belle. D’autant que vous allez retrouver votre vieille amie... Je crois qu’il y a toujours eu une petite rivalité entre elle et vous...

- Ma vieille amie ? De qui parlez-vous ?

- Mais de la propriétaire du lodge que Victor Luisson a loué pour sa campagne publicitaire... C’est un ancien mannequin... Elle a quitté les plateaux des défilés de mode pour retourner dans son pays natal où elle a acheté un vaste domaine. Elle y a créé l’une des  plus belles réserves du Botswana... Elle s’y consacre entièrement... Mais elle n’a pas changé. Elle est toujours cette superbe panthère noire qui mettait le monde à ses pieds... Je suis certain que vous ne l’avez pas oubliée. D’ailleurs, comment pourrait-on oublier... Yaomi ?..

- Yaomi ? Yaomi Mountbell ?

- Oui Rachel... Yaomi Mountbell... Elle est toujours la même... Elle est toujours cette redoutable prédatrice pour qui tout est gibier. Hommes et... femmes.

AntO retourna à son siège dans un gigantesque éclat de rire.


*


Londres. 7 heures 45.

Dylan s’arracha à ses pensées. Comme l’Afrique lui parut loin tout à coup...

Elle referma sa chemise de pyjama sur son ventre et marcha vers la porte d’entrée.

Elle ramassa le journal.

Elle sourit en voyant la publicité Victor Luisson sur la première page. Anto, Rachel et elle, toute l’équipe, avaient fait du bon travail en Afrique...

Elle entra dans la cuisine et posa le journal sur le plateau du petit déjeuner où deux tasses attendaient déjà.

Puis elle se dirigea vers leur chambre.

La pièce était faiblement éclairée par la lumière du printemps londonien qui parvenait à franchir la fine barrière des rideaux en lin.

Elle posa le plateau sur la table de chevet et s’assit au pied du lit ravagé. Pour regarder son amante encore endormie.

Elle reposait sur le ventre. Nue. Le drap du lit avait glissé, découvrant un corps abandonné. Offert.

Dylan la regardait. Elle suivit des yeux la courbe du dos et la chute des reins. La fabuleuse chevelure noire étalée sur l’oreiller.

Elle songea de nouveau à l’Afrique. Au Botswana...


*
Le silence avait suivi les paroles d’AntO.

Rachel semblait perdue dans ses souvenirs.

Dylan n’osait pas la questionner. Elle savait qu’elle aurait refusé de lui répondre. D’ailleurs, elle n’avait aucun droit de l’interroger.

Et pourtant, elle mourait d’envie de savoir ce qui s’était passé autrefois entre les deux “vieilles amies”.

Dylan connaissait l’ancien mannequin. De réputation. Et cette réputation était sulfureuse.

Yaomi était la première femme noire à avoir porté les vêtements des plus grandes maisons de haute-couture.

Dhanel, Laurent Saint-Yves, Lior, Malbain, Quichenvy, pour ne parler que des maisons françaises, avaient toutes drapé ses superbes courbes dans leurs plus belles créations.

Paris, Londres, New York et Milan s’étaient disputés ses faveurs, lui offrant des millions de dollars.

Le mannequin star, qui brillait, le jour, sous les sunlights, écumait, la nuit, les boîtes du monde entier.

Yaomi aimait assouvir sa faim au contact d’hommes célèbres,  riches ou beaux. Et de femmes... Car elle ne faisait pas mystère de sa bissexualité.

Ses colères étaient fameuses...

On la disait sublime et capricieuse. On la savait riche et blasée.

Elle avait fini par abandonner les artifices d’une vie vécue à deux cents à l’heure, pour l’authenticité de la savane africaine.

Dylan comprenait son choix. Elle pensa : Yaomi doit être une femme étonnante, séduisante et... diablement intéressante. Finalement, je ne regrette pas d’avoir dit oui à AntO. Oui à l’Afrique et à... ses sortilèges...


*

Rachel tentait de digérer la mauvaise nouvelle. Elle allait revoir Yaomi.

Pis que cela. Elles allaient vivre plus d’une semaine sous le même toit !!!

Elle la connaissait bien. Ô oui, elle la connaissait si bien !!

Elle savait que Yaomi ne laisserait pas passer une si belle occasion de prendre sa revanche. De lui faire payer son abandon.

Car pour une fois, la seule peut-être de toute sa vie, ce n’est pas Yaomi qui avait quitté l’autre sur un caprice.

C’est elle, Rachel, qui était partie.

Elle avait quitté l’amante tyrannique, après que celle-ci lui ait fait subir une énième colère.

Rachel se souvint de leur rencontre, lors d’un défilé de mode, dans la cohue des cabines d’essayage.

Elles avaient échangé un simple regard alors que coiffeurs et maquilleuses tournaient autour d’elles comme un essaim de guêpes.

Et le soir même...

Mais après l’ivresse des premiers jours, des premières nuits, Rachel avait compris que Yaomi était dangereuse.

Bien sûr, il y avait la maîtresse passionnée et le bonheur d’aimer et d’être aimée par une femme si belle et si admirée.

Mais, cette médaille avait son revers. La méchanceté gratuite et sans mobile, si ce n’est le besoin de faire du mal, même à ceux qui l’aimaient. Peut-être surtout à ceux qui l’aimaient.

Les colères de Yaomi n’avaient pas de raisons car Rachel était douce, aimante et fidèle. Son mal de vivre s’exprimait à travers ses brusques sautes d’humeur.

Pendant tout le temps qu’avait duré leur liaison, Rachel avait été désarmée face à elle. Son éducation lui avait inculqué la maîtrise de soi et le respect des autres. Elle ne savait pas manier les mots qui blessent ou qui humilient.

Rachel avait usé de patience. D’une infinie patience, pardonnant cent fois les insultes, oubliant les scènes hystériques. Parce qu’elle l’aimait, la désirait. Parce qu’elle avait besoin de sa présence. Yaomi était comme une drogue.

Et aussi parce qu’elle sentait que derrière le tyran, il y avait une femme désemparée et seule, si seule... Une femme qu’elle voulait rassurer et aimer...

Et puis, un jour, il y eut une scène de trop...

Et ce jour-là, elle comprit qu’elle avait cessé de l’aimer. Elle découvrit, avec surprise, qu’elle ne désirait plus Yaomi... Son charme s’était éteint.

Elle ne vit plus que la femme capricieuse, incapable d’aimer, incapable d’accepter l’amour des autres.

Une femme qui faisait le vide autour d’elle en décourageant tous ceux, toutes celles qui voulaient simplement l’aimer.

Alors, pour la première fois depuis des mois, Rachel avait haussé le ton. Pour dire que tout était fini. Puis elle l’avait quittée. Simplement.

Elle savait que Yaomi en avait éprouvé de la colère. Encore et toujours. Elle lui avait jeté une dernière méchanceté.

Comme d’habitude, Rachel n’avait pas répondu.

Mais elle n’avait rien senti. Rien. Les insultes ne lui faisaient plus aucun mal... Yaomi et ses colères lui étaient devenues indifférentes.

Elle était enfin libre et... sauve...

Elles avaient cessé toutes relations. Parfois, elles se croisaient à l'occasion des défilés de haute-couture ou dans les boîtes à la mode. Elles s’ignoraient poliment.

Rachel n’éprouvait aucune émotion en revoyant la femme qu’elle avait aimée autrefois. C’était fini. Bien fini.

Un jour, Yaomi avait quitté le milieu de la mode. Riche mais seule...

Rachel pensa : Ainsi, elle a trouvé refuge en Afrique... Elle a acheté un vaste domaine qu’elle dirige d’une poigne de fer sans doute. Sa décision ne m’étonne pas. Ici, elle est la reine... Comme autrefois... Je l’avais presque oubliée. Oublié ces mois avec elle... Et voilà, que le hasard la met de nouveau sur ma route... D’abord Dylan et maintenant... Yaomi...


*

Dylan n’y tenait plus.

Elle voulait savoir. Elle le devait. Ne serait-ce que pour éviter d’orienter les conversations, qu’elle ne manquerait pas d’avoir avec les deux “vieilles amies”, vers les sujets qui fâchent.

Evitons les bourdes... se dit-elle.
Elle devinait aisément que Rachel avait eu une “histoire” avec Yaomi. Ça n’avait rien de surprenant. Elle n’en éprouvait aucune jalousie. Car à l’époque, Rachel et elle ne se connaissaient pas.

Mais aujourd’hui, alors que les deux femmes allaient se revoir, comment Rachel allait-elle réagir ? Allait-elle retomber dans les bras de la magnifique panthère noire, comme l’avait qualifiée AntO ?

Dylan pensa : Décidément ce voyage en Afrique me réserve bien des épreuves. D’abord la froideur hostile de Rachel et maintenant la sensualité triomphante de Yaomi...
*
Rachel poussa un profond soupir.

Dylan se mit à rire. - Dieu quel soupir !! Un vrai courant d’air !! Un problème Rachel ??
- Non. Pas de problème Dylan. Pas vraiment...
- Pas vraiment ?... C’est Yaomi, n’est-ce pas ? C’est la perspective de la revoir...
- Oui. C’est bien ça... Quelle perspicacité !! Tu as été médium dans une autre vie ??
- Ce n’est pas très difficile à deviner... Il y a eu... “quelque chose” entre elle et toi ?? Ne me réponds pas si tu ne le souhaites pas...
Dylan avait posé sa question timidement, persuadée que Rachel lui opposerait un silence outré.

Mais la jeune femme réfléchit quelques secondes et se dit : Après tout, il n’y a là rien de bien mystérieux. Dylan peut savoir...
- Yaomi et moi avons été amantes... C’était... il y a une dizaine d’années. Elle était déjà ce top-model qui faisait la une de tous les magazines. Moi, j’étais un mannequin parmi tant d’autres. Elle m’a repérée à l’occasion d’un défilé de mode. Elle a jeté son dévolu sur moi. Je devais être le caprice d’une nuit, d’une semaine ou d’un mois. Notre relation a duré moins d’un an...
Rachel s’interrompit pour rire doucement.
- J’ai tenu... presqu’un an... Mais parce que nous n’avons jamais vécu ensemble... Heureusement... Car je ne serais sans doute plus là pour te parler... Je crois qu’elle aurait pu me détruire...
- Ce que tu dis est terrible... Tu parles d’elle comme d’une maladie...
- C’est très exactement ce qu’est Yaomi. Elle est à la fois... la maladie et son remède... J’ai souffert par elle. Elle ne se gênait pas pour me tromper, pour m’insulter et m’humilier... Mais je souffrais aussi quand elle n’était pas là... Je l’aimais. Non. Plus exactement je l’adorais. Comme on adore une idole. Ce que j’éprouvais pour elle était fait d’amour et de peur. De désir et de répulsion. Il y avait quelque chose d’inhumain dans tout cela. Car Yaomi n’est pas humaine. Pas vraiment...
- Tu exagères...
- Non. Non... je n’exagère pas. On disait d’elle qu’elle était divine. La plus belle femme du monde. Elle ne faisait plus partie des simples mortels. Elle usait de son pouvoir sur tout le monde et surtout sur moi... J’ai accepté, j’ai subi ses caprices et ses colères pendant des mois. Parce que je ne pouvais pas me passer d’elle... Et puis un jour...
- Un jour ?
- J’ai cessé de l’aimer. De la désirer. De la craindre. Je l’ai quittée... Elle était furieuse... Comment son esclave osait-elle l’abandonner ?
- Et aujourd’hui ? Tu pourrais encore lui céder ? Tu pourrais encore tomber amoureuse d’elle ?
- Non Dylan. C’est fini... Le seul sentiment qu’elle m’inspire, c’est l’ennui. L’ennui de devoir respirer le même air qu’elle pendant huit jours...
- Pourtant, elle est toujours si belle, si sensuelle...
- Quel enthousiasme !! Fais très attention Dylan... Yaomi est comme ces plantes vénéneuses qui cachent leur poison sous des couleurs éclatantes... On les respire... puis on meurt...

*
Dylan avait écouté les propos de Rachel avec étonnement. Ils étaient si durs. Ils correspondaient si peu au caractère doux et calme du mannequin anglais.

Dylan pensa. Rachel est dans l’excès. Presque dans la caricature. Mais c’est normal. Sa relation avec Yaomi était si excessive. Elle vivait dans une telle dépendance à Yaomi. Elle s’en est sortie... Mais à quel prix ? Elle prétend ne plus rien ressentir pour elle. Mais peut-on être si violente dans la critique quand on ne ressent plus rien ? Peut-on avoir vécu une telle addiction et ne plus aimer ? Yaomi est toujours une rivale... J’en suis certaine...
Et puis elle prit peur. Peur d’avoir compris. Rachel ne veut plus prendre le risque d’une vie à deux. Désormais, elle ne veut plus que des rencontres rapides et sans lendemain. Elle a barricadé son coeur... Pour ne plus jamais souffrir ce qu’elle a souffert avec Yaomi.

Elle se tourna vers elle.

Elle vit le superbe profil de la jeune femme. Elle se souvint des regards furtifs et admiratifs qu’elle lui avait lancés quand elles roulaient sur les routes de la Suède, il y a six mois.

Elle avait été séduite par la beauté, la grâce, l’intelligence de la jeune femme. Elle l’avait aimée à Rotterdam. Puis la séparation stupide...

Une seconde chance lui était donnée qu’elle ne devait pas laisser passer. Je dois la rassurer. Lui dire qu’il n’y aura jamais entre nous ces rapports de maîtresse à esclave. Parce que la respecte et parce que je l’aime...

Mais Rachel avait fermé les yeux et s’était assoupie.

Alors Dylan ferma les yeux à son tour et laissa le sommeil l’envahir.

Un peu de repos ne serait pas superflu. Car c’était plus que du travail qui l’attendait au Botswana.

C’était aussi son bonheur ou son désespoir.
*
Le jet avait parcouru les milliers de kilomètres qui séparaient Londres de Gaborone, la capitale du Botswana.

Enfin, il amorça sa descente vers le Sir Seretse Khama International Airport. Il n’y avait qu’un minuscule aérogare avec une petite tour de contrôle. 

Comme on était loin de la frénésie des aéroports européens avec leurs dizaines d’avions, Boeing ou Airbus !

Ici dans cet endroit, grand comme un aéroclub de province, on ne voyait que quelques rares avions, dont certains à hélices...

Leur avion ne devait y faire qu’une escale technique. Faire le plein de kérosène avant de reprendre l’air pour le nord du pays où se trouvait la réserve-lodge de Yaomi Mountbell.

Là une piste sommaire,  gagnée sur la savane, avait été tracée pour permettre à de petits avions, comme le jet Victor Luisson, de s’y poser.

C’était ça aussi l’Afrique. Cet éveil progressif à la modernité.

C’était ici que Yaomi était revenue. Ici que Rachel allait la revoir...

*
L’avion avait repris les airs pour remonter vers le nord du Botswana.

Il volait à une altitude plus basse. Ils purent admirer le paysage surprenant.

Le fleuve Okavango fonçant vers un immense delta pour enfin disparaître dans le désert du Kalahari. Dans ce dédale d’îles, d’étangs et de canaux, une faune unique au monde.

Ils virent la savane plantée de baobabs.

De grands troupeaux de buffles couraient vers une destination connue d’eux seuls.


*
Pendant tout le temps qu’avait duré la fin du voyage, Rachel avait paru préoccupée.

Cela n’avait pas échappé à Dylan. Même si cette dernière, par discrétion, n’avait pas voulu poser plus de questions.

Bien sûr, elles avaient bien tenté de se laisser capturer par la beauté de la nature.

Mais la proche rencontre avec la maîtresse des lieux les empêchait de profiter pleinement de la magie des paysages africains.


*


Après quatre vingt dix minutes de vol, ils aperçurent la piste d’atterrissage tracée au sol comme un simple sentier au milieu d’une vaste plaine.

Enfin leur avion se posa.

Naturellement, ils n’étaient pas encore arrivés au lodge de Yaomi Mountbell. L’avion ne pouvait pas se poser à côté des chambres de son hôtel !!

Il leur fallait encore emprunter un 4x4 pour rouler pendant quelques minutes sur une piste défoncée.

Au bout de la piste, le lodge.

Agrémenté d’une très belle piscine, il était composé de quinze cottages d’un confort luxueux.

Non loin, mais comme en retrait, la maison de Yaomi.

Le soleil, qui se couchait, baignait le lodge de ses rayons. On avait l’impression qu’il embrasait la savane de ses derniers feux.

Le personnel de l’hôtel déposa les bagages dans les cottages qui étaient tous réservés à l’équipe Victor Luisson.

Comme AntO s’étonnait de l’absence de Yaomi, il lui fut répondu qu’elle avait donné des ordres pour que tout soit prêt pour leur arrivée. Elle les accueillerait à sa table le soir même.
AntO ne fit aucune remarque sur le fait que Yaomi n’était pas venue les accueillir.

Il demanda à voir immédiatement l’équipe technique, arrivée sur les lieux quelques jours auparavant.
*
Le moment était donc arrivé.

Ils attendaient. Dans un vaste salon dominé par une haute cheminée de pierres noires.

Des statues africaines en bois, des totems, des masques, tous dignes de figurer dans les plus grands musées consacrés aux arts premiers, décoraient la pièce.

Sur les murs, des trophées de chasse : lion, buffle, gazelle...

Toute l’équipe technique de Victor Luisson était là. Décorateur, coiffeur et maquilleuse, pilote, médecin. Ainsi que, Lazlo, le mannequin homme qui serait le partenaire de Rachel au cours des séances photos.

Dylan et Rachel s’étaient reposées quelques minutes après avoir pris un bain réparateur.

Elles s’étaient préparées à voir ou à revoir Yaomi.

Rachel avait revêtu une simple robe noire au joli décolleté. Dylan apprécia ce vêtement à la fois sobre et élégant qui était comme un écrin à sa beauté sensuelle.

Elle-même avait jeté une veste de smoking noire sur une chemise blanche. Mais elle n’avait pas renoncé à ses jeans...

Ils attendaient l’arrivée de la maîtresse de maison en buvant le champagne qu’on leur avait servi.

Les minutes passaient.

Rachel pensait Yaomi se fait désirer. Comme autrefois. Quand elle aiguisait mon appétit en se faisant attendre pendant des heures... Décidément, elle n’a pas changé...

Mais aujourd’hui elle était bien décidée à s’en moquer. Yaomi faisait partie de son passé. Définitivement.
*
Soudain, les conversations cessèrent et toutes les têtes se tournèrent.

Yaomi était apparue au seuil de la pièce. Elle attendait, sans bouger, que les regards, comme aimantés, se tournent vers elle.

Grande et mince, elle était à la fois athlétique et féminine. De larges épaules et des hanches rondes.

Ses longs cheveux noirs et lisses tombaient sur ses épaules dénudées. Elle avait choisi une courte robe blanche qui sublimait sa peau couleur chocolat tendre et moulait ses formes.

Ses traits étaient d’une délicatesse extrême. Des pommettes hautes et une bouche pulpeuse. Ses yeux en amande, ourlés de longs cils, souriaient sous des sourcils finement dessinés.

Elle les regardait comme en se moquant. Ravie de l’effet qu’elle produisait. Elle se savait belle. Si belle. Sublime. Et elle jouait des regards admiratifs posés sur elle.

Dylan ne put s’empêcher de penser Une telle beauté est-elle de ce monde ? Rachel a raison. Elle ne fait pas partie des simples mortels...

AntO se précipita vers Yaomi. Il lui prit la main qu’il porta à ses lèvres.

- Yaomi ! Quel bonheur de vous revoir... Merci de nous accueillir chez vous !
- C’est moi qui dois vous remercier AntO. Pour avoir choisi ma demeure. Pour m’avoir donné la joie de revoir de vieilles amies et celle d’en... connaître de nouvelles...

Elle avait ponctué ses propos en posant tour à tour un regard amusé sur les deux jeunes femmes auxquelles sa dernière phrase s’adressait.

Elle s’approcha lentement de Dylan dont elle serra longuement la main, terminant son geste par une lente caresse de sa paume. Ses yeux étaient plantés dans les siens.

Dylan rougit comme une adolescente sous ce regard hypnotique.

Puis Yaomi se tourna vers Rachel.

*
Yaomi s’approcha lentement de Rachel, exactement comme une panthère le ferait avec une proie tétanisée par une peur proche de la fascination.

Quand elles furent si proches l’une de l’autre que seul un mince rideau d’air les séparait, Yaomi s’arrêta, et, les yeux dans les yeux de Rachel, sourit d’un sourire carnassier qui laissa apparaître de magnifiques dents blanches.

Autour d’elles, tout le monde retenait son souffle.

Personne n’ignorait que les deux jeunes femmes avaient vécu un amour passionné et destructeur.

Le monde de la mode et du luxe est un village où les secrets, surtout d’alcôve, sont rapidement connus de tous. D’autant que les amours de Yaomi n’étaient jamais discrètes.

Elle était aussi connue pour ne jamais pardonner une humiliation comme... celle d’un abandon.

Alors, chacun s’attendait à des retrouvailles explosives...

Pourtant, Yaomi se pencha vers Rachel et l’enlaça. Elle serra la jeune femme contre elle. Et la joue posée contre la sienne, elle murmura.

- Rachel, Rachel... Quel bonheur de te revoir après toutes ces années... Tu es toujours la même... Tu es toujours si belle, si adorablement belle...

Rachel était étonnée. Elle s’attendait à un accueil moins... chaleureux.

Visiblement les couteaux étaient rangés dans leurs fourreaux... Alors, les convives, soulagés, reprirent leurs conversations pour mieux laisser les deux jeunes femmes se retrouver.

Rachel se dit qu’elle ne devait pas rester empruntée et timide. Elle devait répondre à l’affection, réelle ou feinte, de Yaomi.
Elle articula. - Moi aussi, Yaomi, je suis ravie de te revoir. Tu n’as pas changé. Le temps n’a pas de prise sur toi...
Yaomi desserra son étreinte et s’écarta de la jeune femme. Elle lui répondit - Si. J’ai changé. Et même beaucoup. L’Afrique m’a changée. La Yaomi d’autrefois n’est plus... Mais je vais te laisser le découvrir... par toi-même...
Rachel saisit tout le sens de cette invitation.

Mais elle ne voulut pas suivre son ancienne amante sur ce chemin qu’elle savait périlleux. Alors elle changea de sujet de conversation.

- Tu possèdes un superbe domaine !! C’est un endroit magique !! Quand et comment as-tu eu l’idée de revenir ici ? Au Botswana ?

- Tu connais ces phrases. “J’ai eu une ferme en Afrique, au pied du Ngong. A cette altitude, on respirait sans peine, et l’on inspirait en même temps un espoir fou et léger comme une aile. Une pensée me venait immédiatement à l’esprit : je suis bien là où je dois être”...
- La ferme africaine. Le roman autobiographique de la Baronne Karen Blixen...
- Oui Rachel. Exactement. Il y a quelques années, j’ai dévoré cette chronique écrite par cette aristocrate danoise qui a vécu au Kenya pendant dix-sept ans, entre 1914 et 1931... Et j’ai su... J’ai su que je devais revenir dans mon pays...
- Pourquoi l’avoir quitté ?
- J’avais quatre ans quand mes parents sont partis pour Londres... On ne m’a pas demandé mon avis... Mon père est anglais et travaillait à l’ambassade du Royaume-Uni à Gaborone. C’est ma mère qui est africaine. Je suis une métisse, comme tu le sais. Quand mes parents sont rentrés en Europe, j’ai suivi...
- Tu ne peux pas te plaindre de leur choix...
- C’est vrai. L’Europe m’a tellement apporté... La fortune, la célébrité et... la satisfaction de mes désirs... Mais, après avoir eu tout cela, je me suis dit qu’il me manquait quelque chose... Mes racines. Mon pays...
- Tu les a retrouvés... Tu dois être heureuse...
- Presque Rachel. Presque, mais pas tout à fait. Car il me manque encore quelque chose...
- Et quoi donc ?
Yaomi ne répondit pas tout de suite.

Son regard erra sur les invités qui semblaient les avoir oubliées.

Il se posa sur Dylan puis il revint sur Rachel. Enfin, elle répondit.

- Quoi d’autre Rachel... sinon un amour passionné et... partagé...
*
Rachel avait suivi le regard de Yaomi. Elle l’avait vu se poser sur Dylan comme une caresse.

Elle avait aussi remarqué le trouble de Dylan quand Yaomi l’avait saluée.

Rachel avait trop l’expérience des jeux amoureux, de ces premières approches pour en ignorer la signification.

Ainsi, les deux femmes semblaient attirées l’une par l’autre.

Rien d’étonnant à ça !

Cette attirance réciproque aurait dû lui être indifférente. Yaomi était sortie de sa vie depuis des années et Dylan depuis six mois.

Et pourtant, elle éprouvait une sorte d’agacement.

Elle avait déjà connu ça. Mais quand ? Tout à coup, elle se souvint. En Suède. Quand elle avait cru que ce Gustav était l’amant de Dylan.

Elle avait éprouvé la même irritation. La même impression d’imperfection. Que les choses ne pouvaient pas être ainsi. ELLE ne voulait pas qu’il en soit ainsi.

Bien sûr, elle ne le voulait pas. Elle se moquait bien que Yaomi enflamme les coeurs. Tous les coeurs.

Mais pas celui de Dylan.
*
Elle avait écouté Yaomi d’une oreille distraite pendant que ses pensées se bousculaient dans sa tête.

La maîtresse des lieux évoquait de vieux souvenirs. Du moins ceux qui ne risquaient pas de les blesser.

Elle lui posait cent questions sur le milieu de la mode et du luxe qu’elle avait quitté sans regret.

Et puis vint LA question. Tant redoutée mais inévitable, Rachel le savait.

- Dis-moi... comment s’appelle cette jeune femme mince aux cheveux très courts ?.. Avec une veste de smoking sur un jean...
- Elle s’appelle Dylan Hederson. C’est le photographe choisi par Victor Luisson pour sa campagne de publicité. C’est un ancien reporter de guerre, je crois...
- Photographe ? Reporter de guerre ? Elle est fascinante...
- Tu trouves ?
- Ô oui, je trouve... Elle ne ressemble pas à ces poupées en celluloïd que je rencontrais dans les boîtes branchées. Il y a quelque chose de solide et d’authentique chez elle. Elle paraît extrêmement intelligence et elle est diablement... séduisante...
- Oui... Peut-être...
- Peut-être ? Tu plaisantes !! Elle fait partie de la famille, n’est-ce pas ?
- Oui... enfin... je crois...
- Moi, j’en suis certaine. J’ai un sixième sens pour ça... Mais ça t’ennuie que je te parle d’elle ?
- Non. Pas du tout.
- Il y a quelque chose entre vous deux ?
- Il n’y a rien entre elle et moi. Elle est le photographe choisi par Victor Luisson. Un point c’est tout.
- Un point c’est tout ? Et bien c’est parfait dans ce cas... Nous ne serons pas rivales...
- Rivales ? Dylan Hederson te plaît tant que ça ?
- Oui. Elle me plaît beaucoup... Vraiment beaucoup... Et puis, comme je devine qu’entre toi et moi, rien n’est plus possible...
- Tu as deviné juste Yaomi.
- Quel dommage ! J’ai la nostalgie de nos moments...
- Pas moi, Yaomi. Le passé est le passé. Et pour moi, il est mort et enterré.
- Vraiment ? Il ne faut jamais dire “fontaine je ne boirai pas de ton eau”.
- Quelle image osée ! Et bien moi, je ne boirai plus à ta fontaine, Yaomi.
- En es-tu si sûre ? Quel charmant challenge... Qui de toi ou de Dylan Hederson vais-je séduire ?
- Finalement Yaomi, tu n’as pas changé. L’Afrique a peut-être modifié ton comportement. Mais pas tes appétits... Je te remercie pour ta franchise. Mais non, il n’y aura pas de concurrence entre Madame Hederson et moi. Car moi, il est hors de question que je tombe à nouveau dans tes filets...

Yaomi lui décocha un grand sourire amusé.

- Très bien Rachel. Comme tu voudras. Ce sera plus facile. C’est toujours plus difficile de courir deux lièvres à la fois... Je vais donc me consacrer à Dylan. Uniquement à Dylan. Et je vais le faire tout de suite. Tu me pardonneras de te laisser. Je dois me soucier de mes autres invités...
Yaomi déposa un rapide baiser sur sa joue.
- Mmmmmhhh, quel dommage vraiment... A tout à l’heure Rachel.
Puis elle lui tourna le dos. Un dos et une chute de reins superbes, que la robe, très échancrée, ne dissimulait pas.

Pour se diriger vers Dylan.

*
Yaomi marchait lentement au milieu de ses convives, glissant un mot aimable ici, un compliment là.

Elle se comportait en parfaite maîtresse de maison. Et elle l’était.

Le mannequin capricieux et hystérique n’était plus. Il avait laissé la place à une femme élégante et sûre d’elle.

Elle n’en était que plus séduisante et redoutable. Rachel en avait conscience.

Elle-même ne tomberait plus dans ses bras car elle la connaissait trop bien. Mais elle savait que d’autres seraient tentées. Une autre... Dylan...

Rachel pensa avec amertume. Je ne peux pas intervenir. Dylan est assez grande pour savoir ce qu’elle a à faire... Et puis après la scène que je lui ai servie dans l’avion, je suis plutôt mal placée pour venir lui donner des conseils. En la repoussant, je lui ai donné la liberté d’avoir une aventure avec Yaomi...

Alors elle regarda, avec un pincement au coeur, Yaomi s’approcher de Dylan.
*
AntO discutait avec Dylan des prochaines séances photos. Il avait une idée très précise de ce qu’il voulait.

Le catalogue Victor Luisson ne devait pas seulement être un inventaire des créations de la célèbre marque parisienne. Il devait raconter une histoire. Celle d’un couple, Rachel et Laszlo, en voyage en Afrique.

Les paysages du Botswana et sa faune seraient le décor de cette histoire et l’écrin des créations Victor Luisson.

Yaomi intervint dans la conversation dont elle avait entendu les dernières phrases.

- Je pourrais peut-être faire un peu de figuration AntO ? Enfin... si vous m’y autorisez...
- Vous feriez çà ?? Mais ce serait génial !!
Elle lui répondit en enveloppant Dylan d’un regard doux.
- Mais bien sûr, Anto... Je suis prête à tout pour que Victor Luisson et... Madame Hederson réussissent leur shooting... D’ailleurs, AntO vous ne m’avez pas présentée à votre photographe...
- Pardon Yaomi... Mais on ne vous présente plus. Dylan Hederson, reporter de guerre...
- Ex-reporter de guerre, précisa Dylan. Aujourd’hui, je me consacre à l’écologie... Et je fais des expositions de mes photos...
- Je suis pleine d’admiration pour votre courage. Mais pourquoi avez-vous quitté le reportage de guerre ?
Dylan répondit en riant - De nos jours, être photographe et américaine, c’est mettre deux fois sa vie en danger... Je l’ai assez fait. J’ai envie de vivre. Et il y a d’autres drames à dénoncer. La guerre que l’homme fait à sa propre terre par exemple...
- C’est fascinant !! Je pense que Victor Luisson a eu bien raison de vous choisir pour être son photographe... J’aurais besoin d’une femme talentueuse comme vous pour faire connaître mon domaine. Vous et moi, nous pourrions faire de grandes choses...
AntO sourit. Il savait ce que l’enthousiasme de Yaomi voulait dire. Alors, il les quitta avec discrétion pour les laisser seules.

- Je vais vous laisser Mesdames, je dois régler quelques détails techniques. Le shooting commence demain. A tout à l’heure...
*
Dylan trempa ses lèvres dans la coupe de Champagne. Elle voyait bien que Yaomi l’observait avec intérêt. Et elle pouvait mettre un nom sur cet intérêt. Désir.

Bien sûr, elle était flattée. Qui ne le serait pas ? Plaire à Yaomi Mountbell, c’était le rêve de millions d’hommes et de femmes.

Mais ce n’était pas le sien.

Quand, il y a quelques minutes, Yaomi avait caressé sa main, elle en avait éprouvé du plaisir naturellement, mais c’était tout.

Dylan faisait partie de ces femmes qui ne pouvaient aimer qu’une seule personne à la fois. Et elle aimait Rachel. Elle ne pouvait pas aimer ailleurs.

Elle jeta un coup d’oeil discret vers Rachel, qu’AntO avait rejointe.

Elle vit que la jeune femme regardait dans sa direction. Et elle cru voir comme de la tristesse sur son visage.

Dylan en éprouva de la peine. Elle ne voulait pas la faire souffrir. Elle eut la certitude de son amour pour elle. Et le sentiment que cet amour était partagé.
*
Yaomi avait poursuivi sur le chemin qu’elle s’était tracé...
- Oui Dylan. Vous et moi pourrions faire de très grandes choses ensemble...
- Vraiment ? Je crois que vous surestimez mes talents...
- Je suis certaine que non... Je suis persuadée que vous avez de multiples dons et j’aimerai beaucoup que vous en fassiez profiter mon... domaine...
- Et que pourrais-je faire pour lui que d’autres ne feraient pas ?
- Lui apporter votre... regard. Votre magnétisme et votre... présence...
Dylan rit doucement. - Ma présence ? Je crains fort que le prix des chambres soit trop élevé pour mes modestes moyens...
- Vous n’aurez jamais besoin de payer Dylan. Je suis persuadée que vous êtes une femme qui n’a jamais besoin de payer...
- Vous faîtes erreur. J’ai déjà payé et même très cher...
- Ah oui ? Et quoi donc ?
- Une erreur Yaomi. Une erreur...
Le regard de Yoami glissa vers Rachel puis revint vers Dylan. - Dans ce cas, je peux vous aider... Je suis convaincue que je peux vous aider...
- M’aider ? A réparer mon erreur ?
- A ne plus en faire Dylan. A ne plus en faire...
- Oh vraiment ? Et si j’ai envie, moi, de persister dans l’erreur ?
- Alors vous commettriez une seconde erreur. Je parle d’expérience Dylan. Avec certaines personnes, ou plutôt, avec UNE certaine personne, on ne recolle pas les morceaux...
- Parce que vous ne l’avez pas tenté Yaomi. Parce que vous n’avez pas osé le tenter. Mais moi j’aurais ce courage...
- Il aurait été vain de le tenter, Dylan. Parce que c’était voué à l’échec. Rachel... Vous me permettez de donner un nom à votre... “erreur” ? Rachel était passée à autre chose. Elle m’avait définitivement bannie de sa vie... C’est sa façon de se défendre. Le rejet, le désintérêt et l’oubli sont ses anti-corps. Elle a fait de même pour vous. J’en suis persuadée... Vous n’avez plus rien à espérer d’elle. Vous faîtes partie de son passé. Vous ne reviendrez plus dans son présent...
Dylan frémit en entendant ces mots qui étaient presque exactement ceux que Rachel lui avait dits Tu es sortie de ma vie. Définitivement. Et tu n’y reviendras pas... Jamais...
Mais elle repensa au regard infiniment triste que Rachel avait posé sur elle alors qu’elle parlait avec Yaomi. 

Dans ce regard là, il y avait de l’intérêt et bien plus encore... Elle en était certaine...
*


AntO et Rachel se rapprochèrent des deux femmes. Le directeur artistique de la maison Victor Luisson semblait ravi.
- Yaomi, j’ai parlé à Rachel de votre suggestion de participer au shooting en guest star... Elle partage mon avis. C’est vraiment une idée extraordinaire...
Rachel approuva. - Oui, extraordinaire. Même si je sais que tu risques de me voler la vedette...
- Mais non voyons. Je ne serai qu’un élément du décor. Au même titre que les troupeaux d’éléphants ou les vieilles malles Victor Luisson...
Rachel sourit tristement. Elle n’était pas dupe de la tentative de Yaomi. Revenir sur le devant de la scène. En l’évinçant.

Même si elle était aussi belle que l’ancien mannequin noir, elle savait que Yaomi présentait l’attrait de la nouveauté et du mystère. Ceux d’une femme qui avait coupé les ponts avec le monde de la mode et qui, soudain, y revenait.

Mais que pouvait-elle dire ? AntO était si enthousiaste. Et elle n’était qu’une employée, après tout.

Soudain Dylan intervint.
- AntO. Je ne suis pas d’accord. C’est vrai que c’est adorable de la part de Yaomi d’accepter d’apparaître sur les photos... Mais je crois que c’est... inapproprié...
- Inapproprié ? Que voulez-vous dire ?
- Et bien ce catalogue va raconter une histoire en images. L’histoire d’un couple amoureux qui fait un voyage en Afrique. Et les clients auront envie des mêmes bagages, compagnons d’un si bel amour... Mais si Yaomi apparaît, même de façon fugitive, les personnes qui consulteront ce catalogue verront une autre hisoire... Ils penseront qu’elle est l’amante secrète de l’homme ou de... la femme. Et l’objectif visé par Victor Luisson sera raté... C’est pour ça que je crois que Yaomi ne doit pas apparaître... On ne doit voir que Laszlo et... Rachel...
Le silence retomba. AntO réfléchissait.

- Mmmmmhhh. Oui. Je dois bien reconnaître que vous avez raison Dylan. Je n’y avais pas pensé. C’est vrai que toutes les campagnes publicitaires Victor Luisson tournent autour du même thème. Le tranquille bonheur conjugal et familial. Jamais d’adultère. Ce n’est pas l’esprit de la maison... Bon, je me range à votre point de vue Dylan... Uniquement Laszlo et Rachel...
- Je crois que c’est le mieux AntO. Mais l’esprit de Yaomi sera partout puisque nous allons travailler dans un domaine qu’elle a façonné de sa main...
Yaomi était furieuse. Mais elle n’en montra rien. - Bien, bien. je voulais simplement rendre  service... Je crois que nous allons pouvoir passer à table... Venez AntO, vous prenez place à côté de moi...
Rachel et Dylan restèrent seules, en retrait. Elles échangèrent un regard amusé. Et complice...
*
Yaomi présidait, assise entre AntO et Laszlo.

Par la magie du plan de table, Dylan et Rachel s’étaient retrouvées face à face.

Les conversations, animées, tournaient sur les thèmes de l’Afrique et de la mode. De la photographie et de l’écologie.

Dylan et Rachel étaient accaparées par leurs voisins respectifs. Mais elles parvenaient toujours à se lancer ce regard par lequel elles avaient enterré la hache de guerre quelques minutes auparavant.

Yaomi avait surpris ce regard et deviné cette complicité retrouvée.

Et intérieurement, elle bouillait. Ainsi, Rachel lui échappait de nouveau. Et Dylan avait dédaigné son offre d’être, avec elle, la reine de son domaine.

Les deux jeunes femmes l’avaient méprisée, comptée pour rien. Alors qu’elle était la plus grande. La plus belle.

Qui étaient-elles pour oser la défier ? Pour oser se boire des yeux comme elles le faisaient devant elle ? A sa propre table.

La rage montait en elle comme une lave en fusion. Le volcan de sa colère était sur le point d’exploser. Comme autrefois en Europe. Quand ses caprices faisaient trembler son entourage.

Elle ne pouvait pas supporter plus longtemps l’humiliation de ces deux femmes qui se plaisaient et qui ne songeaient pas à le dissimuler.
*

Soudain, alors que seul le bruit des couverts parvenait, parfois, à couvrir le brouhaha des conversations, un homme surgit sur le seuil de la pièce. Il resta immobile n’osant aller plus loin.

C’était un africain, grand et fort. Il était vêtu d’une tenue de brousse, saharienne et pantalon, sur de fortes chaussures de marche. Ses vêtements étaient déchirés et boueux. Il semblait épuisé.

L’apparition d’un tel homme, au milieu de ce repas mondain, paraissait si incongrue que toutes les conversations s’arrêtèrent.

Yaomi quitta immédiatement sa place pour s’approcher de lui. Ils n’échangèrent que quelques phrases. Puis l’homme quitta la pièce alors que la jeune femme venait se rasseoir, l’air soucieux.
*


AntO brisa le silence qui avait suivi l’irruption du broussard africain - Un problème Yaomi ? Rien de grave, j’espère...

- Si AntO. Très grave... Un vieux lion, chassé de sa meute, a attaqué un troupeau de zébus. Il a failli tuer l’homme qui le gardait...

- Mon Dieu quelle horreur... Pourquoi s’est-il attaqué à un troupeau de zébus... C’est une sorte de vache, n’est-ce pas ?

- Par facilité... Les lions ne chassent pas. Seules les lionnes le font. Tant qu’ils règnent sur une meute, les mâles sont nourris en priorité. Mais quand ils sont chassés par des lions plus jeunes, ils doivent survivre par eux-mêmes. Comme il sont trop vieux pour chasser, ils s’attaquent à des proies faciles. Animaux malades ou morts qu’ils disputent aux charognards. Ou encore troupeaux de zébus...
- Qu’allez vous faire ?
- Mes gardiens ont trouvé sa piste... Demain, je vais me joindre à la traque et je vais l’abattre...
- L’abattre ? Mais il n’a pas tué...
- Il le fera... Le lion, qui a goûté au sang humain, voudra y goûter de nouveau. Il  doit être abattu... Car sinon, il deviendra un mangeur d’hommes...
- Pourquoi ne laissez-vous pas vos employés s’en charger ?
- Parce que c’est moi la maîtresse de ce domaine. C’est moi qui doit veiller à la sécurité des hommes, des femmes, des villages qui y vivent... C’est à moi que reviennent la tache et le risque de traquer et de tuer cet animal...
- C’est terriblement dangereux...
- Oui c’est dangereux. Mais c’est aussi ça l’Afrique AntO... C’est ce qu’on appelle un safari... Certains touristes paient des fortunes pour pouvoir y participer... Ça ne vous tente pas ?
- Non, merci Yaomi. Je n’ai aucune envie de finir en steak pour votre gros chat qui meurt de faim...
- Très bien. Je n’insiste pas... Et vous Dylan ?... Le  danger d’une telle chasse ne saurait effrayer un ancien reporter de guerre... Venez avec moi. Je vous promets de superbes photos... A moins que vous aussi vous n’ayez peur de ce lion...
- Je crois les hommes plus dangereux que les fauves parce qu’ils sont moins prévisibles. Parce qu’ils dissimulent leurs intentions. Alors non, je n’ai pas peur. Je viendrai avec vous Yaomi.
- Moi aussi !! Moi aussi, je veux venir !!
Rachel avait presque crié ces mots. Et chacun la regardait étonné. Cette réaction si vive correspondait si peu au calme de la jeune femme.
AntO émit des réserves.
- Rachel... Je ne tiens pas à ce que vous preniez des risques alors que le shooting n’est même pas encore commencé. D’abord Dylan, ensuite vous. S’il arrive quoi que ce soit, nos projets risquent d’être compromis...
Mais Yaomi intervient.
- Il n’y a aucun risque, AntO... Les gardiens de mon domaine sont tous des chasseurs aguerris... Il protégeront Rachel et Dylan...
- Soit. Je m’incline. Et quand allez-vous traquer cet animal ?...
- Demain matin. Dès qu’il fera jour. La nuit, nous ne pouvons rien faire. Il pourrait nous échapper dans le noir ou nous attaquer... Aussi, je vais vous quitter et vous prier de finir la soirée sans moi. Je dois prendre du repos. Je vais être très matinale... Rachel, Dylan, je vais donner des ordres pour qu’on vous réveille une heure avant notre départ...
Elle se leva, salua ses hôtes d’un signe de tête puis regagna lentement ses appartements privés.

Seules Dylan et Rachel ne l’avaient pas suivie des yeux. Car peu leur importait Yaomi.

Dylan ne voyait que Rachel. Et Rachel ne se souciait que de Dylan.

*
La maîtresse de maison partie, les conversations s’étaient éteintes peu à peu.

Les uns après les autres, les membres de l’équipe avaient regagné leur cottage afin d’y passer la nuit...

Tous, sauf Rachel et Dylan.

Elles avaient trouvé refuge dans un coin du salon sous le regard de verre des lions et des antilopes dont les trophées ornaient les murs. Elles étaient assises côte à côte dans un vaste canapé en cuir de buffle.

Elles sirotaient un vieux whisky qu’on leur avait servi.

Elles faisaient durer la dégustation du breuvage ambré. Car elles savaient que dès la dernière goutte avalée, elles n’auraient plus d’excuse pour rester là. Elles devraient se quitter.

Et elles n’en avaient aucune envie.

Rachel murmura. - Dylan... Je voulais te remercier...
- Me remercier ? Mais de quoi ?
- D’avoir si intelligemment découragé AntO... De l’avoir persuadé que Yaomi ne devait pas figurer sur les photos... Merci... Je sais très bien qu’elle m’aurait volé la vedette. Qu’on n’aurait vu qu’elle...
- Je ne suis pas d’accord... Elle est très belle, c’est indéniable... Mais... je te préfère...
- Vraiment Dylan ? répondit Rachel avec un petit sourire. Tu es adorable. Pourtant, je reste lucide. Elle est magnifique. Je sais bien que Yaomi éclipse toutes les autres femmes.
- Sa beauté est évidente mais je te préfère...
- Pourquoi, Dylan ?
- Parce que... Parce que... je ne sais pas l’expliquer... C’est quelque chose que je ressens... dit-elle en posant la main sur sa poitrine.
- Que tu ressens ?.. Alors Dylan si tu me vois avec ton coeur, c’est encore mieux... Pourquoi souris-tu ?
- Je pense qu’il y a quelques heures à peine, nous étions dans l’avion et tu me disais des choses si... dures. Si définitives... que j’ai pris peur... Et maintenant, nos rapports semblent apaisés...
- Je sais. J’y suis allée un peu fort tout à l’heure. Je m’en excuse... Mais je t’en voulais Dylan. Oui, je t’en voulais terriblement...
- De ce mot ? Toujours ce mot. Parenthèse ?

- De ne pas m’avoir retenue à Londres, il y a six mois... De m’avoir laissée prendre ce métro... Alors que j’avais tellement envie de rester avec toi...
- Rachel... Rachel... Il faut que tu saches... Ton départ si brusque m’avait assommée. Et puis, j’ai ressenti le manque de toi... Alors j’ai quitté la voiture et j’ai couru dans ce métro... Mais tu avais un peu d’avance sur moi. Je n’ai pas réussi à te rattraper. Il s’en est fallu d’une ou deux secondes... Les portes de la rame se sont refermées sur toi et tu as disparu de ma vue. Je suis restée sur le quai, hébétée. Et après, je n’ai plus osé te contacter... Les jours, les semaines, les mois ont passé... J’ai cru que tu m’avais oubliée... J’ai eu peur d’être importune. J’ai pensé qu’une femme comme toi ne pouvait pas être seule... Mon Dieu, comme je regrette ce temps perdu à tenter de t’oublier...
- Comme nous avons été stupides... L’une comme l’autre... Tu as cru que je n’avais pas besoin de toi alors que je crevais de ne pas t’avoir... Je t’ai attendue. Je t’ai espérée. Je n’ai pas osé te contacter parce que je pensais que tu me trouvais trop superficielle... Pendant ces six mois, j’ai fait des choses terribles Dylan. Par manque de toi. J’ai vécu la nuit. Je n’ai aimé que pour essayer de t’oublier. Mais, chacune des femmes que je rencontrais me rendait ta perte encore plus insupportable. Alors j’ai tenté de m’anéantir dans la cocaïne... J’ai failli me perdre parce que je croyais t’avoir perdue...
Dylan s’approcha plus près et prit la main frèle dans les siennes.
- Rachel... Je suis désolée... Si j’avais su. Si seulement j’avais su. Si j’avais été moins bête... Jamais plus, je ne te laisserai Rachel... Il est hors de question que je te laisse. Je veux rattraper tout ce temps perdu en vivant dix fois plus intensément chaque minute que je vais passer avec toi...

Elle porta la main de Rachel à ses lèvres. - Chérie, chérie... Comme c’est bon de t’avoir retrouvée. Enfin...
- Je suis tellement fatiguée, Dylan. Aujourd’hui, j’ai vécu tant d’émotions... Il y a quelque chose que j’aimerais te demander...
- Tout ce que tu voudras, ma chérie...
- Cette nuit... dormir avec toi... Simplement dormir... dans tes bras...
- Bien sûr Rachel... J’en ai tellement envie... Je n’osais pas te le demander...
- Tu peux tout me demander, Dylan. Désormais, je veux que tu oses... Je veux que tu aies toutes les audaces... Toutes les exigences... Et je te promets que... je les satisferai toutes...
Dylan prit le visage de Rachel entre se mains et doucement baisa ses lèvres.

Elle frémit à leur contact.

Elle oublia tout. La douleur de la déchirure, l’amertume de ces derniers mois, la peine des dernières heures.

Plus rien ne comptait. Plus rien n’existait qu’elle et ses lèvres contre les siennes. Enfin... enfin elle... Rien qu’elle...
Elles n’arrivaient pas à se détacher l’une de l’autre. Mais Dylan eut un sursaut. - Viens, Rachel. Viens...
La prenant par la main, elle l’entraina vers son cottage. Elles marchaient vite, toutes à la hâte d’arriver. Enfin, elle entrèrent dans la chambre où un vaste lit les attendait.

Elles se dévêtirent en s’aidant mutuellement. Robe du soir, veste de smoking, jean atterrirent sur le fauteuil.

Enfin, elles furent nues. Elles se dévoraient des yeux, retrouvant ce bonheur exquis des premiers moments à Rotterdam. Ce bonheur d’être ensemble, l’une pour l’autre.

Dylan prit la main de Rachel et la conduisit jusqu’au lit où elles se couchèrent.

Là, elles se blottirent l’une contre l’autre, Rachel enlacée par les bras de Dylan, sa tête reposant sur sa poitrine. Ses lèvres caressant sa peau.

Elles étaient si bien qu’elles ne songèrent pas à avoir de gestes plus intimes. Et elles s’endormirent. 
*
Le sommeil et les émotions les avaient terrassées. Elles dormirent quelques heures.

La lumière de l’aube pénétra dans la chambre à travers la mousseline qui masquait la fenêtre. Elle toucha le lit. Puis les deux femmes qui y étaient couchées. Elles se réveillèrent doucement en clignant des yeux.

Leur premier regard fut pour l’amante. Et elles se sourirent. Leurs premiers mots furent banals. Mais elles aimèrent cette banalité. Si rassurante après les paroles qu’elles avaient eues la veille...

- Bonjour, ma chérie... Tu as bien dormi ?
- Oui Dylan... C’était... merveilleux. Une nuit comme je n’en avait pas vécu depuis... Rotterdam...
- Si mes souvenirs sont exacts, nous n’avions pas beaucoup dormi à Rotterdam... répondit Dylan en riant.

- Tes souvenirs sont exacts...
- Comment pourrais-je oublier la seule nuit que j’ai passée avec toi. La seule avec celle-ci...
- Il y en aura d’autres, Dylan... Si cela ne tient qu’à moi, il y en aura des milliers d’autres...
- Est-ce tu sais que je t’adore quand tu m’offres de si délicieuses perspectives ?...
Dylan se pencha sur Rachel et l’embrassa. Elle la caressa doucement, frôlant sa peau. Mais la jeune femme écarta sa main.

- Dylan, non. Il ne faut pas...
- Mais pourquoi, ma chérie ?
- Parce que, d’une minute à l’autre, on va venir toquer à ta porte. Parce que nous devons nous préparer pour ce safari. Nous devons partir dans quelques minutes. Et que je n’ai aucune envie de bâcler ce que je meurs d’envie de faire depuis des mois. Avec toi...
- Quel dommage !! Mais tu as raison...
Rachel déposa un rapide baiser sur la joue de Dylan. Elle se leva et commença à s’habiller.

Dylan la regardait. Elle était maussade. Rachel lui sourit.
- Ne soit pas contrariée, ma chérie. Ce n’est que partie remise. Je te le promets. Et puis, Dylan, je crois qu’il vaut mieux qu’on ne me trouve pas dans ta chambre. Je pense que Yaomi serait furieuse si elle apprenait que nous avons passé la nuit ensemble... Elle te regarde avec de tels yeux... Elle ne renoncera pas facilement à son projet de te séduire.
- Qu’elle aille au diable !! Nous faisons ce que nous voulons de nos vies...
- Tu as raison. Mais tant que nous sommes sur son domaine, dont elle est la reine, nous devons la ménager. Je suis bien placée pour savoir qu’elle peut être très dangeureuse quand on la provoque ou qu’on l’humilie... Tu es sa proie. Tu ne dois pas devenir son trophée de chasse et moi sa victime...
Rachel avait fini de s’habiller. Elle se pencha sur Dylan qui était restée allongée sur leur lit.

Elles échangèrent un baiser dont l’intensité se propagea, comme une onde, dans le secret de leurs corps.

Puis Rachel s’arracha aux lèvres douces et, sous le regard ardent de Dylan, sortit de la chambre sans faire de bruit.

Elle regagna son propre cottage en soupirant doucement. Et en regrettant déjà les bras de son amante...
*
Les deux lourdes Range-Rover roulaient, bousculées par les cahots de la route défoncée.

Mosegi, le broussard qui avait fait éruption la veille au milieu du repas, conduisait la voiture de tête.

Yaomi était assise à ses côtés.

Derrière eux, Rachel et Dylan.

Quatre autres pisteurs avaient pris place dans la seconde voiture avec Laszlo.

Le mannequin hongrois avait rejoint la petite troupe alors qu’elle s’apprêtait à partir.

Il ne voulait manquer ça pour rien au monde : la traque d’un fauve mangeur d’homme et son exécution. Peu importaient les ordres d’AntO.

Le directeur artistique aurait été furieux d’apprendre que ses deux mannequins prenaient ensemble de tels risques.

Aussi Laszlo avait-il pensé que le plus simple était de ne rien lui dire et de ne pas lui demander son avis...

Pourtant, le jeune homme avait l’habitude de l’autorité. Mais il avait aussi l’habitude de lui désobéir.

Ancien lieutenant dans l’armée hongroise, il avait jugé plus prudent de la quitter et de tenter sa chance dans les pays de l’Ouest le jour où il avait démoli la mâchoire de son colonel d’un seul coup de poing.

Il n’avait pour seule fortune que son physique de boxeur. Mais elle fut suffisante.

Laszlo était grand et musclé. Il avait un beau et large visage sous des cheveux châtains coiffés avec les doigts.

Il émanait de sa personne force et virilité, élégance et charme.

C’était aussi le plus doux et le plus gentil des hommes... quand il n’assommait pas les colonels...
*
Mosegi avait quitté la piste pour s’enfoncer dans la savane.

Il n’y avait plus de route sur laquelle rouler. Seule une piste tracée par le passage des troupeaux d’éléphants.

Mosegi arrêta le véhicule et se tourna vers Yaomi. - Nous sommes presque arrivés au lieu où s’est réfugié le vieux lion. Il doit se trouver à un mile  (1,61 km) tout au plus. Il faut continuer à pied...
- Très bien allons-y. Laissez un homme près des véhicules. Tous les autres fusils viennent. On forme des couples de façon à ce que chaque invité soit protégé par un pisteur. Tau avec Rachel. Khumo avec Dylan. Baruti avec Laszlo.
Quelques minutes plus tard, la troupe s’avançait, en file indienne, dans les hautes herbes de la savane. Mosegi marchait en tête, suivi par Yaomi.
Tous avaient revêtu des vêtements de brousse : saharienne, pantalon sur de fortes chaussures et chapeau à larges bords.
Yaomi et ses pisteurs tenaient leurs fusils à la main, chargés, prêts à tirer. Dylan, Rachel et Laszlo, leurs appareils photos.

Car le spectacle offert par l’Afrique, alors que le soleil se levait sur elle, était fabuleux...
*
Une brume de chaleur tremblait au-dessus de la savane.

Non loin, on pouvait voir un troupeau d’éléphants, les adultes entourant les plus jeunes. Les pachydermes avançaient avec lenteur, sans faire plus de bruit que celui du froissement des herbes, malgré leur masse imposante.

Dylan régla le zoom de son appareil afin de photographier l’animal, énorme, qui menait la troupe.

Rachel interrogea le pisteur qui la protégeait. - C’est un mâle n’est-ce pas ? C’est le chef du troupeau ?
Mais Tau n’eut pas le temps de lui répondre car Yaomi intervint. - Non Rachel, les  hardes sont essentiellement  composées de femelles et d’adolescents des deux sexes. La conduite revient à une vieille femelle expérimentée qu’on appelle la matriarche. C’est elle qui décide des mouvements, des déplacements de l’ensemble de la troupe. Les mâles ne s’approchent qu’au moment du rut...
- C’est extraordinaire... Alors, ce sont les femelles qui décident de tout...
- Oui Rachel... Les animaux sont souvent plus sages que les humains... Attention, la matriarche nous a vus... Ne vous écartez pas. Elle pourrait charger...
La lourde femelle s’était arrêtée. Elle regardait en direction de Yaomi, de ses invités et de ses pisteurs.

Puis tout à coup, elle se mit à marcher vers eux en soulevant un nuage de poussières.

Tous les fusils étaient dirigés vers la masse formidable qui s’avançait comme pour les écraser.

Soudain, elle s’arrêta à bonne distance en balançant sa trompe et en écartant les oreilles de son corps. Elles battaient contre ses flancs comme deux gigantesques éventails. La matriarche se mit à barrir. Et son cri assourdissant fit trembler la petite troupe.

Personne n’osait bouger de peur de provoquer sa charge.

Puis, quand l’énorme femelle fut certaine d’en avoir assez fait pour impressionner ces misérables humains, elle leur tourna le dos en leur jetant un coup d’oeil dédaigneux par dessus son épaule. Enfin elle retourna vers la harde qui avait continué son chemin et en reprit le commandement.

Dylan n’avait pas cessé de photographier alors que Rachel avait posé la main sur son coeur.

Yaomi sourit en la voyant. - Tout va bien Rachel ? Tu n’as pas eu peur n’est-ce pas ?
- Je n’ai pas eu peur pour moi. Mais pour cette éléphante. J’ai cru que tu allais donner l’ordre de l’abattre...
- C’était inutile. Elle n’avait pas l’intention de nous charger. Seulement nous effrayer... Toutefois, il aurait bien fallu la tuer si elle s’était montrée plus menaçante... Les éléphants ne sont pas des tendres... Et ils tuent de façon assez cruelle...
- Ah bon ? Comment s’y prennent-ils ?
- Ils plaquent leur adversaire, homme ou fauve, au sol et ils l’embrochent sur leurs défenses...
Rachel resta interloquée. Comment un animal, qui paraissait si pacifique, pouvait-il se montrer si violent ? Elle n’eut pas de réponse à sa question. Car Yaomi jeta un ordre.

- Allez. On continue.
Mosegi reprit la marche en tête.
*
Ils avaient parcouru plusieurs centaines de mètres.

Ils avaient croisé un troupeau de gazelles mais surtout quelques girafes.

Ces animaux étaient incroyablement hauts avec une petite tête fine au bout d’un long cou.

Leur démarche lente avait une élégance nonchalante.

Elles semblaient vivre dans une calme désinvolture. Pourtant leurs sens étaient constamment en éveil. Pas un instant, elles ne cessaient de surveiller la savane et de guetter tout mouvement suspect qui signalerait le mouvement ou l’attaque d’un prédateur assez fou, ou assez affamé, pour s’attaquer à cette proie de plus de quatre mètres de haut.

La petite troupe s’arrêta au plus près de ces reines de la savane. Les petits hommes et les girafes se jaugèrent. Ils savaient qu’il n’avaient rien à craindre les uns des autres.

Puis, sur un simple signe de tête, Yaomi donna à Mosegi l’ordre de poursuivre.
*
Ils marchèrent encore pendant une centaine de mètres. Leur attention fut captée par des bruits caractéristiques de mastication et de ricanement.

Une meute de hyènes s’acharnait sur une proie couchée au sol. Un girafon.

Rachel ne put s’empêcher de s’écrier. - Mon Dieu, mais c’est un bébé girafe ! Pourquoi les adultes, que nous venons de croiser, n’ont-ils pas défendu leur petit ?
Yaomi répondit en souriant. - Parce qu’il est mort à sa naissance Rachel... Par peur des prédateurs qui pourraient les attaquer si elles se couchaient, les girafes accouchent debout. Les girafons tombent sur le sol d’une hauteur de près de deux mètres. Certains se rompent le cou. C’est le cas de celui-ci. On voit encore le placenta. Les hyènes sont en train de nettoyer la savane. C’est ça l’Afrique, Rachel. Une beauté infinie et une infinie cruauté...

Dylan et Rachel pensèrent que cette définition convenait parfaitement à Yaomi.

*
La petite troupe avait repris la marche. Ils songèrent qu’ils devaient être tout près de leur objectif à présent.

Soudain Mosegi leva la main et ils s’arrêtèrent. Puis le broussard tendit le bras et ils virent le vieux lion couché à l’ombre d’un arbre.

L’animal était énorme. Il devait peser plus de deux cents kilos. Sa tête était entourée d’une épaisse crinière. Son poitrail était large et musclé.

Avec d’infinies précautions, Yaomi et ses hommes se mirent en arc de cercle, face à l’animal. La jeune femme jeta un ordre.

- Laszlo, Dylan, Rachel ! Restez derrière nous !
Puis les cinq fusils s’avancèrent vers le lion.
*

Il les regardait s’approcher. Il les attendait sans bouger.

Il savait qu’ils étaient venus pour lui. Il savait que l’heure de sa fin était venue. Là au milieu de la savane. Il le savait depuis qu’il avait attaqué cet homme qui gardait son troupeau de zébus.

Il allait mourir de leurs mains.

Ça valait mieux que cette vie de solitude depuis que son clan l’avait chassé. Ça valait mieux que de mourir de faim parce qu’il était devenu trop vieux pour chasser.

Il ne se nourrissait plus que d’animaux malades, trop faibles pour pouvoir courir. De charognes qu’il disputait aux hyènes, ces êtres inférieurs.

Qu’il était loin le temps où il était le roi de son clan ! Le temps où il régnait en maître sur une famille de quatre femelles et leurs petits.

Elles chassaient pour lui. Et lui venait parfois donner le coup de grâce au gnou ou au buffle qu’elles avaient attrapé.

C’était toujours lui qui était servi en premier. La part du lion. Gare au lionceau qui oubliait son privilège ! Il l’écartait de sa table d’un coup de patte.

Autrefois, il était le roi et son rugissement, que l’on pouvait entendre à huit kilomètres, disait assez quel puissant monarque il était.

Mais aujourd’hui... quelle déchéance...

Un jeune mâle l’avait chassé et il n’avait rien pu faire  devant sa force brutale. A quinze ans, il était un vieillard.

Il était parti laissant son rival prendre sa place auprès des femelles.

Il savait aussi que le jeune mâle avait dévoré ses enfants, ses lionceaux, pour faire place nette à sa propre descendance... C’était la loi de la savane. Lui-même en avait fait autant.

Alors, il avait vu, sans déplaisir ces hommes venir vers lui, le fusil à la main.

Il allait mourir. Mais il devait mourir comme il avait vécu. Comme un lion. En se battant.

Il lui fallait un adversaire digne de lui.

Il observa les hommes et les femmes qui marchaient vers lui. Et enfin il trouva celui avec lequel il allait se battre.

Un jeune mâle, grand et fort, à la belle crinière fauve. Il était comme lui autrefois. Il régnait sur un clan de trois femelles.

Laszlo était le combattant qu’il avait choisi pour faire sa sortie.
*
Il n’avait pas bougé. Il les laissait venir vers lui.

Même s’il ne chassait plus, il savait toujours chasser.

Déjà, il imaginait chaque étape de sa traque.

Il avait remarqué que, petit à petit, les broussards s’éloignaient du jeune mâle et des deux femelles qui marchaient derrière eux.

Il y avait là un espace pour une attaque.

Il savait qu’il ne devait pas partir trop tôt. Il devait bondir au dernier moment. Au moment où ils s’y attendraient le moins.

Alors dans un grand rugissement, il se jetterait sur le jeune mâle, paralysé par la peur, pour le saisir à la gorge. Puis ses machoires puissantes se refermeraient sur sa nuque. Et alors, on entendrait sa colonne vertébrale se briser dans un craquement sec.

Il abandonnerait un corps  sans vie pour mourir sous les balles des compagnons de sa dernière victime.

Oui. C’était ainsi qu’il avait décidé de mourir. En ayant encore le premier rôle.

Pour la dernière fois.
*
Laszlo éprouvait une curieuse impression. Celle qu’il avait déjà ressentie dans les montagnes afghanes quand il avait participé à la force internationale d’intervention.

L’impression d’être le gibier et non le chasseur.

L’impression que des yeux vous scrutaient, épiant vos moindres gestes, cherchant la faille. Et le moment le plus propice pour vous attaquer et vous anéantir.

Mais à présent, c’étaient les yeux d’un lion et pas ceux d’un taliban caché derrière un rocher.

Alors, instinctivement, Laszlo retrouva les réflexes du lieutenant casse-cou qu’il avait été.

Il regarda rapidement autour de lui. Yaomi et les rangers avaient quatre mètres d’avance sur Rachel, Dylan et lui.

Les deux jeunes femmes n’avaient que leurs appareils photos pour se défendre.

Bien sûr, Yaomi et ses hommes semblaient former une muraille protectrice. Infranchissable.

Pourtant, Laszlo sentait que le lion, acculé, trouverait encore la force de se battre. Et de tuer.

Il s’approcha de Dylan et Rachel. Il retrouva le ton d’autorité dont il usait autrefois avec ses hommes de troupe.

- Rachel ! Dylan ! Restez derrière Tau et Khumo !
Les deux jeunes femmes obéirent. Elles se rapprochèrent des rangers affectés à leur protection alors que Laszlo restait en retrait.

Il était seul. A l’écart de la petite troupe.

Il plongea la main droite dans la poche de sa saharienne. Ses doigts rencontrèrent le manche du couteau à cran d’arrêt.

Il sortit l’arme et appuya sur un petit bouton. La lame fine jaillit.

Il était prêt. Alors il soutint le regard du lion qui n’avait pas cessé de l’observer.
*
Yaomi et ses hommes n’étaient plus qu’à quelques pas du fauve.

Il ne bougeait pas. Il les regardait s’approcher, pas à pas.

Il semblait résigné.

Soudain, alors que nul ne s’attendait à une telle réaction, il se dressa dans un rugissement terrible. En deux pas, il fut face à Baruti.

Instinctivement, le ranger se baissa pour éviter sa charge et tira sur le fauve.

Mais, l’animal bondit. D’une détente puissante, il s’arracha du sol et vola littéralement au-dessus du broussard, éberlué.

Le lion retomba sur ses pattes  et couru vers Laszlo pour se jeter sur lui.

Le jeune homme se laissa renverser au sol, allongé sur le dos, entre les pattes du lion.

La main gauche enfoncée dans la crinière, il tenait la gueule du fauve éloignée de sa gorge. Tous les muscles de son bras étaient gonflés par l’effort, tendus comme des cordes de piano.

Alors, il plongea son couteau dans la cage thoracique. La lame fine glissa entre les côtes et pénétra le coeur.

L’animal fut comme foudroyé. Il retomba, mort, sur le corps de Laszlo.
Le duel entre l’homme et l’animal n’avait duré que quelques secondes. Si brèves que ni Yaomi ni ses hommes n’avaient eu le temps de réagir et de tirer.

D’ailleurs un tir aurait pu blesser ou tuer Laszlo.

A présent, ils s’approchaient en courant des deux corps allongés au sol. Confondus dans une étreinte mortelle.
*
Tout s’était déroulé avec une rapidité extrême.

Dylan et Rachel avaient assisté à la scène avec des réactions bien différentes.

Rachel n’avait plus osé  bouger. Horrifiée, elle regardait le combat entre Laszlo et le lion. Elle priait pour que le jeune homme triomphe de la bête.

Mais chez Dylan, le reporter de guerre avait immédiatement réagi.

Jamais elle n’avait cessé de photographier le drame qui se jouait devant elle. Ses réflexes professionnels avaient pris le dessus sur sa peur et sur sa pitié.

Comme autrefois quand elle photographiait des enfants mutilés. Pour témoigner.

Elle s’approcha des corps, homme et animal, allongés au sol. Et photographia. Encore.

Rachel ne comprenait rien à son attitude. Elle éprouva du dégoût pour ce qu’elle prenait pour de l’indifférence. Du voyeurisme.

Elle eut la nausée. Ainsi c’était ça Dylan ? Un oeil fixé à son appareil photos. Qui se nourrissait du malheur du monde. Que rien ne semblait toucher. Qui transformait les peurs, le sang et les larmes en images sur papier glacé.

Si ce n’était que cela, alors, elle ne voulait plus de vie avec elle. Elle ne pouvait plus l’aimer.
*
Furieuse, elle s’approcha d’elle et lui jeta - Arrête ! Arrête ! Je pense que tu as pris assez de clichés comme ça ! Comment peux-tu faire ça ?
Dylan ne sut quoi répondre. - Faire quoi ?
- Continuer à prendre tes sales photos comme si de rien n’était ! Comme si Laszlo faisait semblant et ne risquait pas sa vie ! Tu n’as donc pas de coeur ? Tu n’es qu’un voyeur !

Dylan était sidérée. - Rachel, c’est mon métier. Je ne réfléchis pas quand je prends une photo. Elle s’impose à moi. L’appareil photo est comme un regard. Comme ton regard. As-tu détourné les yeux quand Laszlo se battait avec ce lion ? Non. Pourtant je ne te traite pas de voyeur...

- Ça n’a rien à voir. Je ne vais pas faire du fric avec ce que mes yeux ont vu...
- Moi non plus Rachel...
- Vraiment ? J’en doute fort ! Pourquoi as-tu pris des photos alors ?
- Pourquoi as-tu regardé Rachel ? Pour les mêmes raisons que j’ai photographié. Par fascination pour une scène extraordinaire.
Rachel ne pouvait calmer sa colère et sa peine. Mais elle ne voulut pas continuer cette dispute. Alors, elle tourna le dos à Dylan et se dirigea vers Laszlo.
*
Le jeune homme était toujours allongé au sol, la formidable masse du lion mort couchée sur lui.

Avec d’infinies précautions, les rangers avaient soulevé le cadavre pour libérer Laszlo.

Le mannequin s’était levé. Heureux et fier. Il touchait ses bras et ses jambes en riant.

- Et bien, je crois que tout est là ! Il ne me manque rien ! Ce lion ne m’a pas croqué une main ou une joue ! Je crois que je vais changer mon prénom. Désormais, il faudra m’appeler Tarzan... Ça convient mieux au grand tueur de fauve que je suis devenu...
Yaomi intervint. - Je suis désolée. Tout est de ma faute. J’aurais dû faire en sorte que rien ne vous arrive... Je suis responsable...
- Ne vous excusez pas. Je sais bien qu’on ne peut pas tout prévoir. C’est une chose que j’ai apprise quand j’étais dans l’armée. Mais... que font vos hommes ?
- Ils décapitent le lion...
- Mais c’est horrible...
- C’est moins horrible que de finir dans l’estomac d’une hyène. L’insulte suprême pour le roi de la savane.
- Mais pourquoi lui couper la tête ?
- Mes hommes vont en faire un trophée. Et ils vont vous le donner...
- Un trophée ? Mais je ne suis pas un chasseur...
- Non, en effet. Vous n’êtes pas un de ces chasseurs qui tirent sur leur proie du haut d’un 4x4. Pour mes hommes, vous êtes devenu un golo monna...
- Un quoi ?
- Un golo monna. Ça signifie “grand homme” dans la langue tswana. Vous avez gagné leur admiration et leur respect...
- C’est vrai ? J’en suis heureux et honoré...
- Vous le pouvez. Ces hommes ne donnent pas leur respect à tout le monde.
Dylan et Rachel s’étaient approchées et avaient entendu la conversation entre Yaomi et Laszlo.

Le mannequin s’adressa à elles - Vous avez entendu ? Je suis un golo monna... Un grand homme...
- Il faut au moins être ça pour pouvoir faire ce que tu as fait... J’ai eu si peur...
- Merci Rachel... Et toi Dylan, j’espère que tu as pris de bonnes photos...
- Oui Laszlo, j’ai photographié toute la scène...
- C’est vrai ?? C’est fabuleux !! Je pourrais en avoir un tirage ?
- Ces photos sont à toi Laszlo. Elles t’appartiennent. Tu peux en faire ce que tu veux.
- Alors, je vais les mettre dans mon press-book. "Le mannequin qui a tué un lion à mains nues". Ou presque. Ça devrait booster ma carrière !! Merci Dylan !! Heureusement que tu étais là avec ton appareil !!
Dylan s’adressa à Rachel en souriant. - Tu vois. Laszlo ne me reproche rien. Lui.
- Et si le lion l’avait tué ? Tu te sentirais comment avec tes photos ?
Après ces quelques mots froids et accusateurs, Rachel lui tourna le dos et la laissa seule.

*
Le retour fut glacial. Pas une parole ne fut échangée entre Dylan et Rachel.

Quant à Yaomi, elle repassait dans son esprit le film de la lutte de l’homme et du vieux lion.

Comme elle avait eu peur ! Même si elle n’en avait rien montré...

Car elle ne devait pas faiblir devant ses hommes. Jamais. Sinon, ils n’auraient plus de respect pour elle. Et ils refuseraient son commandement.

Dans l’autre voiture, l’ambiance était toute autre. Laszlo était tout à sa joie d’avoir sauvé sa vie et d’avoir gagné l’estime des rangers qui l’entouraient.
*

Alors qu’ils arrivaient dans le lodge, ils virent la haute silhouette d’AntO.

Le directeur artistique de Victor Luisson les attendait. Il paraissait furieux.

Ils descendirent des voitures. AntO n’eut pas un regard pour les trois femmes. Il fonça vers Laszlo. Il ne prononça que quelques mots.

- Vous !! Vous faites votre valise !! Vous ne faites plus partie de l’équipe !! Je vous vire du shooting !!
Ils restèrent comme foudroyés. Le jeune héros hongrois était chassé du groupe. Sans raison apparente si ce n’était la colère d’AntO.

Rachel fut la première à réagir. - Mais AntO ? Ce n’est pas possible... Pourquoi ?
- Parce que j’ai horreur qu’on me désobéisse !! J’avais donné des ordres !! Je ne voulais pas que mes mannequins participent à ce safari !!
- J’y ai bien participé moi...
- Vous, c’est différent. Vous aviez ma permission... Et puis vous êtes un mannequin vedette. Vos caprices sont des ordres. Mais des mannequins comme Laszlo, il y en a cent. Il y en a mille... Ils sont interchangeables... J’ai déjà trouvé son remplaçant. Il sera là demain... Alors Laszlo n’a plus rien à faire ici...
- Je proteste AntO. Vous n’avez pas le droit de faire une chose pareille. Je tiens beaucoup à la présence de Laszlo...
- Relisez votre contrat Rachel... Vous n’avez pas le droit de choisir votre partenaire de shooting...
- Alors dans ce cas... moi aussi, je fais ma valise... Moi aussi je m’en vais...
- Libre à vous Rachel... Mais dans ce cas, vous rompez le contrat qui vous lie à Victor Luisson. Vous ne pourrez plus jamais revenir... Vous ne pourrez plus jamais travailler pour le premier groupe de luxe au monde... Réfléchissez-y...

Laszlo s’était rapproché d’elle - Merci Rachel... Mais ne sacrifie pas ta carrière pour moi...
- Ne t’inquiète pas. Il y a des choses plus importantes que ça. C’est tout réfléchi AntO... Laszlo est un ami... Je ne le laisserai pas tomber...
- Comme vous voulez Rachel... Je ne vous retiens pas...
AntO se tourna vers Dylan. - Le shooting commence aujourd’hui. Prenez les photos sur lequelles les mannequins n’apparaissent pas... Celles avec le lionceau par exemple...
Dylan n’avait pas dit un mot pendant le vif échange qui avait opposé Rachel et AntO.

Et maintenant, elle savait qu’elle était au pied du mur. Qu’elle devait prendre parti pour l’un ou pour l’autre...

Ni AntO ni Rachel ne lui pardonneraient sa trahison.

Elle risquait de perdre son job et la fabuleuse notoriété que lui vaudrait son contrat avec Victor Luisson.

Ou de perdre la femme qu’elle aimait.
*

Dylan avait l’habitude de ces moments où votre vie se joue à pile ou face. Et elle n’avait jamais perdu.

- Très bien AntO... C’est vous le patron... Mais je pense que vous faites une belle bêtise... Le renvoi de Laszlo est inopportun...
- Vous avez raison Dylan. C’est moi le patron !!... Et... pourquoi inopportun ??
- Parce que vous virez un homme qui, il y a moins d’une heure, a tué un lion à mains nues... Non seulement Laszlo est beau mais il est fort et courageux. Bref le mannequin idéal pour Victor Luisson... Il n’y a pas mille ou cent mannequins comme lui. Il n’y en a qu’un. Alors non, vous ne pouvez pas remplacer Laszlo par un autre...
- Il a tué un lion à mains nues ???
- Un lion de plus de deux cents kilos lui a sauté dessus et il lui a passé un couteau à travers le coeur. Bref... Tarzan n’aurait pas fait mieux... Cet événement va créer le buzz sur internet. Dans quelques jours, on ne parlera plus que de Laszlo...
- Qui croira une pareille fable ?
- Tout le monde AntO. Parce que j’ai pris des photos...
- Vous avez pris des photos ? De Laszlo et du lion ?
- Oui. De leur combat à mort. Vous voulez les voir ? J’ai utilisé un appareil numérique. Regardez.
Dylan faisait défiler les photos sur le petit écran de son appareil. AntO regardait fasciné.

Les clichés étaient superbes. Ils contenaient toute l’âpre violence de la lutte entre l’homme et le fauve. Au milieu du fabuleux décor de la savane africaine.

AntO réfléchissait très vite. Il voyait quel avantage Victor Luisson pouvait tirer de ces photos. Elles seraient un fantastique support de la campagne publicitaire du malletier.

Quant à Laszlo, il ne faisait plus partie de la foule des mannequins anonymes. Il avait gagné ses galons de star. Dylan avait raison... A présent Victor Luisson ne pouvait plus se passer de lui...

AntO n’était pas un imbécile. Il avait l’intelligence de savoir reconnaître ses erreurs.

Alors, il sauva la situation d’une pirouette. - Bon. On s’est tous énervé bien inutilement. L’incident est oublié. Petit déjeuner et ensuite, tout le monde au travail !! J’ai bien dit tout le monde !!

Puis il leur tourna le dos pour retourner à son cottage.
*


Laszlo poussa un soupir de soulagement

- Ouf... mon engagement est sauvé !! J’ai failli être bon pour faire la potiche dans les catalogues de vente par correspondance... Je vous dois une fière chandelle à tous les trois...
- A tous les trois ? s’étonna Dylan ?
- A Rachel pour m’avoir soutenu. A toi pour m’avoir pris en photo et avoir retourné AntO comme une crêpe et... au lion. Pour avoir fait de moi une célébrité... Bon. Si on allait prendre notre petit déjeuner ?? Toutes ces histoires m’ont donné une faim de... loup répondit le jeune homme dans un grand éclat de rire. Vous venez Yaomi ?
Sans attendre que l’ancien mannequin lui réponde, il glissa son bras sous le sien et l’entraina vers le salon de réception où l’on servait les breakfast.

Dylan et Rachel restèrent seules. Face à face.

Elles échangèrent un long regard. Puis, sans une parole, Rachel tourna le dos à Dylan et retourna à sa chambre.


*
Dylan resta figée pendant quelques secondes. Elle la regardait s’éloigner. Elle pensait que tout était fini. Que tout était perdu. Pour quelques photos qu’elle avaient prises.

Puis soudain, la colère enfla dans son coeur. Oui, je suis  photographe ! Et grand reporter ! C’est de ça que je vis. Que j’ai vécu ! Si Rachel ne veut pas le comprendre et l’admettre, alors nous n’avons rien à faire ensemble !
Elle était en rage. Et elle décida de crever l’abcès. Immédiatement. Tant pis pour les conséquences. Tout valait mieux que ces non-dits.

Elle marcha vers le cottage de Rachel et frappa à la porte.

- Entrez !!... Dylan ??... Que viens-tu faire ici ??... Je n’ai pas le temps de te parler... Je dois me changer... Je ne peux pas aller les rejoindre en tenue de brousse... Sors de ma chambre...
- Non. Je ne sortirai pas avant d’avoir eu une explication avec toi.
- Il n’y a aucune explication à donner... Tu t’es comportée comme le pire des voyeurs...
- Rachel. J’ai agi par réflexe. Cela ne se commande pas. Ces photos se sont imposées à moi...
- Comme c’est facile... Et si le lion avait tué Laszlo, tu auras pris des photos de sa mort ?...
- Oui, sans doute. Mais je les aurais détruites. De même que toi, tu aurais essayé d’oublier le drame que tes yeux auraient vu. Tu sais, dans ma carrière j’ai pris des clichés épouvantables. De femmes battues, mutilées. D’enfants aux gros ventres mourant de faim. D’autres atteints du sida... Ces photos, je les ai vendues... J’ai gagné de l’argent avec elles. Mais parfois aussi, j’ai attiré le regard du monde sur les souffrances d’un pays...
- Ça n’a rien à voir avec ce que tu as fait aujourd’hui...
- Si Rachel. Ces photos vont attirer le regard du monde sur un garçon merveilleux... Mais elles vont aussi dire aux  amateurs de safaris que les lions ne sont pas de gros chats. Qu’ils sont terriblement dangereux.
Rachel ne disait rien. Mais elle semblait avoir perdu cette attitude hostile des premiers instants..

- Crois-le si tu veux, mais c’est aussi pour échapper à cette forme de voyeurisme, comme tu l‘appelles, que j’ai quitté le reportage de guerre. On m’en demandait toujours plus. Plus de sang. Plus de corps mutilés. Pour attirer les lecteurs.. J’en ai eu assez... Alors ce que tu m’as reproché aujourd’hui m’a fait mal. Parce que je ne suis pas comme ça.
Rachel se taisait toujours.

- Je voulais te dire tout ça parce que je t’aime Rachel. Mais si tu ne m’acceptes pas telle que je suis, si tu n’acceptes pas mon passé, alors je crois qu’il vaut mieux tout arrêter... D’ailleurs, je crois que, depuis tout à l’heure, tout est fini... à cause de ces photos. A cause de ce que tu penses de moi...
Dylan s’approcha de la porte pour sortir. Mais un ordre la retint.

- Dylan ! Attends ! Si j’ai réagi avec cette intolérance, c’est parce que je n’accepte pas que la femme que j’aime ait un comportement minable... Parce que je t’aime Dylan... Je t’aime... Mais maintenant, je comprends... et je m’excuse...
Dylan traversa la chambre. En deux pas elle fut près de Rachel. Elle l’enlaça et la serra contre elle. Ses lèvres chaudes s’écrasèrent contre sa bouche.

Le baiser et l’étreinte de leur deux corps furent longs et ardents.

Mais elles avaient perdu la notion du temps.
*
Londres. 8 heures.

La jeune femme endormie avait légèrement bougé en poussant un soupir de bien-être.

Malgré les images du Botswana qui ne cessaient de défiler devant ses yeux, Dylan n’avait pas cessé de la regarder dormir.
Elle était magnifique. Mais à cet instant, elle était aussi fragile qu’une enfant. Que la toute petite fille qu’elle n’avait jamais cessé d’être.

Une petite fille qui avait souffert et à laquelle elle voulait tout apporter. Et d’abord le bonheur et la certitude d’être aimée.

Elle voulait lui dire que, même dans ses moments de désarroi, elle serait là pour elle. Qu’elle serait toujours là.

Elle serait toujours l’épaule sur laquelle poser sa tête. L’amie à laquelle confier ses doutes et ses espoirs.

Elle serait l’amante à laquelle elle pourrait tout demander. Toujours. Sans crainte d’être juger.

Parce qu’elle l’aimait. Ô oui, elle l’aimait. Totalement. Sans partage. Et que son amour ne concevait pas l’à-peu-près.

Elle savait qu’elle ne pourrait plus aimer après elle.  Elle était la première et elle était la dernière.

Parce que Dylan était de ces femmes dont le coeur ne sert d’une fois.
*


Le joli fauve qui dormait encore fit un geste. Comme un chaton, elle s’étira lentement pour réveiller ses muscles.

Et Dylan n’y tint plus. Elle se pencha vers elle et doucement posa sa bouche sur sa nuque. Elle parcourut le dos de sa maîtresse en semant des dizaines de petits baisers le long de sa colonne vertébrale.

Elle l’entendit soupirer sous la caresse de ses lèvres. Elle ne dormait plus. Elle se laissait dévorer.

Bientôt, les lèvres de Dylan se posèrent sur les deux fossettes nichées aux bas du dos, juste au dessus du sillon fessier. De la pointe de sa langue, elle les lécha, l’une après l’autre.

Elle adorait embrasser ce triangle légèrement duveteux, la soie de ses courts cheveux agaçant la peau fine et douce.

Sa maîtresse se laissait faire. Attendant les caresses.

Dylan posa la main sur la fesse  et, du bout des doigts, dessina de petits cercles caressants.

Mais brusquement, elle arrêta son geste... Ses yeux venaient de tomber sur le cadran de sa montre.

- 8 heures 15 ! Bon sang, on va rater l’avion ! Réveille-toi ma chérie !
La jolie panthère qui, quelques secondes auparavant, feulait sous les caresses de Dylan s’assit rapidement dans son lit, les yeux encore saturés de sommeil, les cheveux ébouriffés...

Et en la voyant si fragile et si désirable, Dylan se souvint encore...
*

Le shooting avait commencé.

Depuis plusieurs jours, toute l’équipe travaillait à la réalisation du catalogue Victor Luisson.

Il racontait une histoire. Celle d’un couple, jeune et beau, Rachel et Laszlo, en voyage en Afrique.

On les voyait descendre d’un jet privé, debout à côté d’un 4X4, assis sur une veille moto anglaise, à cheval, ou encore mollement allongés au bord de la piscine de l’hôtel.

Et dans un angle de chaque photo, ou au premier plan, on pouvait voir les bagages Victor Luisson.

Sur chaque cliché, Rachel portait un sac à main griffé, Laszlo une valise. Jamais les mêmes.

Les vêtements, les ceintures, les montres, les plaids du malletier apparaissaient aussi.

Et ces photos étaient sublimées par le fabuleux décor du Botswana. Les éléphants, les gazelles, les girafes faisaient de la figuration.

Car Dylan déployait tout son talent pour enfermer, dans le même cliché, la beauté sauvage de l’Afrique et les créations du malletier parisien.
*


AntO était ravi.

Il pensait que ses choix avaient été les bons. Les meilleurs. Ce shooting se passe à merveille ! Cette Dylan Hederson ! Quelle photographe ! Le reportage de guerre a beaucoup perdu mais le milieu de la mode a là une sacrée recrue !  Rachel et Laszlo sont magnifiques et si complémentaires... On dirait un vrai couple... Nous sommes en avance sur le planning... Nous aurons bientôt fini... Il faut dire que Dylan mène sa petite troupe à la baguette. Avec fermeté et gentillesse... Elles sait ce qu’elle veut... Elle est vraiment parfaite. Je ne veux plus qu’elle pour toutes les campagnes Victor Luisson... Si seulement Yaomi pouvait cesser de faire la tête... Enfin, on s’en fiche !! L’essentiel est que le shooting soit terminé ce soir...
*


Les décorateurs avaient dressé une grande tente carrée au milieu de la savane.

Elle était haute, en grosse toile kaki reposant sur une structure en teck.

Elle tenait plus du salon que de la tente de campeur. Des kilims d’Anatolie avaient été posés sur le sol. Les tapis recouvraient un plancher en bois.

Elle était meublée d’un grand lit aux draps de lin, de fauteuils en cuir, de petites tables pliantes. Une gigantesque malle ancienne, siglée VL, était ouverte et laissait voir son contenu.

Devant la tente, un grand plaid avait été posé sur l’herbe.

Au milieu du plaid, un sac à main.

Et un lionceau qui jouait avec les brides du sac.



*


Il était adorable. On aurait dit une grosse peluche.

Il fouettait de sa petite patte le lien qui retenait la clef du sac. Parfois il le prenait dans sa gueule et il le mordillait.

Il y avait quelque chose de gentiment incongru dans ce face à face entre la faune sauvage et la quintessence du chic parisien.

Au début, le petit animal était apeuré. Il refusait de se prêter au jeu des photos de mode. Ces humains, grands et forts, l’inquiétaient.

Il se contentait de montrer ses petites griffes et tentait de rugir comme sa mère le faisait. Mais ce n’était qu’un miaulement pitoyable.

Comme on n’obtenait rien de lui, Dylan avait été sur le point d’abandonner ce petit acteur si récalcitrant.

Mais AntO tenait beaucoup à sa présence. Et il était toujours le patron du shooting.

Alors Dylan avait demandé à tous les collaborateurs qui n’étaient pas indispensables à la prise de vue de retourner au lodge.

Il ne restait plus que Dylan et Rachel, Laszlo et Yaomi, AntO et Mosegi.

Elle avait demandé que la mère du lionceau soit amenée pour que sa présence puisse le rassurer.

Et la lionne était là, tournant en rond dans sa cage. Son feulement sourd trahissait sa rage d’être séparée de son petit.
*


Dylan travaillait au plus près du petit animal qui avait oublié sa présence, tout occupé qu’il était à jouer avec le sac à main VL.
Il n’avait plus peur. Finalement ces humains n’étaient pas plus dangereux que les gazelles ou les antilopes que sa maman chassait pour lui.

Dylan multipliait les clichés. Elle était fascinée par la photogénie du lionceau.
Enfin, elle se tourna vers Rachel. - Prépare-toi. Tu vas bientôt devoir te confronter à un redoutable concurrent. Non, non. Je ne parle pas de Laszlo. Mais de notre petit ami...

Le mannequin lui répondit en riant - On a raison de dire qu’il ne faut jamais poser avec un enfant ou un animal. Ils vous volent toujours la vedette !! Que dois-je faire ?
-  Prends le sac keepall. Assieds-toi sur le plaid. Très bien. On va te mettre le lionceau dans les bras... Laszlo tu peux l’aider ?
Rachel obéit. Elle était vêtue d’une chemise blanche sur un jodhpur crème, des ballerines noires aux pieds. Elle s’assit en tailleur, le sac VL posé sur une cuisse.
Nullement impressionné le lionceau la regardait.

Laszlo s’approcha du petit animal et s’en saisit. Il le déposa doucement dans les bras de Rachel qui le tint contre elle.

- La belle et la bête !! sourit le jeune homme.
- Qui est qui ? rétorqua Rachel.

- Devine...
- Très drôle...
Dylan interrompit la joute amicale. - Bon allez. On se dépêche. On prend les dernières photos et on aura fini...

*


Dylan se tenait à genoux devant Rachel et le lionceau. Parfois, elle tendait la main vers la jeune femme pour glisser une mèche de cheveux derrière son oreille.

Elle mettait une infinie douceur dans ses gestes. Faisant durer la prise plus qu’il n’était nécessaire.

Yaomi les observait.

Attendris, AntO et Laszlo regardaient la très jolie jeune femme et la petite boule de poils ronronnante qu’elle tenait dans ses bras.

Mosegi, la main sur le fusil à flèche hypodermique, était impassible.

*


La prise durait.

Dylan voulait finir le shooting en apothéose. Elle voulait profiter de la lumière rose  jetée par le soleil couchant...

Mais le lionceau commençait à donner des signes d’impatience. Il avait cessé de trouver de l’amusement dans ce jeu avec les humains. Il voulait rejoindre sa mère qui ne cessait pas d’envelopper Rachel et lui dans le même regard sombre.
Soudain, il donna un coup de patte vers Dylan. Celle-ci commenta le geste d’énervement de l’animal - Oh, oh... notre jeune ami en a assez... Bon, on arrête... De toute façon, j’ai tout ce qu’il faut et la lumière est moins bonne... AntO vous pouvez appeler l’équipe pour qu’elle vienne démonter la tente...

Le directeur artistique s’empara de son talkie-walkie et donna ses ordres.

- Ils arrivent... Avec l’hélico, ils seront là dans dix minutes...

*

Rachel tenait encore le petit animal dans ses bras.

Yaomi s’approcha d’eux un appareil à la main. - J’aimerais beaucoup immortaliser ce moment. Rachel, tu permets que je te prenne en photo avec le lionceau ?
- Oui. Bien sûr. Mais fais vite. Il gigote de plus en plus.
- J’en ai pour une seconde...
Elle recula de deux ou trois pas et leva l’appareil devant ses yeux. Elle appuya sur le déclencheur. Immédiatement le flash explosa, terrifiant le petit animal qui se mit à glapir.

Aux premiers cris de son petit, la lionne s’était jetée contre les barreaux de sa cage. Une fois, deux fois. Et au troisième choc, la serrure fut arrachée, libérant un animal furieux.
Ils étaient tous pétrifiés.

Mosegi fut le premier à réagir. Il se dressa devant l’animal qui se ruait en direction de Rachel et du lionceau.

Le ranger la visa. Mais d’instinct la lionne fit un rapide écart pour éviter son tir.
Puis en deux bonds puissants, elle fut à trois mètres de Rachel.

La jeune femme tenait toujours le lionceau. Il glapissait de plus en plus fort tout en donnant de furieux coups de pattes.

Dylan hurla - Lâche-le Rachel !!! Lâche-le !!!
Mais Rachel semblait paralysée par la peur. Elle était incapable de faire le geste qui pouvait la sauver. Alors Dylan bondit vers elle et arracha littéralement le lionceau aux bras de la jeune femme.

Puis elle se tourna vers le fauve qui avait dirigé ses pas vers elle pour porter secours à son petit.

Dylan lâcha le lionceau qui sauta au sol. Elle avait l’espoir fou que sa mère se contenterait de ce geste et qu’elle arrêterait sa charge.

Mais seul le sang de Dylan pouvait apaiser la colère de la lionne. Le sang de cette femme qui avait osé porter la main sur son enfant ! Qui avait osé l’utiliser comme un jouet !

Elle gifla l’air de sa patte.

Dylan sentit les griffes déchirer son ventre et elle voulut hurler sa douleur. Mais le cri qu’elle entendit n’était pas le sien.

Puis elle n’entendit plus rien.

*

Une tâche de sang grandissait rapidement sur les vêtements de Dylan, là où la lionne avait frappé. Un seul coup avait suffit. Et la jeune femme s’était effondrée dans l’herbe haute de la savane.
Elle était incapable de faire les gestes qui pouvaient sauver la femme qu’elle aimait. Elle restait hébétée. Spectatrice.
La lionne se dressait toujours devant le corps de Dylan. Elle levait sa lourde patte, prête à frapper encore, et encore...

*


Lentement, elle ouvrit les yeux. Elle vit que le jour s’était levé.

Elle sentit des lèvres parcourir sa nuque et son dos. Une main se poser sur sa fesse pour, du bout des doigts, y dessiner de petits cercles caressants.

Elle s’entendit soupirer.

Mais soudain, la main cessa de la toucher et elle entendit une voix s’exclamer - 8 heures 15 ! Bon sang, on va rater l’avion ! Réveille-toi ma chérie !

Rachel était tout à fait réveillée.

Elle avait échappé aux songes de la nuit. La caresse des lèvres de son amante avait apaisé ses craintes. Dylan était là et bien vivante. Ô oui... Si vivante...

Elle la regardait lui sourire et elle lisait dans ses yeux cet amour absolu, exclusif, qui lui avait fait risquer sa vie pour elle.
*


Depuis trois mois, toutes les nuits, Rachel repartait pour le Botswana.

Elle revoyait la lionne fouetter Dylan de sa patte. Elle revoyait la jeune femme s’écrouler dans l’herbe, fauchée comme une gerbe de blé mûr.

Tous les acteurs de ce drame rejouaient leur rôle.

Mosegi qui éteignait la rage meurtrière du fauve en l’endormant au moyen d’une flèche hypodermique tirée à bout portant.

Laszlo qui soulevait Dylan dans ses bras pour courir vers l’hélicoptère qui venait de se poser avec l’équipe technique à son bord.

AntO qui hurlait, par talkie-walkie, l’ordre de préparer le jet pour un départ immédiat en direction de Johannesburg, la grande ville d’Afrique du Sud, où Dylan serait opérée par le meilleur chirurgien, soignée dans la meilleure clinique.

Yaomi qui l’aidait à marcher vers l’hélicoptère parce que sa vue était brouillée par les larmes.

Elle vivait de nouveau les minutes interminables du voyage vers Johannesburg près d’une Dylan inconsciente à laquelle le médecin de l’équipe Victor Luisson donnait les premiers soins.

Elle revoyait cette tache rouge sur ses vêtements et le désespoir la submergeait. Elle allait la perdre. Elle allait perdre la femme qu’elle aimait.

Comme elle regrettait les instants perdus !! Ces instants gâchés à se disputer, à se faire des reproches inutiles... Alors, qu’il y avait tellement mieux à faire... Se retrouver et s’aimer...

Et puis, avec la fin de la nuit, venait la fin des mauvais rêves.

Elle se réveillait. Dans les bras de Dylan. Contre le corps de Dylan. Et elle savait que ses rêves n’étaient plus que le spectre de ses tristes souvenirs...

Car Dylan avait été sauvée. Et il ne restait plus rien de leur aventure au Botswana. Ni reproches, ni regrets. Rien que deux courtes cicatrices sur un ventre plat. Deux marques, fines comme un cheveu, sur lesquelles, souvent, Rachel posait les lèvres.

*

Dylan regardait amusée le beau visage chiffonné, les cheveux ébouriffés, les yeux encore pleins de sommeil et de songes.

Elle lui parla doucement en l’appelant par ces petits mots tendres qui étaient le miel de leurs jeux amoureux.

- Et bien ma chérie... tu as bien dormi ?...
- Oui tout d’abord. Et puis j’ai encore fait mon rêve... le Botswana....
- Mon dieu, ma chérie... Je sais qu’en Afrique, tu as vécu un vrai traumatisme...  Mais je sais aussi qu’un jour tu cesseras d’y penser... Et tu ne consacreras plus tes nuits qu’à Morphée et à... moi. Surtout à moi...
- Je sais Dylan... mais parfois j’ai tellement honte. J’ai été si godiche... si empotée. Je n’ai rien fait pour tenter de te sauver...
- Que pouvais-tu faire ? Frapper la lionne à coups de sac à main ?...
Rachel se mit à rire. Dylan savait si bien la consoler. Et elle savait si bien l’aimer...

- Je t’aime Dylan... Je t’aime... Je voudrais tellement que tu me pardonnes pour tout ce que je t’ai dit...
- Je n’ai pas à te pardonner... Et tu n’as pas à t’excuser. Ou plutôt si... Réflexion faite... tu vas me faire des tonnes d’excuses... Notre vie durant...

Rachel enlaça le cou de son amante qui se mit à rire - Oui. C’est ça... C’est comme ça que j’imagine de plates excuses...

Quand Rachel posa ses lèvres sur les siennes, Dylan sentit qu’elle perdait toute notion du temps. Alors, elle la repoussa doucement en soupirant. - Rachel, il faut te dépêcher de prendre ton petit déjeuner et de te préparer... Sinon nous allons rater l’avion... AntO nous a donné rendez-vous à 10 heures...
- Tu es certaine qu’il faut retourner au Botswana ?... On pourrait rester à Londres...
- Je te rappelle que Laszlo et Yaomi nous ont choisies comme témoins de leur mariage. Avec AntO et Mosegi. Et c’est nous qui avons les alliances...
- Ce Laszlo... Quel chasseur... Il a attrapé la plus belle panthère noire qui soit...
- Le pauvre garçon. Yaomi n’a pas un caractère facile...
- Elle a fondu devant sa gentillesse et ses muscles...
- Enfin... je lui souhaite bon courage... mais après tout, Laszlo nous a prouvé qu’il savait dompter les fauves...
FIN

139 commentaires:

  1. YES, le retour de mes deux girls préférées!

    Je peux te le dire aujourd'hui Gustave je t'ai "détesté" (non le mot n'est pas fort (rires)) quand tu les a séparé dans Volcans.

    Un titre qui évoque l'Afrique, un fauve, cela commence très fort....

    Merci.

    Béa.

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  2. Tu nous gates Gustave, et c'est un bonheur de lire la suite de Volcans, qui, et je suis d'accord avec Béa, nous avait laissées un peu... perplexes.

    Et puis là, avec ce début, je suis déjà très intriguée.

    Merci

    Marie Pierre

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  3. merci gustave un troisième récit en cours mais ou trouve tu le temps et surtout toutes ses idées. Merci je sens que je vais encore me régaler.

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  4. Après l'Angleterre, la Scandinavie, l'Amérique du nord, l'Amérique du sud, Gustave aurait-il l'intention de nous faire découvrir l'Afrique ?

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  5. Merci Gustave de nous faire voyager. Tu nous fait rêver. Hâte de lire la suite et de voir l'identité de la personne qui a retenu son attention, mais j'ai un petit doute lol. Merci de nous mettre autant de récits tous aussi captivant les uns que les autres.
    Merci mille fois.

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  6. Comment allons-nous faire pour patienter aussi longtemps ? Il ne nous reste plus que notre imagination pour compenser cette longue attente.

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  7. Mais qui peut retenir ainsi l'attention de Dylan? Franchement je n'en ai aucune idée...(rires).

    Je souhaite de tés bonnes et belles Vacances Gustave.

    Béa.

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  8. merci gustave comme les autres je ne vois pas du tout mais alors pas du tout de qui il pourrait s'agir (mdr)suite au prochain épisode...

    sev

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  9. On attendra patiemment le 15 Aout pour savoir qu'elle est cette jeune femme dont le regard a attiré l'attention de Dylan...

    Merci Gustave, ton "Safari", promet beaucoup.

    Marie Pierre

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  10. Merci Gustave pour ce nouveau récit, tu vas encore nous faire voyage à travers ce récit, je t'en remercie et bonnes vacances............

    Ramsès 88

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  11. Encore un beau voyage en perspective avec ce titre "Safari", qui évoque l'aventure et les beaux paysages... Quel plaisir de retrouver Rachel et Dylan, deux jeunes femmes si attachantes dans "Volcan".
    Et maintenant des retrouvailles en vue, dans des circonstances bien particulières.
    Ravie de te lire à nouveau Gustave et j'éspère que tu as passé d'agréables vacances

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  12. Mais où Gustave trouve-t'-il toutes ces idées ? Les retrouvailles annoncées de nos deux héroïnes promettent d'être palpitantes.

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  13. Dylan, je t'en prie arrête de réfléchir et fonce. (rires).

    J'aime beaucoup l'idée de ce récit exotique, la chaleur, le danger à proximité et deux fauves sous le même toit. Je crois qu'elles vont se dévorer....de plaisir.

    Béa.

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  14. Quel bel endroit que l'Afrique pour les faire se retrouver... Et encore du dépaysement en perspective, il n'y a plus qu'à se laisser porter par ton récit.

    Merci.

    Marie Pierre

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  15. Le volcan n'est pas seulement Islandais, il a pour nom Dylan et Rachel itou...

    Je sens que ces retrouvailles vont être explosives pour ne pas dire éruptives!!!!!

    merci.

    Béa.

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  16. Beau récit plein de souvenirs nostalgiques, qui ouvre sur la perspective de retrouvailles.

    Bravo à Gustave d'avoir mémorisé le nom du volcan à l'éruption si opportune pour nos deux héroïnes.

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  17. Et bien....Rachel n'est pas à prendre avec des pincettes....

    Je crois que ce mot "parenthèse", Dylan va le regretter longtemps.

    J'aime beaucoup le mordant des propos de Rachel et l'attitude piteuse de Dylan.Bref j'aime beaucoup ce récit!

    Béa.

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  18. Ahh !!! encore une séparation mais pour mieux se retrouver j'espère. Merci Gustave.

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  19. Un régal encore la suite de ce récit, avec les retrouvailles entre Dylan et Rachel et les propos piquants de cette dernière...

    Merci Gustave

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  20. Très tendues ces retrouvailles...j'aime bien cet échange entre Rachel et Dylan, plein d'allusions piquantes, de sous entendus et de non dits.

    La suite promet vraiment beaucoup...

    Merci

    Marie Pierre

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  21. rachel n'y va pas de mains mortes, rancunière elle est... Et dylan va en effet regretter ce mot malheureux. Merci Gustave ce récit est palpitant on sent la tension et l'amour entre ces deux jeunes femmes comme si on était...

    Merci
    sev

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  22. Quand donc nos héroïnes surmonteront-elles leur timidité ?

    Certainement à la faveur de la surprise qui s'annonce pour Rachel...

    Bravo pour l'allusion au film "Hannah et ses soeurs".

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  23. Ce que j'aime dans ce récit, c'est le contraste entre une Rachel très sophistiquée et une Dylan très nature.

    Dylan semble très déterminée et j'adore sa détermination.

    Merci Gustave.

    Béa.

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  24. J'aime bien la résolution de Dylan et sa décision de se montrer plus "combative".

    Mais, j'ai comme l'impression que Rachel ne va pas se montrer très chaleureuse au moment de prendre l'avion...enfin à voir.

    Merci Gustave,c'est toujours un régal !

    Marie Pierre

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  25. moi je laisse céline et virginie sur le quai de la gare toi tu nous laisse dylan et rachel à l'aéroport j'ai bien hâte de voir comment tes héroïnes vont se retrouver, se parler, se (re)découvrir...

    merci Gustave
    sev

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  26. Comme le hasard fait bien les choses ...

    Grâce à Gustave, je connais maintenant la capitale du Bostwana.

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  27. Voilà qui semble bien augurer de la suite.

    Mais des élans et des rennes, cela aurait pu être bien aussi...

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  28. Les élans et les rennes???? Pour ma part je préfère les félin, au demeurant c'est plutôt le jeu du chat et de la souris, mais bon, tant que Dylan ne se retrouve pas en descente de lit ou en trophée accroché à un mur, tout va bien! (rires).

    Merci.

    Béa.

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  29. Ahhh, vivement la suite de ce vol au long cours, tu nous laisses en stand by Gustave ! Tout ça promet beaucoup...

    Merci à toi.

    Marie Pierre

    P.S. Béa, décidément j'aime bien ton humour !!

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  30. Le vouvoiement est tellement sensuel,elles font mine de ne pas se connaître....J'adore....

    Bon c'est dit: Rachel et Dylan sont des coquines qui jouent avec le feu.

    ALERTE: Il est interdit de jouer avec des allumettes, les deux héroïnes sont incandescentes, inutile d'en rajouter.(rires).

    Béa.

    Ps: merci Marie-Pierre, je fais rouli roula sur le dos de contentement et puis....QUAND VAS TU NOUS ECRIRE UN RECIT? (rires).

    Merci Gustave pour tes récits et merci Marie-Pierre, c'est agréable de rencontrer des gens comme vous même si e n'est que sur un forum.

    Voilà, je fais risette!

    Béa.

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    1. Je me joins à la supplique de Béa. A quand un nouveau récit Marie-Pierre ???

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  31. Un voyage qui réunit nos deux héroïnes, mais cette fois en plein ciel ...

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  32. merci Gustave j'adore le jeu du chat et la souris surtout quand ce sont d'aussi belles proies. Vivement la suite de ce voyage en plein ciel qui promet d'être amusant...

    sev

    ps: je me joins aux autre Marie Pierre à quand un nouveau récit??????

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  33. Je reconnais bien là ton âme de cinéphile Gustave, et il y a des choix bien pires que celui là !

    Quant à nos héroïnes, je sens qu'à force de se chercher, elles vont bien finir par se trouver...et ça risque d'être très "chaud" ! Non ?

    Merci.

    Marie Pierre

    P.S. C'est gentil de me poser cette question sur une éventuelle ff, mais ce n'est pas pour tout de suite, j'ai bien une petite idée mais je ne sais pas si j'irai jusqu'au bout? Et Béa je te retourne la question...

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  34. merci gustave pour cette suite vont - elles réussir à se dire ce qu'elles ressentent l'une pour l'autre ou vont -elles encore rester sur des non dits ?..... hâte d'en savoir plus

    P.S: je me joine à Marie Pierre a quanjd de nouvelles aventure made in béa ( rires)

    sev

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  35. Le programme s'annonce passionnant et la référence au film Mogambo, opportunément illustré par l'affiche, prometteuse.

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  36. merci gustave, et ba dis donc il me semble que c'est pas bon pour Dylan tout ça ....Rachel ne va pas y aller avec le dos de la cuillère que va-t-elle nous concocter ...

    Sev

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  37. Très bonne idée de nous faire partager les pensées de Rachel. Sa perception des sentiments de Dylan déclenchera-t'-elle un nouveau malentendu ?

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  38. Que de malentendus et de non dits !

    Tout ça prend une drôle de tournure, quelle forme va-t-elle avoir cette vengeance de Rachel ? Tu m'intrigues
    Gustave !

    Merci

    Marie Pierre

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  39. Et bien ce n'est pas Mogambo mais Quiproquo...Que de O en espérant que leur histoire ne tombe pas à l'eau.

    Connaissant le film cela nous promet de la sensualité, un climat torride et menaçant.

    Je n'aimerais pas être dans le "collimateur" de Rachel.

    Merci.

    Béa.

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  40. La fin du malentendu s'annonce-t'-elle ? Rachel sera-t'-elle au diapason ?

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  41. Ca ne va pas être simple tout ça... entre une Dylan qui veut se racheter et une Rachel qui veut plutôt se venger de n'avoir été qu'une "parenthèse"... Il risque d'y avoir encore des incompréhensions ?

    Merci Gustave.

    Marie Pierre

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  42. j'adore les interrogations de Dylan et ses ....regrets.

    J'aime l'idée de cette alchimie qui oublie la raison, ce qui doit logiquement les séparer. Cette attraction physique irraisonnée, élémentaire mon cher Newton. (rires)

    Merci.

    Béa.

    Ps: pour répondre à votre message plus que adorable, Sev et Marie-Pierre, j'ai envie de finir mon récit car je n'aime pas l'inachevé. Marie-Pierre je te soupçonne d'être une AS du ping-pong, je te te réclame des récits et tu me renvoies la la balle! (rires).

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  43. merci Gustave ca promet une qui veut se racheter l'autre se venger vriament hâte de lire la tournure que vont prendre ces contraires

    sev

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  44. On rentre dans le vif du sujet, le moment des explications semble arrivé. Mais Rachel met son plan "vengeance" en route, ça va être dur pour Dylan...à moins que ses argument soient suffisamment convaincants... ! ?

    Merci Gustave, vivement la prochaine suite !

    Marie Pierre


    PS Béa, c'est bien le ping pong non ? Mais c'est vrai qu'on lirait bien quelques suites à ta dernière ff, la petite dose d'humour en prime...

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  45. Dylan va-t'-elle persister en dépit des paroles cinglantes de Rachel ?

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  46. Rachel joue un rôle bien dangereux... Dylan se laissera-t'-elle prendre au piège? En tout état de cause, ce jeu de chat et souris est passionnant.

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  47. Merci Gustave pour ce jeu du chat et de la souris.............

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  48. La sincérité de Dylan va-t'-elle ébranler les résolutions de Rachel ? Cela pourrait sembler, mais il est encore trop tôt pour se prononcer.

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  49. Dylan joue franc jeu, mais je ne sais pas trop que penser avec Rachel.
    Elle maintient le cap et n'entend pas flancher pour le moment semble-t-il...

    Merci Gustave, c'est toujours un plaisir de te lire !

    Marie Pierre

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  50. Attention Rachel, ça peut être dangeureux ce jeu là ! J'aime beaucoup ce récit avec ce jeu entre les filles.

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  51. Comme Rachel est cruelle avec Dylan, qui lui ouvre pourtant son coeur...
    Pourvu que Dylan ne se décourage pas ou ne se lasse pas, avant que Rachel cède enfin !

    Merci encore Gustave pour ce récit toujours aussi plaisant

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  52. Rachel a du beaucoup souffrir de l'absence et du silence de Dylan pour être si dure et si froide aujourd'hui et vouloir lui rendre la monnaie de sa pièce.
    On aimerait bien qu'elle se laisse fléchir mais en même temps cela met du piment à leurs retrouvailles... rien n'est jamais simple !

    Encore merci Gustave.

    Marie-Pierre

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  53. Espérons que le tourment que Rachel a décidé d'infliger à Dylan ne va pas l'éloigner définitivement d'elle. Ce jeu est bien dangereux !

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  54. Et voilà !! A force de jouer avec le feu, Rachel va bientôt s'en mordre les doigts. J'espère que ce n'est pas Yaomi qui dort dans le lit... Hâte d'être à dimanche. Merci. Anne.

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  55. Qui est-ce dans le lit ? On aimerait que ce soit Rachel, mais trop évident peut-être...Tu nous laisses nous poser pleins de questions Gustave !!

    Merci

    Marie Pierre

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  56. Yaomi Mountbell ? Ce nom me rappelle quelqu'un... Si le personnage de Gustave a le même caractère, Dylan et Rachel ont du souci à se faire... Et je doute qu'il ait réussi à séduire Dylan... Mais on ne sait jamais... L'amour est aveugle...

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  57. Je partage ton avis Oscar. Si Yaomi est bien celle que tu crois et bien ça promet...

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  58. Hâte de découvrir la rencontre d Yaomi et Dylan et les retrouvailles de Rachel et Yaomi. Ca risque d'être explosif !!!

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  59. Et voilà !!! J'en étais sûre !! Complètement azimutée la pauvre Yaomi !! Pourvu que Dylan s'en rende compte. D'un autre côté, ça ne devrait pas être trop difficile. Réponse mercredi...Merci Gustave. Anne

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  60. J'attends avec impatience la rencontre de Dylan avec Yaomi. Voilà qui pourrait éveiller la jalousie de Rachel et mettre fin à son jeu dangereux.

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  61. Ton récit ressemble à une comptine, c'est charmant.... je la résumerais ainsi:
    Rachel évoquant Yoami:

    "Une robe de cuir comme un fuseau
    Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
    Et dedans comme un matelot
    Une fille qui tangue un air anglais"

    Yaomi en pensant à Rachel:


    "Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    On oublie le visage et l'on oublie la voix
    Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
    Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien "

    Dylan:



    "Ah, tu verras, tu verras
    Tout recommencera, tu verras, tu verras
    La vie, c'est fait pour ça, tu verras, tu verras
    Tu verras mon stylo emplumé de soleil
    Neiger sur le papier l'archange du réveil
    Je me réveillerai, tu verras, tu verras
    Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat! "
    Conclusion:

    "Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
    Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
    Et l'on se sent floué par les années perdues
    Alors vraiment
    Avec le temps on n'aime plus."

    Béa.

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  62. Une nouvelle femme entre en jeu, sous les traits de Yaomi, la redoutable "tigresse"...Cela promet beaucoup "d'animation" à leur arrivée en Afrique !

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  63. Rachel n'a pas la mémoire courte. Elle a même une mémoire d'éléphant. C'est vrai qu'en Afrique... (rires) Dylan est prévenue. Merci Gustave. Anne

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  64. Voilà un autre personnage inattendu qui risque de brouiller les cartes et modifier la donne !
    Merci Gustave, hâte de voir la partie s'engager...

    Marie Pierre

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  65. Que nous réserve la rencontre entre Dylan et Yaomi ? Qui sera domptée ?

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  66. Toujours aussi plaisant ce récit.
    Les deux jeunes femmes s'approchent de leur arrivée où nul doute le séjour sera des plus animés...
    Merci Gustave

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  67. Voilà nous y sommes ! C'est le véritable début de l'aventure, et tu as su si bien mettre les personnages en situation et nous mettre l'eau à la bouche que...vivement la suite.

    Merci Gustave.

    Marie Pierre

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  68. J'adore ce mélange. La description des sentiments et celle des paysages. Ici l'Afrique. Quand on est au boulot devant son écran d'ordinateur, ça fait vraiment du bien. Merci Docteur Gustave (rires) J'attends mercredi avec impatience. Anne

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  69. Toujours aussi bien documenté : on s'y croirait. Gustave ne laisse rien au hasard.

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  70. Merci infiniment pour vos commentaires. Ca me fait chaud au coeur et ça me motive terriblement. Merci Gustave.

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  71. Magnifique description de Yaomi. Dylan pourra-t'-elle résister à son attrait ? Suite au prochain épisode.

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  72. Je savais que Yaomi serait très belle. Fallait-il qu'elle le soit à ce point ? (rires) Et Dylan qui est troublée... (soupirs) Toute ça est de mauvaise augure. Enfin... attendons dimanche... Merci Gustave. Anne

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  73. Hâte de lire la suite et de savoir si Rachel va retomber dans les griffes de Yaomi.

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  74. Belle idée que de faire référence à Karen Blixen et à son histoire, c'est effectivement fort à propos. J'apprécie toujours beaucoup ces petites allusions que tu glisses dans tes récits.

    Et Yaomi va droit au but...comment va réagir Rachel...et Dylan ,

    Merci Gustave

    Marie Pierre

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  75. Je viens de rattraper mon retard, c'est toujours un plaisir de te lire, tu nous tiens toujours en haleine, merci Gutave

    Ramsès 88

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  76. Aprés des retrouvailles pacifiques avec Rachel, Yaomi a trouvé une nouvelle proie, en la personne de Dylan.
    Hâte de lire la tournure que cela va prendre....
    Merci Gustave

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  77. Yaomi est belle, cultivée, elle parle de Karen Blixen, et elle est calme (rires) Ca va être dur de lui résister... Attendons la suite... Merci Gustave. Anne

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  78. "La ferme africaine" : voilà une référence culturelle incontournable dans ce contexte.

    Rachel ferait bien de s'inquiéter... Mais la suite à venir nous livrera certainement quelques indications sur son état d'esprit après les propos de Yaomi.

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  79. Yaomi marche vers sa proie. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça !!! Euh si, j'adore (rires) Merci Gustave et à dimanche. Anne

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  80. Voilà qui devrait inciter Rachel à reconsidérer son attitude vis-à-vis de Dylan : le danger se précise.

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  81. Danger, oui grand danger ! Rachel va peut-être devoir changer son fusil d'épaule... Et Dylan dans tout ça, comment va-t-elle résister à la lionne Yaomi ?

    Merci Gustave, toujours passionnant !

    Marie Pierre

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  82. Yaomi est à la manoeuvre. Mais ça semble être plus difficile que prévu (rires) Bravo Dylan ! Hâte d'être à mercredi... A non, zut, c'est pour dimanche (rires) Merci quand même Gustave et à... dimanche (soupirs) Anne

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  83. Est-ce que Dylan sera assez forte pour résister à Yaomi ? je crois que oui mais attendons la suite... merci Gustave

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  84. Dylan, trés amoureuse de Rachel, parait bien décidée à ne pas succomber aux avances de Yaomi. Méfions nous de celle-ci tout de même...
    Merci Gustave

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  85. Heureusement que Dylan est plus clairvoyante que Rachel, qui doit commencer à regretter d'avoir joué avec le feu.

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  86. Wait and see en ce qui me concerne... Je sais que Gustave a plus d'un tour dans son sac.

    Alors à dimanche.

    Merci .

    Marie Pierre

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  87. La belle Dylan se rebelle pour les superbes yeux de sa belle... Au fait ai-je assez dit qu'elles étaient belles? (rires).

    Une capricieuse (Yaomi), une indomptable(Dylan) et une déesse (Rachel) quel trio étonnant et détonnant!

    Merci.

    Béa.

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  88. Intéressante cette conversation entre Dylan et Yaomi, avec cette dernière qui tente, en vain, d'anéantir les espoirs de Dylan...
    Dylan une fois de plus parfaite, avec ses arguments imparables pour évincer Yaomi du shooting !
    Prometteur encore pour la suite

    Merci Gustave

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  89. Heureusement que Dylan a la tête sur les épaules et voit clair dans le jeu des unes et des autres.

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  90. Pan sur les doigts de Yaomi. Anne

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  91. Et bien la chasse au lion nous promet de belles aventures. Merci Gustave.

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  92. Pourquoi Yaomi me semble bien plus dangereuse que ce vieux lion?

    Une chasse peut-être mais qui sera le véritable gibier?

    Merci Gustave.

    Béa.

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  93. Hâte de lire ce que tu nous réserves avec cette chance au lion, en présence des 3 jeunes femmes...

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  94. Yaomi essaie de reprendre la main en s'improvisant chasseresse de fauves. Mais je doute que ce nouveau personnage parvienne à séduire Dylan.

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  95. On se demandait laquelle des deux allait (peut-être) succomber au charme de Yaomi. Et bien aucune des deux...et j'aime beaucoup ce rapprochement presque instinctif entre Rachel et Dylan comme pour se protéger l'une l'autre.
    Mais gare à la lionne Yaomi...

    Merci Gustave !

    Marie Pierre

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  96. j'ai dégusté cette suite à la louche, je n'avais pas de petite cuillère à portée de main.

    Elles sont irrésistibles et d'ailleurs elles sont incapables de se résister.

    Et moi je ne résiste pas à l'envie de te dire merci Gustave.

    Béa.

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  97. C'est un très beau passage, j'aime beaucoup. Enfin elles arrivent à se parler, enfin les dernières peurs s'envolent...

    Merci à toi Gustave.

    Marie Pierre

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  98. Enfin... J'aime bien quand elles se disputent. Mais j'adore quand elles ne se disputent pas. Merci. Anne

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  99. Enfin ! Les malentendus sont dissipés et la chaleur des retrouvailles paraît fermer la voie à une manoeuvre de Yaomi pour semer la discorde.

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  100. La tendresse, la tendresse, ça voulait dire...Zut je me suis trompée de chanson... J'aime bien leur réveil en coton hydrophile mais j'ai peur que Yaomi soit plus rugueuse, style toile de jute...

    Merci.

    Béa.

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  101. Ahhh, je sens que Yaomi leur prépare un mauvais coup. Hête de lire la suite.

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  102. Tout paraît s'arrange au mieux, à moins que Yaomi...

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  103. Le calme adorable avant le safari impitoyable ?Merci. Anne

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  104. Très intéressant le personnage de Lazlo, à la fois doux et...boxeur. Quel paradoxe.

    Le safari commence, j'ai l'impression d'y être.

    Merci.

    Béa.

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  105. Voilà qui annonce une magnifique description de la faune et de la flore. Mais nos héroïnes ne vont-elles pas être confrontées à de nouveaux dangers ?

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  106. Superbe description de la faune. J'adore la dernière phrase: "Une beauté infinie et une infinie cruauté...


    Dylan et Rachel pensèrent que cette définition convenait parfaitement à Yaomi." Cela résume parfaitement, en effet, Yaomi.

    Merci Gustave, à toi et à ton imagination si fertile.

    Béa.

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  107. Magnifique ballade avec la découverte de la faune africaine, avec ses beautés et ses lois...
    Merci Gustave

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  108. Moi aussi je trouve très belle ta description de la faune, de la savane. Tu nous plantes magnifiquement le décor avant d'en arriver à l'essentiel...j'ai vraiment hâte de découvrir la suite !

    Merci Gustave.

    Marie Pierre

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  109. Magnifique description de la faune et très bien documentée.

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  110. "Un jeune mâle, grand et fort, à la belle crinière fauve. Il était comme lui autrefois. Il régnait sur un clan de trois femelles."

    Quel macho ce lion!!!!!(rires).

    Merci.

    Béa.

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  111. Belle empathie avec le vénérable lion! Nous profitons de chaque instant de ce safari grâce à la plume alerte de Gustave qui nous transporte en pleine savane!

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  112. Impressionnant face à face hommes-lion...
    Merci Gustave

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  113. Remarquablement bien décrite le face à face entre Lazlo et le lion, ainsi que la lutte et cette fin tragique.

    Comme d'hab' Gustave, tu sais ménager le suspense.

    Merci.

    Béa.

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  114. Ta description du face à face entre le lion et les hommes est magnifique, comme ta manière de traduire ce que ressent le vieil animal traqué. Superbe.

    J'en profite pour te souhaiter à mon tour de très bonnes fêtes Gustave, ainsi qu'une très bonne année 2011 pour toi et tous tes proches. En espérant (mais je n'en doute pas) que tu nous régaleras autant en 2011 qu'en 2010 avec tous tes récits. Merci !

    Marie Pierre

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  115. Merci Marie-Pierre pour tes commentaires. Et merci pour tes voeux. Oui, j’espère avoir assez d’imagination pour continuer mes récits. J'espère aussi qu'ils continueront à vous plaire. Bonne, très bonne année.

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  116. Impressionnant face à face entre l'homme et le fauve! Laszlo n'a rien perdu de son acuité militaire qui lui permet de s'en sortir victorieux et de déjouer les plans du vieux lion.

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  117. Et bien....Tu parles d'un ratichon! Pauvre Dylan...Rachel ne laisse rien passer! Ce n'est pas gagné mais j'adore car cela pimente un peu plus ce récit.

    Merci.

    Béa.

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  118. Comme quoi l'amour n'est pas un long fleuve tranquille...

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  119. Où le sens commercial de Dylan pimente la campagne publicitaire de Victor LUISSON...

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  120. Dylan a trouvé les arguments pour faire revenir Anton sur sa décision et surtout "protéger" Rachel...

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  121. J'adore l'ingéniosité de Dylan. Du même coup, la petite coquine gagne des points...Rachel ne peut rester insensible à son charme si persuasif.

    Anto est le dindon de la farce et qui plus est, un dindon aveugle.

    Merci.

    Béa.

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  122. Heureusement que Dylan n'a pas laissé s'installer de nouveaux malentendus.

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  123. Mazette, leur relation est dès plus tumultueuse.

    Enfin, Rachel ouvre son coeur et les yeux (des yeux magnifiques, soit-dit en passant).

    Merci.

    Béa.

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  124. Une digression avant d'entrer à nouveau dans le vif du récit. Je présume que Gustave nous prépare de nouveaux rebondissements après cet interlude de tendresse.

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  125. Intrigante cette suite avec ce nouveau flash back...
    Que nous réserves-tu encore Gustave!?

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  126. J'aime beaucoup ce flash-back. Un seul truc, Dylan aurait dû quitter sa montre. GRRRRR!!!!!

    Ce lionceau qui joue tout gentiment annonce à mon sens un évènement plus...saignant.

    Merci.

    Béa.

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  127. Superbement bien décrit, on se plonge avec délice au coeur de la savane. Une merveille ce récit.

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  128. Et bien voilà, à force de jouer avec un lionceau, on récolte une lionne! Et qui a faillit se retrouver en descente de lit? Dylan!!!!!

    Ahhh c'est malin.....

    Béa.

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  129. La surprise, la panique et la peur qui succèdent à l'attendrissement. Gustave a décidément l'art de manier les émotions. Heureusement que le début du récit nous rassure sur le sort de Dylan.

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  130. C'est presque comme si c'était YAOMI qui avait mis ce coup de griffe à Dylan...

    Magnifique et haletant ton récit !

    Merci.

    Marie Pierre

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  131. Oufff Yaomi est "casée". Elle m'énervait celle-là! Qu'elle aille se faire dompter ailleurs!

    Sur ces paroles.... très pacifiques...

    Merci Gustave pour ce récit.

    Béa.

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  132. Joli et récit avec une jolie balade en Afrique. J'espère qu'il y aura une petite suite... Merci Gustave.

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  133. J'ai une idée pour de nouvelles aventures. Mais je vais laisser Dylan et Rachel profiter de leur amour avant de les plonger dans de nouveaux dangers.

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  134. Joli fin pour ce récit en Afrique et nos deux héroïnes si attachantes
    Merci Gustave et je serais ravie de les retrouver dans d'autres aventures...

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  135. Très drôles les réparties de nos héroïnes et un happy end qui nous permet d'espérer les retrouver bientôt.

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  136. Voilà une très belle fin, pour un très beau récit !

    Et en plus, il y aura une suite, tu nous rassures Gustave !

    Merci.

    Marie Pierre

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  137. Merci Stef, Oscar et Fred pour vos commentaires si gentils et si encourageants. J'ai une idée pour un récit. Mais elle est encore très vague. Mais dans quelques semaines peut-être...

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